Il y a des jours où révolte et tristesse se côtoient. Envie parfois d’être ermite dans une nature sauvage. Parce que l’actu propose des compte-rendus de faits difficilement supportables. Comme le cas de ce père de famille qui s’est suicidé.
Pas n’importe comment: en sautant du 21e étage. Et pas tout seul: il tenait sa fille de deux ans dans ses bras. Un drame de la séparation, selon une lettre laissée par ce père. Mais comment en arrive-t-on là? Je vois presque les images. Je l’imagine prendre sa fille. Elle dort peut-être. Ou elle lui sourit. Il l’embrasse une dernière fois. Il enjambe le balcon ou le bord du toit. Il s’élance. Lui dit-il quelque chose pendant le très court temps de la chute? On ne le saura jamais.
Terrible. Comment peut-on ainsi entraîner son enfant avec soi? Un enfant on doit l'aider à grandir et à se déployer. Les parents servent à cela, pas à les tuer. Il y a dans ce geste quelque chose de hors-norme. La somme des souffrances que révèle cette double mort est incommensurable. Le sentiment probable d’impuissance dans une séparation difficile, la peur de perdre son enfant peut-être, parmi les causes imaginables. On dit souvent que le fait de tuer son enfant est une manière de faire souffrir l’autre parent et donc de prendre un pouvoir sur lui. Je pense plutôt que c’est la perte de tout pouvoir sur une situation qui conduit à cette extrémité.
Je connais la situation difficile de nombreux pères. Mais rien n’excuse ce geste. Ni celui d’une mère qui avait fait pareil avec son fils de 4 ans en septembre à Mée-sur-Seine. Ni les infanticides annoncés cette année.
Deux cas individuels ce n’est pas la guerre. La guerre est quotidienne et tue sans relâche. Mais ici, dans une société pacifiée où l’on préserve la vie, deux cas sont comme un attentat.
La médiation familiale en cas de séparation est une des réponses aux souffrances de la séparation. L’entourage proche a aussi un rôle à jouer, en incitant les parents à ne pas utiliser les enfants. Ceux-ci n’ont pas choisi de voir leurs géniteurs se déchirer. Ils ne choisissent pas d'être une arme dans les mains de l'un ou de l'autre. Il faut le rappeler aux parents.
Image: adelice
Commentaires
J'ai l'impression qu'aujourd'hui les enfants sont devenus une propriété que les adultes s'arrachent et préfèrent détruire que laisser à leur ex conjoint.
N'oubliez pas non plus que les enfants, en cas de séparation, seront A VIE partagés en deux!
C'est peut être aussi de ne pas pouvoir imposer cette douleur (surtout si on a vécu cela soi-même) à son enfant!
Les raisons sont tellement multiples que nous ne pouvons pas juger.
Les premiers mois d'une séparation sont les plus dangereux. C'est certainement à ces moment-là qu'il faudrait soutien et présence maximum, notamment auprès de celui qui subit la décision de séparation.
Lorsque les premières difficultés d'un couple apparaissent, les enfants souffrent et personne ne s'en rend compte car les parents - mariés ou non - estiment faire "tout" pour atténuer le choc alors qu'en réalité les enfants n'osent rien dire pour ne pas blesser "leurs parents".
Ce qu'écrit " De passage" est exact : les enfants deviennent LA propriété des parents et celui qui n'obtient pas la garde se retrouve dans une telle souffrance que pour lui la seule issue est de se tuer avec son ou ses enfants et ainsi de ne jamais être séparé d'eux.
Je pense que l'on peut échafauder toutes les théories que l'on veut, mais on arrivera jamais à "percer" ce qui se passe réellement dans la tête de celui ou celle qui commet l'acte car la réponse aux questions posées doit être toujours la même : vous inquiétez pas, tout va bien ou ça va aller !
Toute mère ou tout père en cas en séparation souffre et pour ne pas paraître pour "faible" surtout chez les hommes (c'est mal vu !) n'osera pas avouer son mal être. Là est sans doute toute la question.
Fait divers tragique et douloureux. Essayer de comprendre ce qui pousse à de tels gestes est sans doute nécessaire pour essayer de les prévenir.... Mais j'ai quand même l'impression qu'à force d'être dans l'empathie, dans le psychologisme, on en vient à excuser l'inexcusable. Prendre la vie d'un être qu'on est censé aimer, c'est placer l'idée de l'amour que l'on éprouve pour lui au dessus de son bonheur. Curieux amour qui en vient à être indifférent au bonheur de l'être aimé.... Bien sûr, les hommes et les femmes qui agissent ainsi ont leurs raisons. Mais n'est ce pas vrai de tout criminel ? Au final, ce type de comportement me paraît plutôt être typique d'une époque sans transcendance, où les affects de chacun tiennent lieu de loi morale suprême, sans plus aucune notion de pêché ou d'interdit. J'aime et cet amour me donne tous les droits...