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Nelson Mandela, la nation Zoulou et les paradoxes de l’Histoire

Nul doute que Nelson Mandela est un homme peu ordinaire. Un homme qui a accompli un destin en toute conscience et qui a su porter au profit de son combat les stratégies occidentales modernes issues de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

nelson mandela,histoire,afrique du sud,apartheid,liberté,démocratie,zoulou,shaka,domination,peuples,oppression,boers,noirs,blancs,droits de l'homme,En effet, la phrase célèbre: «Un Homme, une voix», est quelque chose de très nouveau dans cette Afrique longtemps organisée autour de villages ou de chefferies, puis de royaumes, et où la démocratie n’avait pas encore été importée et avait encore moins germé d’elle-même. La notion même d’Etat était absente de l’organisation politique avant l’arrivée des européens.

Les tribus étaient néanmoins des structures solides. Elle s’organisaient autour d’une dominance familiale, ou d’une communauté de pensée, avec des chefs - souvent des conseils de sages. Ces structures étaient pérennes, stables et solidaires.

A l’arrivée des européens l’Afrique du sud était peu peuplée. Les colons néerlandais ont d’ailleurs à un moment revendiqué une antériorité de présence sur les populations d’origine africaines. L’Histoire de l’Afrique du sud a laissé peu de traces matérielles permettant de retracer les différentes étapes de son développement. Les archéologues estiment aujourd’hui que ces territoires étaient principalement occupés par des petits groupes de chasseurs-cueilleurs. Ceux-ci furent par la suite évincés par des éleveurs-agriculteurs venus du nord, qui instaurèrent la propriété privée des terres.
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Les descendants des premiers colons hollandais s’installèrent à l’intérieur du pays et créèrent par la suite leur république autonome. Ces fermiers, les Boers, étaient très religieux, calvinistes austères, persuadés de leur destinée biblique: ils devaient trouver leur terre promise. Ils partaient dans l’inconnu avec leurs chariots bâchés pour trouver l’Eden. C’est une mythologie qui s’est formée et qui a donné force à ces populations, par ailleurs convaincues de la suprématie raciale des blancs sur les noirs. Ils pratiquaient l’esclavage, que l’Angleterre abolit lors de sa domination sur le territoire.

L’expansion parallèle des Boers et des tribus africaines aboutit à des guerres et à des prises de territoires. L’épopée tribale majeure fut celle de la nation Zoulou, dirigée par le le roi Shaka. Il créa un empire en une quinzaine d’années. Il militarisa la société, enrôla une armée régulière de 100’000 hommes asservis à une obéissance implacable sous peine de mort. Shaka prit et occupa de nombreux territoires, tuant les vieillards, incorporant femmes et enfants à la nation Zoulou et ne préservant des jeunes hommes que ceux qui acceptaient de servir dans son armée.

Les historiens évaluent à 2 millions le nombre de morts dues à la tyrannie de Shaka, surnommé le Napoléon noir! Shaka est encore admiré par de nombreux africains noirs et vénéré comme résistant aux colons blancs, évacuant le fait que sa cruauté s'exerça d'abord sur son propre peuple et sur les populations noires voisines. Par la suite l’armée zoulou, diminuée, fut décimée lors de la bataille de Blood River en 1838. 500 Boers taillent en pièce 10’000 zoulous. La voie était libre pour les colons néerlandais. Une autre ethnie, les Xhosa, fit ensuite la guerre aux colons et aux anglais. Avant de commettre ce qui causa leur perte:

nelson mandela,histoire,afrique du sud,apartheid,liberté,démocratie,zoulou,shaka,domination,peuples,oppression,boers,noirs,blancs,droits de l'homme,«En 1856, une jeune fille xhosa nommée Nongqawuse annonça avoir eu une vision : la puissance des Xhosas serait restaurée, le bétail multiplié et les Blancs chassés à la condition que pour la pleine Lune, tout le bétail soit abattu, les récoltes brulées et les réserves alimentaires détruites. Elle fut entendue et les chefs xhosas ordonnèrent de procéder à la destruction du bétail et des récoltes48. La prédiction ne se réalisa pas à la date prévue alors que 85 % du bétail avait été abattu. La faute en fut imputée aux récalcitrants et de violentes querelles achevèrent de plonger la région dans la misère et la famine. La population était affamée, réduite à manger de la nourriture des chevaux, de l'herbe, des racines, des écorces de mimosa, certains s'adonnant jusqu'au cannibalisme pour survivre. D'autres fuirent vers la colonie du Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine meurtrière signa la fin des guerres entre Britanniques et Xhosas. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105 000 à moins de 26 000 individus. Les terres dépeuplées furent alors attribuées à plus de 6 000 immigrants européens d'origine allemande.» (wiki)

