En lisant cette info j’ai pensé à Brahim Asloum, le boxeur français d’origine algérienne qui a réalisé un doublé: champion olympique et champion du monde. Il n’y avait pas de polémique identitaire à son sujet.
Ethnicisation: le mot est mal vu, en principe. Qui d’autre que les méchants officiels de la République pourraient l’avoir prononcé? Mal vu car il désigne ce que la loi interdit de voir: le fait que les différences ethniques puissent jouer un rôle dans l’intégration d’une population à une autre.
Raison de plus pour en parler. Mais ça va faire rager. Car celui que je cite n’est pas celui à qui l’on pense en premier: Fanfrelande lui-même. Le président socialiste déplore « une communautarisation, une segmentation, une ethnicisation » de l’équipe de France. C’est qu’elle n’est pas aux quotas de représentation ethnique caucasienne.
« Les faits sont terribles » ajoute-t-il. « Il n’y a pas d’attachement à cette équipe de France, s’emporte-t-il. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs, partis trop tôt de la France. »
Un indice: les gars des cités. Qui sont-ils? Je ne pense pas qu’il mentionne Neuilly. Mais ne tombons pas dans les stéréotypes. Pasdamalgame. Il s’agit peut-être des gars des cités de Corse.
« On voit bien que sur l’expression, il y a une perte de niveau. » Et enfin: « Moralement, ce n’est pas un exemple, Benzema ».
Ah, voilà: Benzema, les gars des cités, le niveau de langage trop bas, des gosses mal éduqués – il s’agit des français issus de l’immigration. Des brown et des black.
Fanfrelande vient de découvrir que les différences ethniques impliquent des modes culturels différents. Il ose parler d’ethnie et critiquer ceux qui sont issus d’une autre ethnie que celle qui domine en France. C’est que c’est moralement défendable. Encore un tabou qui tombe.
Fanfan a-t-il réalisé que mettre tout le monde sous la bannière républicaine ne suffisait pas à créer un ciment national? Que fermer les yeux sur les différences ne faisaient que les enraciner davantage au lieu de les dissoudre? C’est bien de voir ce qui nous rassemble, mais c’est bien aussi de voir ce qui nous sépare.
Je lui donne raison sur ce point au moins: le niveau d’expression de beaucoup de français d’origine algérienne laisse à désirer. Leur manière de parler est même parfois désastreuse. Qui parle correctement la langue du pays s’attire du respect. Ils devraient y être attentifs s’ils veulent voir passer l’ascenseur social.
Le décalé de l’Elysée a fait très fort avec ce livre d’entretiens. Au point où son fidèle lieutenant Cambadélis dit:
« Je suis étonné et déboussolé. Je suis étonné parce que se confier à ce point à tant de journalistes, il y a de quoi être étonné ».
On comprend pourquoi Hollande soutient la candidature de Clinton II: ils sont aussi givrés l’un que l’autre. L’hiver sera glacial. Il n’a vraiment pas de bol.
Commentaires
Etrange. Il me semble que pendant l'Euro, la France entière (ou presque) a soutenu les Bleus avec la même ferveur, sans distinction de communauté. Il faut dire que les occasions d'être fier d'être français sont rares par les temps qui courent. Et paradoxalement, c'est cette équipe multiethnique qui a offert cela à son pays.
Concernant Benzema, il était sans doute persona non gratta, mais ça n'avait rien à voir avec sa diction. (qui au passage reste bien meilleure que celle de Riberi...) Mais c'était dû à l'affaire des sex tapes qui n'aurait pas manqué de semer la zizanie entre les joueurs. L'écarter était une bonne décision et la tentative ridicule de l'intéressé de traiter Deschamps de raciste n'a trompé personne.
Bref, personnellement, je me sens bien plus proche de ces joueurs qui ont un véritable esprit de conquête que du président "normal" et son bouquin à quatre sous.