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Les p’tits vélos

J -8 avant la libération

Rédacteur en Chef de la Tribune de Genève, Pierre Ruetschi a raison. Enfin, en partie: les villes modernes d’une certaine taille doivent excentrer une partie du trafic privé motorisé. Les rues n’ont pas été conçues pour le flot de véhicules de tous ordres que l’on voit aujourd’hui. Sauf certaines, comme Paris qui a créé de toutes pièces ses grands boulevards à l’époque des calèches. 

MobGe03.jpgLe Roi Cycliste 1er

En vingt ans alors, sous l’impulsion de Napoléon III, la capitale française a changé de visage et est entrée dans la modernité urbanistique. Cette modernité peut être considérée comme tenant compte principalement de la mobilité. Le développement économique et de l’emploi appelait à cette mobilité puisque l’on travaillait de moins en moins à proximité de son domicile. Il n’y a pas de développement économique sans échanges et pas d’échanges sans mobilité.

On peut regretter le temps où le moulin se trouvait à quelques pas du centre du village et où tout déplacement utile ou presque se faisait à pied. On peut rêver de revenir au temps des vieux assis sur la place devant l’église, quand les gamins jouaient dans les rues sans craindre les voitures ou les vélos. Cela, c’est la part réactionnaire de l’écologie, celle du retour au Larzac, de la pureté retrouvée, de la quête d’une harmonie immuable entre l’Homme et la nature.

Certaines villes ont fermé partiellement leur centre historique aux voitures, mais l’accès global aux centres reste de mise, même avec des limitations ou des conditions (par exemple le péage à Londres). On assiste en parallèle à la discrimination entre les modes de transports: des zones réservées aux véhicules non motorisés (vélos en particulier), ce qui crée une différence de traitement entre les citoyens. Sans compter que les vélos, symboles d’égoïsme eux aussi, prennent quand-même de la place! Si la logique prévaut - on met plus de vélos que de voitures dans une petite rue - elle produit progressivement un comportement monarchique chez nombre d’adeptes de la petite reine.

Ainsi certains cyclistes vont partout: rue, trottoirs, escaliers, parcs, etc, sans se soucier des lois sur la circulation auxquelles ils sont également soumis, rappelons-le. Je ne parle évidemment pas de certains axes particulièrement dangereux pour eux. A Genève le pont des Bergues leur est dévolu? Ils empruntent néanmoins les trottoirs du pont du Mont-Blanc, contraignant les piétons à s’effacer pour eux. Le vélo est un mode de déplacement ultra-individualiste et égoïste. Pour cette raison je ne prends pas les critiques d’égoïsme automobilistique, ni l’appel à l’altruisme envers ceux-ci. D’ailleurs l’altruisme ne se décrète pas: il est naturel et doit être incité par l’exemple.

Certains cyclistes se comportent en rois. Il suffit de les observer dans différents quartiers pour s’en rendre compte. La mobilité dite douce n’est pas si douce! Un sens minimal de l’équité devrait aboutir à ce que, si l’on diminue le trafic motorisé en ville, les utilisateurs de vélos s’engagent à respecter à la lettre les conditions légales de la circulation. Mais quand je me vois moi-même à vélo, je doute de l’efficacité d’un tel engagement... Comme beaucoup je transgresse parfois (trottoirs, par exemple, ou feux que je connais assez pour les brûler en douceur et sans risque à certaines heures).

 

MobGe06.gifMais M. Ruetschi n’a pas tout juste

Pourquoi les vélos ne respectent-ils pas certains parcours obligatoires? Parce que les humains tendent à suivre la ligne la plus directe entre deux points! C’est un grand classique. C’est normal et légitime. Il suffit donc de suivre les flux de cyclistes pour comprendre que l’organisation de la circulation n’est ni naturelle ni organique. Peut-on dire pour autant quelle est mal faite? Non: les contraintes de l’urbanisme, quartier par quartier et pour l’ensemble d’une ville, et tenant compte de l’accroissement général des véhicules, ne peuvent engendrer un schéma purement organique.

On ne peut par ailleurs demander à l’ensemble des citoyens de lâcher l’auto pour le vélo. La condition physique, le parcours, la météo, l'école des enfants, les courses à faire au retour, sont autant de conditions qui jouent sur le choix du mode de déplacement. Le maillage des transports publics permet-il de se passer totalement de la voiture privée en ville? Non. Maillage et fréquence sont faits pour des adultes entre 20 et 50 ans, en bonne santé, sans handicap, travaillant à heures régulières. Les autres ne peuvent pas toujours rejoindre un arrêt de tram ou de bus facilement, sans compter les transbordements selon l’endroit où ils vont. La mixité, la pluralité de la circulation reste de mise. Aux automobilistes eux-mêmes de savoir user de leur véhicule de manière raisonnable. Prendre sa voiture à Granges-Canal pour faire des achats à Eaux-Vives 200 est possiblement déraisonnable. Sauf si les achats sont lourds et volumineux. Aller faire des achats en France voisine sans voiture est très problématique.

Alors, oui, une partie du trafic doit être excentré, comme le dit monsieur Ruetschi. Mais la facilitation de la ville pour tous les roulants et non roulants ne peut être refusée. Il y a de nombreuses raisons de prendre une voiture privée pour aller en ville. L’égoïsme parfois invoqué par les opposants au tunnel sous la rade n’est pas un bon argument. Ils n’ont pas à juger d’une personne qu’ils ne connaissent pas ou d’une décision dont ils ignorent les raisons.

Le tunnel sous la rade fera partie des facilitations. Il est d’ailleurs logique. Si l’on observe un plan de Genève et de ses axes principaux, le nord et l’ouest sont privilégiés. Sud et est sont enclavés. L’autoroute s’arrête au bord de Carouge. Après, débrouille-toi! Ceux par exemple qui ont besoin d’une tangente est, qui viennent d’Arve et Lac ou du Chablais, soit beaucoup de gens, sont les parents pauvres de la mobilité. 

On voit avec ce plan que la mobilité à Genève n’a pas fait l’objet d’une vision globale à long terme. C’est bout par bout. Le tunnel sous la rade entre dans une vision plus globale de petite ceinture, la grande étant constituée de l’autoroute de contournement, de celle du Salève sur France et de la future traversée du lac si elle se fait.

Deux ceintures? Ce n’est pas de trop. Un tel principe permettrait de voir Genève sur la durée, et d’adapter son développement à un cadre directeur cohérent. Voter oui au tunnel le 28 septembre va dans ce sens.

 

 

45 commentaires

Commentaires

  • Altruisme : Conduite de l'homme responsable qui pose comme but de l'activité morale l'intérêt de ses semblables.
    Le vélo bashing est à la mode chez les autophiles ! Et si l'on portait plus d'attention à la mobilité douce ? Si l'on mettait à disposition de vraies pistes cyclables, bien plus nombreuses, voire des itinéraires exclusivement réservés au cyclistes et aux piétons comme les futures voies vertes, mais au centre ville. La bicyclette est une des plus belles inventions de l'homme, qu'attendons-nous pour la mettre en valeur ?
    L'objectif pour Genève est de réduire la circulation automobile de 30% au centre ville, pas de la faciliter ! C'est en faisant preuve d'imagination que l'on y parviendra et pas en lançant des anathèmes ! Et l'imagination n'est-elle pas une des composantes de l'intelligence ?

  • Non, pas de vélo bashing. Je n'en ai pas l'impression en tous cas. Je ne lis guère de billet dans le genre de celui-ci. Il n'y a pas d'anathème, il est seulement question de rappeler deux ou trois choses que la tendance écolo-dominante évite de mentionner.

    Je suis cycliste actif, je vais en ville en vélo ou transports publics, parfois je traverse la ville en voiture. L'imagination est bien de trouver un modus vivendi pour tous les modes, pas d'en exclure un, ce qui est une solution de facilité à mon avis.

  • La mobilité à Genève ne pourra pas être assurée par l'auto-régulation des usagers. Il faudra des contraintes.
    Pourquoi avoir le parc de voitures le plus polluant d'Europe (juste après la Bulgarie), le plus rutilant, le plus 4x4, si c'est pour rester bloqué comme ça ?
    On manque tellement de bon sens et simplement d'instinct de survie ! Le bruit, l'air irrespirable ( il faut effectivement être intrépide, pour être d'accord de respirer ça à vélo en ville !), le danger permanent me suffiraient pour réclamer que l'on y mette un terme rapidement.

