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La culture porno envahit la société

La pornographie sexuelle est plus qu’une représentation débridée de la sexualité. Il y a un principe qui sous-tend cette pornographie et ce principe peut être appliqué par analogie à d’autres domaines. Je ne parle pas simplement des chanteuses à la mode sui rivalisent d’attitudes et d’habillements autrefois réservés au strip-tease et au porno, je regarde plus loin. Le nu et le sexe féminin est attractif.

porno,pornographie,sexualité,art,larmes,téléréalité,duchamp.nue,sexuel,désir,culture,J’usais hier de manière provocatrice, d’un titre qui a priori n’avait rien à voir avec le sujet: «C’est du porno: le Groenland ne fond pas. La preuve en image». Comment peut-on associer Groenland et pornographie? Les actrices et acteurs vont-il forniquer nus sur la mer de glace? Evidemment non.

Je définis la pornographie avec le fait de montrer une action - sexuelle en particulier - en gros plan, sans histoire qui contextualise ou donne un sens autre à l’action, dans le but de susciter un fort état d’excitation ou d’émotion. Je pense que cette extension est pertinente même si le sens initial est différent. Selon le CNRTL (Centre national de recherches textuelles et lexicales) la prostitution est d’abord un traité sur la prostitution. La pornographie moderne en est loin puisqu’elle n’est pas considérée comme de la prostitution, pas même par les abolitionnistes.

Une deuxième définition est plus proche de la sexualité débridée:

«Représentation (sous forme d'écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l'intention délibérée de provoquer l'excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées.»

Enfin une troisième définition va dans le sens de ma proposition:

«Caractère obscène d'une oeuvre d'art ou littéraire. «... les romanciers de nos jours ont porno,pornographie,sexualité,art,larmes,téléréalité,duchamp.nue,sexuel,désir,culture,adopté un style lubrique, une façon de dire les choses qui les font vivre devant nous. Ils appellent ça de l'art. C'est de l'inconvenance...»

Cette phrase écrite par Emile Zola dans Son excellence Eugène Rougeon, bien qu’appliquée à l’art, illustre la philosophie de la pornographie.

Le terme «obscénité» confirme encore cette vision de la pornographie:

«Caractère de ce qui est choquant. Synon. grossièreté, indécence.

... l'obscénité sentimentale est (...) abjecte; rien ne peut dépasser l'inconvenance d'un sujet qui s'effondre parce que son autre a pris un air absent, «alors qu'il y a encore tant d'hommes dans le monde qui meurent de faim, que tant de peuples luttent durement pour leur libération, etc.» R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, Paris, éd. du Seuil, 1977, p.210.»

La télévision, en particulier la téléréalité et de nombreuses séquences des journaux télévisés, montrent des spectacles obscènes. Les médias en général font de la pornographie dès lors qu’ils veulent choquer, exciter et émouvoir. Mettre l’émotion au premier plan, filmer des visages qui pleurent dans une émission de variété, montrer les corps de cadavres sur une autoroute ou en Syrie, sans mise en perspective, sans amorcer une réflexion ni mettre une distance intellectuelle, c’est de la pornographie. Aucune différence fondamentale entre les larmes filmées avec insistance par TF1 et le fait de montrer en gros plan un pénis qui va et vient dans un vagin. L’émotion est-elles un but en soi? Si oui, le sexe peut l’être également.

Il n’y a pas lieu de s’émouvoir de la pornographie sexuelle au fond, puisque ce n’est qu’une variante de la pornographie générale dans laquelle la société baigne. Pornographie, le film de Sofie Peeters qui a généré en Europe une vague de réaction racistes, montrant des images choquantes sans les analyser réellement ensuite. Ce film est un gros plan sur porno,pornographie,sexualité,art,larmes,téléréalité,duchamp.nue,sexuel,désir,culture,une situation particulière sans son historique ni sa sociologie. Pornographie, les visages émus de «L’amour est dans le pré», dès lors que la caméra saisit leur intimité sans plus l’historiciser.  En pleine émotion nos réactions sont primaires, conditionnées. Un politicien habile peut les orienter. Les discours de politiciens qui nous prennent aux tripes sont parfois de la pornographie.

La pornographie sexuelle s’est imposée parce que les films et les romans ne faisaient que suggérer l’acte. La pornographie ne veut pas tourner autour du pot. Voir le visage d’un couple dans un lit lors d’un coït nous ferait-il oublier que les sexes sont en contact? Que ce contact a une représentation, une image, une réalité charnelle? On peut répondre à cela que l’art est justement l’allégorie, le déplacement, que c’est dire les choses autrement qu’elles ne sont pour ouvrir des espaces. On peut répondre que le roman doit suggérer pour que le lecteur active son propre imaginaire.

