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François Hollande, opaque, si opaque...

Peut-on être à la fois grand chef et petit candidat? À Paris, éternel nombril de la France, on voudrait faire coexister les ors de la République avec la cantine de Michelin. Difficile oxymore: faire peuple et assumer l’image tutélaire de père (ou mère) de la nation. C'est l’image du monarque républicain.

 

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On voudrait l’apparat, les signes extérieurs d’importance, la stature qui convient à un dirigeant d’une nation qui a influencé l’Histoire de l’Europe et du monde. Mais on voudrait en même temps quelqu’un à l’écoute du peuple. Un président normal, quoi. 

Difficile conjugaison. Le gloubi-boulga de la primaire à gauche en est l’illustration. Beaucoup s’en réclament mais peu aimeraient y goûter. Parce que s’y soumettre contient le risque d’être éliminé de la course finale, et donc de perdre une tribune importante de la vie politique française.

L’élection présidentielle est le marqueur politique majeur de l’hexagone. Tout en découle: les législatives, les majorités, le programme de législature. Le système électoral de la cinquième république confère au président élu une majorité presque automatique.

La France craint la proportionnelle. Elle implique des coalitions, des débats, des négociations, des compromis, des lenteurs. Or, on le constate malheureusement presque tous les jours, les politiciens français ne débattent pas: ils ne savent pas le faire. Ils confondent invective et mise en question des idées, stigmatisation et arguments.

 

 

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La France semble attendre toujours l’homme providentiel. Les thèmes de campagne le montrent. Le changement c’est maintenant: en 2012 François Hollande avait remis le couvert. Changer tout, comme si à chaque fois il s’agissait de sauver la France. Le discours défaitiste est toujours de mise lors d’élections chez nos voisins, et dans le ring électoral celui ou celle qui assène l’uppercut est crédité de compétences imaginaires.

Dans cet esprit les primaires sont intéressantes. Elles pourraient à terme réduire l’aspect monarchique de la politique française. Elles montrent la capacité d’un candidat ou d’une candidate à fédérer dans son propre camp. Il y a soit un quitus soit une sanction pour le président sortant. Sa politique est validée ou non et sa personnalité est examinée à l’aune des cinq années écoulées.

Ainsi il n’y a pas de candidat naturel. C’est une expression abusive. Il n’y a rien de naturel au sens de cela est ainsi, ou de cela doit se faire parce que c’est la nature irrépressible des choses. Il n’y a rien de naturel à être candidat: c’est le résultat d’une volonté personnelle, avant d’être celle d’un groupe.

 

 

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Fanfrelande devrait donc cesser de laisser le flou. D’autant que ses propos en 2011 étaient sans équivoque:

« Oui. C’est un principe désormais inscrit dans le temps et l’espace politique. Nicolas Sarkozy devrait se l’appliquer, mais il ne serait pas sûr d’être désigné. Je comprends sa prudence… »

Que doit-on dès lors comprendre de la prudence actuelle du président, qui avance à petits pas, comme à son habitude? Souvent homme politique varie…

En 2012 le candidat Hollande promettait beaucoup:

« Ma gauche est une gauche de rassemblement : elle ne divise pas, elle n’oppose pas. Je ne veux pas passer d’une présidence brutale à une gauche agressive. Je veux une gauche qui apaise. »

Côté rassemblement et apaisement des français, et de la gauche elle-même, c’est compromis. La  brutalité du débat sur le mariage homosexuel n’a rien eu d’apaisant. 

 

 

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Cela dit, et c’est plutôt une bonne chose: un jour on remerciera François Hollande d’avoir cassé le logiciel anti-libéral du parti socialiste. Conséquence: une fracture à gauche, profonde, durable. Une gauche divisée qui doit se redéfinir et se moderniser, alors que beaucoup reprennent le logiciel des luttes de classes et de Grand Soir.

Le président ne peut être un candidat naturel parce qu’il ne fédère plus. Il doit passer par la primaire. Et même s’il avait la faveur des sondages, une primaire lui insufflerait un supplément d’aura pour la présidentielle. Un président redevenant un simple candidat et se soumettant à l’avis de ses pairs? Voilà une bonne nouvelle. Un peu plus de liberté d’esprit chez les électeurs et électrices, un peu moins de monarchie et d’attente du sauveur.

François Hollande, président normal, se présentera-t-il? Et se soumettra-t-il à la primaire – une primaire qui devrait être limitée aux seuls militants socialistes puisqu’il n’y a pas de projet commun à gauche? Je comprends qu’il n’annonce pas sa candidature trop tôt (s’il y retourne): il est encore supposé présider et n’est pas en campagne. 

Mais il serait si simple de confirmer ses propos de 2012. Il n’y aurait ni jeu politique ni équivoque. François Hollande serait dans la logique de son élection. Allez, suggestion: il pourrait déjeuner à la cantine de Michelin et annoncer sa participation. 

Il ferait peuple. Il ferait même presque normal. Pour cela, il faudrait que, chantre de la transparence politique, il soit lui-même un peu moins opaque.

 

 

 

Catégories : Politique 2 commentaires

Commentaires

  • S'il ne revient pas sur ses déclarations, François Hollande ne pourra pas être candidat car le chômage ne peut que continuer à s'aggraver. C'est mathématique et il est difficile de comprendre comment les politiques peuvent continuer à appeler de leur voeux le plein emploi et la croissance alors que les grosses entités économiques comme le FMI et les pontes du forum de Davos annoncent une réduction de près de 40% des postes de travail d'ici 2025.
    Ce décalage est préoccupant et ne fait que mettre en évidence l'impuissance politique inféodée à une économie prédatrice qui devient presque caricaturale avec les consultations très secrètes des traités transatlantiques qui devraient reléguer le troisième pouvoir à des fonctions sécuritaires. La justice n'aura plus son mot à dire dans les questions économiques qui devraient être traitées par des tribunaux privés qui considéreront ces traités comme leur bible constitutionnelle.

  • Je croyais le président élu être le président de TOUS les français ! Or voilà qu'une partie de son mandat sera consacrée à une campagne partisane -avec les deniers de la république? - pour accéder à un statut de candidat désigné ! Président ordinaire, très ordinaire. Mais une telle campagne serait indigne de la fonction. Va-t-il renoncer à telle ou telle réunion européenne, visite internationale ou autre événement d'urgence pour participer, français ordinaire , à je ne sais quel meeting ?
    J'ai toujours cru que le président avait en charge le bien de la nation, la protection de sa population ! et sûrement pas de participer à une nième réunion partisane.

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