Pas de petit coeur aux couleurs de la Belgique. Le rituel s’épuise. L’émotion ne peut être à chaque fois la même: la répétition use et corrompt. Heureusement que Manu a trouvé les mots.
Cette répétition d’attentats teste notre lucidité: ne soyons pas surpris, la guerre asymétrique est là. Pas de petit coeur belge donc. Plus d’étendard pour brandir nos morts.
Soit je soutiens l’humanité entière, parce qu’elle le vaut bien, ou parce que je crois qu’aimer c’est abandonner toute lucidité et capacité de discrimination. Auquel cas je devrais être solidaire de toutes les souffrances, y compris celles des djihadistes, et arborer un drapeau bleu comme la planète.
Soit je soutiens ceux qui sont attaqués, dans un esprit partisan légitime, et il est dès lors évident que je suis solidaire des miens, ceux dont je suis issu: les européens, des pâlots du nord aux basanés du sud.
Bruxelles n’est qu’un épisode. Notre indignation retombera. La religion, la politique, le gaz qatari et saoudien, la domination du monde arabe, le néo-colonialisme musulman, la victimisation abusive et choquante des anciens esclavagistes orientaux font qu’il y en aura d’autres.
De toutes façons la souffrance n’a pas de parti. Qui ne tendrait la main à son pire ennemi s’il se tord de douleur sous ses yeux ou si les siens sont décimés? Qui ne serait solidaire des enfants orphelins de guerre, même si un jour ils prendront une Kalachnikov pour faire d’autres orphelins?
Dans ce brouhaha Manuel Valls a dit une chose intéressante:
« On a fermé les yeux, mais partout en Europe et aussi en France, sur la progression des idées extrémistes du salafisme dans des quartiers qui à travers ce mélange de trafics de drogues et d'islamisme radical ont perverti (...) une partie de la jeunesse. »
On a fermé les yeux: l’aveu est enfin sorti de la bouche d’un responsable politique. Et en particulier un responsable de gauche. Car si l’on a fermé les yeux c’est parce qu’on a voulu le faire. Les débats sur l’immigration et l’intégration sont systématiquement noyautés en France. La raison: on passe pour raciste ou xénophobe.
Et au passage la gauche engrange les vote des musulmans français, son nouveau prolétariat. C’est peut-être aussi pour cette raison qu’on a fermé les yeux.
Le petit Manu a donc enfin dit ce que nombre de commentateurs disent depuis plus de dix ans. Qu’avait fait Valls lors de la sortie du rapport sur les banlieues en 2002, Territoires perdus de la République? Le problème est connu depuis quinze ans au moins, mais en réalité trente ans, depuis Mitterrand.
Le seul à avoir parlé d’immigration et d’intégration pendant cette période? Jean-Marie Le Pen. On peut détester son style et ses provocations, ses amitiés, ses origines politiques. Mais on ne peut ignorer la pertinence du discours du FN. Le flux des populations est une question régalienne, non partisane, elle ne peut être laissée au hasard de l’économie.
Alors Manu fait du Jean-Marie? Oh, quand je dis qu’il rejoindra le Front National, il n’y prendra pas sa carte. Mais sa soudaine lucidité lui met en bouche des mots que la famille Le Pen appréciera.
Commentaires
Votre façon d'interpréter les paroles " du petit Manu" me semble justement démontrer combien ce sujet est miné. En vous moquant de Valls, vous voulez l'efoncer, alors qu'il a toujours été un fan du sécuritaire. En cela, il était une sorte d'extra-terrestre de la gauche.
La polarisation du débat concernant la sécurité, la lutte contre le terrorisme demande de la solidarité et pas du clivage ou une attitude revancharde.
Valls n'est pas le messie, s'il arrive juste à rester fidèle à son discours de toujours et profiter de son expérience passée, c'est déjà mieux que rie.
La Belgique porte l'entière responsabilité de ces attentats:
Expulsé de Turquie, relâché par la Belgique, il se fait sauter dans le métro de Bruxelles
Publié le : 24 mars 2016
"La Turquie a affirmé que l’un des trois kamikazes de l’aéroport de Bruxelles, Ibrahim El Bakraoui, avait été arrêté l’an dernier sur son sol et expulsé vers les Pays-Bas, déplorant qu’il ait ensuite été remis en liberté par les autorités belges. Le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que cet individu, qu’il n’a pas nommé, avait été arrêté en juin 2015 à Gaziantep, non loin de la frontière syrienne, avant d’être expulsé vers la Belgique via les Pays-Bas.
Capture d’écran 2016-03-24 à 10.25.32 (le kamikaze)
«Un de ceux qui ont participé à l’attaque à Bruxelles a été arrêté en juin 2015 à Gaziantep. Il a été expulsé le 14 juillet 2015 après information de l’ambassade belge (…) les Belges nous ont dit qu’il avait été libéré», a déclaré Erdogan lors d’une conférence de presse à Ankara avec son homologue roumain Klaus Iohannis.
Un haut responsable turc a précisé que cet individu était Ibrahim El Bakraoui, qui a été formellemente identifié par les autorités belges comme l’un des deux djihadistes qui se sont fait exploser dans l’aéroport de la capitale belge.
«Bien que nous les ayons informées que cet individu était un combattant terroriste étranger, les autorités belges n’ont pas été en mesure d’identifier ses liens avec le terrorisme», a souligné pour le déplorer Erdogan.
Le président turc a ajouté que les Pays-Bas avaient également été impliqués dans cette procédure parce que l’individu avait initialement demandé à être expulsé vers ce pays. La Turquie s’est à plusieurs reprises plainte que les pays occidentaux ne tiennent pas compte de ses mises en garde concernant les djihadistes qu’elle expulse ou repère.
Ibrahim El Bakraoui avait été remis en 2014 en liberté conditionnelle en Belgique mais était à nouveau recherché parce qu’il n’avait pas respecté les conditions de sa libération.
Joint par Le Soir, le cabinet du ministre de l’Intérieur Jan Jambon se refuse à tout commentaire et renvoie vers la version de son homologue à la Justice. Les Pays-Bas n’ont pas (encore) réagi."
©JSSNews
l'analyse de Malika Sorel Sutter se réalise de plus en plus.
http://www.malikasorel.fr/archive/2015/11/12/decomposition-francaise-comment-en-est-on-arrive-la-3059864.html