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Traversée de la rade : un choix de développement pour Genève

J - 10 avant la libération

La Tribune de Genève dit en sa une du jour que le débat vire au choc frontal. C’est juste. Cela souligne l’enjeu tel qu’il est perçu par les uns et les autres. Les opposants se fâchent au point de ne plus argumenter et d’affirmer que l’apocalypse nous attend au coin d'une nasse de pêcheurs. J’aimerais un peu plus de fond. 

geneve,traversée,rade,tunnel,votation,28 septembre,Un choix de développement

Ceux-là même qui ressassent des informations déjà démontées, qui se jettent à corps perdu dans une dramatisation où l’émotion mange toute rationalité, n’ont pas raison de stigmatiser les supporters du tunnel. La question dépasse le cadre des partis. L’initiative vient de l’UDC? Je suis souvent en désaccord avec ce parti, et je m’en fiche. La question est bien plus importante, sans quoi le tunnel n’emporterait pas autant de soutiens malgré une campagne souvent stigmatisante.

Il s’agit d’un choix de développement pour Genève. Depuis trop longtemps tout a été fait pour freiner la mobilité motorisée privée. Le canton a misé sur les transports publics de manière massive. Il l’a fait en opposition aux voitures, comme on le voit dans les rues où passe un tram ou un bus. Il y a eu, de la part des autorités en charge de la mobilité, principalement les Verts, une volonté de freiner les voitures. Cela se constate le long des voies de tram, mais aussi dans la désorganisation systématique des ondes vertes, la suppression de la circulation dans des rues de plus en plus nombreuses, le labyrinthe des sens uniques et des voies obligatoires, et les empêchements de tous genre. Si les transports publics étaient très fréquents et allaient partout, cela pourrait se discuter. Mais ce n’est pas le cas: les véhicules sont lourds et subissent de nombreuses contraintes. Et il n’y a aucune politique en vue pour mettre en place des véhicules plus petits et plus faciles à faire rouler dans certains quartiers.

Le blocage de la ville, c’est connu. Les genevois le savent parce qu’ils le vivent au quotidien depuis longtemps - trop longtemps. Ils ont compris que les humains dans leur facette automobiliste ne sont pas aimés. Pourtant ils paient de lourds impôts sur leur voiture, sur l’essence, ils font tourner une des plus grosses industries modernes avec tous ses secteurs variés. Supprimons totalement les voiture, le chômage montera à... quoi? 30%?

Je comprends la difficulté d’accommoder tout le monde. Mais je vois surtout qu’il n’y a pas eu de volonté politique pour le faire. Les choix ont été excluants. Or, si vous devez transporter une personne âgée, un enfant malade en urgence, une famille avec trois enfants, des amis qui ne connaissent pas la région, ou si vous habitez et travaillez dans des endroit mal reliés ou peu desservis, la voiture reste indispensable.

 

 

geneve,traversée,rade,tunnel,votation,28 septembre,Les TPG ne suffisent pas

Et même sans justification la voiture fait partie du paysage urbain. Elle a dès ses débuts représenté une forme de liberté: démarrer près de chez soi et aller où l’on veut. Je vois que c’est devenu plus difficile de maintenir cette liberté. Je pense que le développement des transports publics, privilégié depuis quinze ans, est une bonne chose. Je ne suis même pas critique sur la question des transbordements. J’ai un jour imaginé que j’était le responsable de la mise en place du réseau. J’y ai passé une demi-heure. Cela m’a suffit pour en voir la complexité, les contraintes urbanistiques, et malgré des défauts j’admire les Transports Publics Genevois. Je regrette principalement qu’a certaines heures on soit entassés, au chaud et aux odeurs. Sans les voitures, sans la circulation motorisée privée, ce serait pire! Donc faisons avec les voitures et facilitons-leur un peu plus la vie.

L’animosité contre la voiture, initiée par certains élus, est dommageable. Le résultat en est ce choc frontal actuel. Alors on peut débattre sur la nappe phréatique - qui sera protégée comme pour le CEVA qui la traverse déjà; sur les attaches aux quais - qui préserveront la rade; sur l’idée non démontrée qu’il y aurait plus de bouchons - mais pourrait-ce être pire que l’état actuel? Sur le financement - mais le projet de grande traversée, utile lui aussi et complémentaire au tunnel, coûtera environ 4 fois plus; sur beaucoup d’informations fausses et excessives qui font de ce vote l’un des plus troublé depuis longtemps; sur la nécessité de désenclaver la rive gauche, parent pauvre de la mobilité; sur l'amélioration de la mobilité douce qui peut découler de la construction du tunnel. 

