La discrimination n’a pas besoin d’être démontrée rationnellement, un simple ressenti personnel suffit. Le ressenti personnel comme élément de preuve est de plus en plus souvent mentionné dans la presse. Comme le montre l’exemple suivant, c’est abusif et non relevant.
Cela s’est passé à Toronto. Comme dans toute grande ville occidentale la marque de vêtements Zara y a son antenne. Cree Ballah y travaille. Un matin elle est arrivée avec une coiffure étonnante, mais pas du goût de son manager. Zara a une image et cette coiffure n’entrait pas dans l’image.
La presse a relaté principalement les propos de Cree Ballah. Je m’en tiendrai à cela. C’est elle qui relate les propos de son manager:
« We’re not trying to offend you, but we’re going for a clean professional look with Zara and the hairstyle you have now is not the look for Zara. »
Trad: « Nous ne souhaitons pas vous blesser, mais Zara vise un look net et professionnel et votre coiffure en ce moment n’est pas le style Zara. »
Cree affirme: « Mon type de cheveux est directement lié à ma race, j’ai donc ressenti ça comme de la discrimination directe contre mon ethnicité et ce qu’elle implique. » Oui, on peut le comprendre des difficultés capillaires selon l'ethnie. L’image 1 montre la coiffure contestée (cliquer pour agrandir).
Puis elle ajoute: « Je n’ai aucun contrôle sur mon type de cheveux et j’essaie de le contrôler du mieux possible, ce qui ne suffisait pas aux yeux de Zara. » On peut encore le comprendre.
Mais on doit aussi se poser des questions. C’est visiblement la première fois qu’un tel incident arrivait, et qu’elle portait cette coiffure. En effet on ne lui avait pas fait la remarque jusque là, et le manager parle bien de la coiffure du moment, selon les propos de Cree: « … the hairstyle you have now ».
S’agit-il d’une politique de la maison? Zara affirme n’avoir pas de recommandation capillaire autre que l’aspect professionnel de l’employée. Difficile à apprécier. S’agit-il de l’excès de zèle de la direction de l’antenne de Toronto? Rien ne permet de le savoir.
Puis, en voyant deux autres photos de Cree, où ses cheveux sont raides et non en tresse, c’est une autre image d’elle qui apparaît. Et une deuxième question vient: n’a-t-elle vraiment aucun contrôle sur ses cheveux? Ces autres images montrent plutôt le contraire. L’argument racial qu’elle invoque tiendrait avec des cheveux d’africaine, mais là? Je ne vois pas le problème.
Son argument n’est pas démontré par les documents visuels. De plus un commerce est libre de vouloir présenter une certaine image et de demander aux employés de s’y conformer.
Cree s’est sentie discriminée à cause de sa coiffure. Elle y ajoute un élément racial pour appuyer sa plainte auprès des ressources humaines de Zara. Et voici une nouvelle victime dont le nom fait le tour du monde.
Dénoncer une boîte sur internet n’est jamais innocent. Et ici quelqu’un a visiblement mis volontairement une campagne de presse en route. On peut supposer que Cree touchera une bonne indemnité de la part de Zara, qui voudra éviter d’écorner son image même s’il n’y a pas discrimination raciale mais seulement mise au pas du look capillaire.
Cela vaut bien de grouper ses cheveux raides en tresses chiffonnées. On peut même se demander si ce n’est pas une provocation délibérée. Quant à la presse elle relaie l'information sans analyse et sans se poser de question. Normal: c’est une femme, d’origine raciale non-blanche.
Elle dit avoir reçu beaucoup de soutien, en particulier de la communauté noire. Et hop, encore une victime adulée et irresponsable. L’antrax victimaire se répand à la vitesse des câbles internet. Et la victimisation conduit à refuser les contraintes du réel.
P.S.: l’an dernier l’actrice Jennifer Lawrence se plaignait aussi de discrimination quant à ses revenus au cinéma. Ce dont elle s’est moins vantée sont ses revenus sur 12 mois, établis à mi-août 2015: 52 millions de dollars, en tête du classement féminin! Et la deuxième place en tout, hommes compris (chez les hommes seul Robert Downey Jr fait mieux). Pour une actrice pour ados qui n’a pas encore montré l’étoffe d’une comédienne, c’est bien payé.
À ce tarif on voudrait aussi être discriminé.
Commentaires
Le sacro-saint rêve américain a créé des cohortes de profiteurs cyniques se faisant passer pour des victimes.
Il y a 25 ans déjà, une femme qui avait travaillé à NY, m'avait raconté comment une collègue souhaitant changer de travail avait négocié avec sa boss pour se faire virer afin de toucher le chômage. Une fois virée elle a porté plainte contre son ex patronne pour licenciement abusif, a touché un bon pactole et a ouvert sa propre boîte pour devenir une féroce concurrente !
Et puisque ça marche la victimisation s'est exportée partout en Europe. Mais tous cela se pratique, bien sûr, au nom d'une société qui évolue vers un monde plus juste !