Par la suite l’armée anglaise battit ce qui restait de l’armée zoulou. Ainsi des ethnies africaines puissantes, ayant massacré et pris les territoires d’autres ethnies, furent réduites à une extrême pauvreté et soumises aux Boers. Qui, selon leur croyances raciales, établirent l’apartheid, soit la ségrégation et le non-mélange des races, ainsi que la domination administrative des Boers sur les descendants des tribus locales.

L’apartheid fut la raison de la révolte des africains noirs. La dureté du régime et nelson mandela,histoire,afrique du sud,apartheid,liberté,démocratie,zoulou,shaka,domination,peuples,oppression,boers,noirs,blancs,droits de l'homme,l’intransigeance des Boers généra une résistance - dont Nelson Mandela fut une figure de proue. Le mouvement des Droits de l’Homme en occident apporta de nombreux soutiens à sa cause. Les occidentaux, enfants de la démocratie, ne pouvaient qu'estimer légitime son combat pour la liberté. Après sa libération et son accession au pouvoir il su transformer le pays sans verser le sang, et il faut lui reconnaître cette très grande sagesse et humanité de n’avoir pas fait subir aux anciens maîtres ce que les africains noirs avaient subi.

Il a peut-être réussi à briser la chaîne de la reproduction de l’oppression.

Car, paradoxe et retournement de l’Histoire, ce peuple, victime de la ségrégation, descend lui-même de conquérants dominateurs et sanguinaires, en particulier les zoulous. les opprimés sont les enfants des anciens oppresseurs. Aujourd’hui on ne parle pas de cette Histoire d’avant, et Mandela lui-même ne mentionne de devoir de réconciliation que pour la période de l’apartheid.

Les peuples se vivent au présent. Le sentiment de sa propre innocence est peut-être à ce prix. Pourtant, dans l’histoire des peuples, personne n’est innocent, à l’exception des premiers humains. Les suivants ont toujours pris la place de quelqu’un, pas seulement par la négociation ou l’assimilation.

L’hommage légitime à Nelson Mandela ne serait pas complet si l’on omettait de reconnaître que dans l’histoire des peuples et des nations, les victimes cachent parfois des bourreaux dans leurs entrailles. La tâche, la mission peut-être de Nelson Mandela, n’en est que plus exemplaire.

 

Images: Nelson Mandela; guerrier zoulou; Boers contre zoulous; Crocodile River.

Catégories : Politique 18 commentaires

Commentaires

  • Deux points à controverse :
    -"il faut lui reconnaître cette très grande sagesse et humanité de n’avoir pas fait subir aux anciens maîtres ce que les africains noirs avaient subi."
    Les Blancs auraient-ils amorcé cette fin de l'apartheid s'ils n'avaient pas eu de garanties sérieuses ? Je pense que vous ne connaissez pas les Afrikaners...
    Je vous rappelle que 500 d'entre eux ont suffi pour quasiment prendre tout l'Angola. Ce n'est pas par hasard que les Soviétiques y ont fait intervenir une armée de leur satellite cubain...
    Je voulais vous donner la référence Wiki de la bataille de Cahama, à laquelle ont participé des amis à moi d'Angola (côté MPLA) et je me souviens du respect et de la crainte que leur ont inspiré les Afrikaners (et de leurs Mirage, par ailleurs...). Pas de Wiki mais ceci : http://havanaluanda.wordpress.com/2010/01/22/the-dark-side-of-the-war-la-cara-oculta-de-la-guerra-26/
    - "des éleveurs-agriculteurs venus du nord, qui instaurèrent la propriété privée des terres." Il n'y a pas de propriété privée chez les peuples africains. Si cela existe en RAZ, c'est le fait des Blancs uniquement. Partout ailleurs, vous avez des chefs de terre qui distribuent selon leur bon vouloir un droit de les exploiter sur le plan agricole. Au niveau de l'état, on a des droits de construire avec une limitation dans le temps. 99 ans pour le Mozambique, par exemple. Et si vous n'avez rien construit après quelques années, la terre reviendra à quelqu'un d'autre. S'il s'agit d'exploitations minières, l'Etat accorde des concessions sans se préoccuper des intérêts locaux...
    - James Michener, The Convent, raconte très bien l'histoire des Boers. Avant ces premiers colons, il y avait les bushmens, les Bochimans, les Khois et les San, connus pour leur langage par "clics". Ces gens avaient été chassé du nord par les premiers colons de l'Afrique, les Bantous, dont personne à ce jour n'ose évoquer leur manière de traiter les Pygmées et les Khoisans. Ce serait d'une incorrection politique absolue. Les méchants doivent être les Blancs, dans le grand dolorisme chrétien...

