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Charlie et ses vagues

La tempête engendrée par l’attentat contre Charlie laisse une forte houle. Le 11 janvier fut une réaction identitaire forte en défense de la liberté d’expression. Mais d’autres réactions identitaires jouent leur musique différente. Ainsi le rappeur Booba, musulman non pratiquant, déclare:

Booba02.jpg«Quand on joue avec le feu, on se brûle. (...) Dans la vie, il faut assumer ses choix. Si tu habites en Australie au bord d'une plage infestée de requins blancs, [...] que tu le sais et que tu continues à te baigner tous les jours, le jour où tu te fais croquer par un requin blanc il faut assumer. (...)

Et encore, à propos des journalistes de l’hebdomadaire:

«Ils savent à qui ils ont affaire, les mecs. Ils s'attaquent à l'islam, ils savent très bien qu'il y a un courant extrémiste, ils savent très bien comment les mecs fonctionnent, ils ont pris le risque de continuer à les attaquer.»

Doit-on y voir un encouragement implicite au terrorisme? Booba ne juge pas: il constate. On ne peut dès lors affirmer qu’il soutient ou encourage les extrémistes. Mais dans cette affaire rien n’est neutre. Il n’y a pas  (encore) de place pour une distance critique. Les mots, les postures, tout est piégé.

Comme d’autres Booba ne fait que dire une parole de musulman. Il confirme une déclaration identitaire déjà entendue. Il rappelle aussi une relation humaine fondamentale: la liberté de parole totale va de pair avec une mise en danger. La mise en danger va jusqu’à l’agression verbale ou, comme pour Charlie, à la liquidation physique. On peut ne pas répondre à une agression afin de ne pas l’alimenter. On peut aussi déposer une plainte pénale. Enfin il est possible de se faire justice soi-même, bien que la civilisation condamne cette dernière pratique. Et seuls le sentiment de n’être pas le plus fort, ou la crainte d’une sanction pénale, peuvent nous freiner notre désir de nous faire justice. Les assassins de Charlie, eux, ne se sont pas freinés.

Il y a quelque chose d’enfantin dans cette posture vengeresse. Un peu à la manière de ceux qui croient que la vie dans l’ouest américain n’était que lynchages et flingages, ou que le Moyen-Âge est un catalogue d’horreurs. La simplification et le manichéisme sied aux foules et aux illettrés. Or c’est loin d’être si simple.

Au lendemain des attentats j’écrivais, en provocation, qu’il faudrait peut-être interdire l’islam, ou plus exactement mettre cette religion en discussion comme le christianisme le fut dans le passé. Depuis les attentats, de nombreuses voix musulmanes s’élèvent pour se désolidariser des intégristes musulmans. Ils n’endossent pas l’identité criminelle qu’on leur fabrique. Les attentats de 2015 et les actes d’horreur commis par l’organisation EI ne donnent sans doute plus envie de cette identité criminelle revendiquée par une frange de l’islam.

Mais pour d'autres ce n’est pas fini. Dans une de ses dernières chansons Booba dit:

«Ai-je une gueule à m’appeler Charlie ? Réponds-moi franchement. T’as mal parlé, tu t’es fait plomber. C’est ça la rue, c’est ça les tranchées.»

C’est basique.


La confrontation est loin d’être terminée.

 

 

 

6 commentaires

Commentaires

  • "«Quand on joue avec le feu, on se brûle. (...) Dans la vie, il faut assumer ses choix. Si tu habites en Australie au bord d'une plage infestée de requins blancs, [...] que tu le sais et que tu continues à te baigner tous les jours, le jour où tu te fais croquer par un requin blanc il faut assumer. (...)"

    Booba ne voit pas de différence entre le requin et l'être humain? Le requin tue pour se nourrir, il suit son instinct de survie. Les tueurs de Charlie aussi, ils ont suivi leur "instinct" ... comme des animaux. Pourtant, l'homme est doté d'un cerveau plus évolué qui devrait lui permettre de réfléchir.

  • "T’as mal parlé, tu t’es fait plomber. C’est ça la rue, c’est ça les tranchées." Booba lui aussi parle mal, en assumer-t-il les conséquences. Non, il vit sous la protection d'un Etat de droit, sous la protection d'une civilisation illuminée. Dans une autre civilisation il risquerait le même sort que les journalistes de Charlie; vengeance sanglante; oeuil pour oeuil, dent pour dent; guère civile.

