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Emmanuel Macron, chantre de la Nation française

Pourquoi le jeune Emmanuel a-t-il le regard et le corps si fixes? Il n'avait pas de prompteur et aurait pu donner de la vie à son intervention télévisée. Par exemple: chercher un mot les yeux en coin, ou bien regarder de côté pendant un silence comme pour lui donner plus de profondeur. 

emmanuel macaron,voeux,nation,europe,Car ici ses silences sont fades, sans texture, sans épaisseur. Presque mécaniques. Le discours est ennuyeux, trop prévisible déjà. Son modèle, De Gaulle, me semblait avoir une gestuelle généreuse et expressive. Ici on voit un corps de grand gamin étriqué, un peu trop raide pour montrer aisance, déploiement et dimension psychique, comme devant se présenter à son tuteur. Ce Jupiter-là doit encore sentir le lait de sa nourrice. Par bonheur, il semble avoir délaissé les rictus à la Orange Mécanique.

Je suis intéressé par son coup de pouce libéral à cette France si autoritaire et centralisatrice. Mais je demeure perplexe devant la personnalité qu’il esquisse au fur et à mesure de ses interventions. Le peu de relief du ton, l’absence presque totale d’émotion de communication me mettent mal à l’aise. 

Il avance quand même du bout des lèvres une posture de combattant:

« Plusieurs d'entre vous ne partagent pas la politique menée par le gouvernement aujourd'hui: je les respecte et je les écouterai toujours. Je m'assurerai que tous les débats soient conduits et que toutes les voix - y compris celles qui sont discordantes - soient entendues. Mais pour autant, je n'arrêterai pas d'agir. Toujours j'écouterai, j'expliquerai notre situation - et la réalité de celle -ci -, je respecterai. Et toujours, à la fin, je ferai. Car c'est ce dont le pays a besoin. Et c'est ce que vous attendez de moi. »

 

emmanuel macaron,voeux,nation,europe,À vérifier sur la durée. Mais ce qui m’a le plus interpellé est son double appel contradictoire. Appel à plus d’Europe, mais aussi appel à la Nation:

«  Au-delà des difficultés du quotidien et de la vie, dites-vous toujours que vous appartenez à un collectif plus fort et plus grand que vous: la Nation française. C'est ce collectif qui vous a éduqués ; qui vous soigne ; qui, quand vous tombez, vous aide à vous relever ; et qui vous aidera dans vos vieux jours. Dites-vous à chaque instant que vous avez quelque chose à faire pour votre pays. (…) Mais n'oubliez jamais que nous sommes la Nation française. »

Étrange d'entendre ce mot Nation prononcé comme un Graal, alors que l'actuel président français est un européiste convaincu. Il s’appuie donc bien sur la Nation comme ferment de l’unité et comme protection d’un peuple. Or plus d’Europe c’est moins de nation. Son discours n’est-il que poudre de perlimpinpin?

Au-delà de sa rigidité, le jeune Emmanuel montre ici un peu plus qu’il est homme de paradoxe et de la complexité, du « en même temps ». Ce qui a tendance à me plaire. Mais je ne suis pas encore convaincu qu’il soit émotionnellement à la hauteur de la tâche qu’il s’est lui-même assigné. Il aimerait peut-être devenir le Rimbaud de la politique française et jeter le pays dans une nouvelle aventure. À suivre.

 

«  Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème

De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,

Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême

Et ravie, un noyé pensif parfois descend »

(Rimbaud, Le bateau ivre, extrait)

 

Catégories : Politique 12 commentaires

Commentaires

  • C'est marrant, dans un autre blog, on parlait de la relation entre Athènes et la Grèce, à l'époque de Périclès...
    Un parfum de déjà vu. Remarquez, cela n'a pas trop bien fini pour Athènes...

  • Je précise un peu...
    Périclès --> Athènes --> Grèce
    Macron --> France --> Europe
    (Je crois qu'il se la joue Napoléon, ces temps...)

  • Précision utile, merci!

    EM veut imprimer une philosophie et être le porteur et le déclencheur d'une forme de renaissance.
    Mais le langage de son corps n'a pas l'ampleur de ce qu'il ambitionne intellectuellement. Soit il passera entre les gouttes pendant 5 ans, soit nous aurons l'occasion de jauger ce que cache/révèle son langage du corps.

  • Bonjour John, je me demande pourquoi il y a une telle avalanche de commentaires négatifs concernant Mr. Macron, est-ce parce qu’il ne vient pas d’une écurie (dans tous les sens du mot) politique habituelle, est-ce sa jeunesse, parce qu’il essaye de sortir la France du merdier ou ses prédécesseurs l’ont mise, avec plus ou moins de succès mais au moins il aura essayé, de son maintien statique lors de son allocution du nouvel an alors qu’on lui reprochait le contraire pendant la campagne électorale, et je ne parle pas de sa vie privée qui aurait du le rester car cela ne regarde personne du moment que cela ne concerne pas son mandat. Pourquoi ne pas lui laisser un peu de temps pour voir ses résultats avant de le flinguer à tout va. Je n’ai pas d’affinite particulière avec EM mais je trouve qu’il y a un manque d’egalite de traitement avec ses prédécesseurs issus d’un sérail politique à bout de souffle.

  • Je suis d'accord avec vous Grindesel. D'ailleurs, j'étais moi-même plus critique sur EM avant son accession à la fonction, et depuis j'ai nuancé mon point de vue.

    Laisser du temps pour juger sur les résultats, oui.