    Il faudrait des contraintes bien expliquées pour tout le monde.
    Pour les cyclistes : il faut les décourager un système de surveillance policière accrue, distribuant d'abord des avertissements et conseils, puis des amendes. En effet, je connais des automobilistes qui décrètent, que du moment que les cyclistes peuvent faire n'importe quoi, il n'y a pas de raison que les voitures soient sanctionnées. Les cyclistes dans leur ensemble ont avantage à ce que les kamikazes d'entre eux soient amendés.
    Pour les scooters et motos: même topo.
    Pour les voitures: incitation forte à laisser la voiture à l'extérieur. Une combinaison de parkings de co-voiturage, péage,voies prioritaires pour des véhicules avec trois personnes et plus à bord.
    Pour les TPG : une organisation impeccable, qui tient compte des besoins des usagers, y compris des personnes à mobilité réduite.

    Il faut profiter des expériences faites ailleurs, dans des pays au moins aussi libéraux que la Suisse, mais peut-être plus pragmatiques, volontaristes et moins conservateurs.
    Toutes ces contraintes créeraient de l'emploi dans le domaine de la gestion-surveillance, ça ne coûterait pas des milliards, ce serait fonctionnel dans un laps de temps assez court.
    (Il y a aussi mon idée-phare : système ferrys et navettes sur le Petit Lac)

    Le tunnel ne sera pas en service avant longtemps, alors que nous souffrons tous d'une sorte de paralysie ici et maintenant, qui n'a pas lieu d'être.
    Chez nous, toute idée consistant à freiner l'essor du trafic automobile est perçu comme un acte de lèse-majesté. Il est clair que l'automobiliste bloqué dans un bouchon se sent libre, parce qu'on ne l'a pas empêché de venir se planter là, alors qu'en réalité, il est juste prisonnier de l'objet de sa supposée liberté.
    Par une logique simple, il réclame plus d'espace dans ce canton et cette ville, qui sont objectivement limités et à laquelle il ne faut rien modifier, sous peine d'une levée d'initiatives- boucliers. Cherchez l'erreur...
    En cela, l'idée du tunnel est séduisante : on crée de l'espace au sous-sol. Cachez ces voitures qu'on ne saurait voir, mais qu'on adore tellement ! Le fait qu'elles débordent à nouveau ailleurs ne peut être ignoré, puisqu'au fond, le tunnel et l'immense investissement qu'il suppose, donne le message, que la voiture individuelle est LA solution privilégiée pour se déplacer à Genève.

  • Je vais vous surprendre : à Genève, entre 9h30 et 16h30 on circule presque normalement ! De même entre 19h30 et 7h30, soit plus des deux tiers de la journée ! Le problème est identifié : ce sont les pendulaires qui devraient parquer leur véhicule à l'extérieur de la ville. Six heures problématiques "seulement ". Donc l'alarmisme démagogique de certains fait rire une majorité d'autres, ceux que vous qualifié (avec un peu de mépris) "la tendance écolo-dominante" que personnellement je qualifierais d'un peu plus altruiste que la moyenne !

  • @ Calendula: oui à l'incitation, par exemple pour le co-voiturage, et par des parkings en périphérie. Sur ce point je pense même que l'automobiliste peut y avoir intérêt: il dépense moins d'essence. Sur les TPG, une fréquence plus grande à certaines heures, un maillage plus serré avec un grand nombre de véhicules de taille moyenne, oui.

    Mais pour autant sans s'opposer à la voiture comme c'est le cas depuis longtemps. Moi-même ai renoncé à la voiture, j'en emprunte parfois une ou me fais conduire, sinon vélo et TPG. Mais je reste convaincu de l'importance de la voiture dans notre civilisation.

    Le paradoxe du "cachez la voiture mais laissez la vivre" est dû non à la voiture elle-même, qui est une démonstration du génie technologique humain et qui n'est que le prolongement du cheval, mais à sa quantité et à son utilisation - et à la manière de gérer cela. La votation du 28 est une entre autres une conséquence de la mauvaise gestion de ce paradoxe.

  • @ Aster:

    Non, pas de mépris, juste une tentation de lucidité. Mon métier, tel que je l'ai conçu, appartient à une application concrète de l'écologie: les médecines douces. Pour autant je reste ouvert à toute forme de médecine, et si je peux être critique sur quelques points, la médecine moderne, technologique, chimique, chirurgicale, chère, peu encline à l'autonomie du patient, est à mes yeux totalement légitime et très importante.

    Mettre une morale altruiste dans ce débat est à mon avis sans effet car ce n'est pas un angle de vue susceptible de s'appliquer ici. Et puis, c'est une manière d'ostraciser les automobilistes et une vue manichéenne - les cycliste sont les bons, les automobilistes les mauvais, en gros. La question n'est pas là. Chacun agit en fonction de ses intérêts et croyances. Si vous faites du vélo par altruisme, c'est votre choix et votre intérêt. Il n'y a pas d'altruisme dans l'écologie, il y a une évaluation des politiques à mener selon certains critères. D'ailleurs l'écologie politique est représentée par les mêmes coureurs de primes ou d'image sociale, les mêmes ego opportunistes et arrivistes, les mêmes socio-écolo-autoritaires qu'ailleurs. Je me demande d'ailleurs encore pourquoi les Verts se sont apparentés à la gauche un peu partout. Besoins de visibilité électorale?

    Une vraie politique libérale, fondée sur la liberté, doit se fonder sur une solution pour tous.

    Par ailleurs je n'ai pas votre optimisme sur la circulation à Genève.

  • Calendula, à propos d'autres pays aussi libéraux que la Suisse et qui ont eu une politique plus volontariste, je doute que l'on puisse encore les nommer libéraux. Les pays nordiques sont un peu libéraux, comme la France, mais ce sont aussi des socio-autoritaires. Il n'est que de voir les forcings sur des législations d'inspiration féministe, ou sur la posture de rejet à l'égard des entreprises en France.

    Les voitures à Genève transportent beaucoup de gens, comme les transports publics. Une baisse de la motorisation privée pourrait-elle être absorbée par les TPG? Je n'en suis pas sûr. Il faudrait ajouter des métros, augmenter les fréquences, et pourquoi pas décider de la gratuité des TPG? Cela avait été suggéré il y a quelques décennies, sans suites.

  • L'incitation à parquer sa voiture en dehors de la ville n'a rien de liberticide ou d'anti-libéral ! C'est un gain : de temps, de liberté, d'une certaine tranquillité et même économique ! Les genevois l'ont compris, ils sont de plus en plus comme vous, ils se déplacent en transport public, à vélo ou en deux roues motorisées. Pour eux, bientôt une majorité, c'est devenu une évidence ! Un peu de pédagogie, accompagnées d'infrastructures adéquates devraient convaincre une partie des pendulaires à en faire de même, cela prendra certes un peu de temps, mais l'on finira par y arriver, sans que cela ne coûtent des millions qui seront bien mieux investis dans des infrastructures culturelles et sociales (toujours et encore l'altruisme !).

  • La médecine douce est un non-sens confrontée à la pollution voituresque. La médecine douce implique de respirer un air sain. Le problème est qu'étant immergé constamment dans cet air pollué on ne le sent plus. Mais il est là. Et ce sont les enfants qui en paient le plus le prix.

    La mesure minimale à prendre est un péage urbain comme à Milan. 5 Euro par jour. A verser pour faire baisser le prix des transports publics, voire à les rendre gratuits.

  • @ Aster:

    Avec de la pédagogie, je suis d'accord. Cela a manqué depuis bien longtemps. Mais l'incitation à laisser sa voiture hors de la ville n'exclut pas cette traversée en tunnel, car je doute que l'on puisse vraiment changer fortement la tendance sans la contrainte - ce à quoi je suis opposé. Le choix doit rester, ensuite avec l'information, la pédagogie et l'expérience personnelle les choses pourraient évoluer en mieux. Mais le choix existe trop peu actuellement et les freins sont trop visibles, et sans compensation.

    Je pense qu'une Genève un peu plus développée, donc avec des infrastructures adéquates, non seulement sera forte économiquement mais commencera à disposer d'un rayonnement culturel, qui actuellement est faible alors qu'il y a un fort potentiel. Tout est vu en petit. Je suis pour passer au cran d'après.

