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Climat : l’appel de Manille ou l'art de la marche arrière

Ce mois de février le magazine Science & Vie publie un cahier spécial sur le climat et l’Histoire. La thèse, encore discutée, est que les variations climatiques ont souvent été liées à des événements socio-politiques majeurs et à des changements de civilisation.

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Ces variations ne sont pas les causes uniques des bouleversements historiques. Mais elles installent des conditions favorables ou en sont un élément déclencheur. On peut penser à l’exemple souvent cité du volcan islandais Laki. Ses éruptions dans la décennie 1780 ont refroidi l’Europe et freiné la production de vivres. Dans cette période des émeutes de la faim ont secoué la France jusqu’à la Révolution.

D’autres exemples de concomitances entre climat et Histoire sont relevés dans le magazine. L’expansion de l’empire romain s’est par exemple produite en période de réchauffement climatique marqué.

«Entre 300 avant J.C et 200 après J.C, les étés européens sont chauds et souvent humides. Un temps idéal pour que prospère l’agriculture et une période qui correspond justement à l’avènement de l’Empire romain. Mais au IIIe siècle, le climat change et l’ouest de l’Europe est touché par la sécheresse. La production agricole s’appauvrit, et les équilibres socio-économiques de la région en sont modifiés. Rome est fragilisée. Dans le même temps les barbares lancent leurs premières invasions sur l’Empire et les perses Sassanides font pression à l’ouest de la Turquie. Dans cet exemple mis en avant par l’étude, histoire et climat se fondent, et tout porte à croire que l’un et l’autre sont intimement liés».

Le climat a souvent changé au cours des derniers millénaires. Les humains s’y sont adaptés. Si le réchauffement actuel est vu principalement sous l’angle d’une catastrophe imminente, le passé démontre que les périodes plus chaudes sont des phases d’expansion de l’espèce humaine. C’est en soi une raison de douter du discours politique du Giec qui n’envisage pas d’autre avenir que dramatique.

L’illustration 1 (cliquer pour agrandir) de Science & Vie rappelle les différents facteurs en cause dans les variations climatiques. L’activité solaire, les éruptions volcaniques, le degré de couverture végétale, l’effet de serre, l’oscillation pacifique El Niño et la circulation thermohaline (les courants océaniques). Il y a peut-être encore d’autres facteurs. Il est difficile d’évaluer l’importance de ces facteurs les uns par rapport aux autres. Quelle est la part du CO2 en regard des autres causes possibles? Si le rapport du Giec est plus prudent que ce qu’en dit la presse et s’il contient beaucoup de conditionnels, on ne trouve néanmoins pas de pondération entre l’influence des GES (gaz à effet de serre) et celle des autres facteurs. Est-ce parce que le CO2 est le facteur le plus simple et linéaire à mesurer, et le plus facile à incriminer?


climat,réchauffement,manille,hollande,écologie,La longue marche... arrière

Aux Philippines François Hollande a lancé hier un appel au monde, «l’appel de Manille». Il veut en décembre, à la conférence de Paris sur le climat, un accord contraignant pour chaque pays. Hollande prépare donc sa reconquête de l’opinion. Dans la mesure où la France est entrée dans la pré-présidentielle de 2017, il tente de réparer son image. Quoi de plus fédérateur que l’environnement?

Le choix de Manille, l’accompagnement de people, la mise en scène médiatique: Hollande semble avoir trouvé un responsable de communication efficace. Selon ce que rapporte l’agence Reuters, «Le président français a entamé une visite dans l'archipel durement touché par des tempêtes, tsunamis et déplacements de populations liés au réchauffement de la planète».

Les tsunamis dans cette région du globe n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique. Ils sont dus à l’activité tectonique. Les tempêtes, comme le terrible typhon Haiyan, font partie des conditions climatiques habituelles du Pacifique ouest. Le typhon Tip, en 1979, fut plus grand et plus violent que Haiyan. Les déplacements récents de populations ont été décidés lors d’éruptions volcaniques ou de typhons. Evoquer le réchauffement climatique en l’occurrence est déplacé puisque rien ne permet de le confirmer. Les propos de Hollande sont abusifs:

«Les dérèglements climatiques peuvent être une souffrance, vous les connaissez », a-t-il expliqué aux ressortissants de ce pays durement frappé par des catastrophes naturelles, comme le typhon Haiyan en 2013, qui a fait plus de 7 000 morts. « Mais vous avez su saisir le drame qui vous a frappés pour en faire une opportunité de croissance».

