Ce n’est pas si vieux. C’était en 2010. Nicolas Sarkozy avait alors envisagé d’étendre le dispositif et d’appliquer le retrait de nationalité aux doubles nationaux en cas de crimes graves.
A l’époque François Hollande, tout en verve (cela lui arrive), prenait la mouche sur cette possibilité. Il était alors candidat aux primaires à gauche. Ses questions étaient pertinentes:
« Est-ce que ça va améliorer de quoi que ce soit la protection et la sécurité de nos concitoyens? C’est ça finalement, la première question. Est-ce que, en faisant une déchéance pour tel ou tel individu en nombre limité, on va permettre à ceux qui sont exposés aux agressions tous les jours d’être davantage protégés? Non. Est-ce que c’est conforme à notre histoire, à nos traditions, à notre Constitution quand on sait que depuis 1889 la nationalité française, elle s’exerce par la naissance et elle s’acquiert quand il y a mariage au bout de quelques années après un contrôle? Pourquoi remettrait-on en cause ces principes essentiels? C’est attentatoire à ce qui est la tradition républicaine et c’est en aucune façon protecteur pour les citoyens. »
A ce rappel la porte-parole du PS, Juliette Méadel, répond que la déchéance n’aura qu’un effet dérisoire mais une forte portée symbolique.
Manger son chapeau évite la famine. Mais gouverner par symboles n’est ni rationnel ni ce que l’on demande aujourd’hui à des élus. En outre si en 2010 François Hollande défendait l’esprit de la République et dénonçait l’inutilité de cette mesure, pour quelles raisons a-t-il à ce point changé d’avis? En quoi l’esprit de la République a-t-il changé en six ans? Pourquoi ce qui était inutile, dérisoire, contraire à la France en 2010, est-il si adéquat et important aujourd’hui?
On croyait Moi Président campé sur une posture morale et sur les grands principes. On voit qu’il n’en est rien. C’est un squatteur de la politique comme bien d’autres. Les grands principes sont à la cave.
On sait que la ministre de la culture Madame Fleur Pellerin a été démise du gouvernement sans qu’elle en soit prévenue, sans une discussion, recevant l’annonce cinq minutes avant sa publication officielle et sa diffusion aux médias. On constate une forme de mépris du président et de son premier ministre à l’égard de celle qu’ils ont eux-mêmes appelés aux affaires publiques. Un président normal, un Moi Président aussi soucieux de morale et d’être proche des gens, devait-il se permettre un comportement aussi peu social? Fleur Pellerin avait-elle commis une faute?
Oui. On se rappelle sa méconnaissance de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature en 2014. Je n’en suis pas choqué: j’ai essayé de lire Modiano et je n’ai jamais pu aller plus loin que quelques pages. Son écriture n’est pas ma tasse de thé.
Mais surtout elle n’a pas tenu sa feuille de route. En effet dans une vidéo prise à l’arraché lors de l’intronisation de Madame Pellerin, Fanfrelande lui désignait sa mission ministérielle comme suit: il faut se taper plein de spectacles et flatter les artistes, ils ont besoin qu’on les aime. Et cela les fera voter dans le bon sens en 2017?
Madame Pellerin dit aujourd’hui elle-même, avec un humour grinçant:
« J'avais pris ces mots du président pour une boutade, en fait ils étaient ma feuille de route. »
La politique selon Hollande serait-elle de prendre les gens pour des idiots?
Image 1: Carali dans Siné Mensuel
Commentaires
"La politique selon Hollande serait-elle de prendre les gens pour des idiots?"
Si vous l'avez écouté ce soir de 18h00 à 20h00 sur Franceinter, la réponse est oui. Évidemment. Comme je ne suis pas masochiste, quelques minutes auront suffit pour répondre à votre question.
Si l'on pense que Sarkozy a fait également beaucoup de volte face opportunistes on est en droit de penser que les politiciens qui deviennent président en France, on toujours pris la populace pour des idiots.
On peut même penser qu'ils ont un peu raison puisque ils se sont fait élire à la fonction suprême, malgré ou à cause de ce comportement.