Mais que ne l’ont-ils fait avant?! A moins qu’ils aient pris peur: le tunnel sous la rade pourrait bien être accepté. Alors on fait diversion. Drôle de conception de la politique: utiliser un mécanisme fort, soit l’initiative populaire, pour intervenir dans la campagne d’une autre initiative, le tunnel sous la rade. Ils se foutent pas un peu du monde, les PLR et PDC?
A moins qu’ils ne fassent joujou dans leur carré de sable, à tenter de surfer sur la vague pour glaner quelques électeurs. Car en lançant une initiative (voir Tribune de Genève du jour) pour la traversée du lac - la grande, autoroutière - ils n’apportent rien de particulier au débat, sinon d’attirer l’attention sur eux. Rien au débat car celui-ci a déjà lieu, et même déjà eu lieu. La traversée autoroutière est remise aux calendes grecques.
Cette course électoraliste est décevante, et peu m’importe que l’initiative tunnel sous la rade vienne de l’UDC ou d’ailleurs. Au moins cela montre que la traversée et le désenclavement de Genève sont vécus comme une nécessité. Le débat sur l’initiative du tunnel fait d’ailleurs déjà monter la température politique à Piogre. Ajoutons-en une couche: cette initiative est lancée surtout à des fins électoralistes et de propagande anti-tunnel, comme le souligne le PLR Daniel Zaugg: «Nous pourrons récolter des signatures durant la campagne et y renforcer notre position en proposant une alternative à cette traversée de la rade que nous refusons».
L’initiative annoncée aujourd’hui sert surtout à brouiller les pistes. Imaginons le temps que Berne prendra à éventuellement s’y investir. Investissement conditionné au bétonnage de la région Pointe-à-la-Bise-Pallanterie qui deviendra un quartier à forte densité de population - une sorte de Pâquis à la campagne. Car si les privés ne se bousculent pas pour financer le tunnel (selon le président du PDC), on ne voit pas pourquoi ils le feraient au Vengeron. Certains PLR, comme Horace Gautier, sont heureusement plus lucides: «Nous combattons la traversée de la rade voulue par l'UDC en la jugeant trop chère avec son coût d'1,2 milliards et on se met à promouvoir un projet trois fois plus cher!»
Sans compter que le débat sur cette grande traversée - pont ou tunnel - prendra des années, s’il ne suscite pas une nouvelle votation suicide comme dans les années 1990. Imaginez cette barre sur le lac. Ce n’est pas vraiment le Golden Gate.
«Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras». Votons déjà en faveur du tunnel sous la rade. L’initiative PLR-PDC n’est qu’un nouveau moyen de retarder une décision indispensable et de bloquer Genève. Je rappelle qu’il y a un siècle environ, on parlait de démolir le pont du Mont-Blanc plutôt que de refaire son tablier trop fragile, à cause des finances anémiques de l’Etat de Genève... Il a quand-même été refait et Genève a survécu.