Il y a El Niño, La Niña, et il y a le Blob. El Niño, tout le monde connaît. C’est un transfert des eaux chaudes du Pacifique ouest vers les côtes du Chili et parfois d’Amérique centrale. La Niña c’est l’inverse. Le grand océan balance de l’un à l’autre. Mais le Blob, c’est quoi?
C’est une tache rouge de grande surface. Rouge parce que chaude. Elle s’est installée depuis quelques années dans le nord-est du Pacifique, le long de la côte ouest du Canada et des Etats-Unis.
Cette large zone qui occupe le golfe de l’Alaska et se ramifie parfois jusqu’en Asie ou en Californie est cause des sécheresses qui touchent l’ouest américain et de la douceur exceptionnelle relevée à Vancouver.
En effet le Blob est la conséquence de hautes pressions quasi permanentes et très stables sur la zone. Ces hautes pressions freinent l’évaporation de l’eau. Pas de vent, pas de nuages: rien ne vient dissiper cette chaleur et le soleil tape sur la surface comme un marteau sur un clou.
Autre conséquence de cet anticyclone bloqué: le courant jet le contourne. D’une part, sur son flanc ouest, de l’air plus doux passe le détroit de Behring et file vers le Pôle nord. Les glaces fondent. D’autre part l’air polaire froid descend sur le centre et l’est du continent nord-américain. D’où ces derniers hivers exceptionnellement froids et neigeux.
El Niño
On connaît mal la raison des situations météorologiques bloquées. Les systèmes climatiques, dont la météo est un interface, sont d’une très grande complexité. Par contre on connaît mieux, pour les avoir observées, les variations cycliques.
L’une d’elle est l’oscillation nord-pacifique. Elle fait varier les masses d’eau chaudes et fraîches entre l’Amérique du nord et l’Asie et influe sur les pressions de l’air. Le Blob en serait la conséquence. L’autre est l’oscillation australe. Elle influence El Niño et La Niña. Le tout fait varier les tendances climatiques sur de vastes parties de la planète et sur des cycles pouvant durer plusieurs décennies.
El Niño est revenu depuis ce printemps (image 2 - cliquer sur les images pour agrandir) et semble vouloir égaler en force celui de 1998, mais pas encore celui de 1983. L’épisode de 1998 avait provoqué un pic à la hausse des températures mondiales en libérant sa chaleur dans l’air. Il avait été compensé par une Niña intense en 1999. On voit sur l’image 3 que les épisodes très intenses d’El Niño depuis le début des années 1980 correspondent à chaque fois à une poussée des températures mondiales relevées.
Pluie sur Vancouver
On constate que depuis le renforcement d’El Niño les hautes pressions nord-atlantiques se sont dégonflées. En place il y a actuellement de fortes dépressions comme le montre l’image 4. Le déplacement des masses d’eau chaude interagit avec les pressions de l’air. Il serait intéressant de connaître les variations de température de l’eau et de l’air, et leur surface éventuelle, après le passage de l’ouragan Patricia. Il a envoyé vers la stratosphère de grandes quantités d’air chaud par évaporation et par aspiration.
Le résultat de la balance qui s’opère depuis le nouveau El Niño est que la pluie est revenue sur Vancouver. Le doux continue: c’est l’influence océanique. Mais le courant jet se déplace et l’hiver prochain pourrait être plus clément sur le centre des Etats-Unis.
A vérifier cet hiver.