Il y avait du monde à Paris. La manifestation contre le mariage «pour tous» (qui n’est pas pour tous) était colorée, et les slogans plus drôles qu’en décembre.
Je ne viens pas débattre sur le sujet. Je l’ai déjà fait. Ma réflexion n’est pas encore aboutie, j’y reviendrai peut-être ultérieurement.
Aujourd’hui je privilégie une pincée d’humour. Caramba! Il faut voir le bon côté des choses, même si c’est de manière légèrement sarcastique ou effrontée.
Par exemple: quand on pense au nombre d’enfants qui ne voient plus leur père après un divorce, le fait d’en avoir deux rétablira un peu l’équilibre...
Comme il n’y aura soit plus de père, soit deux pères, le mot «papa» ou «père» ne suffira pas à désigner le parent au plan civil.
- Prénom du père?
- Gérard.
- Prénom de la mère?
- Jules.
Il faudra peut-être les différencier par un numéro:
- Prénom du père 1?
Non, cela ne va pas. Ce pourrait être deux mères, il faudra donc dire:
- Prénom du parent 1?
Pas facile pour l'enfant de s'identifier.
On verra aussi des écrivains adapter leurs titres:
«La gloire de mon père parent 1». Moins poétique, mais on ne peut pas tout avoir. (Vu sur la photo d'un calicot de la manif).
Ou leurs répliques. Imaginons celle écrite par Racine dans Le Cid:
«Rodrigue, as-tu du coeur?
Tout autre que mon parent 1 l’éprouverait sur l’heure.»
Le livre de ma mère, d’Albert Cohen, deviendra: «Le livre de mes mères». On s’y fera. Question d’habitude. (Non je n'ai pas écrit: "de mémère").
Quant à l’Entre-deux-mer, ce vin de Bordeaux devra changer de nom pour éviter tout malentendu.
La psychanalyse, qui parle souvent du meurtre du père, affirmera avec force: «Il faut tuer le parent».
Oui, mais lequel?
Balzac sortira de sa tombe pour réécrire «Le père parent Goriot».
Victor Hugo ressuscitera pour pondre une nouvelle version de son poème Après la bataille:
«Mon parent 2, ce héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous».
Baudelaire pourrait être mis à l’index par simple effet d'homophonie. En effet son poème L’homme et la mer changerait singulièrement de sens en changeant de titre:
L’homme et la mère
«Homme libre, toujours tu chériras la mère !
La mère est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.»
Tu te plais à plonger au sein de ton image: la mère devient ainsi le nouveau modèle d’homme. Aïe... Dr Freud, au secours, qui suis? Dans quel état j'erre? Le déroulement infini de sa lame: c’est l’Oedipe à l’envers, l’infanticide maternel. Quant au bruit de cette plainte indomptable et sauvage, ne serait-on pas là en plein coït incestueux?
Manquerait plus qu'on y ajoute une pincée de langue épicène, et la confusion des genres atteindra son paroxysme.
Commentaires
Nan, ja, la réflexion ist embouteille, pardon emboutie mit ein hips, ja!
Bravo HL et merci pour ce moment très plaisant!!!! oui un peu de légèreté!!!!