  • @ Johann:

    en théorie vous avez raison mais en pratique le développement s'est fait sans que l'on puisse tout anticiper. Il faut donc en partie changer les choses, en partie s'y adapter. Les voitures continueront à exister à mon avis, car la liberté de mobilité qu'elles représentent est très puissant. Mais elles seront de plus en plus propres. Renault sort pour le mondial de Paris une voiture qui consomme entre 1 et 2 litres. L'électrique, et d'autres systèmes, se développent.

    Cela n'efface pas toute consommation d'énergie, ne serait-ce que pour fabriquer, mais on se dirige dans ce sens.

    Le péage urbain est aussi une possibilité de modérer sans que cela soit une contrainte, bien sûr, mais sans compensation - amélioration des infrastructures - cela pourrait ne rien changer à la pression actuelle de la circulation.

  • Une infrastructure à plus d'un milliard pour des pendulaires, c'est aussi absurde que de refuser des parkings P+R sur sol français ! Mais dans le marasme idéologique et confrontationnel ambiant on n'est pas à deux absurdités près ! Et puis la dette ce n'est ni vous et moi qui la paieront, sans parler de l'entretien annuel du tire-bouchons qui handicapera le développement de la cité pour la durée de vie de cette inutile nasse !

  • " L'incitation à parquer sa voiture en dehors de la ville n'a rien de liberticide ou d'anti-libéral "

    Oui c'est liberticide et anti-libéral de supprimer la liberté de choisir son mode de transport en ville. Au nom de quoi devrait-on m'obliger à utiliser les transports publiques?

    D.J

  • Inciter n'est pas obliger ! C'est faire appel au bon sens de chacun ! Si vous en manquez, tant pis pour vous : nul n'est parfait, mais en faisant des efforts on finit par s'améliorer !

  • Construire l'avenir en minimisant trop les voitures ne me parait ni réaliste ni souhaitable. La voiture fait partie de la civilisation, elle la modèle même dans les esprits et dans l'agencement des villes et des campagnes. Elle joue un rôle économique majeur, et un rôle pysychologique, culturel, civilisationnel, en lien avec la liberté, en elle-même et par les services qu'elle rend. L'écarter trop des villes est contradictoire avec le fait que les gens habitent ou travaillent majoritairement dans les villes.

    Les gens se sentent plus en sécurité en sachant qu'il existe des ambulances s'ils ont un jour un problème d'urgence. Or l'ambulance ne peut être séparée de l'ensemble du développement de la mobilité motorisée.

    Il n'y a donc pas que la question des pendulaires lointains mais aussi celle des périphériques proches (Onex, Versoix, Lignon, Trois-Chênes), qui ne se sentent pas pendulaires, qui ne sont pas "en exil" quand ils se déplacent pour aller travailler ou pour d'autres raisons.

    Si encore on avait le sentiment qu'à Genève les autorités construisent vraiment l'avenir. Mais on a davantage le sentiment qu'elles freinent, appuyées par nombre d'asso. Et la crispation est devenue tangible, d'où le succès de l'initiative à la récolte de signatures, et actuellement.

    Le rapport sur la mobilité 2030 est une bonne chose, mais aucune vision globale ne s'en dégage. Même le Ceva n'a pas été pensé en lien avec la nécessaire boucle de l'aéroport. Genève étouffe.

    On doit continuer à concevoir les villes avec les voitures, pour longtemps, et les adapter peu à peu quand des opportunités de grands travaux émergent. Les parkings hors de ville, oui. Mais aussi aux entrées des villes. Lyon a construit de grands parkings au centre, bien lui en a pris.

  • Vous faites de la voiture l'étendard - ou le symbole - de votre idéologie libérale ! Ce n'est qu'un objet utilitaire, rien de plus. Jamais je n'irais visiter une ville en voiture, imaginez-vous circuler à Florence, Paris, Stockholm ou Londres avec votre voiture ? Non, vous préférerez les taxis, le métro ou la marche à pied, même Lyon ville qui est en train de rattraper ses erreurs urbanistiques des années septante ne se visite pas en voiture. Los Angeles oui, et d'autres villes américaines tristement dépourvues d'alternatives doivent se visiter en voiture. Arrêtons de sacraliser cet objet qui rend bien des services, j'en conviens, mais qui n'est qu'un tas de tôle munit d'un moteur (plus ou moins) vorace ! Et ce n'est surtout pas la clé du développement d'une cité. La culture, l'éducation, l'écologie, des transports publics efficaces oui. La voiture doit devenir une alternative, nécessaire quand il n'y a pas d'autres moyens pour se déplacer !

  • @hommelibre,

    Pour répondre à ceci :
    " Calendula, à propos d'autres pays aussi libéraux que la Suisse et qui ont eu une politique plus volontariste, je doute que l'on puisse encore les nommer libéraux. Les pays nordiques sont un peu libéraux, comme la France, mais ce sont aussi des socio-autoritaires. Il n'est que de voir les forcings sur des législations d'inspiration féministe, ou sur la posture de rejet à l'égard des entreprises en France."
    Je pensais à la Californie ( les voies rapides pour les voitures avec trois personnes et plus) et Londres. Je ne connais pas les contraintes appliquées dans les pays nordiques, ni en France, en ce qui concerne la circulation. En y a-t-il ?

    Je comprends bien que vous envisagez l'idée de "contrainte" au sens large, puisque vous parlez d'autres situations.
    Pour en rester dans le sujet de la circulation, en Europe du Nord, les gens sont passablement auto-disciplinés, ou en tout cas davantage qu'ici et la façon de conduire est bien moins nerveuse et agressive.
    La contrainte bien expliquée et fondée ( par la pédagogie, évoquée ici par plusieurs commentateurs) peut être mieux acceptée qu'une anarchie du type que nous vivons actuellement. Le fait que certains cyclistes se sentent en droit de rouler n'importe où, n'importe comment en est un exemple. Le manque de cohérence ( la tolérance passive de cette situation) se paye par une sorte de tension entre tous les acteurs de la circulation.
    A Genève, la circulation est difficile depuis toujours, mais actuellement, il y a une inadéquation totale entre la place disponible et le nombre de voitures aux heures de pointe. Les myriades de scooters et motos, avec les vélos qui passent partout, apportent une animation excitée supplémentaire. On dirait, qu'il est désormais admis que les scooters et motos dépassent les voitures par la droite. J'ai failli en renverser plus d'un...C'est insupportable.
    Je suis automobiliste, mais j'évite d'aller en ville, simplement parce que c'est trop énervant. Je ne traverse jamais le pont, sauf très tôt le matin, tard le soir ou le week-end. Je prends le bus.
    Si on veut changer quelque chose rapidement, il faut agir de façon volontariste sur des flux trop importants. Selon moi, le co-voiturage professionnel permettrait réellement d'absorber une partie du trafic, sans avoir besoin d'augmenter les cadences des TPG.
    Espérer qu'un tunnel, fonctionnel dans 10 ans, nous enlèverait l'épine du pneu est une façon de se voiler la face. (Là, c'est un bouchon volontaire d'images ;-)))

    @ D.J. : au nom de quoi ? Au nom de la description du problème à Genève !
    Si je travaillais en ville, je ferais comme beaucoup beaucoup des habitants de mon village à la périphérie de la rive gauche : j'irais travailler en bus. On n'aurait même pas besoin de m'obliger. Je ferais juste une pesée d'intérêts. Une place de parking fixe coûte en tout cas 200 fr/mois. Mais c'est difficile à trouver, près de son travail. S'il fallait aller sur le rive droite, je désespérerais, matin et soir.
    C'est ça la réalité : les gens font du sur-place. C'est tout sauf décoiffant.
    Le tunnel résoudra le problème dans un certain périmètre, c'est clair.
    Ensuite, il faut se demander, si ça suffit.

