Je découvre sur le blog Civitas ce que Bernard Pivot a dit de l’écriture inclusive: « C’est du scribouillage, du bricolage, du tripatouillage. On ne peut pas l’utiliser. C’est illisible, donc c’est idiot. »
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Je découvre sur le blog Civitas ce que Bernard Pivot a dit de l’écriture inclusive: « C’est du scribouillage, du bricolage, du tripatouillage. On ne peut pas l’utiliser. C’est illisible, donc c’est idiot. »
Le roman Les Dix petits nègres noirs blacks d’Agatha Christie a montré la voie. Envisageons ensuite la mise en conformité d’autres titres impies. C’est un devoir moral: dans l’actuelle vague submersive de dégagisme culturel, il faut les modifier afin qu’ils deviennent politiquement corrects.
Voici quelques exemples (en bleu italique) cueillis sur internet. Je ne les relève pas tous, mais ceux-ci m’ont amusé. Je ne cite pas la source pour ne pas surcharger la lecture. Ce n’est d’ailleurs pas important.
Disparus! Qui? Les chercheurs. Où? Là, là! Dans la foule, comme Charlie? Vite, cherchons des visages pâlis, des yeux cernés, des lunettes rondes, des cheveux ébouriffés, des blouses usagées. Comme on cherche dans l’image les bandes rouges du pull de Charlie.
Edouard Philippe a résisté au chant des sirènes chimériques, qui affirment que l’écriture inclusive est l’avenir de la femme. Par circulaire envoyée aux Ministères, il fixe la doctrine de l’État sur les règles en usage dans la langue.
Il y a tant de grâce dans la féminisation du mot amour au pluriel! Cependant le singulier est du genre masculin: doit-on comprendre que les hommes sont exclusifs dans leurs amours – un amour à la fois? Et les femmes libertines, pratiquant plusieurs relations simultanées?
Aujourd’hui je propose de suivre un fil. Ce fil débute le 28 juillet 2015 et s’achève temporairement le 3 octobre 2017. On y trouve mélangés des juifs envahisseurs, des islamistes forcément martyrs, et l’habituel féminisme bardé de slogans pavloviens.
Qu’il est douloureux, le texte d’Addolorata – Ada Marra. Elle provoque et exclut pour marquer sa différence, soit. En réalité nous savons tous et toutes que la Suisse existe: un territoire historique, une administration et une armée, des institutions, une culture politique, des traités internationaux, et des citoyens et citoyennes.
Pas mécontents de voir bientôt les talons du parti socialiste, les français. Il en a fait assez. De la fétide théorie du genre à l’école, où l’on apprenait que Mehdi mettait du rouge à lèvres, à l’interdiction de proposer une information contradictoire sur l’avortement ou les vaccinations, ils fallait qu’ils dégagent.
Les écrivains rendent parfois compte de leur époque. Pas toujours de manière fidèle: ils peuvent aussi se tromper. Il y a trois ans je citais cet extrait d’Albert Cohen : « …une douce épouse et servante qu’un regard du mari faisait pâlir, sévère regard du mâle assuré de son droit et privilège, grotesque regard impérial de l’animale virilité. » (Carnets 1978, Editions Gallimard, p.10).
Retour sur cette info : le mot chef ne peut pas être féminisé. Son origine latine ne le permet pas. Conséquemment l’usage du féminin cheffe est un non-sens linguistique et grammatical. Il n’existe nulle part de cheffe. Pourquoi ?
Voici deux pistes complémentaires au décryptage commencé hier. D'une part il est possible que la forme épicène (doublement sexuée) du langage soit déjà en perte de vitesse. Quant à la grammaire française, la qualifier de sexiste est un mauvais procès d’intention.
Ce clip illustre la moderne confusion du sens. En voulant discriminer sans discriminer il annule son propre projet. Prisonniers de la politisation du langage, ses auteurs ont livré un produit très étrange.
La langue épicène réserve des surprises. La manie d’écrire simultanément le masculin et le féminin pourrait produire une nouvelle langue. J’imagine un romancier s’inspirant de ces mots pour écrire un «Alice au pays des TPGères». Nos Transports Publics Genevois seraient les héros du premier roman épicène (dont personne ne lira plus de trois pages)!
Le langage épicène serait-il le nouveau surréalisme? Non. Dans le surréalisme il y avait du talent. Alors que l'épicénation, bien que frôlant régulièrement l'absurde quand elle n'y mouille pas complètement sa brassière, n'est qu'une lubie sans inspiration ni légitimité. La langue française offrait une perception de la complexité; dorénavant elle va devenir chiante et contraignante sans augmentation du sens. D'ailleurs plus ça va moins ça va. Ainsi je suis tombé sur quelques termes «épicènés» dans le dernier billet d’Adrien Faure, blogueur assidu et courtois. Et bien on ne sait plus à quel sein saint se vouer.
Pour donner suite au débat sur le langage épicène et aux différents billets parus sur les blogs tdg (liens à la fin), j’ai écrit au Ministre genevois Charles Beer, président du Département de l’Instruction Publique (DIP), en lui posant un certain nombre de questions. On verra entre autres que le terme « épicène » ne peut pas désigner cette tentative nouveau langage. On verra aussi que le DIP introduit ce langage au Cycle d’Orientation (CO) mais l’abandonne sur son site dans les pages du développement durable pour raison d’illisibilité! C’est un peu long mais nécessaire. Voici donc:
Veut-on flinguer l’envie de lire? Dégoûter définitivement les jeunes générations? Ou est-ce une critique subliminale, une dérision de second degré? En tous cas on peut se demander pourquoi l’humanité est sortie du borborygme et du feulement ou du cri rauque. Pourquoi elle a passé des dizaines de milliers d’années à élaborer un langage complexe et brillant.
Georges Orwell avait inventé la novlangue dans son roman 1984. La définition de novlangue proposée par wikipedia est explicite: «Simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées subversives et à éviter toute formulation de critique (et même la seule « idée » de critique) de l’État.»
Je parcourrais le blog de Kissa, que je vous conseille (voir ici). Kissa qui nous fait le plaisir de poster de temps en temps ses commentaires sous différents blogs. Kissa fait remarquer par exemple l’importance de la sonorité dans une féminisation réussie et pointe les mots qui ne supportent pas la féminisation.