La loi a été votée. Un nouveau délit a donc vu le jour. Un délit qui devrait donner des idées: dans la même logique tout peut faire l’objet d’une loi car tout être cause de troubles psycho-physiologique, ou considéré comme une incitation criminelle.
L’époque est un peu folle: faire une loi contre l’anorexie n’est pas raisonnable. Elle n’empêchera personne de vouloir maigrir, maigrir même à outrance. J’ai déjà abordé ce projet de loi et je ne peux que déplorer le fait que les députés socialistes confondent liberté individuelle et victimisation. Pour eux l’individu ne déciderait pas librement de son comportement, c’est la méchante société qui lui voudrait du mal. Il faut donc le protéger malgré lui, le materner sans qu’il l’ait demandé. C’est hélas cela le socialisme: en prétendant défendre l’individu contre la société il renforce le pouvoir de ladite société sur l’individu. Paradoxe sans issue.
La loi a été votée dans la nuit du 1er au 2 avril, et ce n’est malheureusement pas une blague. Elle vise essentiellement les sites internet pro-ana, comme on dit. Précisément le texte de cette loi définit ainsi ce délit, pour lequel le contrevenant encourt jusqu’à un an de prison et 10’000 euros d’amende:
«Provoquer une personne à rechercher une maigreur excessive en encourageant des restrictions alimentaires prolongées ayant pour effet de l'exposer à un danger de mort ou de compromettre directement sa santé.»
Plus encore: «... l’anorexie est une maladie mentale qui concerne entre 30.000 et 40.000 personnes, dont 90% de femmes". Le texte vise notamment à protéger les adolescent(e)s.
Le rapporteur PS de la loi Olivier Véran veut tout de même faire une distinction entre les sites qui promeuvent l'anorexie et les blogs parfois tenus par des jeunes femmes qui s'en servent comme d'un exutoire.»
Mode de vie limite
La personne qui s’astreint à de telles restrictions ne cherche pas forcément à mourir. Et à quel moment l’exutoire devient-il une incitation? L’anorexie sur internet est présentée comme un mode de vie. Un mode de vie à risque? Oui, par rapport à une norme extérieure généralisée. Ce n’est pas le seul mode de vie à risque. Faut-il tous les interdire? D’une certaine manière l’anorexie est le prolongement d’un courant fort: la réduction du poids corporel et l’affinement historique de la silhouette comme source et signe de santé et de beauté. Elle s’inscrit dans une quête plus extrême puisqu’elle peut conduire à la disparition. Cette quête est dénoncée comme une pathologie quand elle devient trop extrême. J’en conviens.
Une question se pose dès lors: a-t-on le droit d’être malade? D’aller mal dans sa vie? De décider par soi-même de la manière dont on exprime ce mal? Il semblerait que ce n’est plus le cas. Encore une liberté fondamentale qui tombe sous les coups de boutoirs du nouveau puritanisme et de la loi de la performance maximale.
Certains diront que la maladie n’est ni un choix ni une liberté. Qu’elle réduit la liberté plus qu’elle ne la renforce. En effet. Mais cela fait partie de l’expérience humaine. Personne n’est obligé de suivre les conseils maigreur des sites pro-ana. Seules celles qui sont déjà sur la pente du rejet de son corps lisent et appliquent les recettes proposées. Sans ces sites, elles iront chercher ailleurs.
Fat is the wrong way
Par contre les agences de mannequins ne sont pas concernées par la loi. La raison: refuser une embauche à cause d’une caractéristique physique constitue de la discrimination. Pourtant l’extrême maigreur dispose là d’une tribune exceptionnelle, d’une visibilité à résonance mondiale. Tout le monde peut voir des mannequins très maigres défiler sur les podiums. N’y a-t-il pas ici une forme d’appel à l’anorexie?
De toutes façons quelle importance. Chacun fait ce qu’il veut de sa vie. La loi n'a pas à sanctionner à ce point le comportement humain. Si l’on continue sur cette pente liberticide on devrait interdire et punir les groupes et associations qui surfent sur le slogan «Fat is beautifull», «Gros est magnifique». Il s’agit clairement d’une mise en valeur de comportement à risque, d’excès alimentaires notoires et de cause directe de diverses pathologies, dont le diabète. Le gouvernement pourrait faire campagne sur le thème: «Gros est la mauvaise voie».
On pourrait aussi poursuivre toutes les entreprises qui proposent avec persuasion des desserts, des mets sucrés ou très gras: elles sont une sorte d’incitation aux comportements alimentaires à risque. Ainsi que les fabricants de lames de rasoir dont le tranchant est apprécié de certains candidats au suicide. Plus la marque Kinder qui rend les enfants accrocs au chocolat sans qu’ils s’en rendent compte, attirés qu’ils sont par le jouet qui est dans l’œuf.
