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Salope répulsion

Chacun ses tabous. Chacun ses mots impossibles. Impossibles à dire, impossibles à penser. La charge associée est trop forte. Ou ils n’ont pas de signification pour soi. A moins que l’éducation, ou une pudeur, ne dresse la barrière de l’interdit. 

oreille1.jpgIl est certains que mes parents n’auraient pas accepté certains mots dans ma bouche. Je les en remercie. L’éducation forme la pensée et le coeur. Si le mot «con» suscitait peu de réactions de leur part (enfin, quand j’avais une quinzaine d’années, pas avant), le mot «salope» n’a jamais été toléré.

Et c’est tant mieux. Je n’avais d’ailleurs aucun goût pour cet adjectif-substantif. Je n’en avais même pas de représentation. Mes gros mots pour désigner une femme qui avait suscité ma rogne étaient très classiques. Pas forcément élégants mais classiques: «la vache», «la conne». Et ce n’était pas facile pour autant. Rudoyer un homme fait partie de la culture masculine - à tort ou à raison. Mais insulter une femme c’est lui faire mal. J’ai d’ailleurs eu plus tendance à parler de «vacherie» qu’à personnaliser l’insulte. Pour les hommes les invectives étaient: «connard», «salaud». A noter ici que salaud n’est pas le masculin de salope. L’excellent dictionnaire en ligne cnrtl.fr confirme la différence:

«Salope: Qui est très sale, très malpropre. Qui est vil, bas; qui inspire de la répugnance. Femme débauchée, de mœurs dépravées, ou qui se prostitue. Personne qui se conduit mal.»

Le mot concerne essentiellement les femmes et la connotation de moeurs dépravée estoreille4.jpg probablement la plus entendue aujourd’hui. On voit combien il est dénigrant et rabaissant. Or personne n’aime être rabaissé. Le verbe saloper est curieusement plus doux: «Faire très mal un travail, exécuter quelque chose sans soin.»

«Salaud, -aude: Personne sale, répugnante, d'une grande malpropreté. Personne méprisable, dénuée de toute moralité; personne capable d'actes contraires à tous les principes moraux. Salauderie: conduite, propos ou actes moralement méprisable(s), obscène(s).»

On voit d’emblée que ce substantif concerne autant les hommes que les femmes et que la connotation de débauche ou de prostitution n’y est pas.

J’ai très tôt pensé que les prostituées n’étaient pas des salopes. Et qu’une femme qui aime le sexe ne l’est pas non plus. Tant mieux si les femmes aiment le sexe! Il n’y a rien de sale dans la sexualité. Je n’y mets pas le péché. De plus, aimant naturellement l’égalité, je ne vois pas pourquoi on traiterait des femmes de salopes et pas des hommes, pour des comportements par exemple de goût érotiques prononcés ou d’addiction sexuelle.

Oh la salope! comme dirait Fabrice Lucchini. Lui me fait rire, car sa distance au mot le dédramatise. Le désir qu’il exprime surpasse l’opprobre sociale. Il donne au vocable une délicieuse ambivalence bien loin  des sordides images de baise rapide dans l’angle d’une porte cochère. Tiens, en parlant de baise: je n’ai jamais compris pourquoi certaines femmes sont excitées quand un homme leur dit des mots épouvantables en plein coït. Serait-ce des bourgeoises qui se paient sans risque leur quart d’heure de caniveau? Moi je ne peux pas, même pour rire, même si elle me le demande. Avec mon ADN contaminé romantique dès la naissance il y a des territoires de l’esprit et du langage où poser le pied c’est laisser mon âme.

oreille3.jpgBref pendant longtemps le mot «salope» n’a pas figuré dans mon vocabulaire. Il provoque ma répulsion. J’ai commencé à le tester timidement il y a quelques années, pour voir, mais il m’écorchait autant les neurones que les lèvres. Et voilà que je m’enhardis à en faire usage depuis les premières marche des salopes. J’y trouve presque une jubilation. Une transgression de l’interdit. Le mot n’a pas plus de sens qu’avant mais sa seule sonorité est jouissive. Salope!

