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Ukraine : la boucle est bouclée ?

L’un après l’autre les bastions séparatistes tombent aux mains de l’armée. Faiblesse numérique? Manque d’armes et de soutiens internationaux? Puissance des moyens engagés contre eux? Sur ce point la presse occidentale est floue, si encore elle en parle.

ukraine,oligarque,obama,sloviansk,armée,séparatistes,maidan,fascistes,Ne pas oublier

Elle, si prompte à mentionner les forces en présence dans d’autres guerres, est étrangement discrète. Les russophones ont pourtant décidé par vote de se séparer de l’Ukraine - une Ukraine qui n’avait à ce moment plus aucune représentativité ni cohérence politique. Des russophones exclus culturellement du pays dès les premières décisions des acteurs du coup d’Etat oligarque, excluant le russe comme langue nationale.

Les interventions européennes et américaines n’ont pas eu pour objet de proposer des solutions pacifiques, comme une fédéralisation forte du pays. Elles ont servi à soutenir l’ouest ukrainien contre l’est, à armer l’ouest contre l’est. Et, après s’être indignés à cause des morts de la place Maïdan - alors que l’enquête n’a levé le voile sur aucun des nombreux éléments troubles de cette tuerie bien utile aux manifestants, il n’y a toujours aucune enquête sur la tuerie d’Odessa, pour laquelle des images montrent l’implication de membres des milices d’extrême-droite, celles qui ont aidé le nouveau pouvoir de Kiev à s’installer.

Beaucoup d’entre nous n’oublieront pas ce qui s’est passé en Ukraine. Je ne suis ni anti-occidental ni anti-libéral, mais cette crise m’ouvre les yeux sur les stratégies de certains et sur la géopolitique toujours active. Le gouvernement russe, et le président Poutine, ont fait preuve de beaucoup de retenue dans cette crise, alors qu’on les annonçait comme envahisseurs de l’Ukraine, alors que Hilary Clinton continue, dans sa démagogie électoraliste, à traiter Poutine de dangereux. Elle ne fait que confirmer la duplicité de la politique étrangère américaine dont l’objectif n’a visiblement jamais été la paix avec la Russie. Le rêve américain est aux mains de prédateurs.

 

ukraine,oligarque,obama,sloviansk,armée,séparatistes,maidan,fascistes,La «révolution» des oligarques

Aujourd’hui la sécession de l’est touche à sa fin. Le gouvernement tire sur le peuple, comme on l’a dit pour la place Maïdan. Mais ici aucun Fabius, aucun Obama ou aucune Ashton ne trouve cela digne d’une simple petite phrase. Nous ne saurons peut-être rien des méthodes du gouvernement de l’ouest. L’Ukraine a signé l’accord avec l’Union Européenne, la boucle est bouclée. Il n’y a eu ni assemblée populaire, ni Constituante, ni élections générales pour relégitimer le nouveau pouvoir. Le seul élu, celui qui en avait les moyens politiques, économiques et médiatiques, est un milliardaire. Les membres du gouvernement sont toujours menés par le premier ministre millionnaire.

Ne doutons pas que l’UE va donner une subvention pour réaliser un film sur la «révolution des riches» ou des «oligarques». Et ne doutons pas qu’il y aura des réalisateurs pour cirer les bottes de Bruxelles, et quelques acteurs locaux sincères pour romantiser cette story-telling à la gloire de l’Europe. Il y a eu pour nombre d’ukrainiens de l’ouest un vrai désir d’Europe. Les subventions promises n’y sont pas pour rien. Aujourd’hui l’UE et le FMI vont ponctionner des dizaines de milliards de leur budget pour un pays qui est quasiment en faillite. Et cette crise va renforcer les liens de la Russie, pourtant grand pays européen, avec l’Asie.

La «révolution» d’une population manipulée par les nouveaux oligarques et en partie dirigée par ceux dont le héros est un ancien fasciste de la deuxième guerre mondiale, arrive à son terme. L’accord est en boîte. Maintenant le nouveau pouvoir récupère les régions riches pour que les oligarques puissent disposer des terres et des gens comme ils l’entendent.

Mais la boucle est-elle vraiment bouclée? Au vu de tout le climat de haine entretenu en Ukraine, de la vague de russophobie, de la violence exprimée par Obama pour mater l’Ukraine et la Russie, je doute que cela soit fini. Je crains que d’autres violences ne surviennent dans ce siècle, car rien n’est au fond réglé de ces mélanges de populations et de ces frontières tracées par des guerres et des maîtres auto-proclamés.

L’Ukraine, aux vastes plaines généreuses, l’Ukraine à l’origine de la Russie, aujourd’hui déchirée de blessures que les armes ne guériront pas. C’est lourd, collant comme du plomb fondu aux belles étoles de la belle Europe. Lourd de revenir sur ce sujet étouffant.

La boucle est-elle bouclée par la signature de l’accord avec l’Union Européenne? Attendons de voir ce pays exporter sa pauvreté vers l’ouest, attendons de le voir se vendre au plus offrant, attendons de voir le départ vers l’Eldorado de ses élites et de ses employés non qualifiés, attendons de constater la progression inamicale continue de l’Otan vers Moscou, avant de croire en un avenir lumineux.

