Si les saints de glace remplissent leur contrat annuel en cette mi-mai, un grand froid tombe sur les seins de chair. L’affaire Baupin, étrange écran de fumée au moment du vote de la loi travail, est suivie d’un nouveau sondage. Un sondage édifiant.
Ce sondage Elabe pour BFMTV nous informe de ceci: en moyenne 18% des personnes interrogées se déclarent victimes de harcèlement sexuel. Précisément, 28% de femmes et 7% d’hommes.
Sans surprise les femmes se déclarent davantage victimes que les hommes. La raison? La dissymétrie des sexes. Les comportements ne sont pas semblables. À lire ce sondage, les hommes seraient 4 fois plus enclins que les femmes à solliciter ouvertement une relation.
Les femmes restent moins visibles, plus réservées. Elle sont donc moins visibles dans les sondages et dans ce que l’on nomme la drague dure, mais aussi dans le libertinage. Pourquoi? Auraient-elles moins d’envies que les hommes? Serait-ce une soumission au jugement des autres? Une peur du sexe? Ou bien laissent-elles faire les hommes par commodité? De ce point de vue on a connu des époques plus libertaires qu’aujourd’hui.
Le rapport de 1 à 4, soit 7% d’hommes auto-déclarés victimes de harcèlement sexuel pour 28% de femmes auto-déclarées, est un étrange marqueur quantitatif des comportements. L’homme serait-il 4 fois plus audacieux que la femme?
Un premier constat donc: des hommes aussi sont victimes de harcèlement sexuel. Édifiant. Mais on n’en parle pas. Re-édifiant.
Le libellé du sondage ne précise pas quels actes et comportements sont considérés comme du harcèlement ou de l’agression. D’autres sondages et articles envisagent une définition extensive. Un sifflement dans la rue en ferait partie.
Qu’on trouve un sifflement inélégant, je suis d’accord, mais une définition doit être suffisamment précise pour désigner l’objet dont on parle. Que dit-on de cette définition?
« Le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »
Le premier point tient à la définition même du harcèlement: de façon répétée. Selon le cnrtl.fr, harceler signifie « Tourmenter (une personne ou un animal) en le poursuivant sans cesse et en lui faisant subir d’incessants désagréments physiques ». Ces deux mots sont importants: sans cesse. Le harcèlement ne peut être que répété. Or que dit le sondage? Que sur l’ensemble des personnes interrogées, 8% déclarent avoir été harcelées une seule fois:
« 82% des personnes interrogées répondent que "non". 8% répondent "oui, une fois", et 10% répondent, "oui, plusieurs fois. »
Une seule fois? Ce n’est donc pas du harcèlement et le sondage est invalidé. Édifiant. On ne doit pas confondre la sollicitation classique, unique, avec un comportement agressif et répété. On peut donc déjà ôter presque la moitié aux pourcentages indiqués. Les sondeurs ont d’ailleurs un toupet certain à afficher des résultats que la simple définition des faits dément.
C’est l’époque: surenchère des mots, dramatique cécité d’êtres humains qui croient sans vérifier par eux-mêmes. Ou bien paresse intellectuelle, ou ralliement aux meutes. On ne sait d’ailleurs pas quels faits précis sont sous-entendus quand les personnes se disent victimes. Ce sondage ne les détaille pas.
Chacun va donc imaginer en fonction de ses propres peurs et interprétations. C’est le flou, celui qui permet la surenchère. La définition mentionnée plus haut ouvre grande la porte au flou et à une subjectivité débridée: les sollicitations « portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »
Ce qui revient à donner force de loi à cette subjectivité. Et donc à se préparer à une justice à la carte. Si une personne peut se sentir atteinte dans sa dignité par une sollicitation de type sexuel, une autre pourra être ravie de cette même sollicitation. Le juge tranchera sur la parole de l’un et de l’autre, pas sur des faits, car en général il est difficile d’affirmer que l’intention d’une des personnes était bien d’humilier ou d’offenser l’autre.
Enfin, 78% des sondés pensent que le harcèlement sexuel est assez à très répandu. 76% le pensent, mais seuls 18% disent en avoir été victime: preuve que l’idée que l’on s’en fait est déraisonnable et très largement surestimée.
Édifiant!
Commentaires
Cher hommelibre,
- « Harcèlement ... Définition ... Le fait d’imposer à une personne, de façon répétée ... »
- « Subjectivité ... Une seule fois? Ce n’est donc pas du harcèlement et le sondage est invalidé. »
"invalidé" ... selon quelles règles de validation ou d'invalidation ?
Si vous voulez mon avis, ... ptet ben que ... la réponse "Une seule fois" ... ça ne doit _pas_ vouloir dire ... "Le fait d’imposer à une personne" ... une seule fois.
Parce que ... si vous voulez mon avis, ... ptet ben que ... la réponse "Une seule fois" ... veut plutôt dire ... le nombre de fois ... que la personne sondée ... a vecu un moment ... durant lequel elle a _reconnu_ une _répétition_ ... de tentatives par autrui ... de lui "imposer" quelque chose.