Deux axes

On ne peut pas dire, à chaque événement météo, que «c’est le réchauffement». Cela commence à bien faire et montre le peu de réflexion argumentée d’un politicien comme François Hollande. Manifestement il en est encore à vouloir «sauver la planète», ce qui correspond au fait d’aller en marche arrière. La posture du sauveur est belle et rentable, mais aussi totalement stupide en l'espèce. On ne sauvera pas la planète. La voie à prendre n’est plus celle-là. Elle est celle de l’adaptation au réchauffement climatique, s’il perdure. Il faut cesser de surfer sur la peur et suivre deux axes.

climat,réchauffement,manille,hollande,écologie,D’une part tenter de limiter les émissions de gaz à effet de serre, autant pour diminuer la pollution de l’air que pour freiner un peu le réchauffement. Réchauffement qui, selon le Giec, est déjà trop engagé pour revenir en arrière. La «préservation» du climat est donc déjà dépassée, derrière nous. C’est une vision trop conservatrice et timorée pour produire une action politique utile, et c’est surtout un orgueil démesuré de penser que notre espèce va faire plier l’immense et complexe dynamique climatique à sa volonté.

D’autre part il faut impérativement accepter le réchauffement comme une opportunité positive. Il y aura peut-être des troubles sociaux consécutifs aux modifications climatiques, si elles sont durables et plus intenses que maintenant. Mais il n’y a pas besoin de variations climatiques pour constater des troubles, des guerres,  des migrations en masse. Il n'y a pas eu de GES quand le climat du Sahara, autrefois humide, s'est désertifié. Il y aura peut-être besoin, dans quelques siècles et si le réchauffement continue, de transférer des villes loin des littoraux. Les humains n’ont jamais cessé de s’adapter, cela continuera.

Pour le reste, considérant le passé de la Terre, on peut dire qu’elle se sauvera très bien toute seule, sans une intervention humaine supplémentaire dont on ne peut anticiper les conséquences.


P.S.: A propos des mesures de la température terrestre dans les basses couches de l’atmosphère et au sol, le réseau de capteurs est principalement implanté dans des zones urbaines ou péri-urbaines. Cela présente un inconvénient: ces zones urbaines sont plus chaudes que les zones rurales, comme c’est partout le cas. L’absence de végétation locale et la restitution nocturne de chaleur par les murs et le bitume font monter le thermomètre.

L’image 3 montre la fiabilité des captages. Selon la NOAA, l’agence américaine pour le climat et les océans, les variations en excès vont de 1° à 5°. La grande majorité de ces capteurs est ici en orange et présente un possible excès pouvant aller jusqu’à 2 degrés.


Catégories : Environnement-Climat 2 commentaires

Commentaires

  • "Pour le reste, considérant le passé de la Terre, on peut dire qu’elle se sauvera très bien toute seule, sans une intervention humaine supplémentaire dont on ne peut anticiper les conséquences."
    Cela paraît pour le moins une évidence. Je ne vois pas comment l'humanité pourrait envisager un seul instant de sauver la planète. Lui mettre un réacteur aux fesses pour la faire changer de système solaire ? La dite planète pèse tout ses 6 X 10 puissance 24 tonnes, faudra un gros réacteur et est-on bien sûr que cela changerait qqch ?

  • Article qui reflète les nombreux propos tenus par ceux qui depuis 2002 ont tenu tête au Giec
    Mais il y a trois miracles dont deux réalisés en France
    En effet les gens ont compris qu'il valait mieux réparer tant faire se peut plutôt que jeter ce que nous faisions en Suisse tandis que désormais l'idée du composte disparait peu à peu car les animaux peuvent et là on éclate de rire manger des restes ce que nous avons toujours fait chez nous
    Tandis qu'en Chine on arrose de CO2 des salades cultivées sous serre pour leur permettre d'avoir des mines superbes
    On sait tous que sans CO2 la nature se meurt à petit feu car il est nécessaire pour la photosynthèse
    Elle est pas belle la vie?
    bonne journée John

Les commentaires sont fermés.