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Port El Kantaoui : ordinary love

Les tirs de Kalachnikov claquent sous le soleil. Le sable rougit. Des corps tombent. L’homme en noir avance vers l’hôtel. Il tue, tue, comme possédé par un dieu fou. Un dieu fou qui hurle dans tête.

tunisie,attentat,sousse,sarah,terrorisme,Certains parviennent à se sauver. D’autres pas. Le claquement des tirs se rapproche. L’homme en noir surgit devant Sarah et Matthiew, Kalach à la main. Il vise Sarah. Elle se protège derrière un transat. Que peut faire un transat contre la mort en marche ? Rien. C’est comme une avalanche. Elle le sait. Elle pense peut-être à ses deux enfants qu’elle a eu avec son compagnon.

 

Il est trop tard pour courir vers l’hôtel. Matthiew le sait. L’homme en noir est là, devant eux, à quelques mètres. Il vise Sarah. Il va tirer. Mathieu se lève d’un coup et s’interpose. Il fait écran avec son corps. Il se sacrifie.

 

L’homme en noir le voit, vise et tire. Une fois. Deux fois. Trois fois. Mathieu s’écroule. Il crie à sa femme :

 

« Laisse-moi. Occupe-toi bien de nos enfants. Je t’aime. »

 

Sarah peut alors courir vers l’hôtel et se mettre à l’abri. Elle sera sauvée. A la fin de l’attaque elle retourne sur la plage. Elle cherche Matthiew. Ne le trouve pas. Le croit mort. Mort pour elle, mort pour leurs enfants. Morts comme les dizaines de cadavres étendus sur le sable.

 

Et puis, après deux heures d’angoisse, un coup de fil. C’est Matthieu. Miracle, il est vivant ! Hospitalisé, bassin fracturé. Il a reçu trois balles. 

 

Il a sauvé sa femme au risque de sa propre vie. Il n’a pas réfléchi. Il a fait ce qu’il devait faire. C’est cela un homme : il protège sa femme et sa famille. C'est comme ça. C’est son histoire, c’est un de ses rôles depuis la nuit des temps.

 

La mère aurait fait pareil pour protéger ses enfants. 

 

A notre époque les grandes idéologies sont construites sur un socle de peur. Peur de la guerre en Europe et ailleurs. Peur d’un dieu assassin. Peur d’une fin du monde climatique. Peur du mâle. Peur, peur…

 

Matthiew n’a pas eu peur. En une seconde il a pris sa décision. Son amour pour sa femme et ses enfants, sa responsabilité d’homme, sont plus forts que la peur.

 

Il ne faut pas avoir peur. Il faut continuer à aller en Tunisie, pays de douceur et d’accueil. Il faut avoir le courage de résister aux fabricants de peur en tous genres.

 

Laisse-moi. Occupe-toi bien de nos enfants. Je t’aime.

Ordinary love.

 

 

 

 

 

Catégories : Philosophie, Politique, société 31 commentaires

Commentaires

  • Detail interessant c'est l'homme qui a accompli une action heroique mais c'est la femme qu'on montre en photo.

  • Instinct de protection je dirais, plus qu'héroïsme. C'est beau et généreux.

    Et, oui, il faut continuer à aller en Tunisie.
    Bon dimanche Homme Libre, grosses chaleurs ici...et presque partout je vois!

  • Bonjour Colette,

    Instinct vital. Je le connais.

    Ici la chaleur est encore agréable, la grosse chaleur va venir dans la semaine.
    Bon dimanche à vous Colette!

  • Ma mère et ma soeur s'y sont rendues hier, par avion, comme chaque année. Et non, elles n'ont pas pris de flingue :-)

  • "Et non, elles n'ont pas pris de flingue :-)"
    Quelle remarque débile...
    Mais bon, que les touristes aillent se faire égorger à Louxor, en Tunisie ou ailleurs : grand bien leur fasse.

