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De Daniel Vasella au djihadiste: en avoir ou pas

Quel lien peut-il y avoir entre l’ancien directeur de Novartis, qui défraya la chronique il y a peu, et un preneur d’otage du désert ou un kamikaze qui se fait exploser sur un marché? Un lien inattendu aux conséquences profondes et déstabilisantes des sociétés auxquelles chacun appartient.

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Daniel Vasella n’a commis aucun crime. Il est cependant devenu une modèle négatif de la vie publique en Suisse. On ne lui concède plus aucun crédit d’avoir conduit Novartis sur les voies du succès commercial. On lui renvoie aujourd’hui une image moralisatrice qui cache une jalousie. Que des employés touchent près de 200 millions d’euros à la loterie et gardent tout pour eux sans avoir rien fait pour est pourtant tout aussi immoral que 72 millions de bonus, mais personne ne leur reproche leur gain. Il est mieux vu d'être riche mais pauvre que riche mais riche.

La décision de Daniel Vasella de donner son bonus aux bonnes oeuvres montre que l’individualité a perdu de sa superbe en occident. Tenter de se justifier par une morale bon marché, par une sorte d’ersatz de religiosité supposé apporter l’absolution, tous les people qui touchent des centaines de millions le font. Mais ici c’est sans effet. Daniel Vasella est encore le mauvais même avec ses bonnes oeuvres.

Le problème Vasella est que celui-ci a baissé son pantalon pour recevoir la fessée. De deux manières. La première est de se faire payer pour assurer qu’il n’ira pas révéler des secrets commerciaux à la concurrence. La loyauté à l’entreprise, au groupe, devrait le lui interdire d’évidence. N’est-ce pas du chantage? On paie pour son silence? N’importe qui payant mieux le ferait vite parler. Sa force morale est diluée par l’appât du gain. Il n’est pas l’individu fort, audacieux, droit et intègre que l’on peut attendre d’un chef. Les individus qui ont créé nos sociétés étaient d’une autre trempe.


Daniel, des couilles s’il vous plaît!

La deuxième manière de recevoir la fessée est de s’excuser de ce qu’il a reçu (et donc forcément lui-même négocié). Il a voulu les 72 millions. Que ne l’assume-t-il pas ouvertement et crânement? J’imagine un Daniel Vasella qui assure:

- Oui, je veux ce parachute doré. J’estime que je le vaux bien. Cela ne regarde personne etdaniel vasella,novartis,société,bonus,parachute doré,72 millions,djihad,individu,individualisme,culture,islam,merah,anarchistes,ben laden,kamikaze,collectivisme,strauss kahn,clinton,héros,moyen-âge,renaissance,guillaume tell,ong, je vous emmerde. Vous n’êtes pas les juges de ma vie. Vous n’êtes pas mes directeurs de conscience. Vous ne savez pas ce que je ferai de ces millions, et d’ailleurs cela ne vous regarde pas. Est-ce que je me permets de vous demander comment vous dépensez votre propre argent? Est-ce que je vous demande combien vous rapportez au pays par votre travail? Moi je ne vous dois rien.

Ç’aurait été une position avec de la testostérone, ça. Vasella seul contre tous, assumant son bonus et ne se justifiant de rien, ça aurait eu de la gueule. Mais non. A la place d’un dirigeant courageux nous avons eu cette débandade: «Je vais les donner à des associations caritatives, excusez-moi d’avoir mal fait, je me rachète à vos yeux, je vous donne pouvoir sur moi.» La débandade. Voilà un héros moderne.

Avec Vasella dilapidant sa fortune auprès d’associations caritative (lesquelles?), Guillaume Tell le courageux, qui n’a aucun compte à rendre à ceux qui veulent prendre un pouvoir sur lui - hier le bailli aujourd’hui le peuple, ce Guillaume Tell héros indépendant d’esprit et de coeur, individualité mythique forte et fondatrice de la Suisse, est mort une nouvelle fois. Aujourd’hui les héros font piètre figure.


Où sont les héros?

