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Gauche-droite : le mouvement contre l’ordre ?

Un cercle ça commence partout et ça ne finit nulle part. Donc si les parlements nationaux étaient circulaires il n’y aurait plus ni gauche ni droite. Ni centre ni extrêmes. Seulement des options définies par leur contenu.

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Ce serait moins réducteur que les étiquettes habituelles mais pas toujours simple à distinguer. La gauche aujourd’hui va du libéralisme à l’étatisme, de l’atlantisme au souverainisme/protectionnisme. La droite va aussi du libéralisme à l’étatisme et de l’atlantisme au souverainisme/protectionnisme.

Quelles différences alors entre les courants politiques? À gauche on choisit de diviser la société, de taper sur les patrons et de faire la morale au nom des valeurs. Ceux qui tapent sur les patrons ne sont d’ailleurs, en général, pas les plus mal lotis. À droite on aime diminuer les contraintes économiques, soutenir la libre entreprise et laisser la morale dans le champ du privé.

Dans un ouvrage récent l’écologiste Cécile Duflot propose une définition plus technique de la gauche, livrée ici dans Paris-Match:

« La gauche est intranquille par essence parce qu’elle est le mouvement contre l’ordre ».

Le mouvement serait l’essence d’une gauche opposée à l’ordre, celui-ci étant assimilé dès lors à l’immobilité et à la droite. Je doute que l’on puisse faire de telles généralités. D’abord parce que mouvement et immobilité ne sont pas antinomiques. Ce sont deux séquences, deux moments différents d’un même objet. L’eau d’un lac peut être immobile ou agitée, c’est la même eau à deux moments distincts.

 

 

gauche,droite,mouvement,cecile duflot,ordre,Antinomie?

Mouvement et ordre/immobilité peuvent aussi représenter deux fonctions différentes. Dans une voiture le moteur est immobile et les pistons bougent. Dans le corps humain les organes et tissus sont fixes et subordonnés entre eux par un ordre hiérarchique naturel, et le sang, comme l’influx nerveux, est en mouvement. C’est la combinaison adaptée du mouvement et de l’ordre qui produit la vie.

Autre chose: pour se déplacer il faut être en mouvement. Le mouvement est donc nécessaire à la mobilité – mobilité des corps, des biens, des idées. Une fois le déplacement terminé l’immobilité revient comme un état naturel stable ou une économie d’énergie. L’immobilité est l’état naturel des objets ainsi que des repères, géographiques et sociaux.

La gauche serait le mouvement? Cela dépend des domaines. Quand elle veut garder fixement les règles sociales qu’elle a contribué à établir, ou qu’elle veut fixer une fois pour toute la température de référence de l’atmosphère terrestre, elle fige les choses dans l’immobilité. Si par exemple les acquis sociaux sont fixés dans le marbre ils ne sont plus discutables, donc plus modifiables. Le mouvement s’éteint.

Dire que la gauche est le mouvement c’est réduire la gauche à une impulsion nerveuse. C’est trop court. Et puis le mouvement n’est pas un but en soi.

Et la droite serait l’immobilité? Si la terre et les valeurs terriennes étaient la seule source d’inspiration de la droite, ce serait vrai. C’est d’ailleurs en partie vrai. La terre définit un espace délimité et fixe. Les cycles des saisons en agriculture sont répétitifs et prévisibles, quasi immuables. Mais à voir comment la droite – dès la bourgeoisie moyenâgeuse – s’est émancipée de la pure tradition terrienne, comment elle a bousculé culturellement et économiquement les sociétés occidentales, on peut dire que la droite est aussi changement et donc mouvement.

 

 

gauche,droite,mouvement,cecile duflot,ordre,Ordre

La définition de l’ordre selon le cnrtl.fr est la suivante:

« Disposition, relation intelligible entre les choses. Rapport intelligible, satisfaisant aux exigences de l’esprit, pouvant être saisi ou institué entre différents éléments. »

L’ordre est la manière dont les relations entre objets ou personnes se déroulent. L’ordre donne une place aux choses les unes par rapport aux autres, qu’elles soient immobiles ou en mouvement.

Par exemple, le passager d’un bus est dépendant du conducteur. Il ne peut conduire le bus lui-même ni en changer le chemin de son propre chef. Les niveaux de responsabilités sont différents, et à l’intérieur du bus l’ordre des relations est que le conducteur décide et conduit. C’est ainsi une fois pour toutes. Seul le décès subit du conducteur – ou une mutinerie – peut faire modifier cet ordre.

L’opposition du mouvement et de l’ordre n’est pas si probante. Gauche et droite initient le mouvement dans certains cas, et ancrent un ordre dans d’autres cas. Je ne mettrais pas, comme Cécile Duflot, tout le mouvement d’un côté et tout l’ordre immobile de l’autre.

