Hier Emmanuel Macron soutenait ouvertement son premier lieutenant Richard Ferrand. Aujourd’hui celui-ci fait l’objet d’une enquête préliminaire. Même si les raisons sont différentes de celles qui ont conduit Fillon à la chute, il flotte un parfum de déjà vu.
Ce parfum sent les petits arrangements entre amis.
Pourquoi l’Emmanuel s’est-il prononcé publiquement? Pour tenter de couper court au bruit grandissant et déstabilisant de la rumeur. Il a mis son crédit en jeu en faveur d’un homme dont une majorité de français demandent aujourd’hui la démission.
Jeu dangereux. Il peut arguer du fait que le tribunal de la presse n’est pas la Justice, et regretter que l’on instruise publiquement avant qu’un juge n’ait enquêté et éventuellement rendu un verdict. Nous sommes d’accord. Mais que n’a-t-il dit cela à propos de François Fillon?
Ses conversations avec Vladimir Poutine l’ont montré inflexible et audacieux. Reprocher à certains médias russes d’être à la solde d’un seul homme peut sembler courageux. Mais que n’a-t-il dit cela à propos du nombre impressionnant de médias qui l’ont lui-même porté aux nues dans un unanimisme bananier?
Il a parlé de ligne rouge à ne pas dépasser en Syrie. Il s’agit bien sûr des armes chimiques. Cela ne mange pas de pain: il n’a produit aucun élément sur l’origine de l’attaque d’août 2013 ou de celle plus récente.
Multipolaire
Ne rien en dire de précis c’est surfer sur les accusations diffuses véhiculées par la presse-tribunal. Pas de nouvelle parole. Pas de nouvelle politique.
Jusque là Macron fait un sans-faute, lit-on dans plusieurs médias. Jusque là il ne fait rien de particulier. Rien d’autre que ce qui a été fait avant lui. Le point positif est d’envisager un meilleur dialogue avec la Russie. Il veut faire le pari de la confiance. C’est ce qu’il faut retenir. Realpolitik en marche.
Poutine, lui, va dans le sens de Macron. Il place ses pions grâce à Trump, perçu comme hostile par l’UE. Très opportuniste le président de la Russie dit ne rien attendre du président américain.
Celui-ci a mis mal à l’aise les dirigeants européens, Angela Merkel en tête. La chancelière a conclu des derniers propos du Donald que l’Europe devait prendre en main son destin. C’est plutôt une bonne nouvelle.
Quitter l’Otan restaurerait en partie la souveraineté européenne. Cela contribuerait, peut-être, à réduire les tensions intra-européennes avec la Russie et autour de l’Ukraine. La création d’une défense européenne commune serait une étape vers l’ancrage dans un monde multipolaire qui, souhaitons le, pourrait être un monde plus pacifique. Pour réaliser cette défense commune en un mandat il faudrait un Napoléon. S’il n’enfonce que des portes ouvertes, Macron ne sera pas cet homme-là.
Commentaires
Vous le voyez enfoncer des portes fermées? Il ne m'inspire pas confiance! Vivement les législatives!