Un aspect moins évoqué du viol est celui exercé à grande échelle par des soldats après une victoire. Cela existe depuis très longtemps. La Bible mentionne le viol des ennemis comme un châtiment légitime: «Moi, j'ai donné des ordres à mes saints guerriers, j'ai même appelé mes héros pour servir ma colère, mes fiers triomphateurs... Leurs jeunes enfants seront écrasés sous leurs yeux, leurs maisons saccagées, leurs femmes violées.» Bible de Jérusalem, Isaïe 13-3 et 13-16.
Depuis le début de la guerre en République Démocratique du Congo (RDC), guerre dont on parle peu et qui pourtant a déjà laissé au sol des millions de morts, les viols sont commis par milliers. Les soldats sont souvent contraints à violer par leurs officiers. Les femmes en sont les première victimes. Elles sont ensuite enceintes et portent l’enfant d’un étranger à sa communauté. Parfois elles sont irrémédiablement blessées sexuellement, ou infectées.
On constate aussi que les hommes sont de plus en plus ciblés. Ils sont violés à l’aide d’objets, blessés, laissés pour morts.
Au-delà de la souffrance infligée comme par une arme, le viol a un but précis: briser moralement une nation vaincue. Il faut humilier les vaincus, les hommes comme les femmes. Leur imposer l’idée qu’ils ne sont rien et que ni leur culture ni leur famille ou leur communauté n’a la force de les sauver.
Le viol sert à ce que les vainqueurs se reproduisent au coeur même de leur ennemi. Ils doivent se répandre et occuper le territoire. Et quelle manière plus insidieuse d’occuper ce territoire que de faire des enfants? Ces enfants ne sont plus attachés à une identité, à une famille. C’est l’identité culturelle plus encore que les corps qui sont atteints ici. Ce qui donne aux humains une appartenance, une sécurité, une fierté, un projet commun.
Et par l’humiliation, par le fait que des femmes portent des petits d’autres hommes appartenant à une autre communauté, les liens et les filiations sont brisés. La reconnaissance du petit par les vaincus survivants est trop difficile. L’accepter serait renoncer à sa culture, perdre la guerre une seconde fois. Ils se protègent d'une seconde humiliation en rejetant.
L’humiliation est comme une épée qui découpe indéfiniment l’être sans jamais le tuer.
«Familles, parents et communautés, y compris d'autres enfants se moquaient des enfants nés d'un viol. Considérés comme parias, ils ont été stigmatisés avec leur mère, harcelés, battus et rejetés. Les survivantes elles-mêmes ont connu des émotions conflictuelles envers leurs enfants.
...
Presque toutes les femmes et les filles décrivent le rejet social de la part de leurs parents, les familles, membres de la communauté et leurs maris. La stigmatisation vécue fait de sorte que les filles ayant des enfants issus du viol soient chassées de leurs maisons, soit emmenées hors de l'école et à s'enfuir vers des logements précaires. Le rejet social avec moqueries et intimidation par les familles et les communautés. Ce sujet s’étend sur les enfants issus de viol qui étaient considérés comme ’dangereux.»
Combien de millénaires faudra-t-il pour que les humains se pardonnent?
Commentaires
Lovsmeralda,
Désolé, mauvaise manipulation, j'ai perdu votre commentaire. Pouvez-vous le remettre? J'y répondrai.
@Hommelibre,ne les collectionnant pas je reviendrai quand le moment s'y prêtera, cependant on va pas en faire un fromage
merci tout de même!