  • " Inciter n'est pas obliger ! C'est faire appel au bon sens de chacun ! Si vous en manquez, tant pis pour vous : nul n'est parfait, mais en faisant des efforts on finit par s'améliorer ! "

    On incite pas au bon sens des automobilistes on le contraint à renoncer à venir en ville avec sa voiture. La nuance et là. On en vient gentiment à l'interdiction avec la diminution de places de parcs, de la suppression du parcage de longue duré et de la fermeture de plus en plus d'avenue à la circulation. Bref on veut pourrir la vie des automobilistes en le forçant à ne pas venir en voiture en ville. Moi j'appel cela une attitude liberticide. Si vous aimez les sociétés collectivistes réjouissez-vous la tentation devient de plus en plus forte en Suisse. Après la collectivisation des moyens de transport en supprimant la voiture individuelle on en viendra à vouloir supprimer le droit aux maisons individuelles au nom de l'écologie et de la lutte contre le bétonnage. Et tout cela en espérant de ne pas subir également la caisse maladie unique une autre collectivisation étatique obligatoire.


    " @ D.J. : au nom de quoi ? Au nom de la description du problème à Genève ! "

    Parce que les politiciens en bien voulu créer ces problèmes. Ils font tout pour que les bouchons augmentent pour nous dire après qu'il y a trop de voiture en ville qu'il faut faire quelque chose contre etc...etc... Demande-vous pourquoi les prix transports publiques sont hors de prix? Parce que l'on force les gens à les utiliser ce qui nécessite de plus importants investissements pour répondre à une demande forcée et non à une demande naturelle.

    Le mode de société collectiviste a toujours coûté trop cher à l'état en amenant à chaque fois à la faillite. Les coûts des transports en commun en sont une preuve de plus. Et qu'est-ce que l'on fait? On augmente sans cesse les prix du billet, le prix de l'essence, de la TVA en attendant de nous sortir de nouvelles taxes pour les financer.

    Si vous aimez que se soit l'état qui dicte votre ligne de conduite pour tout ce que vous faites continuez comme ça vous êtes sur la bonne voie. Et venez pas vous plaindre quand vous serez pris en otage par des grèves ou des pannes, des arrivées tardives parce que que vous n'aurez plus le choix de vos déplacements pour aller travailler ou faire quoi que se soit.

    D.J

  • " Vous faites de la voiture l'étendard - ou le symbole - de votre idéologie libérale ! Ce n'est qu'un objet utilitaire, rien de plus "

    Avoir le libre choix n'est pas idéologique c'est de respecter le droit du libre choix de chaque individu. Il n'y a que les esprits totalitaire qui pensent le contraire. Si pour vous la voiture n'est qu'un objet utilitaire rien de plus dont on peut se passer en ville cela n'engage que vous vous n'avez pas le droit d'interdire aux autres ce que vous n'aimez pas.

    D.J

  • En bon vieux soixante huitard, je m'interdis d'interdire, par contre je fais un usage immodéré du bon sens que la nature m'a donné. Je vis en société et ma liberté est, de ce fait, conditionnée; je ne réfléchis pas pour moi, mais pour le bien commun et je cherche toujours à comprendre où se situe l'intérêt de la collectivité avant de mettre en avant mon propre intérêt ! Vous appelez ça du collectivisme, j'appelle ça du bon sens, ajouté à un esprit civique relativement développé. C'est qu'une ville, Cher Monsieur, est un espace partagé et si chacun y évoluait selon vos principes, je ne donne pas cher de la survie de sa collectivité, de l'écologie sociale; elle serait vite transformée en une jungle inhumaine. Je vous suggère de visionner la série The Wire, série américaine de qualité qui illustre parfaitement ce que le manque d'esprit civique ou citoyen peut engendrer. Mais ce n'est qu'une suggestion, vous l'aurez compris, pas une obligation !

  • " je ne réfléchis pas pour moi, mais pour le bien commun et je cherche toujours à comprendre où se situe l'intérêt de la collectivité avant de mettre en avant mon propre intérêt ! "

    Tant que cela reste un choix individuel de votre part je ne vois pas de problème en soit. Mais le bien commun ne doit pas être primer sur le droit des individus comme de le droit choisir son mode de locomotion qu'il soit individuelle ou collectif. On devrait toujours avoir le choix de ses déplacements comme celui de ses assurances ou le choix de pouvoir travailler le dimanche ou la nuit.

    " Cher Monsieur, est un espace partagé et si chacun y évoluait selon vos principes, je ne donne pas cher de la survie de sa collectivité, de l'écologie sociale; elle serait vite transformée en une jungle inhumaine ".

    Il n'y a pas de jungle humaine dans une société libérale puisque le droit individuel de chaque individu est garanti par l'état de droit. Ce qui fait que je n'ai pas le droit de m'imposer sur un autre individu, de le voler, de l'arnaquer, de la racketter, d'empiéter sur sa vie privée ou de le tuer pour X raison. En attendent ce sont bien les sociétés collectivistes qui n'ont pas survécus.

    " Vous appelez ça du collectivisme, j'appelle ça du bon sens, ajouté à un esprit civique relativement développé. "

    Vouloir tout faire quitte à interdire à un individu d'utiliser sa voiture en ville pour l'obliger à utiliser les transports en commun c'est du collectivisme voir du totalitarisme. Et le collectivisme n'est pas du bon sens puisque c'est une obligation fait sous la contrainte. Vivre en société ne veut pas dire qu'il faut se comporter la même chose que tout le monde, de faire comme tout le monde et penser la même chose que tout le monde. A laisser aller on finira par soucis d'écologie sociale ( puisque vous l'évoquer; l'écologie sociale qui ne veut rien dire soit dit en passant )de manger ce que l'on vous dit de manger, de vous laver quand on vous dira quand c'est l'heure, d'uriner obligatoirement tant de fois par jour, de laisser allumer la lumière jusqu'à extinction des feux etc...

    Et ce n'est pas une vue de l'esprit. C'est déjà une réalité. On est sans arrêt à nous suggérer ce que l'on doit faire ou ne pas faire au nom de la survie de la planète. L'écologie est devenu le prétexte passe partout pour nous dicter nos comportements collectivement sur des principes décrétés et idéologiques qui n'ont rien à voir avec l'écologie et son approche scientifique.

  • Je n'apprécie pas particulièrement les cyclistes parce qu'ils ne respectent pas grand'chose aussi bien dans les grandes villes que les petites - j'habite Morges !

    Ceci dit, toutes les villes devraient avoir des P+R gratuits en échange de prendre un abonnement transports publics valables du lundi au vendredi. Cela ne résoudra pas tous les problèmes d'un coup de baguette magique mais permettrait de désengorger les centres et ainsi de réduire la pollution.

    Vous avez cité Londres mais j'ai constaté qu'à Munich entre autre, les cyclistes, les piétons et les voitures ont chacun des feux à respecter et cela fonctionne très bien.

  • Eclaircissement : L’écologie sociale est une théorie philosophique, sociale et politique sur l'écologie mise sur pied par l’américain Murray Bookchin (1921-2006) dans les années soixante.

    Elle montre les problèmes écologiques comme découlant principalement de problèmes sociaux, notamment des différentes formes de hiérarchies et de dominations, et cherche à les régler à travers le modèle d’une société adaptée au développement humain et à la biosphère. C’est une théorie d’écologie politique radicale basée sur le communalisme qui s’oppose au système capitaliste actuel de production et de consommation. Elle vise la mise en place d’une société morale, décentralisée, solidaire, guidée par la raison.

    Nous n'avons manifestement pas la même vision du monde !

  • "une voiture qui consomme entre 1 et 2 litres."

    Je ne connais pas cette voiture, mais j'imagine sans peine que c'est une petite voiture qui n'est pas un 4x4 de plus d'une tonne (qui eux de toute façon devraient être interdit de ville). Personnellement je ne souhaite pas m'"adapter" à la pollution. Il est vrai aussi que ceux qui viennent en voiture en ville habitent pour nombre d'entre eux à la campagne où l'air est moins pollué qu'en ville ou à un carrefour. Il ne supportent donc qu'en partie la pollution qu'ils créent alors que les habitants de la ville vivent dedans. Il faudrait aussi penser à la liberté de ces habitants de respirer un air propre. Question de santé et de respect. Mais qui s'en soucie? Le bruit fait également partie de la pollution.