    Le courage de ce type nous montre que rien n'a changé : il y aura toujours des hommes, des vrais. Nous sommes une génération (ou deux ou trois) qui subissons le contrecoup des horreurs nazies et autres. Vous avez déjà réfléchi à ce qu'ont fait les petits soldats allemands durant la Shoah par balles ? Vous voulez que je vous cite un passage de "Les Bienveillantes" de Liddell ?
    "...au bord de la fosse, une fillette d'environ quatre ans vint doucement me prendre par la main. Je tentai de me dégager, mais elle s'agrippait. Devant nous, on fusillait des Juifs. "Gdje mama ?" je demandai à la fille en ukrainien. Elle pointa le doigt vers la tranchée. Je lui caressai les cheveux. Nous restâmes ainsi plusieurs minutes. J'avais le vertige, je voulais pleurer."Viens avec moi, lui dis-je en allemand, n'aie pas peur, viens." Je me dirigeai vers l'entrée de la fosse; elle resta sur place, me retenant par la main, puis elle me suivit. Je la soulevai et la tendis à un Waffen-SS:"Sois gentil avec elle" lui dis-je assez stupidement. Je ressentais une colère folle, mais ne voulais pas m'en prendre à la petite, ni au soldat. Celui-ci descendit dans la fosse avec la fillette dans les bras et je me détournai abruptement..."

    C'était il y a 70 ans et quelques, en Ukraine. Les temps d'avant le féminisme n'étaient pas non plus très jojos, disons.

  • @hommelibre,

    Cette histoire est bouleversante et bien sûr emblématique d'une capacité à faire don de sa vie avec générosité.
    Lorsque je me trouverai dans une telle situation, j'espère en faire autant, de faire comme Matthiew.
    Ce n'est même pas de l'altruisme, car je ne sais pas comment je pourrais vivre à la place de Sarah. Elle avait bien sûr la mission de vivre pour ses enfants. En s'interposant, le mari et père a espéré assurer la meilleure survie possible à ses enfants, en donnant une chance à sa femme de lui survivre. ( L'incroyable étant que les deux aient survécu !)

    Ce n'est pas de l'amour ordinaire, parce que la situation ne l'est pas. Nous ne sommes pas ordinairement confrontés à de tels choix. C'est l'amour en situation de guerre et la guerre n'est pas (encore) ordinaire pour nous.

    Si on veut absolument "genrer" cette situation, que dire du bourreau ?
    Il y a une femme qui se cache, un homme qui s'interpose et un autre homme qui veut tuer.
    Comment cet homme peut-il être l'homme destructeur qu'il est, en même temps que l'autre se bat pour la survie de sa famille ?

    Vous l'avez souvent dit: les hommes sont les victimes les plus nombreuses de la violence physique. Et l'origine de cette violence physique extrême - comment l'expliquer ?

  • "Ce n'est même pas de l'altruisme,"
    C'est l'essence même de l'altruisme. Sa définition même. Faire passer l'autre ou les autres avant soi-même.
    La remarque de Calendula est très contemporaine. Je me suis souvent frité avec des "objecteurs de conscience", en réalité petit-bourgeois soucieux de leur petit confort. Ce qui définit un soldat, avant l'acceptation du fait que l'on devra peut-être tuer, c'est l'acceptation que l'on risque de devoir accepter de mourir pour quelque chose de plus grand que nous. Cette notion n'existe pas chez les gens comme Calendula, c'est totalement incompréhensible pour elle et donc elle ne voit pas ce que c'est que l'altruisme.
    Une connaissance m'avait dit qu'il estimait avoir servi la patrie parce qu'il était ornitho et qu'il s'occupait des oiseaux. Je vous jure que c'est vrai. Et ce type gère des projets dont dépendent des millions de Suisses. Les autoroutes, par exemple...

  • Je leur souhaite de bonnes vacances. Mais ne pense pas que cedux qui ont subi cette barbarie aient encore envie d'y retourner. Et tous les touristes ont fait leurs bagages....

  • ceux à corriger svp.

  • J'ai "Les Bienveillantes" mais trop dur paraît-il! et je comprends le pourquoi après avoir lu ce passage... :( Je ne l'ai pas encore lu. Mais vu tellement de reportages Géo...

