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Constitution: le 1er juin 2013 l’extrême-gauche démissionne à Genève

Tranchons d’emblée sur une question essentielle: la nouvelle Constitution genevoise est-elle ou non légitime? Selon le municipal d’extrême-gauche Pierre Gauthier, qui l’affirme sous forme de question: non elle ne l’est pas.

Constitution1.jpgÔ rage, ô désespoir, ô votation ennemie...

La défaite inattendue est amère pour l’extrême-gauche. Ce n’est pas faute d’avoir tenté de manipuler l’opinion - en particulier celle des «masses populaires» genevoises qui ont voté non au projet. Enfin, voté non: entre 50 et 60% de 31% de votants a voté non. Et encore, pas toujours 31% de votants. Les Pâquis, quartier où les masses populaires descendent facilement dans la rue pour aller au bord du Lac, n’ont voté qu’à 28% du corps électoral! Alors que Champel, quartier plus aisé, a voté à 36%!!! Salaud de peuple qui trahit ceux qui s'en réclament!

L’extrême-gauche a pourtant fait une campagne digne de l’extrême-droite: slogans simplistes et réducteurs, attisant la peur, avec des images et arguments excessifs. Cette gauche extrême devrait au fond fusionner avec le MCG et l’UDC tant les intérêts, le langage et les méthodes sont identiques. On ne voit plus ce qui les sépare.

La déception exprimée est considérable. La novlangue d’extrême-gauche est digne de la page 8 de la Pravda de la grande époque. A moins qu’elle ne soit candidate au prix du maire de Champignac. La défaite inattendue est devenue une grande victoire. Christian Grobet, en vieux briscard, pousse un discours sans autre consistance que la dureté du bois dont est faite sa langue. En bon revanchard il annonce déjà 5 initiatives pour tailler en pièce la nouvelle Constitution. Jeu de cons! Pas étonnant que si peu de gens aillent voter: ras-le-bol de la politique à Genève. L’extrême-gauche qui court toujours après son grand soir comme si elle s’entraînait pour Morat-Fribourg devrait se demander quelle est sa part de responsabilité dans la démotivation citoyenne. Langue de bois, vieux discours décalés, posture mentale négative, incapacité à se mettre en question et à réinventer la politique: quelques pistes qu’elle pourrait creuser.

Mais revenons à nos moutons (rouges). Si à 31% de votants la Constitution n’est pas légitime, combien en faut-il pour qu’elle le soit? 80%? 60? 51? 49%? Ne cherchez pas: à 35,68% elle aurait été légitime. Pourquoi 35,68%?



Explication:
sombrero.jpg
Le 13 mars 2011 les Conseils municipaux ont été renouvelés. Et bien en Ville de Genève la participation au vote a été de 35,68%.

On n’a entendu personne affirmer que cette élection n’était pas légitime politiquement. On n’a pas entendu Pierre Gauthier, élu municipal d’extrême-gauche dont le parti a obtenu environ 14% de voix sur les 35% de votants, dénoncer l’illégitimité de son élection et annoncer sa démission immédiate. 35,68% serait donc le seuil de la légitimité politique à Genève.

Soit, ne faisons pas de mauvais esprit. L’extrême-gauche a obtenu des élus et ne conteste pas la légitimité de l’élection municipale de 2011 malgré la faible participation. C’est ainsi dans notre démocratie. Il n’y aurait que 3% de votants le résultat serait légitime.

Mais cela changera le 1er juin 2013, date d’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution. Celle-ci étant jugée illégitime, on comprendra très bien que les élus du parti de Pierre Gauthier, donc lui-même aussi, ne pourront moralement plus siéger. Et qu’ils démissionneront en bloc pour être cohérent avec la position prise par celui-ci au sujet de la nouvelle Constitution. On est intègre ou on ne l’est pas.

Et s’ils ne démissionnent pas le 1er juin 2013? Cela signifierait qu’ils tiennent un double langage. Naaaannn, impossible, pas eux! Ces gens ont une morale et une seule parole! Donc soit ils sont cohérents et ils démissionneront, soit ils ne démissionneront pas ce qui signifiera une reconnaissance de légitimité de la nouvelle Constitution.

Dans le deuxième cas Pierre Gauthier mangera son chapeau. On peut se cotiser dès maintenant pour lui offrir un grand sombrero: les sombres héros ont un gros appétit...

