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Travailleureuses et Usagégères

La langue épicène réserve des surprises. La manie d’écrire simultanément le masculin et le féminin pourrait produire une nouvelle langue. J’imagine un romancier s’inspirant de ces mots pour écrire un «Alice au pays des TPGères». Nos Transports Publics Genevois seraient les héros du premier roman épicène (dont personne ne lira plus de trois pages)!

épicène,grève,tpg,salerno,alice,lewis caroll,masculin,féminin,En principe cette langue malheureuse et inélégante est réservée aux administrations. Le but est de dire aux dames: vous comptez aussi pour l’Etat! Comme si ces dames étaient idiotes. Elles ont compris l’usage du neutre et des règles de grammaires. Elles savent que l’inclusion du féminin et du masculin dans une seule forme n’est pas une mise à l’écart ou en sujétion des femmes. Et elles ne se sentent pas spécialement respectées par l'ajout de cet appendice lexical disgracieux et tronqué.

La langue épicène, prisée à Genève par l’idéologue misandre et Conseillère administrative Sandrine Salerno, ne devrait être en usage que dans les documents administratifs. Le langage administratif étant d’une poésie incertaine, l’épicène l’achève et le rend un peu plus compliqué à la lecture. Le Département de l’Instruction Publique a semble-t-il diminué l’usage de cette barbarie grammaticale.

On trouve çà et là quelques blogueurs qui en font usage dans leurs textes. La soumission au féminisme est pour eux un signe de bravoure ou de loyauté aux dominantes, et une forme de drague. J’ai même vu un blogueur qui, ayant utilisé cette barbarie, y a renoncé en précisant à la fin d’un billet (je cite de mémoire) que ce qui est écrit vaut pour les femmes comme pour les hommes même si, par simplification de lecture, il abandonnait la forme épicène.

Quel jeu de cons!

Lors de la grève des TPG en novembre l'épicénat s’est étalé dans l’écriture d’une affiche politique. Ce n’est plus de l’humour ni de la communication, c’est une faute de goût. L’image de l’affiche montre l’étendue de l’horreur: «Usagers-ères» et «Travailleurs-euses». On aurait pu écrire: «Usagers, usagères». Mais cela prenait une ligne de plus. Deux lignes de plus avec «Travailleurs, travailleuses». Cela posait aussi un autre problème: fallait-il mettre le masculin devant le féminin, ou l’inverse? Dans les deux cas, un des sexes était «discriminé», mis en arrière. Ecrits de gauche à droite ou de haut en bas ces mots ne pouvaient exprimer l’égalité typographique. La bêtise n'ayant pas de limites, la solution aurait été d’écrire les deux mots l’un sur l’autre. Illisible mais enfin égalitaire.

Je propose donc d’innover en s’amusant. La langue n’est pas l’arme des gorgones mais le pays de poètes et de scripteurs inspirés. Pour mettre fin à la barbarie épicène inventons de vrais nouveaux mots. Par exemple, pour dire «Usagers-ères», forme dont le déchiffrage oblige à faire perdre le fil de la lecture, je propose «Usagégères». Ainsi, lors d’une grève des transports (publics, pas amoureux), la presse du lendemain écrirait: «Dans quel état les usagégères errent sur des rails fantômes».

Quand aux «Travailleurs-euses» je suggère «Travailleureuses». Cela inspirerait un dicton amusant: «Les travailleureuses heureuses font la prospérité des nations». On peut bien sûr discuter de l’accord de l’adjectif. Heureuses laisse entendre que travailleureuses est un substantif de genre féminin. Mais alors où sont les hommes?

Reste alors à inventer un nouveau genre: le fémisculin. Ou le mascuminin. On y mettra des mots à la fois féminins et masculins. Et on laissera l’adjectif s’accorder avec soit le féminin soit le masculin, selon le désir de l’auteur. Le seul inconvénient ici est qu'un genre précède toujours l'autre. On fera comme si on n'avait rien vu.

 

Catégories : Féminisme, Humour, Politique 7 commentaires

Commentaires

  • Si un ne peut plus réciter à haute voix ce qu'on lit, il y a un problème de communication. Mais le ridicule ne tue pas (encore).

  • Et si on décrétait un quota ... la même affiche, une fois avec "usagers, travailleurs", une fois avec "usagères, travailleuses".

  • Ces mots me font penser à ce chat, vu sur le site de la TDG:

    http://www.tdg.ch/culture/animaux/Mort-du-plus-vieux-chat-du-monde-a-deux-tetes/story/18515391

    On ne sait, comment le regarder, il a quelque chose des portraits cubistes de Picasso.

    (Cela étant, je plains le français qui ne connaît pas le neutre et dont le pluriel des pronoms personnels distingue également le masculin et le féminin.
    De là les problèmes que vous décrivez ;-))

  • Merci pour cet excellent texte plein d'humour !

    Il me vient à l'esprit que "secrétaire" restera identique même si l'on parle du meuble ... :-)))

  • Suffit de décréter que le sexe masculin n'est pas vraiment que masculin et le sexe féminin pas vraiment que féminin et comme cela tous les rénovateurs du français seront contents. Ainsi le mot homme pourra aussi bien désigner une femme et la maîtresse un maître. Comme cela nous pourrons quand même nous targuer d'avoir une langue plus riche que celles qui on recours au neutre, par exemple, puisqu'elle nous impose de réfléchir plus intensément au sens des textes.

  • Lise: pour secrétaire, c'est plus commode...
    :-)))

    Mère-Grand: si le mot est une convention, on peut en effet changer son sens. Même pas besoin d'astuce picène, il suffit de s'attribuer les mots en dehors de toute référence commune. Le surréalisme n'est pas mort!
    :-)

    Calendula: le chat cubiste, oui, il y a de cela!!!
    :-D
    Chaque langue a des domaines où elle est plus précise que dans d'autres. Le contexte éclaire et affine le sens. Je pense qu'on ne peut pas se tromper le "ils" neutre quand il cela représente l'addition des deux genres.

  • @ Hommelibre : j'apprécie votre humour très sympathique !

    Oui c'est plus commode ... surtout qu'après quelques années je fais effectivement partie des meubles ... -:))))

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