    " ce qu'ont fait les petits soldats allemands durant la Shoah"

    Au dernier sondage, les allemands - comme certains suisses dans cette blogosphère - disent qu'il faut tourner la page... c'est du passé..... Certains en ont même la nostalgie!

  • "Cette histoire est bouleversante et bien sûr emblématique d'une capacité à faire don de sa vie avec générosité."

    Cela s'appelle faire abnégation de sa vie pour sauver les siens.

    Beaucoup de femmes et d'hommes ont vécu durant la deuxième guerre mondiale de telles histoires Calendula!
    On appelle cela l'amour maternelle/paternel! Il est plus fort que tout même chez les animaux!

  • Patoucha@ Ne le lisez pas. Cela ne vous apportera rien. Le sujet principal du livre n'a aucune profondeur, comment pourrait-il en avoir ? Vous avez sûrement noté : "Je ressentais une colère folle, mais ne voulais pas m'en prendre à la petite, ni au soldat." Ben tiens...
    On y apprend cependant les divers phantasmes des nazis sur l'avenir du monde selon eux, quelques faits historiques supplémentaires...
    Je n'ai pas encore fini le livre. Je vous ferai signe si je change d'avis, mais ce serait fort étonnant...

  • 28/06/2015
    Tunisie: "d'autres attaques sont possible", avertit Londres

  • Après on nous dit que le gouvernement lutte contre les islamistes......

    http://observers.france24.com/fr/content/20150625-policiers-tunisiens-forcent-fermeture-cafes-pendant-ramadan-tunis-gammarth-monastir

  • @Géo,

    Il est intéressant de voir, ce qui frappe les autres commentateurs dans un texte relativement long!

    Vous avez, une fois de plus, tout compris de moi ! C'est admirable. Vous arrivez à percevoir ce que je peux comprendre ou pas.
    OK, dont acte.
    Mais laissez-moi encore quelque marge de mystère et daignez imaginer que mon être tout entier ne tient pas dans mon commentaire ci-dessus ! ;-)))
    Lorsque j'ai dit, que je ne le ferais "même pas par altruisme", cela signifiait, que c'est au niveau de réflexe.
    A mes yeux, l'altruisme est une pensée plus élaborée que le réflexe. Le véritable altruisme dépasse la simple dimension familiale ou celle du couple. Mais cela n'engage que moi.
    Ainsi, le soldat qui défend son pays (souvent par obligation, dans le passé) fait effectivement don de sa vie, mais il peut le faire parce qu'il y est contraint ou parce que c'est son métier. Cela n'enlève rien à la dimension d'abnégation, on est bien d'accord.

    Qui peut vraiment savoir ce qu'il/elle ferait dans moment, comme celui vécu par les cibles du terroriste en Tunisie ? On est dans l'hypothèse pure.

    Je ne suis effectivement que l'enfant de parents ayant vécu la guerre en tant qu'enfants et jeunes adolescents. En fait, née 10 ans après 1945, j'ai énormément entendu parler de la guerre et de ses conséquences. En cela, je ne suis pas aussi contemporaine que vous semblez vouloir le penser.
    Parent moi-même, j'ai quelque expérience dans le domaine du réflexe de protection envers ma progéniture.

    Merci aussi à Patoucha pour ses précisions.

  • Calendula, comment expliquer cette violence extrême ? Il faudrait le creuser sous différents angles pour éviter les schématisations. Je vais quand-même en faire une. En raccourci, les hommes sont en moyenne plus forts, plus "testostéronés" que les femmes, et ont la disponibilité pour se battre quand les femmes portent ou allaitent. De plus je soutiens toujours l'idée que c'est moins grave pour un groupe de perdre des hommes plutôt que des femmes, à cause de la nécessité de reproduction. Nous sommes profondément formés de cela, à mon avis.