Je partage ce point de vue. Mais ne peut-on admettre que le glissement d’une intimité dans une autre est aussi une représentation, une allégorie du désir? Si l’émotion d’un visage dit le désir sexuel non montré, pour quoi le désir sexuel montré ne dirait-il pas l’émotion? Et si possible de manière aussi brute et nue que l’émotion est parfois montrée? Et dans cette idée, pourquoi ne montre-t-on pas dans les musées des films ou images pornographiques, au même tire que l’on montre l’urinoir de Duchamp? Duchamp le provocateur aurait-il fait de l’art, et pas Rocco Siffredi?

La pornographie, la philosophie de la pornographie a envahi la société. Cela correspond à porno,pornographie,sexualité,art,larmes,téléréalité,duchamp.nue,sexuel,désir,culture,un désir: voir sans contourner, voir en direct, sans alibi esthétique. Mais cela ne se cantonne pas à la sexualité. L’information montre pour exciter et émouvoir, plus pour réfléchir. La téleréalité est comme un coït dont on ne voit même plus les corps qui l’engendrent. L’étape suivante est atteinte depuis longtemps: c’est la mort en direct. La suivante est la guerre en direct, de loin. C’est fait. L’étape ultime sera la guerre partout. C’est excitant la guerre, c’est émouvant. Nous regarderons à la télévision un soldat tirer un obus. Il y aura une caméra fixée sur l’obus. Nous verrons cet obus voler, puis se diriger vers un immeuble, vers une fenêtre. Et quand nous réaliserons que c’est la fenêtre de notre appartement, que c’est notre visage à l’écran, nous deviendrons enfin acteurs de films pornos. Un peu tard, il est vrai.

L’émotion, l’excitation sans la réflexion, sans l’analyse, c’est la pornographie. La société est saturée de pornographie. Ce n’est pas systématiquement un mal. Voir les choses de près peut avoir de l’utilité. Mais cela rend idiot quand on en abuse.

La différence entre le porno et l’art? C’est quand l’art est signifiant de quelque chose qui porte plus loin que le visible. Montrer en gros plan des sentiments ou du sexe ne vaut d’être qualifié d’art que si cela nous fait mieux nous comprendre, si cela donne un sens à notre histoire, si nous allons plus loin que nous même. Pleurer pour pleure avec les acteurs ne vaut rien de plus qu’un orgasme de deux bouts de viande consommés sans autre perspective, quelle que soit l’intensité de l’excitation physique ou émotionnelle.

Un exemple de différence entre le porno et l'art. Ici il s'agit d'art:


Catégories : société 10 commentaires

Commentaires

  • "Pleurer pour pleure avec les acteurs ne vaut rien de plus qu’un orgasme de deux bouts de viande consommés sans autre perspective, quelle que soit l’intensité de l’excitation physique ou émotionnelle."

    Argghhh Hommelibre vous faites quoi là ?!?
    Mon sentimentalisme que je pensais "fleur bleue" en prend un coup
    Dorénavant, chaque fois que je verserai une larme en "matant" un film ... et que l'on me charriera

    ... je pourrai dire que c'est orgasmique et ... "trash" ... :o)
    Ouais en fin de compte, non pas Argghhh mais Wow ...

    Pliée de rire !
    Merci Hommelibre :o)

  • Et pas seulement les chanteuses certaines rivalisent d' habillement extrêmement impudiques. Certaines portent des tenues oú même moi en calebute je suis plus habillé.
    Et le plus drôle est que l' on interdit certaines tenues religieuses.
    Je veux bien que pour certains trouvent que le voile est fontraire aux principes de la République, mais alors faudrait que l' on m' explique en quoi il est plus légitime les habillements hypersexuels , le fait que certaines confondent centre commercial et les plages d' Ibiza.
    Donc l' impudeur serait plus légitime que la pudeur ? Le libéralisme ne concernerait que l' explosion des normes sociales et civilisationnelles ?
    Au nom de la patrie, il faut placer un juste milieu pour éviter d' avoir de l' extrémisme religieux et progressiste.

  • Et pas seulement les chanteuses certaines rivalisent d' habillement extrêmement impudiques. Certaines portent des tenues oú même moi en calebute je suis plus habillé.
    Et le plus drôle est que l' on interdit certaines tenues religieuses.
    Je veux bien que pour certains trouvent que le voile est fontraire aux principes de la République, mais alors faudrait que l' on m' explique en quoi il est plus légitime les habillements hypersexuels , le fait que certaines confondent centre commercial et les plages d' Ibiza.
    Donc l' impudeur serait plus légitime que la pudeur ? Le libéralisme ne concernerait que l' explosion des normes sociales et civilisationnelles ?
    Au nom de la patrie, il faut placer un juste milieu pour éviter d' avoir de l' extrémisme religieux et progressiste.

