Bain de foule au centre-ville. Les rues de Noël sont agitées. Elles tanguent comme un bateau. Il faut regarder plus loin, anticiper un couloir de marche entre les piétons, si l’on veut avancer de manière fluide.
Sans quoi ce sont accélérations, freinages, hésitations, place à garder dans les flots qui descendent des trams. Mais pas de tension palpable. Pas de changement d’attitude près des lieux de rassemblement, comme les marchés. Je ne cherche pas la psychose de l’attentat. Je constate. De toutes manières que faire? Se cacher, rester enfermé, ne plus personne rencontrer? Ce serait un grand malheur.
Je parle facilement aux gens. Dans le bus devant moi un papa d’origine africaine tient sa petite fille dans ses bras. Encore si minuscule: petits doigts, petit nez, petites boucles d’oreilles, petit bonnet, et de si grands yeux. Nous nous arrêtons au même endroit. Il descend avec une poussette encombrante. Je tiens pressé le bouton de la porte. Il le voit sans regarder.
Sur le trottoir il me fait un sourire de connivence. Je le lui rends. Je ne peux m’empêcher: « Elle est jolie votre petite fille ». Je dois devenir gâteux avec Noël. Il me sourit encore. Je n’insiste pas. Après tout je m’immisce dans son monde sans y avoir été invité. C’est délicat. Avec la poussette il a d’autres choses à penser. Je lui dis encore: « Bonnes fêtes ». Un autre sourire et un « Merci » hésitant. Question de langue.
Je ne sais si Noël représente quelque chose pour lui. Il est peut-être musulman. Peu importe. Il est là. Un papa attentif avec sa toute petite fille. « Bonnes f’êtes »: c’est peu de mots, rien qu’un petit signe. Pour se sentir plus proches en cette occasion.
Un peu partout ces mêmes mots d’amitié: avec les caissières du supermarché où je suis client; avec un inconnu après avoir échangé nos impressions sur des portes automatiques qui ne s’ouvrent pas; dans les trams, dans la rue, avec ou sans mots. Le monde n’est pas fait de robots consuméristes, comme j’aurais pu l’écrire un soir de sombritude. Le monde vit de tous les petits signes que l’on se fait.
Depuis un an il me semble qu’il y a davantage de ces petits signes. Un effet d’empathie suite aux attentats de Paris? Il est plus agréable de parler ensemble quand on sait l’existence si fragile. Demain ce pourrait être Genève.
Alors une place cédée pour une dame à la jambe bandée ouvre un moment de discussion sur tout et rien, sur le film Sully, sur les séries télé. Qui a dit que les humains se méfiaient les uns des autres? Parfois, oui. Pas toujours.
Beaucoup sont prêts à échanger. C’est l’esprit de Noël, cette bouffée de bienveillance partagée, cette douce mémoire de l’enfance. Mais pas seulement de Noël. C’est un bout d’humanité. Cela fait du bien à ceux qui le donnent, à ceux qui le reçoivent.
Quoi de plus cool?
Commentaires
Bonjour Hommelibre Très bon billet mais comme dit par une personne hier ,pourquoi ne sortez vous plus tous ceux nés dans cette commune ?
J'ai répondu c'est déjà assez pénible de vivre seul/e et si en plus il faut se promener en solitaire ,on a déjà donné à la solitude étant enfant ,maintenant faudra vous y faire on est nombreux à avoir divorcé moralement avec notre commune nous ayant vu naitre et ce pour moult raisons
On pensait qu'en co -propriété serait mieux c'est encore pire ,les décès et autres fatalités ont tué l'envie des rencontres
Par chance connaissant beaucoup de gens habitant à l'extérieur j'ai réussi après un tri sérieux au niveau relationnel a re créer un petit comité qui œuvre en catimini pour en aider d'autres , dans l'immeuble tout le monde s'ignorant superbement on peut donc agir individuellement sans que rien ne soit révélé ce qui est aussi gage de réussite
L'ambiance que vous relatez me semble appartenir à l'époque 2000 puis ensuite tout s'est dégradé comme notre commune qui je pense nous entraine dans un sillage mortel provoqué moralement aussi par les nombreux abattages d'arbres séculaires nous ayant vu grandir
C'est une manière ultra moderne de sauver la nature, au détriment des sentiments humains et des oiseaux qui animaient nos journées et qui depuis n'en finissent pas de croasser de dégout car ne pouvant plus nicher
Et le plus rigolo c'est d'entendre la phrase mais vous ne sortez plus de la part d'automobilistes qui jamais ne proposeront leurs services
J'en arrive à la conclusion que l'Africain en général est beaucoup plus social et sociable lui au moins a le respect envers les anciennes générations
Très bonne année 2017 pour Vous
Pas seulement à Noël ce "bout" d'humanité!
Puisse-t-il ce "bout" ne jamais devenir... vestige d'humanité.
"Noël cool"
Mais endeuillé par deux mauvaises nouvelles:
Quel choc à la lecture de cette info!? Un bien triste Noël! Trois chanteurs principaux ont échappé à ce malheur. Un mélange de joie et de tristesse à l'annonce de ces trois chanceux, tristesse pour tous les passagers de cet avion de l'armée? Pourquoi pas un avion de ligne?! Le prix? Je n'ai pas compris! Le destin? Celui du pilote? Une confusion totale dans ma tête!
"Tous les membres du chœur,(64..) à l’exception des trois chanteurs principaux, se trouvaient à bord de l’avion qui s'est écrasé peu après le décollage de Sotchi, a rapporté Vadim Ananiev, le chanteur principal du chœur, à l’agence de presse TASS."
Comment oublier cette merveilleuse et magistrale interprétation de Kalinka et Les Yeux Noirs!? Quelle tristesse!:(
https://www.youtube.com/watch?v=TbML094nmmQ
https://www.youtube.com/watch?v=ZlEA04-IVbM
Et aujourd'hui celle du chanteur George Michael, mort à 53 ans!?
J'ai tous ses albums. :(
Mes condoléances à toutes ces familles qui traverseront ces fêtes de fin d'année dans le chagrin et la douleur de la perte d'un être cher.