    Je lis parfois que l'on n'a plus besoin de l'homme fort dans la société moderne. A voir l'état du monde je pense au contraire que l'on en a toujours besoin. Et l'homme fort n'est pas que le combattant, il est aussi le compagnon solide. Le fait de genrer cette attitude rappelle que les hommes ont eu et ont un certain rôle, et que je ne trouve pas cela réducteur pour autant. On voudrait aujourd'hui gommer les notions de force et de faiblesse, comme on veut gommer les distinctions masculin-féminin. Je pense que force et faiblesse font en réalité toujours partie de notre vocabulaire, mais de manière moins voyante et plus contournée, effet de la grande peur de la différence et de ses éventuelles discriminations - alors qu'il y a bien discrimination et c'est souhaitable. Chez les GI on ne prend pas les hommes en-dessous d'une capacité physique hors normes et c'est souhaitable. Imaginez une armée formée sur le culte actuel de la victime !!!... :-///

    Géo dit plus haut que ce qui fait un soldat est l'acceptation de sa propre mort éventuelle. Cela me paraît juste et fondamental. C'est une posture profonde peu raccord avec le narcissisme hédoniste et individualiste moderne. Les stéréotypes servent d'ailleurs à amplifier cela, et je suis d'accord. Le djihadiste est un soldat, ni plus ni moins, avec une dose de cruauté supplémentaire pour alimenter l'aspect médiatique de la guerre.

    Il est aussi plus facile de tuer quand on a un groupe qui nous y encourage. Seul, en conscience, aurait-il fait cela? Je laisse la question ouverte.

    "Ordinary love" : la situation est en effet extraordinaire. Mais Matthiew et Sarah semblent si ordinaires que ce geste instinctif de l'homme est bien dans son rôle immémoriel.

    Leurs enfants auront un jour une vraie fierté de leur père, et pourront reprendre les valeurs qu'il représente de manière positive. Je vois tant de jeunes peu fiers de leurs parents, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.

    Mais aujourd'hui la notion de fierté s'applique à n'importe quoi sans aucun mérite...

  • Merci Patoucha...elles ne savent pas que je les mentionne dans ce billet, mais elles seront mises au courant dès leur retour, sauf imprévu bien sûr...

    Quant à vous Géo, je promets d'essayer une mise à niveau d'ici cet automne afin de ne plus heurter votre intelligence.

    Bon été à tous, il est l'heure de ma déconnexion annuelle :-)

  • Après on nous dit que le gouvernement lutte contre les islamistes......

    http://observers.france24.com/fr/content/20150625-policiers-tunisiens-forcent-fermeture-cafes-pendant-ramadan-tunis-gammarth-monastir

  • Merci, hommelibre, pour cette réponse très complète, qui prend en compte l'ensemble de mon commentaire.

    J'en reviens encore à la violence extrême et déterminée, car le tableau dépeint par votre billet résume quelque chose de très fondamental.
    Un couple parental face à un homme seul, déterminé et armé.
    Le profil du tueur n'est pas encore très bien connu, mais il n'est probablement pas père, puisqu'il est très jeune. Il fait partie d'un groupe fanatisé, dans lequel on rivalise certainement, pour savoir qui est le plus cruel de tous. C'est une sorte d'armée d'un nouveau genre.
    Nous devons essayer de comprendre ce qui se joue là, pour pouvoir espérer que ça s'arrête.
    Il est fort probable, que la scène relatée dans votre billet s'est déjà jouée des centaines, des milliers de fois dans l'histoire de l'humanité. Ce qui est nouveau : le fait que nous en soyons au courant en ayant les images et le fait que ces groupes en jouent. ( Car ce tireur de Sousse n'est certainement pas un loup solitaire.) Et il y a la puissance des armes à disposition.
    Oui, ces terroristes ont la disponibilité pour se battre, ça c'est sûr ! Ils ont le projet de mettre à genoux un pays, qui vit beaucoup du tourisme. Je n'y vois pas de projet noble, pas de défense de leur patrie, pas de vraie nécessité. Ils en voient bien sûr une et qui est d'un ordre offensif.
    Je n'ai vraiment rien contre les hommes forts! Mais je sais bien qu'il existe plein de points de vue différents sur cette question et de niveaux.
    A quel moment un homme est-il fort ? En tout cas pas lorsqu'il se présente armé face à des civils sur une plage.
    Si on pense à un chef d'état, c'est effectivement une vraie question. Jusqu'à quel point la démocratie supporte-t-elle un chef d'état très fort, et cela en temps de paix ?
    P.ex. en Suisse, on n'est pas du tout dans la configuration de l'homme -chef d'état fort.

