Malgré un fort enneigement printanier, les hautes températures du mois de mai dans les régions arctiques ont fait fondre un peu plus la banquise. Comme l’an dernier c’est la surface qui est le plus touchée. La glace est ainsi recouverte de quelques centimètres d’eau, formant un lac de peu de profondeur.
C’est ce que montre la vidéo d’images compilées de la banquise qui illustrent un article du Huffington Post. L’article mentionne la fonte de l’an dernier à 97%, mélangeant la banquise et la calotte du Groenland.
Les eaux glacées du nord contiennent dans leurs profondeurs de très importantes réserves de méthane, gaz dont l’effet de serre est beaucoup plus fort que le co2. Des économistes ont émis l’hypothèse d’un dégazage massif et a calculé son coût économique: 45’000 milliards d’euros, soit le PIB mondial de 2012.
L’article ne précise pas sur quelle période un tel coût serait atteint. Les avantages du réchauffement, soit la mise en culture de vastes régions du Canada et de la Sibérie ne sont pas évalués. L’exploitation de ce méthane des profondeur n’est pas plus prise en compte dans le bilan économique. On sait que les japonais ont récemment testé avec succès une technologie qui permet de capter le méthane pris dans les glaces profondes sans provoquer d’effondrement des sous-sols marins.
Dans le même temps la Cour des Comptes françaises fustige le coût des énergies renouvelables:
«Dans un rapport rendu jeudi, la Cour des comptes constate qu'entre 2005 et 2011, le coût de la politique en place par les pouvoirs publics pour les développer a représenté 14,3 milliards d'euros en cumulé pour le contribuable et le consommateur. Dans le même temps, la part des énergies renouvelables en France est passée de 10,3% à 13,1%, pour un objectif de 23% en 2020, souligne le gendarme des finances publiques. L'effort à faire de 2012 à 2020 représente donc «globalement six à sept fois ce qui a été réalisé» lors des sept années précédentes, relève la Cour des comptes.»
Les consommateurs devront payer de plus en plus, dans une période où le chômage est élevé et le pouvoir d’achat à la baisse.
«Ainsi, les surcoûts des énergies renouvelables répercutés dans la CSPE, une taxe incluse dans la facture d'électricité, devraient atteindre 8 milliards d'euros par an en 2020 (soit quatre fois plus qu'en 2012), pour une dépense supplémentaire pour le consommateur de l'ordre de 40 milliards en cumulé d'ici la fin de la décennie (contre 3,3 milliards entre 2005 et 2011). Viennent s'ajouter le coût du fonds chaleur (240 millions d'euros par an actuellement), des mesures fiscales (crédit d'impôt développement durable, TVA réduite) et celui des investissements nécessaires pour adapter le réseau électrique aux nouvelles énergies (5 à 6 milliards d'euros selon la Cour).»
L’énergie photovoltaïque est dans le viseur:
«Le coût croissant du soutien au développement des énergies renouvelables conduit à s'interroger sur sa soutenabilité à long terme», écrit-elle. Message principal: «Il faut redoubler d'efforts pour améliorer le rapport coût-efficacité de chacun des dispositifs d'aide existants et savoir arbitrer sur les soutiens aux différentes filières.» Il s'agirait de réorienter les aides «vers les filières les moins coûteuses au mégawattheure produit» (éolien terrestre, biomasse, etc.) tout en veillant aux avantages industriels qu'elles procurent à la France.
Dans le viseur de la Cour figure notamment l'électricité photovoltaïque, qui capte près des deux tiers de la part de la CSPE dévolue aux renouvelables, alors qu'elle ne produit que 2,7% de l'électricité «verte» en France. «Un mégawattheure d'énergie solaire entraîne une dépense de rachat de 500 euros, alors que cette dépense est de 34 euros pour l'éolien et 20 euros pour la biomasse», relève son rapport, même si la Cour reconnaît que les prix du solaire ont fortement baissé depuis deux ans.»
