Je mentionnais hier le devoir d’exemplarité que les socialistes français veulent endosser et imposer. J’écrivais qu’ils se sont eux-mêmes emprisonnés avec ce concept. Ils reçoivent pourtant le soutien d’une part de la population, qui confond peut-être la droiture nécessaire du politicien avec le rôle de guide du parent.
L’exemplarité est un mot très fort. L’enfant apprend en grande partie par imitation. Il prend exemple sur ceux qui l’entourent. Il y a dans l’exemple une vertu pédagogique. Mais cela concerne-t-il les politiciens ? Je ne le pense pas. Vouloir se donner en exemple est particulièrement narcissique et prétentieux. C’est penser que l’on est meilleur que les autres.
Mes exemples, je les prends où je veux. Rarement auprès des politiciens, dont je n’attends pas qu’ils soient meilleurs ou exemplaires. Ils sont humains comme nous, comme moi. D’ailleurs, de quoi seraient-ils exemplaires ?
D’autres personnes m’ont donné l’exemple, et d’abord ma famille, dont c’est le rôle bien plus que celui des politiciens. Et des amis, ou des personnes dont le contact m’a fait devenir plus clair et plus libre.
L’exemplarité est un concept ambigu. C’est au minimum la co-dépendance d’avec les administrés, voire la dépendance pure et simple. C’est mettre du flonflon éthique quand on n’a pas d’autre contenu politique à proposer. C’est un leurre. Pas besoin d’en rajouter ni de se peindre des ailes blanches : un élu doit faire son job de manière honnête et non dans un souci d’exemplarité. S’il n’est pas honnête, il sera sanctionné par les lois existantes qui suffisent à l’ouvrage.
Cette moralisation du langage politique n'est pas à mon goût. Elle accompagne malheureusement le retour du puritanisme auquel on assiste depuis quelques années. S'il est vrai que les politiques doivent suivre les lois issues d’une société et de sa morale, ce ne sont pas eux qui créent cette morale. Ils n'en sont ni les dépositaires ni les gardiens. Ils n’ont pas d’exemple à donner. La quête de l’exemplarité ressemble fort à une recherche de reconnaissance publique, voire à un désir inconscient d’être un sauveur dans ce monde « forcément pourri ». Il n’y aurait pas besoin de parler d’exemplarité si l’on ne considérait pas le monde comme mauvais et si l’on ne s’estimait pas supérieur ou privilégié par le mandat électif. L’exemplarité est une nouvelle facette de l’élitisme moral.
Le monde n’a pas besoin de politiciens exemplaires ni de poudre aux yeux moralisante. Il a besoin de politiciens simplement honnêtes, compétents et intègres.
Commentaires
Je ne vois pas non plus en quoi un président serait exemplaire, surtout celui-là. Il fait plusieurs enfant à sa compagne (son devoir socialiste?) mais ne veut pas se marier (mariage pour tous, sauf pour la mère de ses enfants). Il présente sa nouvelle Première Dame à ses côtés lors de évènements officielles et à peine le show terminé il chevauche sa mobylette pour aller chevaucher la Seconde Dame. Je n'ai rien contre, je ferais peut-être la même chose, mais ce n'est pas exemplaire pour moi, j'ai ma vie à moi, pas besoin d'exemple, ni bon ni mauvais.
"(...).Il a besoin de politiciens simplement honnêtes, compétents et intègres."
Je ne sais pas si c'est vous ou moi qui jouons sur les mots ! Mais quand vous affirmez que les politiciens se doivent d'être honnêtes, compétents et intègres, ne constituent-ils pas, dès lors, un exemple. L'honnêteté et l'intégrité n'auraient-elles pas valeur d'exemple ? Quant aux compétences, je citerai simplement Galilée :"Je n'ai jamais rencontré quelqu'un de si ignorant qu'il n'eût quelque chose à m'apprendre". Ce qui, pour moi, signifie que toute personne a en elle quelque compétence. Elle n'est hélas pas toujours mise en valeur.
Oui mais alors là; qui est compétent, qui est honnête, qui est intègre ?
Quel est l'exemple à retenir ?
http://www.lematin.ch/vivre/societe/nobel-taxe-sexisme-demissionne-universite/story/21978450
@ Ben:
en effet. Il démontre par le comportement (plus fiable souvent que les intentions affichées) que ce n'est pas un bon thème ni un thème politique.
@ Michel:
C'est en partie une question de mots, en effet, mais pas seulement. S'ils sont honnêtes, compétents et intègres ils ne font qu'appliquer le contrat de confiance social. Demander plus moralement c'est les placer dans l'enfermement du pire ou décevoir. Je dirais alors pour nuancer qu'être un exemple est la posture par défaut. Mais l'exemple formateur est pour moi celui que je vois près de moi et que je partage.
S'il y a exemple c'est celui de faire son boulot au mieux, ce n'est pas d'être un héraut moral.
@ Aoki:
Je trouve drôle cette histoire. Si une femme déclarait l'inverse je rirais bien aussi!
D'ailleurs il n'a fait que prétendre être honnête. Ce n'est peut-être que sa problématique. Ou pas. J'imagine que la proximité des personnes sur une étude, les moments de détente, les discussions ensemble, les réussites partagées, doivent favoriser une certaine proximité.
oups... Michel: "...du PLAIRE ou du décevoir".
Où quand un scientifique parle de son ressenti (fait pas si courant) l'opprobre tombe sur lui et se il retrouve obligé de démissionner.
Comment en est on arrivé là ?
Les réseaux sociaux; c'est cette bête de l'apocalypse marqué du "Nan mais allo le 666" que des politiciens ont tellement attisés
J'aimerais bien qu'il se révolte plutôt que de présenter ce spectacle que je trouve navrant, auquel plus personne ne croit, de contrition-repentance...
Sa "faute" est-elle si grave pour lui valoir cette mise à mort publique?
Va falloir sonner le clairon.
:-≪
La lutte contre ce qu'ils appellent le sexisme devient un nouveau Maccarthysme. La police est dans la maison, elle entre dans la conscience, elle formate, elle soumet insidieusement au nom du supposé bon camp.
ce prix Nobel a oublié que les femmes étaient des vaches sacrées dans le monde actuel