  • Renault Eolab: doit sortir en 2020, véhicule hybride très performant:

    www.leprogres.fr/sports/2014/09/17/eolab-le-prototype-renault-d-ultra-basse-consommation-a-1l-100km

    Sur la comparaison ville-campagne:

    J'ai apprécié à une époque d'habiter en ville: pas besoin de voiture, proximité de tout, y compris des amis chez qui l'on va sonner sans avoir eu besoin de se téléphoner avant, ambiance des parcs en été, lac tout près, etc. Le bruit, je vivais avec, seules certaines motos et ambulances me dérangeaient. L'odeur de certains carrefours était saturée, mais pas partout.

    Aujourd'hui en banlieue, je n'ai plus les avantages des villes sans être à la campagne.

    La campagne n'offre pas ces avantages des villes, et le budget déplacement est en général plus élevé qu'en ville. Par contre, Bernex ou Puplinge offrent la nature à deux pas, de l'espace, de l'air.

    Partout il y a des avantages et des inconvénients.

  • @ Aster:

    Je repends aussi votre phrase: "je ne réfléchis pas pour moi, mais pour le bien commun et je cherche toujours à comprendre où se situe l'intérêt de la collectivité avant de mettre en avant mon propre intérêt !"

    Je trouve très intéressant que vous vous positionniez ainsi. D.J. vous a répondu à sa manière, je le fais à la mienne. D'abord, parenthèse sur 68, à quoi je me suis longtemps référé. J'en reviens sur différents points. Si je soutiens toujours une quête de relations non-autoritaires, j'ai réhabilité à mes yeux l'autorité, que j'avais jeté avec l'eau du bain. Ou dont j'avais peur peut-être parce qu'elle exigeait que je m'assume à 100 alors qu'il était plus facile de chercher des réponses générales plutôt que d'admettre mes propres manquements intérieurs. Que ce soit dans l'éducation des enfants, la transmission et l'enseignement, je réhabilite l'autorité qui pose des balises, même des règles et certains interdits, mais sans abuser de son pouvoir. L'autorité doit être cadrée. Donc je ne m'interdis plus d'interdire. Si j'ai besoin de certaines conditions pour travailler en groupe, je le dis, je les demande. Si elle ne conviennent pas à certains, j'en discute, et je regarde à chaque fois ce qui est préférable dans le moment, sans en faire une règle pour chaque situation. J'essaie de m'adapter à chaque situation.

    Mais, et j'en viens à votre phrase, même quand je sonde l'intérêt collectif, je reconnais chercher aussi mon propre intérêt. Si me soucier du bien collectif me donne ou donne à d'autres une bonne image de moi, c'est peut-être cela qu'au fond je cherchais. Je cherche la motivation souterraine du comportement plus que ce qui est affiché. En ce sens je suis encore dans 68 qui reprochait aux parents un décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait. Exemple: un parent dit à son enfant "je t'aime", et au fond sa motivation est de dire à l'enfant: "Aime-moi puisque je t'aime".

    Donc pour continuer, je reconnais que je cherche mon propre intérêt autant que l'intérêt collectif. C'est ma forme d'honnêteté, et de liberté pour les autres. Je ne prétends pas chercher pour eux un bien qu'ils ne m'ont pas demandé. D'ailleurs, ne le prenez pas contre vous, j'apprécie notre débat même avec nos oppositions, mais je considère que chercher le bien des gens sans qu'ils le demandent est un résidu de comportement autoritaire ou de domination. Alors je parle en mon nom, selon mes besoins et intérêts, cvar ainsi je laisse les autres libres de faire de même. Cela demande de renoncer à demander de l'amour ou de la reconnaissance, à renoncer à se montrer comme "quelqu'un de bien" (bigre, ce renoncement est parfois difficile). C'est, je crois, cela la racine du libéralisme, et c'est ce qui fonde ma conception du droit à la liberté de choix. On dit que le libéralisme est la somme des intérêts égoïstes. Je dirais qu'en plus c'en est la pesée. Je me méfie des renonciations: à quel prix se paient-elles un jour? Je suis également prudent devant ceux qui pensent pour les autres, fut-ce pour le bien: que remplissent-ils de personnel qu'ils ne voient pas? Mon travail, qui a inclus le coaching, ma quête personnelle, vont dans le sens de reconnaître mon propre espace et mes propres besoins, de les reconnaître pour les autres, et d'évaluer quel est la situation où les deux sont le mieux remplis. C'est en disant "Je" et non pas "Nous devrions" ou "On" que je reconnais le mieux la même liberté pour les autres de dire "Je".

    D.J. a une conception plus radicale que moi du libéralisme politique (radical dans le sens de ce que je viens d'exposer), par exemple j'accepte davantage une certaine intervention de l'Etat dans différents domaines.

    Pour revenir à la voiture, non, pas d'accord, c'est plus qu'un amas de tôle. C'est la possibilité de partir où l'on veut, quand on veut, avec qui on veut. C'est partir ce soir et regarder demain le soleil se lever sur la mer avec la femme que l'on aime. C'est un moyen d'élargir son champ de conscience social et humain.

    La voiture est entrés dans la culture: faire voyager un spectacle en Europe serai bien plus compliqué en train. On se pense dans la mobilité bien plus qu'avant. Elle n'est pas le seul élément qui doive faire penser la ville, mais elle ne peut être exclue de nos réflexions dans le champ général de la mobilité.

    Et puis, imaginez le film de Godard "Pierrot le fou" sans la voiture... Un film choc par sa manière de relativiser la condition humaine dans une époque très nouvelle.

    Elle est un symbole de société parce qu'elle est à ce point utilitaire et qu'elle est entrée dans de si nombreuses situations humaines.

  • "Partout il y a des avantages et des inconvénients."

    Certes, mais quand les "inconvénients" sont des menaces pour la santé, ce ne sont plus seulement des "inconvénients", c'est la vie même qui peut être en jeu.

  • La voiture comme alternative et non comme étendard ! C'est bien là toute la différence entre nous.
    Chez vous et vos amis libéralistes*, c'est bien chacun pour soi et le code civile pour tous ! Chez nous, extrêmes-centristes, il y a d'abord la pesée des intérêts sociaux et économiques, le bien commun, une vision durable positive et circulaire (des notions qui mériteraient d'être développées, mais ce n'est pas le lieu) qui entrent dans la réflexion. C'est bien sûr plus complexe, mais la société l'est de plus en plus. C'est cette réflexion qui nous amènent à rejeter ce tunnel inutile et non pas la haine de la voiture, ce que vous persistez à penser !
    *les libéralistes sont aux libéraux ce que les gauchistes sont aux socialistes : des épouvantails