Donc ... si vous voulez mon avis, mais je ne veux rien vous imposer, hein ? Et ben ... "imposer" "une seule fois" ... et "harceler" "une seule fois" ... et ben ... c'est pas tout à fait la même chose.
- « C’est l’époque: surenchère des mots, dramatique cécité d’êtres humains qui croient sans vérifier par eux-mêmes. »
... et d'êtres humains qui croient à l'impossibilité d'autres explications que celles qu'ils connaissent déjà.
- « On ne sait d’ailleurs pas quels faits précis sont sous-entendus quand les personnes se disent victimes. Ce sondage ne les détaille pas. »
Ben ... vous avez cité ci-dessus une définition (je vous la cite ci-dessous au cas où vous l'auriez oubliée, pour vous éviter de devoir revenir en arrière) ...
... "Le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante."
Donc, comme la définition parle de "Le fait", ... quand vous écrivez ... "quels faits précis sont sous-entendus" ... sous-entendez-vous ... que vous souhaitez connaître ... les details ?
- « Chacun va donc imaginer en fonction de ses propres peurs et interprétations. »
Vous voulez dire ... "chacun" ... comme dans ... chacun qui n'a pas compris la définition du "harcèlement" que vous avez citée ci-dessus ? ... Oui, ca arrive fréquemment. Tenez, par exemple ... quand vous écrivez ... "La définition mentionnée plus haut ouvre grande la porte au flou et à une subjectivité débridée" ... vous l'expliquez très bien par ... vos "propres peurs et interprétations" ...
... « On ne doit pas confondre la sollicitation classique, unique, avec un comportement agressif et répété. », et ...
... « Ce qui revient à donner force de loi à cette subjectivité. Et donc à se préparer à une justice à la carte ... », etc.
- « Enfin, 78% des sondés pensent que le harcèlement sexuel est assez à très répandu. 76% le pensent, mais seuls 18% disent en avoir été victime: preuve que l’idée que l’on s’en fait est déraisonnable et très largement surestimée. »
Ben ... tout dépend de l'idée que l'on se fait de ... "78%", de "76%", de "18%", et de "assez à très répandu", ce qui est très normal parce que les chiffres veulent dire tellement de choses différentes aux gens. Mais, ... comme vous-même le soulignez, ... _c'est très subjectif_... puisque ça dépend surtout de ... l'idée que l'on se fait, ... et surtout de ... quelle définition on choisit pour le "harcèlement sexuel" ... et aussi de qu'est-ce que les gens croient est "déraisonnable" en matière de "harcèlement sexuel", ... et donc qu'est-ce qu'ils croient comme étant "raisonnable", ... et c'est vraiment très très compliqué ... parce que "Le juge tranchera sur la parole de l’un et de l’autre", et ... pfffff ... vive le weekend!
C'est quoi ça ? MDRRRR MDRRRR
Bonne chance hommelibre. Lol
C'est quoi ça ? MDRRRR MDRRRR
Bonne chance hommelibre. Lol
- « C'est quoi ça ? MDRRRR MDRRRR »
Ah ben ... c'est pour faire plaisir aux ... MEeeuu-euuuUUHHH!!!
@ Chuck Jones
analyse de la notion de harcèlement par Elisabeth Badinter
http://www.la-cause-des-hommes.com/spip.php?article119
"- Vous prenez pour exemple la modification du texte de loi sur le harcèlement sexuel, qui doit être appliquée en 2005.
Ce texte me semble monstrueux : on est passé de la pénalisation d’un chantage sexuel par un supérieur, c’est-à-dire d’un abus de pouvoir, à la pénalisation d’on ne sait plus trop quoi : une attention sexuelle non désirée ! "!!!
une honnêteté comme celle d'Elisabeth Badinter vous ferait du bien
avec votre manie de chercher des poux dans la paille vous passez pour un dingue.
@leclercq
- « analyse de la notion de harcèlement par Elisabeth Badinter »
- « une honnêteté comme celle d'Elisabeth Badinter vous ferait du bien »
Merci beaucoup pour votre sollicitude, cher co-commentateur. C'était vraiment ... très intéressant. Pour une fois je suis complètement d'accord avec Elisabeth Badinter ... la "notion de harcélement" est complètement _surfaite_.
C'est pour ça que je me rabats sur la _définition_ du mot "harcèlement" que l'on trouve dans "le Larousse", et parfois celle du "Petit-Robert". Ou peut-être avez vous une autre définition à proposer ?
Et vous aviez aussi raison! Lire "l'honnêteté" d'Elisabeth Badinter m'a effectivement fait _beaucoup_ de bien. Ca me donné une excellente raison d'aller revisiter les sources de mes vraies valeurs.
- « avec votre manie de chercher des poux dans la paille vous passez pour un dingue. »
Oui, on me le dit souvent. Mais vous savez quoi ? Y'a des gens qui paient d'autres gens pour chercher des petites bêtes, tous les jours, sur le dos des poux !!! C'est pas complètement ... "dingue", ça ???