Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nouveau : le préjudice de déception

Audrey habite en Dordogne. Elle est passionnée par la cuisine et pense être à même de concourir dans l’émission Dans la peau d’un chef sur France 2. Voici les faits tels que relatés dans la presse.

 

michalak02.jpgCasting

Elle remplit un questionnaire. Elle indique, selon elle, qu’en plus de son engouement pour la cuisine elle est autoentrepreneur et produit des caramels au beurre salé. En août 2015 le casteur l’informe que son casting est positif. Elle l’annonce à ses proches. En septembre on l’informe par courriel qu’elle sera contactée pour les enregistrements de la saison à venir: « Les enregistrements pour la saison étant terminés, nous vous recontacterons aussitôt que nous aurons une date de tournage à vous proposer pour la saison qui arrive. » Et puis plus rien. 

En début d’année elle relance la chaîne. On lui annonce que le casteur n’est plus en poste et que son dossier pose problème. Son activité de production de nourriture interdit sa participation à l’émission. Audrey est surprise. Elle dit avoir annoncé son activité. Initialement cela ne semblait pas poser de problème.

« J’étais abasourdie, poursuit Audrey. Je ne l’ai jamais caché ! Dès le premier entretien en 2015, j’ai parlé de ma production de caramel et ça ne m’a jamais été reproché, au contraire. D’ailleurs, aucun règlement de ce type n’est accessible. Ils ont juste brisé mon rêve. »

 

 

michalak02-caramels.jpgProcès

Elle s’estime victime d’un préjudice de déception et intente une action en justice contre les producteurs de l’émission. Réponse des producteurs, la société Food Productions:

« Cette candidate n’a pas de suite précisé le domaine de son autoentreprise. Elle a retenu notre attention, mais elle n’a jamais été sélectionnée. Nous n’avons rien fait qui ait pu lui nuire. Si c’était le bon profil, nous l’aurions gardée. »

L’avocat commis par Audrey avait obtenu en 2013 que la justice indemnise une lauréate d’une loterie n’ayant pas reçu son lot, un voyage. Une loterie est une prestation claire. L’achat d’un billet vaut contrat. Si vous donnez de l’argent pour un ticket, et si ce ticket gagne un prix, vous devez le recevoir, sans quoi il y a perte de la prestation à laquelle cet argent donne droit. Le prestataire de loterie est engagé par votre argent, dont le ticket est la preuve.

Mais peut-on considérer que le refus à un casting est du même ordre? Les responsables d’un télé-crochet sont-ils maîtres à bord de leur entreprise? Peuvent-ils prendre leur temps, hésiter, garder un candidat en première lecture du dossier, puis le recaler en deuxième lecture? À mon sens oui. 

 

 

michalak03-déception.pngDéception

 

Le casteur de Food Production a peut-être mal évalué les informations, ou pas. Mais tant qu’il n’y a pas d’engagement précis et écrit rien n’est définitif. Je doute d’ailleurs que la chaîne ait proposé un contrat de participation aux enregistrements au simple stade d’une intention. 

Nous verrons ce que le tribunal décide et s’il estime d’abord que cette plainte est de son ressort. Pour ma part je pense qu’un préjudice de déception est une considération fondée sur l’irresponsabilité de la candidate. Combien de choses en lesquelles nous plaçons notre foi ne se réalisent pas?

Pourrait-on par exemple poursuivre en justice un conjoint ou une conjointe qui rompt unilatéralement une relation de couple, sous prétexte de déception? Ou le Père Noël s’il n’apporte pas le cadeau désiré? Même pas. Pourtant les déceptions peuvent être terrible.  

S’il est naturel de vouloir faire aboutir un projet il se peut toujours qu’il échoue. La déception, la frustration, font partie des ressentis que nous devons apprendre à gérer par nous-mêmes. En faire porter la responsabilité à d’autres et tenter de monnayer cette déception en justice me paraît tout sauf raisonnable. À moins qu’il ne s’agisse d’une pub déguisée pour médiatiser son entreprise. Par les temps qui courent, allez savoir.

 

 

1 commentaire

Commentaires

  • Et le préjudice d'être ridicule, ça c'est sûr qu'on ne le reconnaîtra jamais ! Imaginez un peu la dimension des tribunaux.

Les commentaires sont fermés.