    Heureusement que nos pères n'ont pas besoin d'être aussi héroïques que Matthiew, si non nous ne pourrions pas être fiers d'eux. Ni même de nos fils ! Je dis cela, parce que nos vies de citadins du XXIème siècle ne nous donnent pas souvent l'occasion d'accomplir des actes forts.
    A chaque jour suffit sa peine.

  • Pour comprendre les motivations des terroristes, il est utile d'écouter ce qu'ils disent et les motivations qu'ils avancent, d'autant plus que ces motivations font également partie du processus de recrutement.

    Il ne faut pas analyser ces motivations au travers de notre propres filtres et référentiels, au travers de "notre vérité à nous", sous peine de ne rien comprendre.

    L'altruisme ne serait-il pas une capacité à envisager le futur ?

  • @Archi-Bald,

    Intéressant : l'altruisme comme capacité à envisager le futur. C'est à dire le contraire du "après moi, le déluge".
    Matthiew, le père de famille, a pensé à l'avenir de ses enfants et de son épouse.
    Les motivations explicites ("religieuses") avancées par les terroristes sont effectivement à prendre très au sérieux, mais j'aurais une autre piste à proposer, en relation avec votre idée de vision d'un avenir :
    Dans beaucoup de pays concernés par les violences, les hommes jeunes ont peu de perspectives, tant économiques que personnelles. Les femmes sont inaccessibles, ce qui expliquerait en partie les viols et autres attouchements furtifs permanents. Il y a même des pays, dans lesquels il n'y a pas assez de femmes pour chaque homme ( pour des raisons non-naturelles...).
    Même si on admet que le summum du bonheur n'est pas d'avoir une famille et un travail, il me semble que c'est malgré tout un objectif raisonnable. C'est la formulation moderne des besoins vitaux qui sont se nourrir et se reproduire. Dans les pays moins occidentalisés, la famille est une valeur forte, donc socialement très désirable.
    Si on n'a pas de revenu, pas possible d'entretenir une famille.
    L'oisiveté et le manque de perspectives peuvent pousser à se radicaliser et à espérer une vie meilleure dans l'au-delà.
    Ce genre de motivation ne va pas être exprimé publiquement. Imaginez un djihadiste dire : je fais ça, parce que je n'arrive pas à réaliser un projet plus constructif et terre-à-terre !

    Les radicalisés européens, dont nous connaissons en gros le parcours, n'entrent pas forcément dans ce schéma. Ils ont d'autres motivations, probablement dans le domaine identitaire.

    Je ne sais pas s'il est possible de se libérer complètement de nos filtres à nous, de nos lunettes. Mais comment ne pas se poser des questions ?!

  • "L'altruisme ne serait-il pas une capacité à envisager le futur ?"
    Oui, le futur de l'espèce. Ou le futur de notre nation au sens de "gens". Ou l'intérêt collectif avant l'intérêt particulier. Ou le sens et l'intérêt de la collaboration sociale pour survivre. Les loups chassent de façon altruiste...

  • Calendula, oui, la scène s'est certainement jouée des milliers de fois. D'ailleurs des femmes ont aussi pu protéger leur homme, même si globalement l'inverse est plus programmé socialement et biologiquement. Les rôles ne sont pas étanches, je pense que c'est une prévalence plus qu'une répartition absolue et cloisonnée.

    J'imagine qu'avant l'ère technologique et ses outils rapides de diffusion de l'information, ces cas pouvaient être racontés par des témoins et devenir des faits de légendes générateurs d'une culture et servir de supports pédagogiques par le modèle.


    Les mécanismes individuels du passage à l'acte violent sont certainement complexes. Les hommes y sont plus enclins pour les raisons précitées. Les hommes violents sans causes (comme les femmes, semble-t-il) souffrent de pathologies, d'alcoolisme, de frustrations psychologiques, etc. Mais les aspects naturels et culturels ne justifient pas n'importe quelle violence et nous sommes bien d'accord sur cela.