  • @D.J. et hommelibre,

    Après vous avoir lu, je crois que je dois préciser deux-trois choses encore :
    Je ne suis pas du tout anti-voitures. J'en ai une, je l'utilise tous les jours, je la bichonne, même si c'est juste une 206, plus toute neuve.
    Je suis simplement pour une modération du trafic en ville de Genève, pour les raisons citées dans mes commentaires précédents. les personnes qui viennent boucher la ville avec leur voiture tous les jours de la semaine n'étant pas prêts à chercher des solutions par eux-mêmes, il faut donc décider quelque chose depuis " en haut" ou encore mieux : par un débat démocratique intense et éclairé.
    D.J., comme vous, je pense que les autorités politiques ont trop laissé aller les choses. ( mais en avaient-ils l'entier pouvoir ?)
    Vous auriez peut-être aimé qu'on favorise davantage la liberté de prendre sa voiture, comme si nous étions des centaures motorisés, comme si la voiture faisait partie de notre corps, de la même façon que le IPhone. Moi, j'aurais aimé que l'on favorise la qualité de vie des piétons que nous sommes, avant l'étape suivante de notre évolution.
    Nous nous rendons malgré tout assez souvent à pied au moins jusqu'à notre voiture, si pas carrément 200-300m plus loin !
    Les citadins doivent sortir de leur immeuble, peut-être même ouvrir une fenêtre de temps en temps. Selon où on habite, les conditions sont inhumaines. (rue des Deux-Ponts, Avenue du Pont d'Arve, Pictet-de -Rochemeont, Rte de Chêne, rue de Savoie etc.)
    La question fondamentale étant : Quelle ville voulons-nous ? J'ose utiliser le pronom "nous", car il s'agit de trouver un consensus.
    Tout le monde aimerait une ville sympa, avec de l'air, de l'animation, des commerces, des restaurants accessibles. Où est la place de la voiture là-dedans et est-elle totalement indispensable, pour aller du Molard à Cornavin ou du Parc de la Grange à la cathédrale ?
    Personnellement, j'ai fait un choix d'adaptation à mon milieu, sans me demander longuement, s'il faut que les autorités m'aient préparé le nid douillet qui me convienne en tous points.
    J'observe la situation et j'essaye de trouver l'astuce qui me permette d'aller le mieux possible d'un point à l'autre. Parfois c'est le bus, parfois le vélo, parfois la voiture, parfois mes pieds.
    Cette situation ne me semble pas violente ou liberticide. Je ne m'attends pas à ce qu'on fasse mes quatre volontés.
    Nous vivons dans un des pays les plus éduqués, prospères et beaux du monde avec tout à notre portée. Il me semble que nous courons le risque de devenir des enfants gâtés, qui pensent qu'ils ont droit à toujours plus, toujours plus de "libertés" et cela à n'importe quel prix.
    Le collectivisme est une chose effectivement mal famée et à juste titre, mais nous ne sommes pas obligés de répéter les erreurs du passé.
    La circulation motorisée est malheureusement un truc qu'on ne peut pas faire en solo. Il faut tenir compte d'un code de la route, des autres usagers, des conditions météorologiques, de l'état de la chaussée. On est, de facto, dans un collectif. Pas seul au milieu de vastes espaces solitaires, même si les publicités pour 4x4 nous suggèrent que c'est le cas.
    Il serait affligeant que nous ne soyons pas capables d'inventer un système de régulation du trafic motorisé, en tenant compte de paramètres subtils :
    - le trafic utilitaire nécessaire,
    - les urgences de toutes sortes (ambulances, police, pompiers),
    - le besoin de taxis,
    - le besoin des habitants de l'hyper-centre d'aller et venir avec leur véhicule,
    - le transit des touristes, visiteurs divers
    -etc
    Prétendre, que nous n'aurions ni la technologie, ni le savoir-faire pour gérer ça me semble tenir d'un choix politique ou d'une absence de volonté.

    Quelle ville voulons nous ?

  • @ Aster:

    Souligner l’importance symbolique autant que pratique de la voiture n’en fait pas un étendard. Dans la hiérarchie des groupes de technologie, les ordinateurs sont peut-être plus importants que les voitures. Le code 0-I est bien plus un étendard. La technologie sous toutes ses formes a transformé le monde et les sociétés. Ecarter les voitures des villes ce serait un peu comme écarter les PC de l’école ou des administrations.

    J’ai dû mal m’exprimer et je reviens sur mon commentaire précédent. Le chacun pour soi? Je n’ai pas écrit cela. Chacun pour soi finit en général dans l’oppression par le plus fort.

    J’ai dit que je pense à mes intérêts, incitant ainsi chacun à faire de même, et au bout du compte tous ces intérêts doivent être pesés. L’égoïsme est en réalité la pierre de fondation des relations, qui implique le respect de chacun. L’égoïsme est naturel et positif chez les humains. Les solidarités existent quand c’est nécessaire, on les voit dans certaines familles, dans l’élan de soutien autour des victimes d’un immeuble explosé récemment à Paris, dans les gens qui en sauvent d’autres au péril de leur propre vie, dans les aides internationales lors de catastrophes.

    Mais sans égoïsme on ne se prend pas en main, et on ne s’assume pas. L’égoïsme est ce qui nous constitue en une unité individuelle limitée à notre corps et responsable. Tout le monde est égoïste. C’est ne pas l’être qui est bizarre. J’ai tranché dans les vieilles morales qui condamnaient l’égoïsme. Je reconnais humblement que j’agis pour moi même quand j’agis pour les autres, et cela n’est pas mal, au contraire, c’est bien. Je sais que c’est difficile à comprendre ou accepter, mais c’est lucide. Soigner mon bien et mes intérêts suppose que je soigne aussi le bien et les intérêts des autres. Plus je soigne celui des autres plus je soigne le mien. M’occuper de mes intérêts c’est laisser aux autres la possibilité de s’occuper des leurs et de m’interpeler.

    L’altruisme doit être repensé et délimité. C’est souvent un christianisme mal compris et autoritaire déguisé. J’essaie donc de parler du réel, pas du caché (l’altruisme cache la réelle nature des motivations, l’altruisme est manipulateur et outils lisse de domination). J’ai laissé tomber la prétention à sauver le monde, car c’est irréaliste et cela contient les germes de l’impérialisme. Mais je fais ce que je peux dans mon espace.

    Je ne sais pas ce qu’est être libéraliste. Je pense que la liberté est le point de départ du reste, le point de référence à partir duquel je suis responsable de mes actes et pas de ceux des autres, tout en admettant des règles et limites communes. Mais tout dépend dans quel domaine ces règles s’imposent. Vous parlez de société morale. Cela me fait hérisser les poils! Qui décide de la morale et comment l’impose-t-il? Dans la tendance puritaine de notre époque, le mot morale fait bien en société mais je crois que c’est une vaste hypocrisie. Il y a des lois qui définissent les comportements profitables ou non aux groupes humains. Voulez-vous en plus dicter leurs pensées? J’entends dans tout cela un autoritarisme déguisé et une religiosité laïque. La morale vient de la famille, et la société laïque la confirme par des sanctions légales potentielles si la morale n’est pas respectée. Mais la société n’édicte pas de morale. Et puis, qui est assez saint pour jeter la première pierre?

    L’argument moral contre les voitures? C’est ce que je crois comprendre puisque vous opposez la morale au capitalisme - comme si le capitalisme devait être moral! Et bien je ne souscris pas à votre point de vue, et même j’y suis opposé. Je reconnais bien plus valable le point de vue de Johann sur la santé, même s’y je trouve aussi à le discuter. Non non, pas de morale, surtout pas. Pas de société morale. Sinon on va rhabiller les filles car elles polluent de désirs permanents les têtes des jeunes garçons! Non merci. J’extrapole, mais cela ne me semble pas déraisonné de le faire ici.

    Société décentralisée? Alors que la centralisation est une source de richesse, de simplification pour certaines choses (certaines administrations comme la police)? Et une décentralisation tournera autour de nouveaux centres, plus dispatchés, mais toujours centralisateurs à leur échelle. Je suis pour de grandes régions mais j’en vois déjà la limite et les conséquences dans quelques siècles: il suffira d’une guerre pour reformer des empires. Et puis la décentralisation demande beaucoup de mobilité, et l’on ne saurait se priver de quelque type de mobilité.

    Société solidaire? J’y tiens aussi, et elle existe déjà. Mais solidaire ne doit être que le deuxième ou troisième étage de la fusée. D’abord il faut que l’individu se déploie et montre ce dont il est capable. S’il chute, on ne le laissera pas mourir. L’Etat pourvoit aussi à la solidarité, déjà par l’impôt et sa redistribution.

    Société guidée par la raison. Oui, de préférence. Mais dans le vote du 28 septembre, où est la raison? De votre côté me direz-vous. Et si je dis qu’elle est de mon côté, comment se départager?

  • @ Johann:

    La question est dès lors: la vie est-elle en jeu actuellement? je ne le pense pas. J'observe depuis des décennies la capacité d'adaptation de l'espèce humaine. C'est phénoménal. Il n'y a que les Néandertals qui posent question: pourquoi ont-ils disparu?

    Les époques changent. On pense que la fin de l'empire romain est du au refroidissement climatique de l'époque, causé semble-t-il par le volcan Santorin. Il n'y avait plus à manger et les gens se sont détachés de l'empire, en même temps que de nouveaux peuples en détruisaient les limites. Mais d'autres empires se sont constitués et les humains ont continué à se développer.

    Il y a 70'000 ans le climat a probablement changé au point où l'humanité aurait pu disparaître, et elle a continué. Les épidémies de peste, facilitées selon ce que j'ai lu par la pollution des villes au Moyen-Âge, ont tué la moitié des habitants de l'Europe. Mais les humains ont survécu.

    Les humains portent inconsciemment la mémoire des crises où ils auraient pu disparaître, les famines, les pertes de pays par cause de guerre, etc. La limitation ou la restriction sont très mal vécues - d'où en partie la résistance à la notion de décroissance. Dans le cas du tunnel, ou du frein aux voitures, il ne suffit pas de dire stop. Il faut à mon avis compenser d'un côté ce que l'on retire de l'autre. Ne pas le faire ôte le sentiment d'avoir encore un quelconque pouvoir sur sa propre vie.