On peut aussi se demander ce qu’il adviendra lors de la réfection prochaine, totale et longue du pont du Mont-Blanc. Les opposants ne parlent pas de cette apocalypse-là, bien réelle, qui attend Genève. Leur silence sur cette question urgente fait mal aux oreilles.

Mais la question de fond est, à mon sens: voulons-nous oui ou non vivre en mobilité plurielle? Voulons-nous exclure presque les voitures, malgré leur évidente utilité et l’immense aide et liberté qu’elle fournit aux familles, aux aînés, aux employés, aux touristes, à tout le monde? Voulons-nous une ville ne laissant passer que quelques véhicules au compte-goutte, privilégiant des transports publics chers - et qui n’auront d’ailleurs plus de limite pour renchérir encore si les voiture sont exclues?

geneve,traversée,rade,tunnel,votation,28 septembre,Je sais que le refus de la traversée est pour certains un choix de limiter la croissance de Genève. Mais quelle est la bonne taille? Y a-t-il des études, des réflexions collectives sur ce sujet? Non. La croissance s’arrêtera bientôt: la grande traversée sera, après le tunnel, probablement la dernière. La mobilité sera donc définie durablement, ce qui conditionnera aussi le développement de la démographie et de l’économie. Je pense pour ma part que Genève n’est pas encore à la taille de son importance politique et économique. 

Voulons-nous empêcher une liberté fondamentale, compliquer la vie de nombreuses personnes, freiner l’économie, porter atteinte à l’exercice de droits privés? Il est surprenant que les opposants se recrutent parmi ceux qui revendiquent le plus de nouveaux droits!

Voulons-nous au contraire demander aux autorités de changer de cap, de mettre fin à leur guerre aux voitures, de respecter les libertés privées et de faire en sorte de mieux vivre ensemble en laissant à chacun une part d’espace? Voulons-nous inventer un modèle qui nous soit propre et qui soit intégrant plutôt qu’excluant?

C’est mon choix pour Genève.

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Politique 5 commentaires

Commentaires

  • Il faut de l'imagination pour que la mobilité urbaine de demain n'étouffe pas la qualité de la vie des citoyens qui aiment la ville, y flâner, y travailler, y vivre simplement ! Il faut facilité la vie des automobilistes en les incitant soit à la contourner, soit à utiliser les transports alternatifs quand ils doivent se rendre dans l'hyper-centre. Et, une fois que celui-ci sera délesté des 30% des voitures qui n'ont rien à y faire, les taxis retrouveront leur efficience et deviendront un complément bien utile. Il faut de l'imagination pour envisager demain, pour améliorer la qualité de notre vie sociale, de l'imagination et un peu d'altruisme : une ville est un laboratoire à ciel ouvert, un lieu de villégiature qu'il faut embellir et rendre convivial. C'est ainsi que Genève se développera et restera attractive. Les fumeurs restent à l'extérieur et les automobilistes en périphérie. Je n'ai rien contre eux, j'en suis un qui vit au pied des Voirons et applique ce que je prône !

  • Si vous avez plusieurs enfants, il devient extrêmement difficile et couteux de faire des déplacements dans le canton, encore plus dans le pays (étant donné le coût des billets CFF), et quasiment impossible dans les pays voisins lors des vacances camping et autres.

  • Tout à fait d'accord avec vous aster. Cela fait plus de 15ans que je ne viens plus au centre ville en voiture. C'est stupide et inutile.
    Je préfère mettre 1.2 milliards dans les transports publics et de vrais pistes cyclables et, comme vous le dites, laisser le centre ville aux transports professionnels (TPG, taxis, livreurs etc.).

    Mais voilà, il y a des gens qui pensent que cela nuit à leur liberté, alors même que nous n'avons jamais été aussi libres...mais c'est un autre débat.

    Prenons exemple sur les écossais, soyons raisonnables.

  • Oui tout est cher ! Raison de plus pour s'adonner corps et âme à la randonnée ! Depuis Genève on est servi ! Et découvrir la ville en marchant n'est pas désagréable non plus, je vous l'assure. Tous comptes faits, la voiture en plus d'être un fardeau, coûte bien plus cher que le plein d'essence à réitérer tous les 500 kilomètres. Alors l'un dans l'autre : marchons !

  • @aster et Jacphil
    Vous avez tout à fait raison. D'ailleurs, à l'époque de Jean-Jacques Rousseau, on faisait parfois le tout de l'Europe à pied et il y avait beaucoup moins d'obèses dans les classes inférieures de la population.
    Il importe aussi de ne pas retomber dans le piège des Chinois arriérés qui veulent absolument acquérir des voitures dès que leur niveau de vie augmente.

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