L’horizon de la variété et du divertissement télévisuel descend encore d’un cran. Visuellement, je veux dire. On n’achète plus une musique, ni le visage ou la personnalité d'une interprète: on achète des images de cul. Notre société n’en a pas fini de tenter de se réconcilier avec le sexe.
Car si Jennifer Lopez, Nicki Minaj et d’autres étalent à ce point leurs fesses à peines recouvertes d’un tissu minimaliste, c’est que cela marche. Il y a des spectateurs pour regarder et propulser leur clips au sommet du top 10. Difficile d’ailleurs d’échapper aux images: les médias internet mangent de l’anaconda à chaque repas et Jennifer L. diffuse à tous vents les images de son show érotique donné à Singapour, à l’issue du grand prix automobile.
Ça alors! Associer le corps dénudé de la femme avec la bagnole, qui plus est de course, même la Conseillère administrative de Genève Sandrine Salerno, connue pour ses positions (sans jeu de mot) féministes puritaines et anti-hommes, doit en rester bouche bée. Ce doit être cela, la grande victoire du féminisme: avoir déplacé le porno soft de l’antre confiné des cabarets à la grande scène des médias pour adultes et enfants. Le corps de la femme reste vendeur et elles l’ont bien compris. Ne nous plaignons pas de voir de charmantes hôtesses au Salon de l’auto: Jennifer leur montre le chemin.
A moins que JLo ne soit en manque et qu’elle montre, par ces images, le chemin à suivre pour la satisfaire: «rentre vite dans le tunnel», semble-elle dire. Mais dans quelle voie: celle de gauche ou celle de droite? Tiens, quand le tunnel sous la rade sera construit, on pourrait aménager des entrées en forme de fesses de la dame. Sûr que cela boosterait le tourisme et que plus personne n’emprunterait le pont du Mont-Blanc.
Cela ne peut être anodin ou juste pour le spectacle. Il y a un besoin d’exhibition et de sexe. La révolution sexuelle des années 1970 n’a pas suffi. Et avec le retour de la criminalisation de certaines formes de sexualité (p.e. prohibition de la prostitution), l’exhibition n’en prend que des tournures plus intenses et démonstratives. Mais je dois dire qu’autant de culs plantureux en gros plan, je sature. Je finirais presque par dire beurk ou par me faire moine. L’érotisme est attractif quand il reste à deviner, quand le corps se dévoile dans une lumière légèrement satinée. Mais jeté ainsi en pâture à tous les yeux exorbités et à toutes les langues salivantes ne demandant qu’à lécher du jus de vagin, ce n’est plus de l’érotisme.
Loin de moi l’idée de condamner le sexe ou de froncer les sourcils sur la femme nue. Mais enfin, s’il s’agit vraiment d’une chanson, le texte et l’interprétation ne semblent plus avoir grande importance. Ce qu’il faut c’est du cul. D’ailleurs, on voit de moins en moins la tête. Jennifer est interchangeable. Même nue, Barbie n'a qu'une seule identité, universelle: Barbie. N’importe quel fessier un peu bien foutu (car il faut lui reconnaître une esthétique certaine) peut faire l’affaire. On n’achète pas du JLo, dont la chanson n’est qu’une vague suite de sons sortie d’un ordinateur ayant mixé une compilation d’anciens tubes à quoi on a ajouté le bruit ambiant d'une carrosserie. On achète du cul. Du cul tendance: un peut soft lesbien. Aujourd’hui l’homo est un simple produit de consommation, il fait vendre. Dans 10 ans ce seront les nains, tellement plus discriminés que les gays. Pensez-donc: aucune poignée de porte n’est à leur hauteur! Les hétéros majoritaires se rachètent ainsi une bonne conscience à l’égard de leurs minorités.
Mais bref. Je dois dire que s’il faut choisir entre Nicki et Jennifer, c’est sans hésiter Jennifer. J’ai du goût, quand-même!
Jennifer Lopez: Booty
Nicky Minaj: Anaconda
Commentaires
Oui, mais non, enfin ... je veut dire que ... mais vous le savez déjà !
Sandrine Salerno n'a absolument aucun pouvoir de contrôle sur la diffusion sur les chaînes télévisuelles.
Cela doit lui rester en travers de la gorge ... à mon humble avis.
Oui, cela doit être dur à avaler...
:-/...
:-D