La presse spécialisée et l’ensemble des médias nous tiennent régulièrement informés d’événements très importants. Vraiment très, très importants. Par exemple, le nom du lapin d’une des filles Kardashian. C’est Bruce. 

La cour des miracles

Les Kardashian sont des filles d’une même famille qui font leur trou dans la téléréalité. La plus connue, Kim, expose régulièrement ses fesses énormes sur internet. On finit par regarder cela comme la cour des miracles du XIXe siècle: on exhibait la femme à barbe, elephantman, le nain albinos, l’homme aux deux pénis et la femme à trois seins. Bon, si certains aiment ça, ça les regarde. 

Kim Kardashian n’a strictement rien fait de particulier et d’intéressant à part gagner des millions – oui des millions – en se faisant filmer pendant qu’elle fait du shopping, qu’elle regarde la télé, qu’elle se fait les ongles, enfin toutes choses qui méritent de toute évidence un engouement planétaire. La famille cartonne sur le net et sur Facebook. Impossible de surfer sans être régulièrement interpellé par ses fesses ou ses seins. On n'est pas obligés de regarder mais un tel matraquage finit par intriguer. Alors surfons sur le narcissisme triomphant, jusqu’à boire la tasse.

La soeur de Kim Kardashian, Kylie Jenner, a 18 ans. Pour son anniversaire son petit ami, un rappeur plein aux as comme il se doit, lui a offert une Ferrari. Magnifique voiture de haute technologie. Mais recevoir une Ferrari de près de 300’000 dollars à 18 ans cela n’a pas de sens commun. Ok, c’est probablement le prix à payer par un black pour coucher avec la blonde riche. Comment peut-elle comprendre la valeur des choses? Impossible. Elle et ses amis sont quelque part déconnectés de la vie réelle, alimentés par les seuls fantasmes d’un public avide d’insignifiance. Ces gens vivent entre eux dans une telle autarcie que leur pensée n’est plus qu’une soupe, un mix d’ingrédients vaguement à la mode. Leur seul contact avec le monde est la mise en ligne de leur tas d’or, de leurs fesses et de leurs seins.

John Brown

Alors apprendre que le lapin de la demi-soeur de Kim s’appelle Bruce est encore un moindre mal en comparaison de Daech. Mais quand-même, un présentateur de la chaîne Fox 35, John Brown, en a eu ras-le-bol. Il a quitté le plateau:

«Je passe un bon vendredi, donc je refuse d'entendre parler des Kardashian aujourd'hui. J'en ai marre des Kardashian, Je n'en peux plus de tant d'histoires sur les Kardashian dans ce programme, a-t-il lancé, lundi 10 août, sous le regard médusé de sa collègue. Stop ! Cette famille, elle me rend malade !»

On le serait à moins!

Entre celles qui postent une photo de leur cul tous les trois jours sur Instagram et celles-ci, il y a de quoi avoir la gueule de bois.

L’écoeurement est de mise suite à cette hypermédiatisation narcissique et bêtifiante de gens qui n’ont d’autre qualité que de jeter leur opulence à la face du monde. Je ne suis pas contre l’argent, je n’ai pas de détestation des riches comme principe politique. Certains, à l’instar d’Elon Musk et de sa voiture électrique Tesla, sont des moteurs de l’innovation et de l’investissement. Chacun sa condition, chacun fait au mieux avec ce qu’il a. Cette philosophie du contentement me paraît saine.

Mais autant d’insignifiance, insignifiance qui n’est possible que parce que ces gens ont des fortunes colossales, à un moment, c’est l’écoeurement qui vient. La saturation. Trop manger fait vomir. Et enfin un présentateur télé vomit le trop de Karda-chiant et consorts. Il la vomit pour nous, spectateurs de l’ombre, écoeurés, au bord du vomissement nous aussi.

Merci John Brown.