  • S'il y a tant et tant de mort à cause de la religion, islam, chrétienté, juive, ou tout autre, chacun a le droit de critiquer et de dire du mal de la religion. La liberté d'expression c'est aussi le devoir de se révolter contre les intransigeances religieuses, le soi-disant respect absolu que l'on devrait envers des textes sacrés qui provoquent tant d'ambiguïté, tant de toute-puissance, qu'ils mènent carrément au massacre et à la destruction de notre Civilisation moderne. Etre d'une religion c'est aussi critiqué avec véhémence ses aspects obscurs qui entraînent certains "purs" à fuir vers le gouffre du crime. Je ne me suis jamais gêné de critiquer la religion chrétienne. je ne vois pas pourquoi je me gênerais de critiquer les crimes commis au nom de la religion islamique. Tout musulman, toute musulmane devrait avoir ce réflexe de survie qui le/la libère d'une croyance dévote, étriquée, qui l'enferme dans un cnmformisme remontant à des siècles en arrière. Être croyant c'est aussi accepté l'évolution humaine avec ses valeurs qui se transforment et nous guident vers un monde pour des droits et des devoirs humains pour tous. Un dieu moderne c'est un dieu qui ne fait plus de discrimination raciale, sociale, ethnique, religieuse, et qui tend à une harmonie planétaire où chaque être humain trouve sa place.

    Le discours de Booba ne tient pas la route. Il affirme qu'il y a des tueurs en ce monde qui ont le droit de se comporter en tueurs au détriment de l'être humain. Permis de tuer pour certains comme permis de violer, de soumettre à l'esclavage, de marier de force des gamines même pas pubères. Comment ne pas haïr ces aspects obscurs de l'islam qui se trouvaient aussi dans les autres religions du Livre du temps des prophètes... Mais c'était du temps des prophètes, des pharaons, des rois, des dictateurs...en quelque sorte. Dictateurs qui se permettaient d'exercer leur toute-puissance en se faisant accompagner des clercs pour les soutenir dans leur toute-puissance... Ce dieu-là, le voulons nous encore? Est-il si désirable aux yeux des musulmans qui, pour certains, en font une telle fixation, un tel honneur à défendre contre celles et ceux qui se disent "pas d'accord avec ce dieu qui n'a pas muté vers sa propre modernité". Dieu comme je le reconnais ce n'est plus vraiment l'islam des origines mais l'islam pour notre temps. Il est devenu encore plus Grand, plus universel, plus rempli de l'Amour pour la création en général et l'être humain en particulier. Ce dieu a-t-il sa place dans notre monde oû préfère-t-on l'assassiner au profit de la vision ancestrale des dieux en général et d'Allah en particulier?

  • La religion comme une auberge espagnole: on y trouve ce que l'on apporte.
    "Aimez-vous les uns les autres":parties, partouses jambes en l'air ?

    Empathie, partage, soins sans frontières...

    Religion (pulsion spirituelle pas moins biologique que pulsions sexuelle ou matérielle) en revanche pseudo-religion comme moyen pour manipuler ou s'auto-manipuler.

    Peur du châtiment, épée de Damoclès

    Intelligence, entendement: toucher, tact, doigté, délicatesse

    A choix mais si nous nous imaginons en fait comme sur un tapis roulant que nous ne conduisons pas (à Paris, notamment)! nous pouvons sur ce tapis trouver le temps long, nous agiter, saluer autour de nous, tourner en rond ou avancer mais le tapis, à moins d'un accident cardiaque, ou autre, nous ne le quitterons pas avant la sortie... d'où la nécessité de réaliser que si nous ne faisons que passer en même temps que nous y compris, nos cellules tout change tout le temps (revoyons le tapis roulant) dépendant étroitement les uns des autres nous avons avantage à faire attention!

    Inutile de parler d'amour du prochain, dérision, soufflet aux plus mal lotis, hypocrisie! sans PARTAGE EQUITABLE des biens, connaissances et ressources.

  • "T’as mal parlé, tu t’es fait plomber. C’est ça la rue, c’est ça les tranchées.»

    Une leçon qui se veut réaliste et qui ne reconnaît de réalité qu'à la rue et aux tranchées.
    Telle est son affirmation d'appartenance, garantie par l'état qui condamne toutes revendications d'appartenances à ses "souchiens".

    Cela fait des décennies que cette pratique d'enrichissement culturel perdure ! D'autres sont condamnés pour apologie du terrorisme pour bien moins que cela.
    La confusions des valeurs continue de nager en plein bonheurs

  • "Pourtant, l'homme est doté d'un cerveau plus évolué qui devrait lui permettre de réfléchir."
    Si vous saviez le nombre d'occasions démentant cette assertion que j'ai vécu.
    La plupart des gens ne réfléchissent pas.

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