    Comme il n'y a pas eu de vision développée pour Genève, le tunnel répond à l'immobilisme.

  • Votre ami liberaliste D.J ignorait l'existence du philosophe Murray Bookchin (1921-2006). Je lui ai donc résumé (grâce à Wikipedia) ce qu'est l'écologie sociale. C'était un éclaircissement. Vous prenez des termes de cette définition que vous m'attribuez, ce n'est intellectuellement pas très fairplay, mais soit, c'est ainsi dans l'agora ! J'ai comme vous un égo et tant mieux ! J'ai aussi une raison et la dialectique entre raison et égo me permet d'avoir un point de vue, une pensée cohérente, de m'inscrire dans le corps social individuellement et politiquement ! C'est la pesée de mon intérêt citoyen qui m'amène à refuser votre tire-bouchons inutile :
    - il ne fera que compliquer la circulation dans l'hyper-centre en aspirant plus de voitures qui sans lui seraient passées par l'extérieur (Vivement la grande traversée !)
    - il coûte une fortune dont les intérêts et le principal plomberont les finances de la cité pour des dizaines d'années, voire un siècle !
    - il renverrait au calendes grecques la construction du tram vers Saint-Julien et vers Ferney, ainsi que la nouvelle Comédie, la nouvelle patinoire et bien d'autres projets dont Genève à un urgent besoin.
    - il hypothéquerait définitivement la grande traversée, seule raisonnable et vraiment indispensable.
    Voilà suffisamment de raisons raisonnables pour dire NON à ce tunnel, ne trouvez-vous pas ?

  • Aster, j'ai pensé que vous souscriviez à cette définition, c'est pourquoi je me suis permis de vous la retourner. Veuillez m'en excuser. Autour d'une table nous aurions pu être plus réactifs.

    J'ai moi aussi une dialectique entre mon ego et ma raison, et quand j'écoute le monde et sa résonance en moi j'entends surtout la complexité et la difficulté de trancher. Je ne suis pas Edgar Morin, qui n'a pas encore fait le tour du langage pour dire la complexité. Je suis à penser en ET/ET en non pas en OU/OU, autant que possible.

    Il faudrait plus de temps pour trancher sans que personne ne soit frustré, et tout va si vite. Mais du temps actif, pas du temps freiné comme pour la mobilité à Genève.

    Pour vos arguments, ils ne me convainquent pas. Je pense qu'une nouvelle desserte est prioritaire sur le prolongement des trams que vous citez et dont le réseau est déjà bien réalisé. Je ne vois pas en quoi le tunnel hypothéquerait la grande traversées: les deux dessertes n'ont pas la même vocation, elles sont complémentaires. Je n'ai pas envie de donner suite à des anticipations aussi aléatoires. Sur le financement, je ne suis pas du tout spécialiste, mais je vois que l'on trouve des milliards pour beaucoup de choses d'intérêt moins général depuis plusieurs années alors que la dette n'est pas récente.

  • "Oui c'est liberticide et anti-libéral de supprimer la liberté de choisir son mode de transport en ville. Au nom de quoi devrait-on m'obliger à utiliser les transports publiques? "

    Pareil, au nom de quoi devrait-on m'obliger à respirer le surplus de gaz d'échappement engendré par les transports privés? Car c'est aussi de cela qu'il s'agit, de pollution.

    Sauf si certains se retrouvent dans ça:

    http://www.youtube.com/watch?v=iHEBJWVHclE

    http://www.youtube.com/watch?v=3Pl3gVofrEs

    vont-ils raconter qu'on leur supprime la liberté de s'amuser à faire n'importe quoi?

  • et je ne résiste pas à l'envie d'agacer encore certains qui notamment crient au complot:

    http://www.youtube.com/watch?v=IL8cJWyOxWQ

    http://www.youtube.com/watch?v=YQBlv7sZGVE

    parce que OUI c'était un complot!

  • " Pareil, au nom de quoi devrait-on m'obliger à respirer le surplus de gaz d'échappement engendré par les transports privés? Car c'est aussi de cela qu'il s'agit, de pollution. "

    Ne soyez pas naïf. Je doutes qu'ils vont revenir en arrière en redonnant le droit de circuler librement aux voitures en ville quand celle-ci seront électriques ou à l'hydrogènes.

  • @ Calendula,

    " Tout le monde aimerait une ville sympa, avec de l'air, de l'animation, des commerces, des restaurants accessibles. Où est la place de la voiture là-dedans et est-elle totalement indispensable, pour aller du Molard à Cornavin ou du Parc de la Grange à la cathédrale ? "

    Oui une ville sympa sans voiture c'est aussi le nouveau slogan des socialistes lausannois. Dans le genre je me fous de la gueule des lausannois on est à son paroxysme. D'un autre côté les lausannois récoltent ce qu'ils ont semée depuis plus de 20 ans. J'avais fait un billet là-dessus.

    http://leblogdjetliberte.blog.tdg.ch/archive/2014/03/14/la-recette-socialiste-pour-endre-les-villes-conviviales-grace-aux-30-km-h.html

    D.J

  • @D.J.
    Merci pour le lien vers votre blog, mais désolée, je ne vois pas bien ...le lien avec mon commentaire.
    Dois-je comprendre qu'une ville dominée par la voiture, conçue pour son passage sans entraves serait la ville idéale ? Pas de place pour des gens louches, la voiture ferait le ménage.
    Pour moi, une ville n'est pas une autoroute. Quantité de villes ont été bâties avant l'invention de la voiture . Elles sont des lieux d'habitation, de commerce, de culture.
    L'article et la vidéo d'hommelibre sur Taormina est un bon exemple, mais extrême. En effet, aucune voiture n'entre dans le centre historique. Elle ficherait toute activité commerciale et touristique en l'air, la poule aux oeufs d'or en mourrait.
    Chaque cas est différent. Lausanne n'est pas Genève, Genève n'est pas Taormina. Mais penchons-nous sur notre ville, c'est pour elle que nous avons à prendre des décisions.

  • @hommelibre,
    Vos réflexions sur l'égoïsme bien compris et la survie de notre espèce m'intéressent plus particulièrement et ça prendrait des heures pour développer ces sujets.
    Pour rester concentrée sur le sujet du tunnel comme solution pour désengorger la circulation genevoise et sur la pesée du rapport coût/ efficacité, j'aimerais dire quelque chose sur ce passage en particulier, où vous vous adressez à Johann:
    "Les humains portent inconsciemment la mémoire des crises où ils auraient pu disparaître, les famines, les pertes de pays par cause de guerre, etc. La limitation ou la restriction sont très mal vécues - d'où en partie la résistance à la notion de décroissance. Dans le cas du tunnel, ou du frein aux voitures, il ne suffit pas de dire stop. Il faut à mon avis compenser d'un côté ce que l'on retire de l'autre. Ne pas le faire ôte le sentiment d'avoir encore un quelconque pouvoir sur sa propre vie."

    Je pense sincèrement que nous devons pouvoir supporter la frustration, que toute "perte" ne doit pas être "compensée" automatiquement par un gain de même nature. On peut avoir un objectif raisonnable et même non quantifiable ou d'une autre nature, en l'occurrence la qualité de vie.
    Avoir encore un peu de pouvoir sur sa propre vie ? je ne place pas cette aspiration dans mon rapport à la voiture. :-)))
    Une pub récente pour un scooter avait pour slogan à peu près ceci : "Tout ce que je veux, quand je le veux." Cet appel à l'enfant-roi en nous ne me dit rien qui vaille. Pour moi, ce genre d'attitude ne permet pas d'avoir une vie meilleure, ni au niveau de l'individu, ni à celui du groupe.
    Même si j'aime énormément la voiture, la liberté et le confort qu'elle apporte, je ne la compte pas parmi les besoins primordiaux de l'individu, comme le sont la nourriture, le gîte, la chaleur, la vie en communauté, même si elle peut y contribuer.
    On donne toujours l'exemple de la Chine : si chaque Chinois réclame le droit à la voiture individuelle, on s'imagine le tableau. Les Chinois étouffent déjà, dans certaines régions, à cause de la pollution industrielle et on verrait donc s'y ajouter les gaz d'échappement des nouveaux automobilistes, jouissant de leur liberté.
    Il faut espérer que le système respiratoire et tout l'organisme de l'être humain muteront, pour s'adapter à la surcharge de micro-particules. Car je ne pense pas que la recherche sur l'hybride, la voiture électrique ou roulant à l'hydrogène iront assez vite pour être accessibles rapidement à tous.
    Les vidéos postées par Keren Dispa, montrant les grosses bagnoles à fumée noire, sont l'exemple de ce que l'homme est capable de faire lorsqu'il ne supporte pas d'être remis en cause dans son idée de la liberté. Mieux vaut en rire et les remercier de montrer jusqu'où ça peut aller. L'une des vidéos raconte que c'est fait pour agresser les Prius ! Il y en a qui ont du temps à perdre...