On pourrait aussi interdire ceux qui votent des lois stupides.
Commentaires
Excellent sujet !
L'anorexie a plusieurs causes, vous le savez très et je ne reviendrai pas sur le sujet.
En revanche, avoir proposé une loi et l'avoir fait voter ne changera rien aux problèmes des anorexiques : ces personnes ont besoin d'une prise en charge, d'une aide spécifique ainsi que leurs proches et non d'un article supplémentaire dans un Code sans doute déjà très gros !
En voyant ces mannequins filiformes, j'imagine parfaitement que la mise en œuvre de l'article du code visant à réprimer la "non assistance à personne en danger" devrait suffire.
Le lobby de la mode est-il à ce point puissant que l'on doive légiférer pour protéger de jeunes femmes prises dans le tourbillon de la célébrité à cause de leur maigreur ?
Cela dit, j'admets que chacun ait le droit de se tuer, même à petit feu. En revanche, je trouve plus qu'anormal qu'on laisse sombrer de très jeunes femmes dans la spirale de la destruction corporelle parce qu'on leur fait miroiter un vedettariat plus qu'hypothétique.
Cette posture du monde de la mode me rappelle le titre d'un film : "Nous sommes tous des assassins..."
Ca me rappelle la pénalisation des clients de prostituées cette loi. Oui on reconnaît bien là la gauche à ses fruits pourris, alias des lois poussées au paroxysme de la débilité.
Comment s'attaquer et culpabiliser les conséquences en occultant les causes
En 1990, l'Organisation Mondiale de la Santé, basée à Genève (comme chacun le sait), avait sorti l'homosexualité de cette liste de maladies mentales.
La France, 25 ans après, introduit l'anorexie sur la liste des maladies mentales.
Vous n'y voyez aucun problème ... ?
@ rasilak : ne jamais oublier que certaines personnes - femmes en général - restent minces sans le faire exprès (j'en fais partie) !
En revanche, il me semble - je pèse mes mots - que l'obésité est oubliée : à quand une loi interdisant les "rajouts" dans l'alimentation et les publicités servies à longueur d'année ?
@Victor-Liviu DUMITRESCU, l'homosexualité n'est pas une maladie mentale. Je ne vois aucun problème qu'elle ait été sortie de la liste.
Nat, on joue à cache cache avec la liste des maladies mentale à l'O.M.S. ; voil a mon point de vue.
bien le bonjour Hommelibre ou pas/rire
Il ne faut pas oublier que nombre de médecins adorent les femmes squelettiques .J'en ai connu .Il avait une telle frousse des maux dont avaient souffert sa mère avant de mourir qu'il en avait fait une projection sur ses patientes
Ils les voulait avec zéro pour cent de cholestérol,40 kgs et pas plus pour 175 cm et surtout qu'elles obéissent comme toutes recrues sous ses ordres gradé à l'Armée
Mais le plus important consiste tout de même à savoir que pas une ne pouvait prétendre à son passé puisque tous les dossiers manuscrits donnés par le généraliste ayant pris sa retraite ,tous sans exception avaient été brulés
Sinon il aurait su que n'ayant plus que la peau et les os leur taux de cholestérol ne baisseraient pas d'un pouce car transmis de génération en génération
La médecine dite de pointe a eut le beau jeu , niant le passé elle pensait formater,conditionner un nouveau genre humain ne répondant plus qu'à des critères de poids correspondant aux prisonniers de guerre sortis des camps de concentration
Et avec du sport en plus mesdames ben voyons déjà que près de 80 ans elles se culpabilisaient de manger un carré de chocolat car lui aussi interdit faut pas pousser les grands mères dans les géraniums
Cependant il faut admettre que certaines femmes en recherches de sourires masculins étaient tombées amoureuses de leurs toubibs en général très très beaux mâles alors que d'autres moins naives malgré tout ont aussi dû se plier aux régimes squelettiques de cette médecine qui avait pris les humains comme défouloir car pour certains dentistes c'était pareil .Ignorant tout du passé de leurs patients ,ils ne pouvaient s'empécher de les humilier de les rabaisser
Tous aussi menteurs que des arracheurs de dents n'est pas une vaine parole qui a pris toute son importance avec l'arrivée de la médecine dite de pointe
Beaucoup de jeunes médecins venus s'installer pour remplacer les généralistes ont sut profiter de l'aubaine qui s'offrait à eux car confiants comme jamais envers leurs anciens médecins les patients n'ont pas compris qu'ils seraient à nouveau de gentils petits cobayes
On se fait la main ou on peut dit l'adage et en l'occurrence cétait bien vrai
Et c'est aux patients qu'il faudrait donner des diplômes de patience pour avoir permis à de nombreux jeunes toubibs de vivre des instants de gloire /rire
bonne semaine à Vous