D’autant moins qu’il serait difficile de choisir entre les deux. En tant qu’individus, ne passons-nous pas habituellement par des moments en mouvement et des moments de fixité?

N’y aurait-il pas, comme pour la gravitation, de mouvement découlant de l’ordre des choses?

Enfin, si l’on observe la gauche en général, le mouvement ne tend-il pas immanquablement à se figer dans un nouvel ordre?

 

 

Image 1: Gérard Garouste, Second récit de la Création, La désobéissance.

 

Catégories : Philosophie, Politique 3 commentaires

Commentaires

  • Cher hommelibre,

    - « L’opposition du mouvement et de l’ordre n’est pas si probante. Gauche et droite initient le mouvement dans certains cas, et ancrent un ordre dans d’autres cas. »

    Tout à fait.

    D'ailleurs, c'est la même opposition que l'on trouve entre ...

    ... la cohérence ... et ... l'incohérence.

    Et entre ... dehors ... et ... dedans.
    Et entre ... haut ... et ... bas.
    Et entre ... sans ... et ... avec.
    Et entre ... petit ... et ... grand.
    Et entre ... rapide ... et ... lent.
    Et entre ... chaud ... et ... froid.
    Et entre ... cher ... et ... bon marché.
    Et entre ... bon ... et ... mauvais.
    Et entre ... libre ... et ... capable.
    Et entre ... ici ... et ... là-bas.
    Et entre ... moi ... et ... elle.
    Et entre ... moi ... et ... elles.
    Et entre ... être ... et ... ne pas être.

    Mais si vous voulez mon avis, ... Cécile Duflot ... ne parlait pas de ... cet "ordre" là, ... mais de celui-ci, ... le 2ème "ordre" (qui suit donc le 1er (premier) ordre) ... donné par cnrtl.fr, ...

    "II. − Catégorie, classe d'êtres ou de choses, rang dans un ensemble organisé, une série ou une classification."


    ... et que quand Cécile Duflot parle de ... "mouvement" ... elle doit certainement parler de ce "mouvement" là ...

    "III.− Au fig. [Le mouvement vécu comme modification ou évolution]"
    "2. [Le mouvement concerne une collectivité]"
    c) Changement dans le domaine social, dans le régime politique d'une société. Le mouvement de l'histoire; le mouvement du progrès; parti du mouvement (p. oppos. au parti conservateur).
    − En partic. Parti du mouvement. ,,Tendance politique qui, au début de la monarchie de Juillet, s'opposa au parti de la résistance`` (Lar. encyclop.)."

    ... plutôt que de ce "mouvement" ci ...

    "I.− [Le mouvement considéré dans ses manifestations] Déplacement (d'un corps) par rapport à un point fixe de l'espace et à un moment déterminé."

    http://www.cnrtl.fr/definition/mouvement

    Mais si votre préoccupation c'est vraiment de savoir qui a jeté cette fichue "ancre" et où est-ce qu'elle est tombée, ... l'histoire a enregistré que ... l'ancre en question ... c'était pas une vraie ancre ... mais ce qui s'appellait à l'époque ... le "véto royal" ...

    (longtemps assimilé au "droit de cuissage", un droit social surtout royal)
    (https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_cuissage)

    ... et que ce "véto royal" ... ben c'est un certain ... Jean-Joseph Mounier (un ancien "juge royal" ... qui avait __acheté__ son job de juge chez le roi) qui l'a jeté ... au cours d'une partie de "chaises musicales politiques", ... quand il s'est assis, le 28 ou le 29 ou même le 30 août 1789 pour être précis (désolé je suis pas sûr, ma mémoire de l'histoire n'est plus ce qu'elle était, vous savez) ... sur la chaise d'honneur (une chaise très chère mais très confortable car faite pour le popotin des reines) ... juste à droite (le côté de la "reine") du président de l'Assemblée quand tous ses copains membres du fan-club du roi de France et du fan-club de roi d'Angleterre, se sont assis à sa droite à lui.

    Parce que Jean-Joseph Mounier aimait beaucoup la démocratie anglaise de 1789 et que les autres à gauche préféraient une démocratie française pazanglaise, ou si vous préférez ... plusse française qu'anglaise ... c'est à dire une démocratie plusse américaine qu'anglaise.

    Ah ! Si seulement Jean-Joseph Mounier avait écouté Gilbert Motier ! La France aurait eu la meilleure démocratie du monde et le meilleur roi du monde, ... en même temps !

  • La gauche au pouvoir ne connaît-elle pas la victoire parce que précisément par vocation appelée à "remettre en place" le pouvoir en le remettant en question?

  • La gauche c'est le désordre. C'est là qu'on la reconnaît!

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