Les dirigeants européens prennent acte avec inquiétude la nouvelle orientation politique grecque. La question majeure est celle de la dette. Le nouveau ministre des finances de Syriza a déclaré ne pas reconnaître l’autorité de la «troïka», ce comité représentant les grandes institutions financières qui a imposé au pays une austérité draconienne en échange de prêts.
La Grèce a déjà refusé de soutenir les sanctions anti-russes. Autre pierre d’achoppement: le nouveau premier ministre Alexis Tsipras ressort le dossier de la dette de guerre allemande. Cette dette, après calcul des intérêts, pourrait osciller entre 600 et 1’000 milliards d’euros. De quoi négocier.
L’Allemagne écarte l’idée même de devoir quelque chose à qui que ce soit, les voies juridiques étant selon elle épuisées. Cependant il subsiste un prêt forcé consenti à l’Allemagne hitlérienne par la Grèce en 1942, selon le quotidien La Tribune.fr. Le montant, intérêts compris, est de 162 milliards d’euros, soit la moitié de la dette actuelle.
La Grèce annonce donc vouloir se démarquer de la politique européenne et des contraintes imposées par la troïka. Mais si, drapée dans un rôle de victime, elle est devenue l’icône des anticapitalistes, des pays moins subventionnés par l’Union Européenne que la Grèce n’apprécieront peut-être pas la nouvelle politique menée par Syriza.
Certains commentateurs évoquent aussi la possibilité d’un rapprochement entre Moscou et Athènes. Les liens historiques entre les deux pays sont anciens et positifs. Le site du Ministère grec des Affaires étrangères précise d’ailleurs:
«Les relations diplomatiques Grèce – Russie ont été établies il y a 182 ans et se développent de manière particulièrement dynamique. (...) Les deux pays sont unis par des liens d’amitié étroits fondés entre autres sur des valeurs spirituelles et culturelles et sur des expériences historiques communes. Aujourd’hui, les relations russo-helléniques se caractérisent par leur étroite coopération et leur confiance mutuelle. Les secteurs économique et énergétique font l'objet d'une coopération de longue date».
On verra dans les semaines qui viennent si l’élection du parti d’Alexis Tsipras cause un tremblement de terre ou une simple averse en Europe. Dans l’immédiat les gauches françaises tentent de manière pathétique de s’accaparer de ce succès grec. Au prix d’une contorsion idéologique très acrobatique: en effet, sous l’étiquette de gauche radicale, le parti Syriza a gagné les élections par un discours identitaire fleurant le nationalisme: la Grèce doit être souveraine et ne plus laisser sa politique être dictée par l’extérieur. Mélanchon, Autain, Besancenot, sont heureux de voir le petit tacler les grands. Mais cela n’est que mythologie. Que les relations gréco-russes se renforcent et on les verra manger leur chapeau. A moins qu’ils ne soutiennent un nouvel axe Athènes-Moscou. Ils devraient peut-être y réfléchir: un soutien large à Syriza et à Moscou est de nature à affaiblir la Commission de Bruxelles.
En attendant des jours meilleurs, affaibli par ses propres contradictions et incompétences, mené à la dérive par un «président de la pluie et du brouillard» qui mélange de plus en plus ses mots, le PS ne peut compter sur un effet Syriza dans l’élection législative partielle du Doubs ce dimanche. Une élection que la gauche perdra probablement, encore une fois devrait-on dire puisque le PS a déjà perdu sa majorité absolue à L’Assemblée Nationale de cette manière.
D’une part Valls est l’anti-Syriza, d’autre part la France soutient les sanctions contre la Russie et l’austérité imposée à la Grèce. Que reste-t-il pour se fabriquer une bonne image auprès de l’électorat? Une caution morale, par exemple. L’effet du 11 janvier et de son union sacrée a déjà du plomb dans l’aile: c’est le moment idéal pour se l’approprier. La grande réaction nationale qui a suivi l’attentat contre Charlie est donc accaparée, privatisée par le parti socialiste, comme si cette journée pouvait être mise à son seul crédit:
«Venu soutenir le candidat socialiste mardi soir lors d'un meeting à Audincourt, Manuel Valls a donc fait valoir cet esprit du 11 janvier et prôné le rassemblement de la gauche pour inciter les électeurs à se rendre aux urnes. Si les Français sont en masse descendus dans la rue, ce n'est pas pour que dans quelques jours ici on s'abstienne massivement».
Un classique de la récupération politicienne. Mais qui ne saurait cacher le désordre ambiant.
Commentaires
John a force de vouloir faire de l'ordre tous créent le désordre seul moyen pour eux de pouvoir rester maitre de leurs actes
Désordre qu'ils vont maintenir pour obliger les peuples à se révolter et par là même ils obtiendront un excuse pour aller guerroyer ceci afin de maintenir l'ordre disent -ils tous,on croit rêver !
On va finir par croire qu'en politique surtout au niveau UE il existe un jeu à celui qui dira le plus de mensonges les seuls à faire grimper les sondages à défaut de pouvoir grimper sur autre chose /rire
très belle soirée pour Vous
Participation : 39,5%. FN : 32,6%, PS : 28,8%. UMP : 26,5%.
Le PS peut donc quand-même l'emporter, opposé au FN et soutenu par une partie de la droite.
Bonjour,
Dans le mêmte temps il y a ceci :
http://www.contrepoints.org/2015/01/27/195862-coup-detat-en-suede
La Grèce a agit encore démocratiquement. Mais là... ?
Merci pour ce lien Plume noire.
Un masque tombe...
En agissant ainsi il est possible que ces politiciens ouvrent la voie à ceux qu'ils veulent neutraliser.
A suivre.