Je crois que j’exorcise la charge du mot, charge qui peut-être m’habitait à mon insu. A moins que la banalisation actuelle ne lui ouvre grand la porte, avec son contenu. Je ne sais si c'est souhaitable. Qu’en restera-t-il: le premier ou le second degré? Est-il vraiment opportun de lui donner cette nouvelle place?

Aujourd’hui je peux dire «salope», l’écrire, et c’est normal. Les slutwalkeuses l’ont banalisé. Les féministes le revendiquent.

Donc le mot «salopes» est en passe de devenir normal dans les cours de récréation. A force de le lire partout, de l’entendre à la télé et dans les conversations, les gamins vont aussi se l’approprier. Et l’éducation n’y pourra plus rien. «Papa, les filles c’est toutes des salopes! - Tais-toi ou tu vas dans ta chambre. - Mais c’est écrit partout et c’est elles qui le disent. T’as vu leurs photos?»

Il est vrai qu’avec leurs accoutrements, les slutwalkeuses vont arriver à dégoûter les hommes. Les prostituées sont plus sexy. Au fond ces féministes caricaturent les vraies prostituées. Il faut noter que le style prostituée a déjà envahi la société depuis des décennies. Si l’on considère qu’un habillement racoleur, plutôt dénudé, délibérémentoreille2.jpg porté pour allumer les hommes, est l’apanage de la prostitution, Madonna l’a popularisé sur scène. Ces tenues qui il y a longtemps, étaient réservées à la chambre à coucher des parents ou aux maisons closes, habillent aujourd’hui les prêtresse de la pop musique. La gestuelle va avec, destinée à chauffer le micheton qui paie le spectacle et à dire aux petites ados que le girl power c’est montrer son cul en gros plan avec écrit: «Pas touche!»

Voilà donc que grâce aux féministes le mot «salope» agrémente les conversations de bistrot et la raideur morale du téléjournal.

- Salope! Salope! Salope!

La légèreté de la tenue ne me choque pas. Je ne vois pas là de salope. Les femelles se montrent aux mâles. Mais tous les mâles n’y ont pas accès pour autant. L’habillement parfois minimaliste de femmes à la belle saison me ravit même. Sauf cette mode des collants sans rien dessus où la raie des fesses de la femme est si bien moulée que l’on peut mesurer à vue d’oeil la largeur du string - quand il y en a un. Et je ne dis pas l’effet de face.

Salope? Dans la provocation pas plus que dans l'humour je ne me fais à ce mot. Je n'aime pas. Je préférerais nymphomane sexy. Ou amoureuse sensuelle. C’est quand-même plus élégant. Et puis on sait maintenant que les femmes jouissent d’abord par l’oreille. Les autres zones érogènes vont perdre de leur attrait. Les oreilles des femmes ne sont pas encore recouvertes et des actrices connues comme des citoyennes anonymes les exibent sans retenue. Toutes ces oreilles nues: ah les salopes!


Catégories : Féminisme, Humour 3 commentaires

Commentaires

  • Bonjour

    Vous avez le droit d'effacer mon message, mais je voulais avoir au moins votre avis sur ce lien pour contrer les adeptes du gender studies:
    http://www.maxisciences.com/vision/hommes-et-femmes-une-vision-reellement-differente_art26447.html

  • hello Homme Libre,
    toujours autant d'humour, j'adore,
    mais quand même la nature est bien faite, si on devait pisser partout pour attirer le mâle, j'imagine le bin's ;))),
    d'autant plus que si les femmes n'étaient pas salope en plus, elles ne seraient que chiantes ;)))!!!
    bizzzouxxx!!!

  • Sarah, MDR! Tropo mucho!
    Ouaip, sûr que c'est sublissimement mieux d'être séduit par une épaule dénudée que par une odeur d'asperge (selon ce qu'elle a mangé...)... :-)))

    Chiantes? Z'êtes sûre? J'ai dû rater quelque chose. Ou bien un instinct: je les ai toujours évitées. Je devrais essayer pour voir qui aurait le dessus!!!
    :-)))))))

    ;)

    Bizzzouxxx!!!

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