Laïcité et ethnicité roulent les frenchies dans la farine. L'un des combles du racisme serait de tenir des statistiques en lien avec l’origine des personnes. Sauf que les mêmes personnes font elles-mêmes de l’ethnique sans complexe.
Du moins si l’on admet qu’ethnique est un terme assez large. Selon le dico en ligne cnrtl.fr, ethnie signifie : « Groupe d'êtres humains qui possède, en plus ou moins grande part, un héritage socio-culturel commun, en particulier la langue ».
Exemple cité par le même cnrtl:
« Il y a une autre unité, infiniment plus importante [que l'unité de race], la seule essentielle, celle qui est constituée par le lien social : nous l'appellerons « ethnisme ». Entendons par là une unité reposant sur des rapports multiples de religion, de civilisation, de défense commune, etc., qui peuvent s'établir même entre peuples de races différentes et en l'absence de tout lien politique (Saussure, Ling. gén., 1916, p. 305) ».
Ethnie et origine, provenance, croyance, langue, coutumes, géographie sont donc étroitement liées. Dès lors un magasin de produits cosmétiques et alimentaires antillais distingue sa clientèle des autres citoyens par ses origines. Il sélectionne selon l'origine ethnique. Pour cela il faut avoir étudié les quartiers où réside cette clientèle. C’est une forme de sociologie ethnocentrée sauvage. Par exemple, on n’a pas encore vu une boucherie halal dans un quartier où il n’y a aucun musulman.
On est constamment dans l’ethnique. Refuser la portion des statistiques liées à l’origine culturelle est encore une manière, plus trouble à mon avis, de faire de l’ethnique. Les statistiques servent d’abord à connaître et évaluer les besoins de la population. Rien de moins, rien de plus. Le refus des statistiques ethniques est un faux problème, un faux débat engendré par la peur de parler de certains. Connaître des spécificités ethniques a de l’importance en matière de santé et de services.
Plutôt que de se donner bonne conscience à peu de frais, on ferait mieux de parler ouvertement, sans peur, et d’étudier ce qu’il est vraiment utile de connaître tout en cadrant les prérogatives de l’État. Une statistique n’entraîne pas forcément une stigmatisation, même si l’on ne doit pas sous-estimer ce risque. On peut aussi questionner la notion de stigmatisation, terme dont l’usage extensif et immodéré affaiblit singulièrement le sens.
Il est aussi amusant de constater ce refus de statistiques ethniques au nom d’un supposé humanisme ou par crainte des stigmatisations sociales, alors que l’ethnicité est paradoxalement valorisée dans les arts, dans la musique, dans la multiculturalité revendiquée de cette étrange modernité où l’on se flingue dans tous les sens à moins que l’on ne se taise avant de mourir dans le silence.
Il n’y a pas de multiculturalité sans différences ethniques. Le débat est donc absurde. Quant à moi, qui aime entre autres ce que l'on nomme la world music, les représentations graphiques aborigènes et les éléments de mode exotique, je nage régulièrement dans les différences ethniques avec un bonheur assumé.
PS : nyctalope : « Personne ayant la faculté de voir dans la pénombre ou pendant la nuit ». Dans le noir, quoi. Mais n’y cherchez rien d’ethnique…
Commentaires
Rappel: "Ethnique ta mer".
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/05/01/ethnique-ta-mer.html