    Pour les aspects collectifs il peut y avoir des raisons idéologiques (y compris religieuses), des raisons économiques (besoin de trouver de la nourriture), de reproduction, bien que la violence n'ait pas forcément été le seul moyen pour cela. Les chrétiens n'ont pas utilisé la violence pour diffuser leur foi, du moins au début du christianisme. L'islam, en comparaison, s'est diffusé dès ses premières années par la violence et la conquête. Il y a eu une volonté culturelle de légitimer la violence et la domination.

    Aujourd'hui la violence de l'EI est celle d'un des courants de l'islam, d'abord contre les autres courants. Derrière la lutte pour la pureté religieuse il y a la lutte de pouvoir. Ensuite il y a des motivations anti-occidentales beaucoup plus politiques, et des envies de pureté ethnique et spirituelle, des revanches à prendre (légitimes ou non), et oui d'expulser les non-musulmans des terres d'islam.

    Je souscris à votre analyse sur les conditions socio-économiques, qui jouent aussi pour une part. Peut-être aussi le niveau de développement intellectuel de certaines populations. Quand je lis ce que Pachakmac écrit sur son blog, je suis étonné d'une telle simplification intellectuelle, par exemple:

    "la perte des valeurs humaines dans nos sociétés robotisées et axées sur un matérialisme outrancier..." : laisser les gens dans la pauvreté en fera de bons soldats imprégnés de frustrations. La condamnation du matérialisme alors que celui-ci a facilité la vie de nombreux humains n'est plus crédible. Cela marchait dans les sixties, plus aujourd'hui alors que la prospérité est moins garantie. Et puis, sociétés robotisées? Ce concept enfantin sert à créer mentalement de nouvelles vagues de victimes prêtes à en découdre avec ladite société. Ah, le mythe de la méchante société qui écrase le gentil individu... du rousseauisme à bon marché.

    " (le coran) est source spirituelle magistrale d'un combat personnel contre l'avachissement, la corruption": un grand classique, les purs contre les pourris. Manichéisme indispensable pour se poser en juste et éradiquer l'impur qui pourrait nous contaminer.

    Etc.

    Si un esprit formé en occident - donc, on peut le supposer, à une certaine autonomie de pensée - peut dire cela sans état d'âme, sans plus d'analyse ni de réflexion, on doit s'attendre à encore plus de radicalité dans le désert d'Irak. Et l'on comprend à quoi sert la soumission à leur religion : à maintenir une pensée primaire, simpliste, manipulable facilement.


    Le mélange de tout cela est difficile à désamorcer.

  • @hommelibre,

    Le tableau que vous dépeignez est complexe, mais certainement réaliste. Ce que nous vivons actuellement est effectivement le résultat d'une quantités énorme de facteurs et c'est un mélange explosif.

    Dans ma jeunesse, on utilisait des mots comme "sous-développement ". Maintenant on ne l'entend plus, mais la réalité est bien là, tant au niveau des individus que de la capacité à gouverner. Les luttes pour le pouvoir arrivent plus facilement, lorsqu'un gouvernement est affaibli.

    S'imaginer être citoyen ou habitant d'un pays comme la Libye, la Syrie, l'Irak ... Ca signifie souvent être en fuite, quelle que soit sa religion.
    L'instrumentalisation de la religion est un facteur tellement pesant, que nous devrions en tirer des conséquences claires.
    A ce stade, il me semble que seule une sorte de neutralisation provisoire de ce sujet chez nous, là où nous pouvons agir légitimement, peut assurer
    la sécurité de tous.L'aspiration à la spiritualité et au respect de la pratique religieuse doit pouvoir rester dans la sphère privée.
    La laïcité est un mot tellement galvaudé et il est de bon ton de la remettre en question au nom de la liberté. Longtemps, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un thème secondaire ou théorique.
    J'ai changé d'avis : on n'a plus le choix. En l'état, la question religieuse sert à brouiller les cartes, à tuer, à justifier une cruauté extrême.
    Il est inutile de se mettre à comparer les religions sur la place publique, à dire laquelle est la meilleure, la plus belle, la plus sage et la plus pacifique et aimante. Ces valeurs-là semblent être généralement approuvées et recherchées et proclamées avec aplomb.
    Les communautés religieuses pourraient prendre leurs responsabilités et dénoncer les apologistes de la violence à la justice. A mes yeux, ce serait cohérent avec l'idée d'amour et de paix. Aider à préserver la sécurité de ses concitoyens et voisins me semble un projet plutôt acceptable.
    Avec ça, on n'a pas fait le tour du problème, mais il faut entreprendre beaucoup de démarches et commencer quelque part et tout de suite.

