S’ils avaient voulu semer la zizanie à l’UMP, les juges qui ont mis en examen Nicolas Sarkozy n’auraient pas fait mieux. Dans l’hypothèse - non démontrée toutefois - d’une cabale politique, il n’est pas certain que Sarkozy soit la seule cible. Les juges ne pouvaient ignorer que cette mise en examen le ramènerait sur le devant de la scène. Dans la mesure où il prend de plus en plus de place en vue de l’élection de 2017, tout empêchement le concernant atteint son parti.
Je me refuse à condamner l’ex-président sans procès et sans preuves. La présomption d’innocence doit être respectée. Mais dans l’attente d’un éventuel non-lieu ou d’un acquittement, Nicolas Sarkozy devrait laisser la place à d’autres. Il prend la France à témoin pour se défendre. Je peux comprendre ce besoin puisque sa mise en examen est publique. Mais on ne sait pas quelle sera la durée de la procédure ni ses conséquences pour son camp. Il ferait donc bien de se retirer, au moins jusqu'à une décision de justice. On a compris sa défense, c'est déjà bien. Plus serait plomber son propre parti.
Il doit se retirer. La politique française, la pensée sociale française, ont besoin d’une nouvelle et grande révolution culturelle. Je doute qu'elle vienne de la gauche, en particulier de la gauche socialiste. Elle est trop enfermée dans ses tabous, trop imbue des dogmes de 68 dont une révision sérieuse est indispensable. Elle est devenue trop bien-pensante pour être simplement pensante. La gauche n’est plus le laboratoire d’idées qu’elle a été. Elle applique des emplâtres sociétaux provocateurs mais sa réflexion est courte.
Cette révolution culturelle, cette refonte des balises intellectuelles, peut-elle venir de la droite? Pour le savoir il faudrait que celle-ci ait du champ. Or au plan politique elle n’en a que très peu. Elle n’ose pas bousculer la rigidité hexagonale. Elle en fait même partie. La droite nationaliste n’a pas plus d’idées nouvelles. La gauche autoritaire non plus.
Si le champ des candidats pour 2017 était libre à l'UMP, des hommes ou des femmes s’avanceraient, avec peut-être des idées. Mais la présence en creux de Nicolas Sarkozy obstrue les champs, parasite la réflexion et l’audace.
L’audace et le culot, c’est encore une fois lui, malheureusement. L’énergie, le rebond, c’est lui. A l’UMP, les autres sont affalés devant son show. Nathalie Kosciusko-Morizet tente bien de sortir du lot en proposant une direction collective à son parti, ce qui permettrait à de nouvelles personnalités d'émerger. Mais en même temps, se fondre dans le groupe la neutralise. Peut-être n'a-t-elle pas la force d'aller seule, peut-être a-t-elle besoin de l'appui des autres pour émerger. Cela me laisse perplexe.
Depuis deux ans Nicolas Sarkozy joue avec son retour. Depuis deux ans il anesthésie son propre parti à distance par ses interventions sibyllines. On pourrait juger opportun son retour: il a une pêche que les autres n’ont pas. Mais cela ne suffit pas. On sent, on voit, on sait sans besoin d’analyser qu’il ne revient que pour lui. Il ne sert ni le pays ni sa couleur politique. Il veut prendre sa revanche. Ce n’est pas la meilleure des motivations.
Si encore il se faisait désirer, restait en retrait en attendant qu'un cortège aux flambeaux aille le chercher comme un sauveur. C'est mythomaniaque, oui, mais cela peut marcher. S'il jouait le rôle de la fiancée que l’on va chercher. Mais non, il faut qu’il monte à l’assaut tout seul. Sauveur auto-proclamé! Quelle galère.
Les français n’auront-ils en 2017 d’autre choix qu’entre un Nico revanchard et histrionique qui s’impose aux forceps, et un Fanfrelande dépressif à l’égo déconstruit? Porca miseria! Pour moi, Hollande et sa légion rose, c'est exclu. Mais toi, toi! Que proposes-tu de neuf, de mieux, de pensé? Je ne vois rien.
Allons Nicolas, rends service à ton parti, à la pensée politique, à la France: ne reviens pas. Il est temps de partir, de quitter la scène. N’impose pas encore une fois ton image. Retire-toi et tant pis pour ton ambition. Pars, Nicolas, pars, n’apporte pas ton propre malheur judiciaire comme une chance personnelle de retour.
Pars, pars, quitte la scène, ne laisse plus durer cette ambiguïté où tu excelles.
Pourquoi ne pars-tu pas? Parce que tu occupes le vide. Personne à l’UMP n’a l’audace de te chasser alors que, bien plus qu'un retrait de ton propre chef, ce sont ses instances qui devraient te mettre à distance. Situation surréaliste où tu n'es rien à l'UMP mais où tout son staff pense à toi. Situation de confusion que tu aimes créer, pour te profiler en candidat incontournable. Scénario d’un échec programmé? Peut-être, et cela malgré l’insignifiance de Hollande et la mentalité de Khmers roses de son gouvernement.
Commentaires
Je ne vais pas me joindre à cet appel au départ et encore moins à exprimer une préférence pour un candidat, homme ou femme.
Je resterais dans les limites de la Justice.
Apporter la Justice, juger comme coupable, ne doit pas être considéré comme un acte ayant une portée politique occulte et obscure.
Chercher midi à 14 heures, c'est enfantin ...