Une grosse chaleur est annoncée pour cette semaine. Episode caniculaire extrême et précoce. Normalement les canicules surviennent vers la fin du mois. Mais le ciel fait parfois le grand écart.
Comme en 1976, année de la grande sécheresse. On était alors à la fin d’un cycle climatique frais de trente ans intercalé dans le réchauffement commencé au siècle précédent, à la fin du petit âge glaciaire. Ce réchauffement ramenait progressivement les températures vers les valeurs normales de l'optimum médiéval ou de l'optimum de l'holocène.
L'année 1947 avait déjà été exceptionnelle et marquée par des records de températures et de durée de la chaleur. Selon les archives des relevés météo réunies sur le site meteopassion.com, dont les images sont extraites, l’hiver 1975-1976 avait été peu humide. Une situation anticyclonique bloquée déviait les perturbations. Cette situation a duré pendant des mois de manière presque continue. Le printemps n’a pas reçu davantage de pluies.
On arrive en mai et la température monte. Dès les premiers jours on relève presque 30° en Aquitaine. Une haute pression pompe l’air chaud du Sahara jusqu’en Laponie (image 1, cliquer pour agrandir).
En juin la catastrophe est visible du sud au nord. Les prairies commencent à ressembler à de vagues paillasses jaunies. Dans les champs les vaches tirent la langue à la recherche d’un coin de verdure. Le thermomètre continue de grimper. L’image 3 de fin juin ressemble à celle d’août 2003.
L’eau manque aussi pour les centrales hydro-électriques, qui baissent leur production. Les quelques orages de fin juin font des dégâts aux cultures encore en place – celles qui ne se sont pas desséchées en plein champ.
Dans les piscicultures les poissons meurent par milliers. La saison des foins tourne à la désolation. Incapables de nourrir leurs bêtes des agriculteurs se suicident.
L’armée commence à acheminer de la paille pour sauver le bétail.
Juillet voit la situation s’aggraver. Nouvelle remontée d’air chaud du Maghreb et la barre des 40° est atteinte à Arcachon. Sur la Garonne des péniches ensablées gisent sur les berges.
Paradoxe apparent, la Russie connaît alors des inondations. Comme souvent, l’eau absente dans une région se déverse sur une autre.
Début août sécheresse et chaleur continuent. La forêt brûle. Le changement n’intervient qu’au début septembre 1976. L’air chaud commence à se retirer. Le bilan financier est d’environ 100 milliards de francs de l’époque. Un impôt sécheresse sera créé.
Et 1976 restera comme l’année d’une sécheresse mémorable.
Commentaires
Ainsi va la nature. Et je suis sûr que grand nombre de Suisses ont déjà fait leur réservations pour les prochaines vacances dans des contrées traditionnellement encore plus chaudes.
Bonjour John,
Merci pour cette série de sujets raffraichissants ! :)
J'avais fait à l'époque un petit sujet pour tenter d'expliquer pourquoi notre climat est chaotique et pourquoi on ne doit pas s'étonner des maximas ou minimas extrèmes qui peuvent parfois se produire. Je me permets une petite pub chez vous.
http://leblogdekad.blog.tdg.ch/archive/2013/02/14/les-normales-saisonnieres.html
Merci pour ce lien Kad.
J'y reviendrai encore, et aussi sur la notion de normale qui est assez troublante à bien des points de vue.
Bien à vous.