 

Catégories : Politique 8 commentaires

Commentaires

  • Bonjour John !

    J'ai lu le billet de Pierre Gauthier et constate qu'il est avec d'autres personnes dont Christian Grobet, Michel Ducommun ou Pierre Vanek, totalement déconnecté de la réalité politique. Ces gens-là vivent dans leur bulle et sont irréalistes en cherchant à imposer à l'ensemble des citoyens leur vision de la société et du rôle de l’État par Constitution interposée.

    Si je déplore comme Pierre Gauthier le taux (trop) élevé d'absentéisme, il ne me viendrait bien évidement pas à l'idée de proclamer souverainement que le résultat de ce scrutin devrait être déclaré nul.
    Si l'on veut annuler un scrutin sur la base d'un faible taux de participation, encore faudrait-il qu'il existe des bases légales. Or tel n'est pas le cas et la nouvelle Constitution ne l'évoque pas non plus.

    Tous ces palabres après ce scrutin me font penser à ces discussions de Café du Commerce (réf. le récent billet de Catherine Armand ...) après une rencontre de football où chacun critique les décisions de l'arbitre pour expliquer la défaite de l'équipe favorite ! C'est puérile.

    Pour ma part je me remettrai sans problème de l'issue de ce scrutin, même si je suis déçu du manque d'ambition du projet.

    Cordialement !

  • Clamer tout et son contraire est a mon avis la plus grande faiblesse de l’extrême gauche (et c'est tant mieux). Quelques exemples:

    - Ils sont contre les cameras de surveillance contraire aux droits fondamentaux de dealers et vandales... Mais pour les camera de trafics quand il s'agit de traquer les automobilistes.

    - Ils sont pour la liberté totale de circulation des travailleurs... Sauf quand il s'agit de "cols blancs" anglo-saxons envers lesquels ils montrent ouvertement le racisme le plus abject.

    - Comme vous le dites, pour eux une votation gagnée est une grande victoire, une votation perdue illégitime ou achetée par les banques...

    - Ils vaut mieux engager des assistants sociaux que des flics... sauf quand il s'agit de réprimer la fraude fiscale.


    Etc...

  • Vous n'aimez manifestement pas la gauche de la gauche, c'est votre droit. Par contre lorsque vous m'accusez d'être déconnecté de la réalité politique, sachez qu'une accusation doit être documentée pour être crédible. Je vous défie de trouver un seul argument que j'ai développé dans la campagne qui soit digne et accepté par l'extrême droite. De même une (courte) majorité a voté OUI. je le regrette mais le reconnaît. Par contre votre analyse me surprend: lorsque toutes les forces politiques qui généralement obtiennent 70% des votes (la gauche et la droite gouvernementale) “gagnent“ avec 54% des voix, lorsque toutes le communes ou quartiers populaires refusent cette constitution, ce sont ceux qui se battaient pour le non qui vivent une ”défaite inattendue et amère”. lorsque l'on est largement majoritaire, gagner de justesse est-ce une heureuse surprise?
    Respecter la démocratie, c'est accepter le résultat d'un vote, c'est aussi de répondre aux arguments adverses par des arguments plutôt que par l'insulte (“avoir tenté de manipuler l’opinion”) ou (”slogans simplistes et réducteurs, attisant la peur”). Je regrette que ce débat sur des arguments a vraiment fait défait lors de cette campagne, et ce plus du côté du Oui que du non.

  • Michel, la gauche de la gauche est un ensemble assez large de partenaires tels SolidaritéS PdT ATTAC Adepas Avivo Contratom Syndicats groupes immigrés MPF sos racisme coordination laïque Femmes pour la parité, etc, etc. Les liens d'un groupe à l'autre sont assez élastiques.

    Quand le gSSa réalise une affiche paranoïaque avec l'armée dans les rues de Genève cela représente la gauche de la gauche et tous les partenaires sont concernés par les vases communicants revendiqués. Or une affiche comme celle-là et l'argument qu'elle propose est aussi extrême que le cercueil du MCG. La voie d'affiche étant la synthèse elle exprime l'essentiel à garder en mémoire. Et entre d'un côté les non de gauche exprimés tous par l'angoisse, la peur, le mensonge, et le non au MCG on trouve les mêmes angoisses dites différemment, les mêmes excès simplistes.