Les technologies nouvelles ne sont pas encore à même de remplacer le nucléaire, le gaz, le charbon et le pétrole. Les contradictions de notre époque sont considérables, entre l’accroissement de la population et de la consommation, la pollution, les réserves limitées des énergies fossiles, et l’aspect géopolitique de la question énergétique. Mais il y a une priorité: la survie de notre civilisation et de ses valeurs. La survie sera plus gérable dans un climat plus chaud que privés de ressources énergétiques. Dans ce but tout doit être utilisé, en faisant un effort accentué et accéléré vers les technologies renouvelables et les économies d'énergie, mais aussi avec du nucléaire propre et du pétrole d’algues, entre autres.
Commentaires
Du nucléaire propre ?
Un jour certainement, nos scientifiques trouveront les clés de la fission.
Pour le moment, je constate que le discours est volontairement biaisé puisque personne n'ose réellement évaluer le coût du démantèlement des centrales nucléaires. Et nous ne parlons pas des déchets...
Voir le reportage sur arte : Centrales nucléaires, démantèlement impossible ?
@ Pierre:
La fusion nucléaire est le projet le plus ambitieux vers une énergie nucléaire propre. Pour le reste vos remarques sont hélas justes.
Avant d'aller exploiter plein de trésors cachés dans des endroits compliqués d'accès, on peut déjà commencer par faire des économies d'énergie, juste chez soi.
En regardant toutes les bouteilles en épais plastique, vides, dans la poubelle de la buanderie de mon immeuble, je me dis : voilà encore du pétrole qui va partir en fumée et ça veut juste dire qu'on a encore les moyens de gaspiller ça joyeusement. Le prix de ces emballages n'est pas encore assez élevé pour qu'on trouve des solutions contre un gaspillage aussi primaire.
Selon des calculs sérieux et qui ont souvent été publiés, en Suisse, on peut se passer de l'équivalent d'une centrale nucléaire en faisant des gestes simples. Mais cela demande qu'on change nos habitudes : couper les stand-by, par exemple.
Ca implique d'acheter des appareils qui consomment moins. Je sais, c'est un gros effort financier et ça signifie peut-être qu'on doit se passer du dernier modèle de I-Pad, ce qui est effectivement très dur ;-)))
Si on se met à vraiment isoler les bâtiments et à fabriquer et acheter des appareils et voitures moins gourmands en énergie, on assure du boulot à pas mal d'entreprises et de sous-traitants.
Il est effectivement important de calculer ce que ça coûte au niveau individuel et au niveau de l'économie d'un pays et en cela, les chiffres de la cours des comptes française sont intéressants. Il faut bien peser où ça vaut la peine d'investir et pourquoi, à long terme.
Le marché du photovoltaïque est dans une phase critique en ce moment et il faudrait bien saisir les enjeux. Si j'ai bien compris, les chinois concurrencent l'Europe et on est, une fois de plus, dans cette distorsion amenée par la mondialisation. Le prix du transport de tout ce matériel est si bas, que les panneaux chinois sont super-concurrentiels chez nous, alors que la technologie a bien été mise au point ici ...
A mon sens, tout le marché de l'énergie est une vraie usine à gaz et les coûts réels ne sont pas toujours très transparents.
Si on pense simplement au démantèlement des centrales nucléaires: avons-nous réellement le choix de ne pas démanteler les anciennes ? Est-il possible de faire ces économies-là ?
Longtemps, j'ai pensé être une froussarde, parce que je craignais que les centrales pouvaient poser quelques problèmes de voisinage.
Depuis Fukushima et Tchernobyl, j'ai surtout compris qu'on ne peut pas avoir une confiance aveugle dans les sens des responsabilités de responsables de centrales. Si même la technologie est super au point, ce seront malgré tout des êtres humains qui prendront des décisions.
Ce que cette tristement célèbre Tepco démontre au Japon, c'est qu'ils ne contrôlent rien du tout.
Je suis contre la fuite en avant.
Ce genre d'opinion est très minoritaire et on finira bien sûr par essayer de garder nos habitudes au maximum en se disant qu'on trouvera bien comment continuer comme ça, avec 9 milliards de personnes qui ont le droit à y aller à fond, comme nous.