  • Bonjour Loredana,

    Je suis sur un réseau aléatoire pendant quelques jours.

    Bien sûr que "pleurer avec les acteurs" ne vous concerne pas. Vous, vous le pouvez. C'est comme ça!...

    :-)))

    Bonne soirée!

  • "C'est comme ça!"

    Merci pour le "crédit" que vous m'accordez Hommelibre :o)

    p.s.: toujours branché, in, même en vacances. Chapeau ! lol

    Profitez à fond de ces quelques jours
    (o_~)

  • ces bon de savoir ca

  • J'ai pas bien compris la fin de votre article.

    Vous écrivez "Pleurer pour pleure(r?) avec les acteurs ne vaut rien de plus qu’un orgasme de deux bouts de viande consommés sans autre perspective, quelle que soit l’intensité de l’excitation physique ou émotionnelle."
    On n'entend rarement ce genre de réflexion, mais je la trouve intéressante et je suis d'accord sur votre comparaison. Parce que c'est vrai, au nom de quoi larmoyer serait mieux, artistiquement ou non, que de jouïr? J'ai l'impression que ceux qui l'affirment ont encore une fois une vision quelque peu féministe de l'art. Dans une société à forte influence féministe, plus l'art se féminise (lorsqu'il s'agit d'hommes artistes), plus il est apprécié.

    Seulement en dessous vous écrivez "Un exemple de différence entre le porno et l'art. Ici il s'agit d'art"; et vous mettez un extrait de film qui parait presque faire dans l'émotionnel facile, selon moi. Donc je sais pas si j'ai bien compris.

    Moi je crois qu'on peut faire de la pornographie artistique. Vous connaissez le film megavixens (1976) de Russ Meyer, je l'ai découvert il y a quelques semaines grace à un intervenant sur ce blog je crois.
    Même la chaine tele arte (chaine pro-féministe qui lutte contre les stéréotypes sexistes machins...), l'a diffusé. Hors c'est un film remplis de personnages stéréotypés et attachants à la fois, et il y a même des scènes de viols volontairement rendue "jouissibles"!

  • "arte (chaine pro-féministe qui lutte contre les stéréotypes sexistes machins...),"

    tour à fait d'accord didier

  • Didier, peut-être me suis-je mal exprimé. L'art est une illustration de la réalité, pas une simple description. En ce sens le porno est la description d'un acte de nature sexuelle sans plus de décalage intellectuel de nature à faire réfléchir, comme une scène purement émotionnelle. La consommation n'a pas besoin de l'art, elle veut le produit en gros plan.

    J'ai choisi cette scène en fin de billet parce que même très émotionnelle, elle donne un contenu qui nuance l'émotion. Le gros plan émotionnel est raconté autrement par les mots, par un discours contradictoire qui comprend à la fois un recadrage et une non-adhésion à l'autre, tout en adhérant quand-même fortement.

  • Ah d'accord, je comprend ce que vous voulez dire à propos de l'attitude des personnages dans l'extrait que vous avez montré.

    "L'art est une illustration de la réalité, pas une simple description. En ce sens le porno est la description d'un acte de nature sexuelle sans plus de décalage intellectuel de nature à faire réfléchir"
    OK, mais est-ce que le fait qu'une oeuvre donne à réfléchir est la condition sine qua non pour être considéré comme de l'art? Parce que si on prend par exemple des natures mortes ou certains portraits en peinture; ils sont décalés par rapport à la réalité biensur, mais ça parait pas évident que ce soit censé nous faire réfléchir, pourtant c'est souvent considéré comme de l'art.

    Ou quid de la musique. Les morceaux instrumentaux par exemple (sans paroles), c'est souvent de la musique qui s'écoute pour le plaisir qu'elle nous procure, sans pour autant nous amener à nous questionner sur quoi que ce soit. Je parle pas des morceaux genre l'interprétation à la guitare électrique de l'hymne américain par Jimi Hendrix - star spangled banner, qui avait un sens politique biensur. Mais beaucoup de musiques se caractérisent par leur simple beauté, c'est la forme, le fond n'existe même pas; elles font appel à nos sensations, nos émotions, pas à notre intellect ou notre esprit militant. Pourtant là aussi ça reste de l'art selon moi.

    Ou alors y'a les films d'horreur ou les thrillers, dans lesquels le contexte peut dans certains d'entre eux être très intéressant à analyser. Mais fondamentalement ce qui fait la force de ces genres, c'est le visuel, la tension, le frisson, l'angoisse qu'ils vont susciter en nous. C'est le plaisir des sens juste pour le plaisir, sans forcément avoir une approche intellectuelle dans ces cas là.

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