Je l'ai récupéré dans ma boîte courriel. Le voici:
Lovsmeralda a dit:
"@Hommelibre,ne le prenez pas mal mais pensez vous vraiment qu'en titrant vos articles avec le mot viol qui revient bien plus souvent que des hirondelles ,celles et ceux ayant été violentés apprécient? ils essayent tous depuis plus de 50 ans pour beaucoup d'oublier. Ausssi je doute vraiment qu'ils apprécient ces textes .Les victimes ont droit aussi au respect,rallumer sans cesse les feux de la honte les replonge à chaque fois plus intensément dans leurs drames intimes qui avec l'âge et vous le savez très bien sont de plus en plus douloureux à surmonter si vous et d'autres s'amusent continuellement à remuer leur passé qui se doit d'être tout de même atténué pour continuer d'avancer dans la vie bonne journée à vous"
Ma réponse:
J'ai réfléchi deux jours avant de le publier. Au final je soutiens la publication. Depuis une semaine la question du viol est sur la place publique. Elle a été portée par les féministes de la marche des salopes et commentée sur plusieurs blogs. Je pense qu'il est préférable d'en parler publiquement que de garder une discrétion ou une pudeur qui prolonge le risque du silence.
On parle des accidents et du handicap alors que de nombreuses personnes paraplégiques font un long et douloureux chemin d'acceptation. Faut-il se taire? De même pour de nombreuses situations douloureuses: survivants du tsunami ayant perdu leur famille, enfants maltraités ou déplacés, et bien d'autres. Je comprends votre critique: moi même je ne suis pas de marbre quand je lis le sort d'un homme victime d'une fausse accusation. Mais le dépassement de l'état de victime passe par la longue digestion, laquelle digestion ne peut se faire dans le déni. J'en sais quelque chose et si aujourd'hui je prends plus de recul sur ce que j'ai traversé c'est aussi d'en avoir parlé en d'en faire un travail sur moi et sur le monde. Certaines blessures ne guérissent pas vraiment mais on les intègre. C'est du moins ma forme de résilience.
Bien à vous Lovsmeralda.
@Hommelibre comme je m'attendais à votre réponse je n'en suis pas surprise.Toute la différence vient de ce que je suis une femme et vous un homme/rire mais chacun est libre après tout de ses opinions cependant il existe certains chemin de vie qui indiquent les heures et les titres à éviter ,donc il aurait été mieux pour ma pomme de ne pas commenter celui dont il est question.
En effet si on est un tant soi peu curieux concernant notre propre vécu,certains signes ne trompent pas,surtout de nos jours ou le monde de la communication verbale est en faillite,le fossé des générations est passé par là et comme je suis anti informatique cela m'apprendra .NA /rire
Mais paradoxalement je rencontre de plus en plus de gens contre Internet ainsi que certains voyageurs rentrés d'Asie racontant qu'en Thailande l'existence des habitants est justement entrain de sombrer dans cette spirale infernale et que de plus en plus d'anciens réprouvent eux aussi ce moyen condamnant à plus ou moins brève échéance les échanges de sagesses pourtant si recommandés en Occident.
Donc je me sens rassurée en voyant le foutoir international vers lequel de nombreuses civilisations vont être emportées malgré elles et triste aussi à leur égard.Il suffit de voir ce qui se passe en Europe,Internet c'est la porte ouverte à toutes les sectes et groupuscules qui ne sont pas forcément de bon augure pour notre pays
Je me permets juste ceci vous auriez traité de salope une femme il y a 10 ans encore je connais nombre d'hommes qui se seraient retourner pour donner une sacré raclée à celui ou celle qui l'aurait dit!mais les temps changent parait-il ,mieux que nos jeunes années même si difficiles et cruelles ont -elles été on ne pourra jamais ,seule consolation
toute belle journée pour vous
Bonjour Lovsmeralda,
Ok je reçois votre comm. A mon avis les deux points de vue se défendent, mais à la différence que comme vous dites vous êtes une femme et moi un homme.
Pour le mot salope, figurez-vous que je le déteste! Je pense d'ailleurs que la manière des féministes de le reprendre à leur compte, même si je comprends le sens de cette démarche, me hérisse. Parce que pour moi une femme n'est pas une salope, quel que soit son choix de vie. Je me permets de l'utiliser depuis qu'il fait la une comme pour exorciser la répulsion que j'ai à le dire. Mais je ne sais pas si j'ai raison, et cette porte qu'ouvrent les féministes me semble aussi dangereuse et banalisante qu'exorcisante.
Bien à vous.
@Hommelibre je vous ai compris comme dirait un illustre grand homme/rire
excellente soirée pour Vous