Bonsoir Calendula,
Vous entrez plus dans le détail, et cela doit être fait. Tout ce qui a trait aux économies d'énergie demande des changements d'habitudes (stand by), des surprix (bouteilles en pet), des incitations formelles (isolation). L'humain n'aime pas se restreindre. Une seule centrale suffirait-elle en Suisse? Je ne suis pas au clair sur ce point, d'autant que nous importons du courant nucléaire de France. Au niveau de l'énergie, j'aime le fait que l'on produise de mieux en mieux qualitativement avec des technologies plus économes. Au niveau de la quantité, c'est plus difficile car elle est directement liée à l'emploi: consommer c'est produire, et produire c'est donner des emplois, donc maintenir un certain niveau de vie. Mais cela n'est plus tout-à-fait vrai puisque la Chine produit très bon marché et que notre consommation ne génère plus autant d'emplois que par le passé.
Les restrictions semblent être logiques mais sont mal vécues. L'incitation positive est préférable (appareils plus économes p.e.). Si l'on pense au long terme, par exemple sur un siècle, les réserves fossiles pourraient ne pas suffire aux besoins mondiaux. A moins d'utiliser le méthane des profondeurs, le pétrole du pôle nord, les schistes. Or le renouvelable ne crée pas l'engouement qu'on lui prédisait il y a 10 ou 20 ans. Les éoliennes, c'est mieux chez le voisin... :-(. Et elles ne fournissent pas d'énergie en continu, pas plus que les hydroéoliennes ou le photovoltaïque. Et les éoliennes ne peuvent être rentables partout.
Comment faire sans demander des prix qui ne seront plus payables surtout à haut niveau de chômage, et sans tomber dans une société de contrainte où une commission décide de chacun de nos achat - même du 2e iPad... (je n'en ai pas).
Payer plus revient à être moins payés. Imaginez comme les syndicats seront heureux. Mais je suis d'accord sur le fait que la fuite en avant n'est pas un bon plan. Pour ma part je soutiens la possibilité d'user de tout. Mais je pense aussi qu'une réflexion de fond et anticipatoire doit porter notre société. Elle ne sera pas faite par tous, il y a des consommateurs qui ne voient que le nouveau portable dans la vitrine de la Poste. Il y aura une élite qui pensera et décidera pour les autres. A voir l'effet que cela produit avec la Commission européenne, ça va être coton...
Les questions qui se posent à ce siècle ne sont pas seulement le réchauffement et comment le freiner ou vivre avec (car les deux options sont à envisager), même si ce thème implique une réflexion à beaucoup de niveaux, mais comment fonctionnera la démocratie dans un système ou la réflexion à long terme prend le pas sur la consommation de masse. La démocratie que nous connaissons sera-t-elle encore viable? Et je ne parle même pas d'une démocratie "autogérée" (socialisme autogéré) où le morcellement des décisions sera encore plus grand qu'actuellement et donc moins cohérent - sauf à renouer avec une dictature. Autre question: la géopolitique mondiale, la paix globale ou le retour de grandes guerres pour l'énergie.
Bref, beaucoup de questions sur l'avenir du monde.
@hommelibre,
Merci pour vos réponses, très détaillées également.
J'ai bien dit que la Suisse pourrait se passer d'une centrale nucléaire, en faisant des économies, pas qu'elle pouvait fonctionner avec une seule centrale :-))
Oui, l'humain n'aime pas se restreindre, mais quand il n'y a pas, on n'a pas le choix. A mon avis, il y aura pénurie à un moment donné, même chez nous. Je ne serai plus là pour le voir, donc je peux dormir tranquille ( vous aurez compris que ceci est fortement ironique).
Selon moi, les humains se restreindront seulement lorsqu'ils n'auront plus le choix. Mon discours sur des économies raisonnables dès-à-présent est complètement hors-propos.
Dans nos sociétés, les restrictions de toutes sortes sont très mal vécues, p.ex. les limitations de vitesse sur la route. Elles sont perçues comme des chicanes procédurières, tout comme la limitation de l'alcoolémie et ne parlons pas de la cigarette.
On vit déjà dans trop de restrictions, donc les économies d'énergie décidées par des élites éloignées, c'est pas imaginable.
La futurologie n'est pas ma tasse de thé, mais je pense que ceux qui s'en sortiront le mieux seront ceux qui auront anticipé les pénuries et qui auront investi dans les technologies basiques. p.ex. la préservation de l'eau potable et la valorisation des déchets, dont nous ne manquerons jamais. Ce n'est pas très glamour, j'en conviens.
Un calendula n'est pas une fleur glamour :-)))