Le compte à rebours est enclenché depuis ce printemps, moment du réveil de la sonde après un très long voyage au-delà de l’orbite de Mars et de la ceinture d’astéroïdes. Sa vitesse de 50’000 km/h, gagnée grâce à l’effet de fronde du soleil et de Mars, a été ralentie en juin à 2’000 km/h.
Le freinage final l’amènera à la vitesse d’un homme au pas. La sonde Rosetta, lancée par l’ESA (Agence Spatiale Européenne), sera alors à quelques dizaines de kilomètres de la comète Churyumov-Gerasimenko («Chury» pour les intimes), du nom des deux astronomes ukrainiens qui l’ont repérée le 11 septembre 1969. Précisément à 30 km si tout va bien.
Cette approche est commencée et s’accentue en juillet pour s’achever en août. Actuellement la sonde voit la comète dans ses caméras. Une fois en position d’orbite autour de Churyumov-Gerasimenko, Rosetta va cartographier toute la surface de la comète. Car à l’heure actuelle nous connaissons uniquement sa taille, environ 4 km, mais nous ignorons presque tout de sa forme et de la texture précise de sa surface. Une reconstruction en 3D a été effectuée à partir d’images de Hubble, mais cela reste approximatif, et il faudra trouver des espaces assez planes pour ancrer un robot.
La mission Rosetta est en effet porteuse d’une grande ambition: faire se poser un module, du nom de Philae, sur la surface glacée de cette comète. C’est une première. On ne sait pas si la glace de surface est assez dure pour soutenir le module. Il faudra donc repérer soigneusement le meilleur endroit, en tenant compte de la sécurité de la sonde lors du largage et du plus grand intérêt scientifique possible.
Car les comètes sont des traces de l’origine de notre système solaire. Elles sont un peu notre mémoire. Elles recèlent possiblement des molécules carbonées ayant pu contribuer à l’apparition de la vie organique sur terre.
Le largage aura lieu en novembre. Le petit robot Philae, bardé d’instruments - et de panneaux solaires pour son énergie, devra s’arrimer à la surface au moyen de harpons. Il commencera alors à analyser la surface et le sous-sol de Chury. Cette analyse durera un an.
Pendant ce temps, et dès avant le largage, Rosetta observera la comète sous toutes les coutures chimiques. Elle assistera en direct à son réveil - le dégazage - à l’approche du soleil. Elle pourra même voler dans la chevelure et analyser tous ses composants. Un premier dégazage impromptu a déjà eu lieu puis s’est arrêté.
La mission s’achèvera en décembre 2015. La sonde et le module resteront avec la comète jusqu’à son éventuelle désintégration ou une collision avec un autre corps céleste.
La mission Rosetta demande une extrême précision de la cartographie et des choix faits depuis la Terre. Par chance nous devrions avoir des images de grande qualité, tant de la comète que de son sol.
A suivre, passionnément!
A voir aussi le site de l’ESA, avec entre autres les images encore lointaines de la comète vue par Rosetta:
Et à lire dans le numéro de juillet du magazine Ciel et Espace.
Image 1: ESA. Image 2: Crédit ILL./DAVID DUCROS/CNES, 2014, site https://lejournal.cnrs.fr/articles/pourquoi-court-apres-les-cometes. Image
L’approche:
La mission: