Le renversement des choses fait partie des possibles. Les djihadistes ne sont pas les seuls à être radicalisés. La radicalité contient l’idée d’un conflit non négociable, ou d’une action irréversible, voire d’une rupture majeure avec l’état qui précède. On peut la rencontrer partout.
Voici un exemple de radicalité familiale. Il vient des États-Unis. Une adolescente passe son temps sur les réseaux sociaux avec son smartphone. Ce qui génère un conflit avec sa mère, très fâchée par l’irrespect et la désobéissance que cette addiction génère.
La mère est une femme à qui on ne la fait pas. Elle n’est pas prête à se laisser rouler dans la farine. Et elle reprend l’éducation de sa fille. Enfin, d’une certaine manière: elle tire au fusil sur le smartphone et le détruit totalement. Est-ce vraiment éducatif? C’est en tous cas radical!
Elle a compris qu’expliquer aux enfants par des mots ne suffit pas toujours. Il faut parfois entrer dans la matière et montrer par l’exemple.
Cette mère – que l’on approuvera ou non, ce n’est pas mon propos de le faire – commet un acte certes violent, mais symbolique, et l’on peut gager que sa fille a reçu le message.
Chaud devant:
Une mère détruit le smartphone de sa fille par quoi2news
Commentaires
Quel message sa fille aura-t-elle reçu ?
Qu'on peut résoudre un problème en tirant avec un fusil ?!?!
Ou que sa mère est dingue et même dangereuse ?
Qu'il faut désormais utiliser son nouveau smartphone en cachette ?
Que pour devenir célèbre, rien ne vaut une bonne vidéo tournée avec ...un smartphone ? ;-)))
Vous êtes brillante Calendula!!!
MDR!!!
:-DDD
Je dirais: le message de fin d'un mode de fonctionnement dans une relation.
Peu importe le fusil: si ce n'est pas son truc elle ne reproduira pas. À sa place je ne verrais pas le fusil comme une solution possible, je verrais l'intention de la mère d'en finir une bonne fois pour toutes. Je verrais qu'elle a atteint la limite de ce qu'elle accepte.
Dingue, sa mère? La fille va le penser peut-être, mais plus que dingue: efficace.
@hommelibre,
Avez-vous vu le double doigt d'honneur d'un des enfants, un peu au fond ?
La situation est absolument terrible.
Cette femme est filmée par l'objet qu'elle essaye de dénoncer. Je n'ai pas bien compris, si elle est consentante ou pas, il me semble que oui. On ne prend pas le risque de filmer, contre son gré, une femme furieuse qui tient un fusil...
Il s'agit fort probablement d'une mise en scène destinée à être diffusée.
( Si la maman avait été au moins un peu sexy, la scène aurait eu une autre allure ;-)))
Il m'arrive de péter les plombs et je suis très contente que ce ne soit pas filmé, que cet instant s'évapore avec le temps qui passe.
Selon mon expérience, on ne sort pas grandie de telles scènes. Il y a toujours un côté ridicule, même si je suis d'accord que ça marque les esprits. Il y a un "avant" et un "après".
Un jour, ma mère avait arraché des posters dans ma chambre pendant que j'étais à l'école, car elle trouvait tous ces chanteurs modernes inadéquats. Je m'en souviens encore ! Ça n'a pas été très favorable au développement de notre relation, même si j'ai bien été obligée de me soumettre à son autorité.
Cette efficacité a résolu un problème sur le moment, mais en a crée d'autres pour la suite....
Calendula, en effet la situation est terrible. Je suppose que l'intention de la mère e4st bien qu'il y ait un "avant" et un "après", d'où cette notion de basculement et de radicalité.
Elle se fait filmer volontairement, à mon avis, et c'est probablement fait pour mettre sur le net et donner de la publicité à l'acte et à ce qu'il représente. Pédagogie paradoxale!!!
Je trouve néanmoins qu'elle n'est pas si ridicule. Le fait de tirer au fusil plutôt que de jeter l'appareil contre un mur, par exemple, évite de la montrer hors de contrôle. Il semble qu'elle garde bien le contrôle.
Sur l'avenir des relations, je dirais que cela n'importe pas dans l'immédiat. C'est ce que je lis dans l'attitude de cette mère. C'est aussi cela la radicalité: l'événement produit un présent énorme, démesuré, sans souci de passé ni de futur. Le choc prime.
Je trouve qu'au moins cette mère montre que l'on peut reposer des limites de manière claire et forte. la manière peut choquer, moi elle me fait sourire. Si j'avais été présent lors de cette scène je n'aurais pas tenté de raisonner la mère, au contraire, je comprends ce qu'il y a de fondamental dans son geste. Si la parole n'a plus d'effet, l'action en a.
Dans un registre un peu différent j'étais une fois avec des amis dans un petit café où nous nous retrouvions régulièrement. Ce jour-là un garçon faisait une théorie sur je ne sais plus quoi. Je lui ai demandé comment il pouvait la prouver. Il répond que c'est aussi évident que le fait qu'une tasse de café se casse si on la laisse tomber. Je lui ai proposé de laisser tomber sa tasse, il a refusé en disant qu'il ne voulait pas la payer ensuite. J'ai alors pris ma tasse et je l'ai laissée tomber: elle ne s'est pas cassée. Dès lors, l'action prévalait sur la théorie, qu'elle infirmait. Sa propre validation était réfutée.
Passer par la matière, par le corps, reste souvent le référent ultime selon moi. Ce qui ne prend pas place dans le corps risque bien de ne prendre place nulle part. La mère ici à remis les choses dans le corps, symboliquement.
@hommelibre,
Votre lecture est très subtile et certainement pertinente, de par les perspectives générales qu'elle ouvre, mais pas forcément dans le contexte de cette famille.
La mise en scène, avec la fille coupable, qui doit écouter sa mère, et assister au sacrifice de l'objet du délit, tout en étant filmée - paradoxe contemporain- pour une vidéo qui sera vue à travers le monde.
La dimension "réseaux sociaux" de cet événement familial me semble super bizarre.
Cette mère est d'avis que son geste médiatisé apporte quelque chose au débat.
Peut-être que d'autres parents pourront invoquer son exemple : "Si tu ne ranges pas ton smartphone, je ferai comme la dame de la vidéo."
Le port d'armes étant très libre aux USA, cette menace peut être mise à exécution. (Personnellement, pour ce geste symbolique, j'aurais préféré le fracs contre le mur, le rouleau à pâtisserie ou les pneus de la voiture, mais l'utilisation des armes à feu pour résoudre des conflits du quotidien est un autre débat.)
Ma honte personnelle, à la place de la fille, serait qu'on sache que cette femme est ma mère.
Les ados vont forcément se solidariser avec la fille, s'identifier avec elle, puisque le port de smartphone est une sorte de droit de l'ado !!!
La mère a affirmé son pouvoir domestique sur le moment, mais a peut-être perdu sur le plan social et sur le long terme. L'ado est un être qui se détache des valeurs familiales, pour se forger son propre système de valeurs.
L'exemple négatif est quelque chose de très puissant.
Mais la fille peut aussi se dire :" WoW ! Super ! Quand j'aurai des enfants, je tirerai des coups de fusil, comme ça, j'aurai la paix."
Sur le fond, je suis d'accord avec la mère, mais pense qu'en se rendant ridicule urbi et orbi ( car moi, je vois cette vidéo comme le comble du grotesque), j'ai l'impression qu'elle s'est fait en quelque sorte fusiller par l'arme qu'est le smartphone.
Il faut croire que la situation a été trop loin.
Cela me rappelle une situation cocasse. Deux frères (16 et 19 ans) étaient sorti un soir sans permission, chacun avec ses amis. La mère s'en est rendue compte à minuit, elle est allé en ville pour les chercher, avec un parapluie. Elle les a trouvé les deux en 15 minutes! Et elle était très fâchée, dans la rue, donnant des coups de parapluie pour montrer sa colère. L'humiliation devant les amis!!!
Mais cela n'a au final pas laissé de traces. Des années après ils en riaient encore et admiraient son intuition et son audace. D'accord, un parapluie n'est pas un fusil, et la mère n'aurait jamais utilisé une telle méthode.