    Le style, la simplification réductrice, la pensée par slogans, le choix d'un bouc émissaire (il suffit de lire Gauthier: c'est un morceau d'anthologie dans le racisme de classe. Il n'y rien à envier à Stauffer et ses frontaliers). Tout cela vous rapproche, oui. Le style, le ton, les manières, la construction du discours, l'appel permanent aux stéréotypes, l'opposition systématique.

    Sur le mensonge, celui par exemple des femmes qui gagneraient 20% de moins que les hommes. Avez-vous vérifié? Avez-vous pris les fiches de 1000 collaborateurs femmes et hommes, en tenant compte de leur niveau de formation, de l'expérience et des conditions de l'expérience, des diplômes ou équivalents, de l'ancienneté, de la capacité à prendre des responsabilité, éventuellement de la rentabilité, et ensuite vous auriez comparé les fiches de paie? Essayez. C'est très instructif.

    De toutes façons c'est un thème politique dont je doute que sa place soit dans la constitution. Une entreprise moyenne où les affaires sont difficiles paiera moins et les hommes et les femmes. Elle doit garder de la souplesse. L'égalité totale est une rigidité ingérable.

    Le langage tenu par l'extrême gauche est déconnecté de la réalité dans son ensemble. Quand Pierre Gauthier écrit le billet auquel je me réfère il fait de l'idéologie vieillotte. Je comprends qu'il se sente vieux à la fin: son discours ne parle plus, il est trop vieux, plus en phase avec le réel. Qu'il y ait presque 10% de votant de plus à Champel qu'aux Pâquis en dit long sur le peu de sens civique des "masses populaires".

    Je peut reconnaître qu'il y a des variations entre vous, mais si ténues...

  • J'ajoute deux points:

    - manipuler la population c'est ne lui dire qu'une partie des choses et la laisser dans l'ignorance des autres choses d'un objet soumis au vote. Vous insistez sur une dynamique victimaire. Dans votre avant-dernier billet vous faites la liste des vos étonnement mélancoliques. Rien de positif et dynamique. Le ton est déprimant. Et les points qui manquent n'ont pas assez fait débat dans la société pour être inclus, comme les droits politiques aux étrangers ou la parité. Vous voulez les inscrire mais leur fondement n'est pas établi et tout le monde n'est pas d'accord.

    Le slogan simpliste, je l'ai dit avant, par exemple le gSSa.

    De plus je vous compare avec Averell à cause de votre comptabilité des voix et vos conclusions. En réalité vous ne démontrez rien. D'ailleurs vous mélangez des types de votes où les comportements de l'électorat varient.

    Votre calcul est très aléatoire.

  • Erratum :

    Dans mon commentaire ci-dessus, j'ai déploré "le taux (trop) élevé d'absentéisme "

    Lapsus ou pas, il fallait bien évidemment comprendre "abstentionnisme" !

    La fatigue sans doute ...

  • Jean, j'ai vu le mot sans le voir, j'ai reconstruit votre phrase avec le bon mot, automatiquement. D'ailleurs les deux mots ont une forme de lien: l'abstentionnisme est un absentéiste des isoloirs.

    Il y a un sujet de billet avec ce thème, qui va jusqu'à l'absence. L'absence citoyenne qui déserte les urnes et les lieux de pouvoir, qui délègue, s'en remet à d'autres, oubliant que l'ont vit dans un système qui repose sur la présence de chacun et sur la responsabilité de chacun; l'absence comme un rêve, un abandon, une absence à la vie; l'absence de l'éloignement, comme l'éloignement politique de Sarkozy, ou d'un être aimé; l'absence d'idées, les idées qui se sont retirée, qui nous abandonnent quand on les use trop sans les renouveler, quand on ne plonge plus assez dans la vague de la vie. Il y aurait un joli billet à faire sur l'abstentionnisme -> absentéisme -> absence. Où vont les chemins de l'absence? C'est une phrase qui revient dans une de mes chansons. Une phrase mélancolique. Mais là nous avons quitté la question première! :-)

  • Oui John, la sémantique rapproche indiscutablement les 2 termes : "absentéisme" et "abstentionnisme".

    En effet il y aurait un beaucoup à dire sur le désintérêt des citoyens pour la chose publique en démocratie. Quelles en sont les causes réelles ? L'égoïsme, l'inculture, le confort matériel, etc. ? Quoi encore ?
    Cela m'échappe totalement et je n'en comprends pas la raison.

    Bonne journée quand même !

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