  • J'ai oublié de mentionner que si Mandela est le grand homme qui a permis cette transition de pouvoir, le véritable architecte en est de Klerk. Il serait peut-être temps de le rappeler...

  • Peut-être qu'un peu de non politiquement correct vous ferait un peu de bien ?
    http://www.bvoltaire.fr/bernardlugan/nelson-mandela-quel-bilan,43766

  • Ce qui me sidère, c'est toute cette récupération politiquement correcte (de gauche comme de droite) autour de la disparition de Mandela. Le pauvre, pas encore enterré, qu'il doit se retourner dans son cercueil...

    Et puis, les connivences d'Israël avec le régime de l'apartheid, silence radio.... faut surtout pas froisser la "communauté".

    La jeunesse d'aujourd'hui, trop paresseuse pour lire l'Histoire, n'a de fait que besoin d'icônes (génération MAC) et de veaux d'or. Affligeant !

  • Tiens, petard se ferait l'allié de Carlo Sommaruga et de Julien Nicolet (qui censure mes commentaires dans un grand élan d'esprit démocratique...)? Oui, parce que si on attaque Israël, on attaque aussi la Suisse qui a fait la même chose qu'Israël, à tout hasard. A mon avis, dans ce contexte de lutte contre l'URSS, je ne vois pas vraiment en quoi c'était blâmable. Si la RAZ tombait, alors que l'Angola et le Mozambique étaient déjà en mains soviétiques, la face du monde en aurait vraisemblablement été changée : avec en mains l'Afrique australe dans son ensemble, l'URSS aurait fait main basse sur tout le continent sans le moindre problème.

  • "Tiens, petard se ferait l'allié de Carlo Sommaruga et de Julien Nicolet..."

    Bla bla bla bla et bla bla bla.

    Vous n'avez pas d'autre chose à faire que de polémiquer vainement?

  • @ Géo:

    Pour moi l'exemplarité et la force symbolique incarnée du personnage est d'avoir dépassé le mécanisme de reproduction de la violence et de l'oppression, qui historiquement était bien présent dans les populations noires comme blanches. Je ne fais pas le procès des uns contre les autres. Que la paix ait pu être établie grâce à une pesée d'intérêts, pourquoi pas. Après, sur la politique de l'ANC, on retourne dans le champ classique du débat.

    @ Pétard:

    Récupération oui, sur ce point on en fait beaucoup. Au point où une religieuse parlait de lui comme d'un saint. D'ici qu'un chef d'Etat communiste soit béatifié, il y a quand-même un pas... Le côté icône est dominant, c'est vrai, et l'on ne relit en effet pas assez l'Histoire. C'est aussi une raison de ce rappel: nulle nation n'est totalement innocente.

  • Machin@ "Vous n'avez pas d'autre chose à faire que de polémiquer vainement?" ?
    Faites comme tous les autres, intéressez-vous au foot et laissez les grandes personnes débattre entre elles...

  • "Faites comme tous les autres, intéressez-vous au foot.."

    Pour vous il n'y a que le foot ou la polémique idiote, hein?

  • @Géo
    Mais non, je ne suis ni l'allié de Sommaruga ou de Nicolet. J'observe seulement que les Israéliens et leurs amis sont les premiers à crier au loup lorsqu'il s'agit de racisme ou d'antisémitisme. Donc cette connivence avec l'apartheid était paradoxale.

  • petard@ Leurs amis - on voit bien de qui vous parlez - peut-être. Les Israéliens n'ont pas besoin de ce genre d'arguments...
    Machin @ Allez vous faire foutre.

  • Vaine polémique, foot et foutre...

