On était préparé. Depuis plusieurs mois et semaines quelques médias l’avaient annoncé. La maladie a eu la peau de Michel Delpech. Il est mort hier à 69 ans. Nostalgie.
Le chanteur sympathique avait gardé ses fans sans séduire outre mesure les plus jeunes générations, comme d’autres le font. Pour lui l’essentiel n’était pas là. Ce fils d’artisan chromeur avait démarré lentement. Deux 45 tours de l’époque (des vinyls avec 2 ou 4 chansons) qui se vendent mal. Et puis le déclic en 1966 avec Chez Laurette.
En même temps Inventaire 66 lui sert de tremplin absurde; une chansons dans la veine des Elucubrations d’Antoine, sorte de listing abscons et amusant. Un genre atypique qui vaut parfois le succès, mais un succès de courte durée.
Or Michel Delpech a connu plus que cela puisqu’il a sorti quelques plages qui ont fait son répertoire particulier, agréable à entendre, porté par sa jolie voix. Et puis il y a eu Wight is Wight. Cette chanson qui parle du grand festival hippie de l’île de Wight fut un immense succès. En 1971 il est l’un des chanteurs de première partie de la série de concerts d’adieu de Brel à l’Olympia. Michel est en orbite.
Suivent Pour un flirt, Les Divorcés, Que Marianne était jolie, suivis deux ans plus tard par Le Chasseur, Le Loir-et-Cher et Tu me fais planer.
En 1976 un divorce le laisse ko. Il retrouve Dieu, le Bouddhisme et surtout le Christianisme, qui ne le quittera plus. Un disque de chansons d’auteurs américains comme James Taylor en 1979 ne peut le remettre au sommet. Il participe alors au Ethiopie avec Chanteurs sans Frontières, pour lever des fonds pour ce pays en grande détresse de famine. C’est probablement le début des band caritatifs.
Il ne fera plus vraiment la une, malgré quelques tentatives. Après les années 2000 quelques nouveaux chanteurs revendiquent son influence. Un disque de duos avec Souchon, Bénabar, Cabrel et d’autres se vendra à 200’000 exemplaires. En 2012, une tentative au cinéma, qui n’a pas laissé de trace. D’ailleurs il disait de lui-même: « Je n’ai pas laissé une oeuvre », comme un Brassens ou un Brel qui restaient les piliers de la chanson française.
Dès 2013 il est atteint d’un cancer de la gorge, auquel il vient de succomber à l’âge de 69 ans. En mars dernier il pensant encore s’en sortir. La vie va parfois autrement.
Alors, c’est vrai qu’il n’a pas laissé une oeuvre aussi marquante que d’autres, mais on se souviendra de quelques perles et de sa voix chaude et agréable.
Après hésitation je choisi finalement trois standards: Le Chasseur à la belle mélodie et Chez Laurette, chaleureuse, et mémoire d’un bistrot que chacun a pu connaître à un moment. Chacun a pu avoir sa Laurette. Et enfin Les Divorcés, fable bien jolie pour un drame qui d’habitude laisse du sang et des larmes.
Le chasseur, sorte de déclaration écolo-coupable:
Chez Laurette, l'inoubliable, que vous retrouverez sur toutes les bonnes compilations:
Les Divorcés, trop beau pour être vrai: