Cette fin mai rappelle celle de 2003. Alors que la grande manif contre le G8 défilait, après un saccage sans précédent à Genève, les températures maximales commençaient à côtoyer les sommets (image 1 infoclimat.fr, cliquer pour agrandir).
Ce fut le commencement de la grande chaleur du début du XXIe siècle. Elle fut exceptionnelle par sa durée et ses records. Pendant des semaines l’air fut sec et immobile. Implacable.
Grande peur climatique oblige, elle fut interprétée comme un signe catastrophique du réchauffement. Cependant les épisodes météo extrêmes ne sont pas si rares et pas cantonnés aux trente dernières années. J’ai mentionné ici l’été 1540, terrifiant (on traversait le Rhin à pieds).
Les archives ne montrent pas les températures exactes faute de thermomètres. Cependant les effets des sécheresses et canicules, tels que décrits dans différentes annales de l’époque, permettent de comparer une année météorologique du passé avec les extrêmes plus récents.
Ainsi l’été 1420 fut exceptionnel. Dans son Histoire du climat du Moyen Âge à nos jours, Emmanuel Le Roy Ladurie mentionne des famines en décembre à cause de l’été trop chaud et sec. Il se demande s’il fut comparable à celui de 2003.
Pendant le Quattrocento et malgré le Petit Âge Glaciaire qui a suivi la très chaude période de l’Optimum médiéval, quelques étés furent hors normes.
« Ces beaux étés ont pu être excessivement chauds, comme celui de 1420 : l’échaudage-sécheresse de cet an-là est à l’origine de mauvaises récoltes et de famine, laquelle est en outre due à la guerre. » (…) On signalera encore, variabilité oblige, des étés chauds et donc des vendanges précoces, notamment en 1473 (sans famine, en raison de pluies adéquates au bon moment), mais la fin de l’été 1473 fut une période très sèche, comme l’atteste la dendrochronologie : les anneaux des arbres ultra-durs correspondent à une terminaison de l’été 1473 fort dépourvue d’eau. »
Les archives indiquent que dans la première moitié du XVIIIe siècle les étés caniculaires étaient plutôt fréquents. Celui de 1723 fut marqué par une sécheresse de neuf mois:
« L’année a été remarquable par une sècheresse extraordinaire, presque générale en Europe, depuis la mi-mars jusques au mois de novembre. A peine a-t-il tombé de l’eau pour détremper la poussière. Ainsi les fourrages et menus grains ont été très rares. Les sources des puits et des fontaines ont été taries et les rivières ou mise à sec ou privée d’eau suffisamment pour y naviguer ou faire moudre les moulins. Les bestiaux ont soufferts beaucoup de la faim et de la soif. Les terres n'ont pu être labourées. »
Cette période était pourtant marquée par le Petit Âge Glaciaire.
En 2017, après un hiver très sec et peu froid, les températures de mars et avril ont connu de semaines chaudes alternées avec d’autres fraîches. L’effet El Niño de 2015-2016 s’est estompé. La banquise arctique en avait été affectée et a connu sa plus faible étendue l’hiver dernier. En mai elle s’est en partie reconstituée (image 2 meteopassion.com, trait rouge). Chez nous le mois de mai a apportée les pluies indispensables avant l’été.
En début d’année l’OMM et l’ONU annonçaient des phénomènes extrêmes pour 2017. Ce n’est pas encore le cas, mais nous n’en sommes qu’à la moitié de la période. Les prévisions saisonnières pour l’été à venir sont floues et contradictoires.
Celles d’aujourd’hui nous annoncent, avec une très bonne fiabilité, une journée possiblement torride. Un courant de sud-ouest apporte l’air chaud et sec que nous connaissons. Hier la ville de Sierre en Valais atteignait 34°. À Genève le thermomètre a presque touché les 29° (image 3 infoclimat). Cela devrait continuer. Il pourrait dépasser les 30° aujourd’hui à Annemasse. Une journée délicieuse pour profiter des parcs ou de la campagne. Sortez découvert!
Commentaires
Très bon article qui soulève un point très important. Je me souviens de l'été 56 ou tous les blés avaient rôtis ,les champs cramoisis comme si on leur avait mis le feu
Puis il y eut l'été 76 celui ci aussi resta dans les mémoires
Mais heureusement pour nous et les paysans car les nouvelles normes Bio Cie n'avaient pas encore vu le jour pour priver les sols de leurs défenses immunitaires sinon pour le coup on aurait pu garnir les rangs des affamés¨
En 56 nous sortions des années de restrictions alimentaires .les estomacs étaient préparés à faire disette ce qui limita les envies de se plaindre
J'aime bien comparer les stupidités des médecins scientifiques avec les cultivés du chapeau mais ne connaissant rien aux cultures agricoles ,qui veulent tout changer oubliant que dame nature a ses propres lois et vouloir bousculer l'ordre des choses comme avec un traitement hormonal pour la femme ,c'est aimer jouer avec le feu
On connait nombre de femmes qui n'ont plus que les yeux pour pleurer faute de pouvoir réparer des dégâts organiques dus à ces traitements hormonaux et à tout jamais espérons qu'il n'en soit pas de même pour les terres cultivables
Très bonne journée
Bonjour Lovejoie,
Et aussi l'été 47 grâce auquel la Gironde a produit un millésime exceptionnel de vins de Bordeaux. Quelques orages nocturnes locaux avaient arrosé ces vignobles en douceur juste ce qu'il fallait.
Très bon dimanche à vous!
Une remise en perspective bienvenue. Merci hommelibre.
@Hommelibre je Vous remercie et n'oublions pas que la nature aime aussi tester ,les cultures et vignobles ayant résisté étaient la preuve du savoir faire humain et de la qualité des produits utilisés pour protéger les plants des maladies
Vous avez mentionné l'année 2003 et paradoxalement peu de temps après juste quand il ne fallait pas les Verts et Ecolos sont arrivés avec leurs grandes théories pour mieux mettre à genoux et de plus en plus vite les agriculteurs
Combien de fois n'avons nous pas entendu cette phrase logique,ne donnez jamais les pleins pouvoirs à des scientifiques sinon ils feront de votre vie un enfer
Toute belle fin de journée
Merci Ben. Dans ce domaine la presse privilégie en général l'instantané et le sensationnel, sans rappel du passé.
La consultation des archives a un effet pédagogique. On découvre que la climatologie est un art très complexe, un ensemble d'éléments de science (chimie, physique, thermodynamique, biologie, etc) assez peu linéaires qui se combinent de manière complexe. Il y a des très grandes tendances à long terme, des cycles annuels, décennaux, pluri-décennaux, centenaires. Et dans ces cycles de nombreuses exceptions imprévisibles et des extrêmes dont nous ne connaissons pas les causes.
Cette observation passionnante devrait rendre prudent quant aux affirmations péremptoires et définitives sur l'évolution du climat.
Tous au vert ou au frais chez vous donc, parfait pour un dimanche de loisirs pour ceux qui peuvent flâner!
Merci de cette mise au point; à chaque écart de température, on nous annonce un phénomène "sans précédent" (expression chérie des journalistes)...
Bonne fin de journée Homme Libre
Bonsoir Colette,
Malgré la chaleur le vélo était délicieux cet après-midi. Grillons et oiseaux à chaque coin de bois et de prairie. Les feuillages sont entièrement développés depuis quelques semaines déjà, et les foins ont commencé avec précocité par le fait des chaleurs de mars et d'avril.
Que de beauté! Une beauté toujours "sans précédent" tant je ne peux m'en lasser! :-)
Bonne soirée à vous, dans les poésies singulières de ce jour.
Juin? Froid devant :))))))))