  • Ce n'est pas moi qui l'ai initiée...

  • Mais qui est ce Géo dont tout le monde parle ?

  • Je trouve vraiment que le niveau s'élève de plus en plus, c'est pas moi, c'est toi non c'est les autres etc... c'est ça qui fait avancer le schmilblick!!!!
    J'aime bien votre blog Homme libre, mais ça devient de moins en moins compréhensible si on ne supporte pas une divergence de vue entre intervenants.
    Bonne soirée.

  • @ Grindesel:

    Et parfois j'en enlève, quand c'est trop. C'est bien de le dire ici. J'ai connu pire, j'ai parfois dû tailler dans le vif, même si je préfère la liberté. Je ne suis pas un modèle et moi aussi j'ai parfois dû me reprendre.

    L'attaque personnelle est vraiment une manière d'anéantir les débats d'idées.

  • Un petit évènement rapporté ici il y a quelques semaines avant la mort de Madiba, c'est le lancement d'une campagne mondiale contre l'apartheid, depuis l'endroit où était emprisonné Mandela pendant 27 ans. Cette campagne contre l'apartheid en Israël représente un immense espoir pour les palestiniens mais aussi pour tous les citoyens juifs qui en ont assez, eux aussi, des guerres ouvertes ou secrètes que mènent leurs dirigeants.

    Ce qui est difficile à soutenir c'est de savoir que mêmes des enfants sont emprisonnés et que certains d'entre eux sont torturés.
    Quels que soit le motif, il n'y a aucune raison de considérer qu'il est normal de priver tout un peuple du minimum vital et des droits élémentaires.
    Ce sont des faits irréfutables, les colonisations, les expulsions des populations de leurs maisons et terres. Sans mentionner le détournement des ressources naturelles comme l'eau et la carence artificielle par le sous-équipement des territoires palestiniens.

    Dans un autre contexte un peu plus démocratique, on s'attendrait plutôt à voir que ceux qui ont le pouvoir de décider, procèdent aussi au partage. Visiblement, c'est le contraire qui se passe.
    Il y a une grosse indécence de notre part dans notre indifférence.

    Que diraient nos chers voisins Français si on détournait le Rhône et qu'on le dirige ailleurs, de même qu'on le ferait pour le Rhin?

    L'économie d'Israël est en très mauvais état et le pays vit aussi d'aides de ses alliés malgré les terres volées aux palestiniens. Son économie est entièrement dédiée à l'armement. Une économie de guerre qui ne laisse plus beaucoup de chance au développement de ses populations car, de très pauvres, il y en a beaucoup, mais on omet ou on est interdits de le dire.

    Il y a bien d'autres défis à relever que de semer encore plus de misère et de malheur. La lutte contre les surprises de la nature, par exemple, a besoin que l'intelligence humaine se concentre sur la recherche de solutions de sécurité.

    Pour terminer, apartheid n'amène rien de positif, il érode encore plus les relations avec ses ostracisés et avec les autres témoins extérieurs. Il coûte en énergie humaine et il n'assure pas la stabilité. S'il permet à une partie de jouir de l'abondance, c'est dans l'inquiétude permanente de devoir connaître un jour la renonciation d'une partie de cette abondance qui rend dépendant d'une défense armée, alors qu'elle pourrait s'en passer.

    Dans le passé (1970), j'ai vu en Afrique du Sud, la communauté blanche se barricader contre les Africains noirs mais aussi contre les Afrikaans. Ces colons de différents horizons n'étaient même pas capables de vivre entre eux en paix et sans suspicion.
    Il n'était pas rare à table qu'on n'aborde pas le sujet de la confiance et de la trahison lorsqu'il s'agit des relations de ses propres enfants avec les autres communautés blanches ou lorsqu'il s'agit de leurs sentiments amoureux pour des Africains noirs, indiens ou asiatiques. On vivait dans un climat irrespirable d'auto-répression et d'auto-exaction.
    On avait sous les yeux, des communautés blanches emprisonnées comme dans des membranes étanches et impossible à transpercer.

  • DEKLERK qui a trahi son propre peuple et appliqué le plan des américains et des intérêts anglais ;désorganisé l'armée sud africaine que l'ANC ne pouvait vaincre , et torpiller les négociations de Viljoen pour obtenir un territoire ainsi les Afrikaners ne peuvent pas disposer de leur propre homeland . cet homme est un traitre !!

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