  • Calendula,

    La pub pour le scooter est en fait bien pensée, car elle s'adresse à des jeunes qui ont ce besoin de liberté, et à des actifs qui vont en ville en 2 roues plutôt qu'autrement, et du coup elle est comme un pied de nez aux voitures! Car si on peut "quand on veut" en scooter, ce n'est plus tout-à-fait pareil en voiture. Sa multiplication et les nombre de règles qu'elle a engendrées ont singulièrement atteint la liberté qu'elle permettait.

    Trop de freins = plus de besoins de transgresser. On a besoin de moments de démesure. D'où ces courses avec des voitures délirantes comme sur la vidéo. J'aime d'ailleurs assez ces courses. Ils s'amusent, rien à redire. Ils ne sont pas en ville mais sur des circuits. C'est une sorte de rodéo, quelques personnes se défoncent à ça, pourquoi pas? On fait bien des feux d'artifice, et dans certains pays les brûlis sont plus polluants que les voitures.

    Mais je viens à la frustration. Oui on doit pouvoir accepter un certain niveau, c'est une manière de prendre la maîtrise du temps et de soi. Mais bon, pas trop quand-même. Au nombre de frustrations qui s'accumulent, ça pète un jour. Et l'on voit dans le débat sur le tunnel, en particulier dans la démesure de certaines postures d'opposants, que le sujet engage plus loin qu'une seule gestion des frustrations. C'est pour cela que j'ai pensé récemment cette votation comme un choix de développement.

    On ne peut mettre toutes les voitures dans les rues des villes, je suis d'accord. Mais on doit quand-même étudier comment leur faire une place. On a fait des ponts dans le passé pas pour les piétons, qui se seraient contentés d'un bac ou d'une passerelle, mais pour les calèches, puis les trams et les voitures. Il est logique de jeter des ponts par-dessus l'eau, ou de creuser des tunnels et de rapprocher les gens en leur donnant le moyen de circuler comme ils l'entendent, au moins en partie.

    Pour ce qui est des chinois, ils le feront, les africains aussi. Il n'y a pas de raison. Nous avons profité avant et ils seraient eux pénalisés maintenant? On ne doit pas les empêcher, ce qui est de l'autoritarisme, ont doit trouver des solutions technologiques sur les voitures, des solutions urbanistiques, et en plus faire de la pédagogie. Mais il n'y a pas de raison que les chinois n'aient pas aussi leur voiture. Nous, avec notre passé colonial proche, on préfère les voir en bleus et en vélo. Mais non, eux aussi veulent des couleurs, de la lumière des voitures. Et personne ne les empêchera.

    A Lagos, où je suis allé il y a plus de 20 ans, on met trois heures pour accéder à la ville depuis la banlieue. Conséquence: il y a de plus en plus de minibus pour grouper les gens. Ils tirent leurs propres conclusions. Mais ceux qui veulent aller en voiture le font quand-même.

  • A propos de liberté j'ajoute que je trouve l'évolution de la société de plus en plus serrée et limitante. Tout est sous surveillance, sous contrôle.

    A 20 ans je passais des semaines avec des amis en camping sauvage au bord de l'Allondon. On prenait guitare et djembé et on jouait ou improvisait des nuits entières, parfois avec un peu d'herbe. On ne dérangeait personne, on ne faisait de mal à personne, on se vivait librement, on s'apprenait, on partageait des heures de discussion. On s'organisait avec peu d'argent.

    En comparaison aujourd'hui c'est la dèche. Partout la liberté est grignotée. Il n'y a même plus de lieu d'impro à la Fête de la musique dans les Bastions. On doit penser le monde en incluant la liberté dans tous les domaines.

  • @hommelibre,

    Vous ne surprenez pas en écrivant un plaidoyer pour la liberté, vu votre pseudo !
    La liberté est probablement un des concepts les plus compliqués et délicats, à mettre en relation avec la capacité à supporter la frustration et la créativité nécessaire pour se créer les espaces de liberté ( trouver des plan B).
    Déjà parce que nous n'avons pas tous les mêmes besoins et aspirations.
    Certains vont trouver insupportable une restriction qui m'est indifférente.

    A Genève, le manque d'espace est un facteur permanent de limitations.
    Lorsqu'on voyage dans des contrées plus vastes, on prend conscience de cette restriction. C'est une limitation "naturelle". Il nous manque le silence, la vision et la conscience de vastes étendues. Lorsque je peux en faire l'expérience, je ressens un immense soulagement et ...un sentiment de liberté.
    Il y a une corrélation certaine entre la densité de la population et les restrictions.

    Je ne serais pas aussi catégorique que vous quant à la disparition de la possibilité de s'éclater hors des sentiers battus. Je connais des personnes qui dorment sur le Salève, à la belle étoile, malgré la crainte de leur maman, qui pense aux voleurs et aux violeurs qui y rôderaient, tel le loup.

    Au siècle dernier, nous avions moins d'argent à disposition, moins de scooters et d'écrans, moins de besoins et nous improvisions donc plus facilement des distractions simples.Il y avait peut-être une meilleure adéquation entre les moyens à disposition et les aspirations et donc ce sentiment d'avoir du pouvoir sur nos vies.
    On était peut-être plus libres dans les têtes ?

  • @ hommelibre : j'apprécie votre commentaire et j'abonde dans votre sens, chaque jour qui passe, on perd non seulement de la vraie liberté mais en plus si l'on n'est pas "coulé dans un moule" on se fait ... regarder bizarrement !

    Certaines restrictions sont excellentes, entre autre les espaces où les portables sont interdits, par exemple dans les trains ...

    Belle journée à vous

  • Genève est limitée dans l'espace, c'est vrai Calendula. Ce qui signifie que son développement ralentira. Mais il n'est pas encore achevé. Les idées neuves ou audacieuses y sont vite mises en boîte. Comme le projet de plage. Le sentiment de frein est considérable.

    J'aime aussi les vastes étendues, j'en trouve à vélo dans la campagne, ou sur le Salève. Ou en France proche, où quelques coins sont bons pour cette respiration mentale.

    Possible en effet que les gens se soient sentis plus libres quand ils avaient moins d'argent et de biens. Il y a des restrictions plus simples à accepter que d'autres. Les portables dans certains endroits, par exemple. Entendre tout de la vie privée des gens, dit à forte voix, dans les trams, c'est gonflant, c'est sûr. Pour la voiture l'enjeu est quand-même autre qu'une restriction localisée et temporaire. Enfin il me semble. Et je suis convaincu que le tunnel rendra la rade plus agréable. Mais cela, ce n'est qu'une croyance. Les opposants ont une autre croyance. Sur papier je pense avoir raison. Dans les faits, on ne peut savoir à l'avance ce qui se passera, mais on peut faire les choses avec intelligence.

    L'écologie politique procède beaucoup par des freins, la menace de l'interdit ou la promesse de malheurs, bien plus que par l'adhésion enthousiaste à un projet positif. Les responsables de cela devraient se questionner. Le rejet de ce courant est inévitable s'il continue ainsi.

  • "Ne soyez pas naïf. Je doutes qu'ils vont revenir en arrière en redonnant le droit de circuler librement aux voitures en ville quand celle-ci seront électriques ou à l'hydrogènes."

    on peut toujours espérer...

    En attendant, si seulement on pouvait faire comme à Carmel, CA, où le maire a tout fait pour réguler en douceur la circulation... sans aucun problème.
    Ville absolument charmante, taux de criminalité extrêmement bas, niveau de vie élevé.

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