 

 

Catégories : Politique 10 commentaires

Commentaires

  • Plus que votre article ne traite pas de la Crimée, je n'écrirait pas un mot sur la déportation des Tatars et la colonisation soviétique par des russes, même si les Tatars sont présents en grand nombre en Ukraine.

  • La Crimée est très particulière. Elle fut déjà sous influence slave au temps de la Rus' de Kiev, Russie originelle.

    Les Tatars étaient des envahisseurs sous commandement mongol, ils ont envahi la Crimée, la Russie de l'époque et détruit ses villes. La Crimée est repassée sous administration russe au XVIIIe siècle.

    Les Tatars sont aujourd'hui reconnus comme minorité par la Fédération de Russie.

  • Un vaste débat s'est développé dans les commentaires à ce sujet si cela vous intéresse...

    http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/03/12/crimee-memoires-et-passions.html

    Bien à vous

  • Dans la fiche correspondante sur Wiki, il est écrit :

    "Correspondant à l'antique Tauride, elle a fait partie, de l'Antiquité au xiiie siècle, du monde grec devenu byzantin, tout en étant ouverte au nord aux peuples des steppes (Cimmériens, Scythes, Goths, turcophones, Mongols...) pour rejoindre au xve siècle l'Empire ottoman, au xviiie siècle l'Empire russe et en 1922 l'Union des républiques socialistes soviétiques. Dans cette dernière, elle constitue une république socialiste soviétique autonome, puis un oblast qui fait d'abord partie de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, avant d'être cédée, en 1954, à la République socialiste soviétique d'Ukraine. En 1991, tout en étant de majorité russophone (notamment après la déportation des Tatars de Crimée à l'époque soviétique), la Crimée a finalement obtenu le statut de République autonome de Crimée au sein de l'Ukraine devenue indépendante"

    La Russie tsariste arrive après les Ottomans, dans cette chronologie et non pas avant.

  • Victor-Liviu, je mentionnais plus l'influence liée aux grandes routes commerciales, et à la présence du grand voisin du nord, la Rus' de Kiev, et pas encore un rattachement à la Russie. Mais je ne veux pas ici refaire le débat sur la Crimée, qui est déjà fait ailleurs.

    L'article d'Hélène contient beaucoup de pistes.

  • Monsieur Victor-Liviu DUMITRESCU: "La Russie tsariste arrive après les Ottomans, dans cette chronologie et non pas avant." Vous voulez aussi rendre les Balkans aux Ottomans?

    Et comme vous aimez wikipedia:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Horde_d%27or

    Je vous recommande de lire attentivement ce qui concerne la Crimée, Kiev, etc. Les Tatars ont la chance d'avoir à faire aux Russes et non aux Etatsuniens. Ils auraient été d'abord massacrés, puis les survivants parqués dans une réserves après avoir été tous déportés dans un désert.

  • Selon le titre de l'article, la boucle sera telle jamais bouclée ?
    En regard du temps et des migrations, peut-on revendiquer des droits sur des territoires à un moment donné sans pour autant respecter les revendications à venir ou passées ?

    Soutenir un référendum sur la Crimée, devrait permettre à d'autres minorités d'en faire de même.

    Le pacte Ribbenttrop-Molotov est toujours en vigueur de nos jours.

  • Plutôt qu'aux Ottomans, je suggèrerais de rendre la Crimée aux Byzantins... Eh oui, encore un empire qui n'existe plus, tout comme l'URSS d'ailleurs. A qui donc appartient la Crimée? A ses habitants, sans doute. Oui mais lesquels? Ceux d'aujourd'hui ou ceux d'hier? Et la façon ignoble dont ceux d'hier en ont été chassés leur donne-t-elle une légitimité pour revenir et revendiquer ce qui leur a appartenu autrefois, aux dépens de ceux qui y vivent aujourd'hui? A ce compte, il faudra certainement revoir de nombreuses frontières, et re-déplacer de très nombreuses populations, pour rendre justice à celles qui ont été autrefois spoliées de leurs droits. Mais à quel moment de l'Histoire faut-il remonter pour déterminer quel Peuple a le droit d'habiter où?

    Évidemment, chacun dira, selon ses affinités, que la Crimée devrait appartenir, tantôt aux Ukrainiens, tantôt aux Russes, tantôt aux Tatars, voire même aux Grecs... Tous auront bien évidemment à la fois raison et tort...

    Au final, seules gagneront la raison d'Etat du plus fort. Il n'y a jamais eu d'autre forme d'issue dans l'Histoire.

  • Quelle différence entre une mort de suite et une autre à venir ?

  • Les événements actuels démontrent que les frontières tracées par les puissants sont contestées.

    Sykes-Piccot, Ribbentrop-Molotov, Lord Balfour, etc.

    La loi du plus fort est dépendante du temps, que l'on mets pour consolider son armée, le sang appelle le sang, la vengeance constitue un moteur.

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