Deux historiens, auteurs d’un excellent petit livre qui passe en revue l’Histoire mondiale depuis la préhistoire d’une manière attrayante bien que succincte («Toute l’histoire du monde», de Barreau et Bigot), identifient trois clés qui ont fait de l’Europe depuis la Renaissance ce continent audacieux et conquérant: 1. l’envie du changement; 2. l’analyse critique du monde (qui conduit à voir les dysfonctionnements de la société); 3. l’initiative individuelle. Le Moyen-âge connaissait la critique - grâce à quoi cette période a été novatrice dans l’art, l’architecture, l’agriculture; il connaissait l’initiative individuelle procédant par rupture et non par obéissance aux codes: Jeanne d’Arc, certains rois, le protestantisme, par exemple. Mais il était peu enclin au changement de société. A la Renaissance ces trois critères se sont trouvés associés ensemble et ont produit une impulsion qui ne s’est aujourd’hui pas encore démentie.

Ce système des trois clés s’est montré très performant. D’autant plus performant que les individualités qui l’ont érigé initialement étaient des femmes et des hommes issus du daniel vasella,novartis,société,bonus,parachute doré,72 millions,djihad,individu,individualisme,culture,islam,merah,anarchistes,ben laden,kamikaze,collectivisme,strauss kahn,clinton,héros,moyen-âge,renaissance,guillaume tell,ong,Moyen-Âge, période où la côte de l’individu était forte. L’engagement par une poignée de main scellait les contrats, et la trahison était payée de la mort ou du bannissement. Les héros étaient braves.

Aujourd’hui les héros sont fatigués en occident. Le héros est galvaudé. N'importe quel mauvais chanteur de rock peut prendre sa posture. Combien d'humains assument leur place, leur volonté, leur réalité? Clinton mentant et s’excusant comme un petit garçon, Dominique Strauss Kahn pareil: ces modèles sont les fossoyeurs de l’individualité occidentale. L’individu y est réduit à peu de chose, soumis au tribunal de l’opinion, craintif de ne plus être aimé, craignant pour sa position sociale.


L’individu est l’avenir de l’Homme

Par contre une culture collectiviste est en voie d’implanter en elle la force de l’individu: la culture musulmane. On a souvent fait le constat de la force collective de l’islam, par la religion et par la structure clanique ou familiale qui se fondent dans la religion. L’individu est présenté comme soumis groupe, n’osant pas trop penser par lui-même, moulé dans une pensée collective.

Or les djihadistes et les kamikazes sont deux nouvelles figures de l’islam - ou agissant au nom d’un certain islam. Ces figures transgressent l’obéissance collective. Ce sont des rebelles. Les cellules islamistes sont souvent autonomes (Ben Laden s’est inspiré des anarchistes occidentaux), les factions n’obéissent plus à un chef unique et des dignitaires religieux eux-mêmes se soumettent aux groupements militarisés. Le kamikaze solitaire est devenu un héros. Mohammed Mérah est un héros. Le solitaire, l’individuel, le transgressant, le désobéissant, sont des héros - négatif à nos yeux, libérateur pour les autres. L’islam est donc en voie d’intégrer un facteur qui déstabilisera sa propre culture collective: l’individu, agissant en son nom propre et perçu comme un héros.

L’islam est entré dans la culture du héros solitaire et mythique. Bien plus que la voiture ou que la minijupe, l’individualisme pourrait, à long terme, desceller les rigidités de l’islam. L’essor de l’individualité dans un système sans clergé unifié est une bombe culturelle. Par cela les pays islamisés développeront une plus grande liberté de pensée et pourraient profiter de la renaissance culturelle qui s’en suivrait. L’islam en deviendrait même attractif en occident. De notre côté le manque d’individualités courageuses pourrait affaiblir durablement l’occident. Dans les deux cas, représentés symboliquement par Daniel Vasella et un djihadiste, l’individu est au coeur de l’évolution. Tout affaiblissement de l’individu sera l’affaiblissement de notre culture et de notre société. Tout renforcement de l’individu sera l’affaiblissement des cultures plutôt collectivistes.

Catégories : Philosophie, Politique, société 1 commentaire

Commentaires

  • "le protestantisme, par exemple" Au Moyen-Age ???
    "une culture collectiviste est en voie d’implanter en elle la force de l’individu: la culture musulmane." L'islam ne fait que remplacer le communisme. Ce n'est pas vraiment nouveau comme analyse, c'était dit couramment il y a trente ans...

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