  • "La laïcité est un mot tellement galvaudé"

    Elle l'est même au Comité des droits de l'homme de l'ONU vu qui le chapeaute.

    "Les communautés religieuses pourraient prendre leurs responsabilités et dénoncer les apologistes de la violence à la justice."

    Je n'ai pas compris ce pluriel, Calendula?!!!!

    "L'oisiveté et le manque de perspectives peuvent pousser à se radicaliser et à espérer une vie meilleure dans l'au-delà."

    Parce que tous les jeunes oisifs, en manque de perspectives dans le monde se munissent de Kalachnikov et abattent les gens? Toute la jeunesse a un passage à vide, mais ce n'est pas pour autant qu'elle de mue en tueurs!

  • "qu'elle se mue..."

  • Bonsoir Patoucha,

    Pourquoi le pluriel à "communautés religieuses " ? Un peu par ironie. (je crois que ça a bien passé, à lire votre réaction )

    "L'oisiveté etc peuvent pousser " : tout est dans le "peuvent".
    En effet, je n'excuse rien, j'essaye juste de m'imaginer comment des jeunes hommes peuvent devenir des monstres. Ils n'ont pas grand chose à perdre.
    L'oisiveté peut pousser à trop manger, à fumer, à boire de l'alcool, à devenir accro d'internet, de jeux vidéo ou d'autres substances.
    Je n'ai jamais vécu dans un pays gangrené par la corruption et sans perspectives économiques en étant moi-même peu instruite, mais je peux m'imaginer que si on vit dans de telles conditions, on peut craquer face à un discours religieux habilement présenté. Rien de plus, rien de moins.

    Le chômage des jeunes est un vrai gros problème, même en Europe, et j'espère qu'on arrivera à le diminuer.

  • Ouaiiiiis très drôle.. "... sauf imprévu bien sûr..." LOL

    "Bon été à tous, il est l'heure de ma déconnexion annuelle :-)"

    Merci pour moi! Bonnes vacances de déconnexion.... :)

  • En 2011 Michel Garroté a écrit ce paragraphe sur la Tunisie:

    "Le péril islamique qui plane sur la Tunisie, en revanche, devrait nous inquiéter. L’Occident ne peut pas se permettre, de voir se produire en Tunisie, ce qui s’est produit en Iran, en 1979. Car la contagion serait pratiquement irréversible au Maroc, en Algérie, en Egypte et en Jordanie. L’ex-dictateur tunisien Ben Ali s’est planqué en Arabie saoudite avec sa clique et avec des tonnes de lingots d’or. Bon débarras, au moins en ce qui concerne l’ex-dictateur (pour les lingots, on avisera ; de toute façon, les avoirs du clan Ben Ali à l’étranger sont estimés à plus de 500 millions US$). Mais laisser revenir l’islamiste Rachid Ghannouchi en Tunisie est totalement irresponsable.

  • @ Calendula

    "Un peu par ironie."

    Ce n'est pas ce qui m'a semblé car, en général, l'ironie ne m'échappe pas. Mais si vous le dites.....

    "comment des jeunes hommes peuvent devenir des monstres"

    Par manque d'amou, d'éducation et l'analphabétisme aidant Calendula. Quand on est une machine à faire des enfants pour remplir la terre il n'y a pas de place à l'amour et encore moins à celui des enfants.

    "L'oisiveté peut pousser à trop manger, à fumer, à boire de l'alcool, à devenir accro d'internet, de jeux vidéo ou d'autres substances."

    La cause est la démission des parents. Vous oubliez que pour combler cette oisiveté, tout est dans le "peut"....
    il faut de l'argent.

    Bonne soirée. Je passais!

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