Aujourd’hui examinons le jeu de l’allumeur allumé. C’est une variante de l’arroseur arrosé mais avec du feu. Le jeu est très simple, très pratique en hiver pour se tenir chaud et utile la nuit en cas de panne de courant.
Comment joue-t-on? C’est à la portée de n’importe qui. Il suffit d’avoir les ingrédients de base: sa propre voiture, garée dans une rue proche de la manif, et d’apporter de quoi mettre le feu. Par exemple un joli cocktail molotov.
La règle est simple. Vous venez en voiture plutôt qu’en métro. Le métro c’est pour le peuple, pas pour vous. Vous vous joignez au groupe, ce qui vous donne la légitimité de brûler des voitures.
De préférence celles des prolos qui bossent le matin à l’heure où vous vous couchez. Le but est quand-même d’emmerder un maximum. Et comme les prolos se paient des Porsche, on peut imaginer que le patron de Renault roule parfois discrètement en Clio. Bref toutes les voitures sont bonnes à incendier.
Bon, ça y est, vous êtes dans la manif, personne ne vous connaît ni ne vous reconnaît. Quand vos camarades commencent à envoyer la purée, façon heavy metal, vous suivez le courant, le mouvement, et hop! vous lancez votre molotov allumé vers cette conne de voiture de bourge qui salit les rues avec sa carcasse de métal et sa pollution capitaliste libérale.
Brûler des voitures et casser du flic est, pour certains, un acte citoyen. L’allumette remplace le bulletin de vote.
Bon, ça y est, c’est réussi: la voiture prend feu. Vous devez alors exprimer votre joie de manière visible afin de gagner des points aux yeux de vos camarades (c’est un vilain nom, camarade). Vous vous lâchez.
Pendant trente secondes c’est la fête: vous dansez bras en l’air, criez, montrez votre satisfaction. Autour de vous on vous congratule. Vous êtes le héros de trente secondes.
Trente secondes: c’est le temps qu’il vous faut pour réaliser que, comme ce manifestant parisien (image 1), vous venez d’incendier votre propre voiture.
Celui-ci aura le plaisir de découvrir ce que lui et d’autres font subir aux citoyennes et citoyens lambda. Il gardera même un souvenir impérissable de sa journée durement gagnée: en voulant éteindre sa voiture il s’est brûlé le visage au troisième degré et a été conduit aux urgences. Notez, après la tentative de meurtre sur policiers par l’incendie de leur voiture il y a quelques jours, ce manifestant aurait pu se faire carrément brûler avec sa voiture. Ç’aurait eu du panache, non?
Game over.
Image 1: nordpresse.be. Image 2: voiture de police incendiée récemment à Paris.
Commentaires
"c’est le temps qu’il vous faut pour réaliser que, comme ce manifestant parisien (image 1), vous venez d’incendier votre propre voiture.*
Est-ce vrai ou une blague? Si c'est vrai, je vais aussi danser ... de joie.
@ Ben:
Je n'en sais pas plus, je ne suis pas sûr que ce soit vrai. J'ai repris parce que je trouve l'idée drôle. Vrai ou pas, cette "info" pose le problème des violences répétées et va au bout de cette logique de violence, dont les auteurs finiraient par être les victimes.
Vrai ou non (probablement non), le symbole imaginé (brûler par erreur sa propre voiture) est décoiffant. Le message reste, que ce soit vrai ou non.
Humour probable, Ben.
Le site qui diffuse l'info est le Gorafi belge, dans lequel il y a parfois de vraies infos insolites, parfois des hoax ou des blagues. Donc probablement faux. Mais quand-même, bien vu!
:-)
hommelibre, je suis d'accord. Rien que l'idée que cela puisse arriver est réjouissante. En fin de compte ces flambeurs font du mal à d'autres personnes qui n'ont rien demandé à personne, qui n'ont pas pris parti, mais qui sont lésés tout de même.
Je me demande souvent d'où vient ce besoin de détruire le bien d'autrui, d'où vint cette rage destructrice; je n'ai toujours pas trouvé la réponse.
Est-ce que ces gens seraient capables de comprendre ce qu'ils font si on détruisait systématiquement leurs propres biens sous leurs yeux au lieu de les incarcérer?
Ben, peut-être, qui sait si une peine de cette sorte ne serait pas plus pédagogique.
La justice pourrait aussi saisir le véhicule de l'incendiaire s'il en a un et l'offrir à la personne lésée.
Eh oui, la révolte est un art ! Vous-même êtes artiste. L'Ultime Sacrifice de l'homme dit "moderne". Il a quand même eu le plaisir de pouvoir dire le "mot de Cambronne" pendant 30 secondes aux Maîtres du Temps des Hommes.
Monsieur Palmer,
- « Je me demande souvent d'où vient ce besoin de détruire le bien d'autrui, d'où vint cette rage destructrice; je n'ai toujours pas trouvé la réponse. »
Si c'est un "besoin", ca doit probablement être utile à quelque chose.
Si c'est de la "rage", ... peut-être que mon petit-fils de 2 ans et demi sait quelque chose ...