    Mais je ne saurais me départir totalement de mon esprit critique. Le langage du corps est chez lui très différent de son discours politique et de son ambition affichée. Il y a un risque de cassure en cas de grosse crise. En l'écoutant et le regardant je ne trouve qu'assez peu de continuité entre sa fibre sensible et son discours. Devrais-je m'en soucier? Oui, si je veux me placer en observateur et proposer ma grille de lecture.

    La décision sur l'aéroport NDDL sera un premier indice: va-t-il vraiment en découdre, imposer la réalisation de choix anciens, étudiés, validés par référendum, ou trouvera-t-il une astuce pour éviter des émeutes qui nuiraient à son image?

    Il a la chance d'être dans une période de vide politique en France, ce qui lui laisse beaucoup de latitude pour tricoter son projet. Il sait, par le maniement du paradoxe, anesthésier l'opposition – qui de toutes façons est déjà bien affaiblie. S'il réussissait vraiment à sortir la France de ses ornières je l'applaudirai, sans aucun doute. Et il va déjà en partie dans le bon sens.

    Il faudra aller encore plus loin et réduire la puissance des corps intermédiaires, par exemple les associations qui cogèrent avec l'État certains pan de la vie en France: accueil des immigrés, protection des femmes (quoi que là, il ne fait pas preuve d'originalité, il ne se confronte pas aux féministes alors qu'il devrait garantir la neutralité et l'universalité de l'État).

    Sur l'inégalité de traitement avec ses prédécesseurs, cela me paraît moins évident. Sarkozy a été la cible dès le début, quant à Hollande moi-même je ne l'ai pas ménagé.

  • Commentaire destiné à Pascal Décaillet sur son nouveau billet et qui abuse du droit à dire n'importe quoi en censurant ceux qui pourraient lui déplaire :
    "Oui mais vous vous êtes fait virer de Forum et vous n'en parlez pas. Et si vous n'en parlez pas, quelle crédibilité voudriez-vous que l'on vous accorde ?"

  • " par exemple les associations qui cogèrent avec l'État certains pan de la vie en France"
    et aussi qui traquent les moindres bavures policières.

    on voit le résultat

    http://www.lepoint.fr/societe/indignation-en-france-apres-le-passage-a-tabac-de-deux-policiers-02-01-2018-2183461_23.php

    et pourtant il n'y a pas trente six solutions pour faire cesser celà

    "Pour information, je connais le directeur d’un centre d’adolescent, il m’a raconté qu’ils sont allés en Espagne pour faire plaisir à ces jeunes soit disant perturbé et qu’ils faut sauver de la grande délinquance. Il y a eu une petite embrouille et la police espagnole est intervenue. Un des jeunes français a commencé à vouloir se rebeller devant la police en profanant des insultes comme il l’aurait fait en France tout naturellement. Le policier a matraqué le petit délinquant français, il n’y a pas eu de suite contre le policier et le reste de la semaine de vacances (tout frais payé) il n’y a pas eu de soucis, le directeur n’avait pas vu les jeunes tranquilles comme ça depuis des années. Juste pour dire qu’il n’y a plus cinquante solutions, il faut arrêter de protéger ces délinquant qui nous pourrissent la vie. Il faut agir et laisser bosser nos pauvres policier qui n’en peuvent plus. A bon entendeur.
    Le 02.01.2018 | 20h29calo_charly"

    commentaire dans le progrès aujourd'hui.

  • Mais de quel rapprochement parlez vous HL ? On ne se connaît pas, on ne s’est jamais vu, pour moi vous êtes juste le blogueur le plus prolifique de ces blogs de La Tribune (qui a bien du courage d’abriter tout ce « beau monde »).

    Et si par ma présence irrégulière (à peine une ou deux fois par mois) et certes provocatrice, vous estimez que je dérange la petite communauté d’intervenants qui commentent quotidiennement vos réflexions, vous m’en voyez désolé .

    C’est juste que, parfois, il y a des postures et des affirmations que je ne peux pas laisser passer, sans réagir.

    C’est encore permis ? Ou bien ?

  • Mais de quel rapprochement parlez vous HL ? On ne se connaît pas, on ne s’est jamais vu, pour moi vous êtes juste le blogueur le plus prolifique de ces blogs de La Tribune (qui a bien du courage d’abriter tout ce « beau monde »).

    Et si par ma présence irrégulière (à peine une ou deux fois par mois) et certes provocatrice, vous estimez que je dérange la petite communauté d’intervenants qui commentent quotidiennement vos réflexions, vous m’en voyez désolé .

    C’est juste que, parfois, il y a des postures et des affirmations que je ne peux pas laisser passer, sans réagir.

    C’est encore permis ? Ou bien ?

  • Vincent,

    Par rapprochement je veux parler d'un échange au-delà de nos postures habituelles, et sans animosité. Au contraire même.

    Je ne refuse pas votre présence, je sais que vous êtes souvent provocateur. Je regrette que cela ne tourne au final qu'en baston. J'ai l'impression que vous venez juste pour taper sur vos têtes favorites, sans argumentation de fond, comme pour un punching ball.

    C'est permis de réagir, même pour quelqu'un qui a un idéal de vie, et je ne suis pas bégueule. J'ai laissé pas mal aller sous l'autre billet. Mais il y a un moment où cela prend trop de place par rapport au fond et où la discussion tourne au vinaigre. Propos vifs oui, mais vinaigre non. Hier soir le point limite a été atteint (mais pas seulement pas vous).

  • Il me semble qu'il devrait être possible ( entre adultes) d'exposer et d'échanger des idées et des opinions sans entrer dans des attaques personnelles.
    On n'est que dans le domaine des mots, ni plus ni moins.

    Tout comme un écrivain peut s'imposer des règles de jeu ( p.ex. la célèbre "Disparition" de Georges Perec, qui a réussi à écrire un roman de 300 pages sans utiliser un seul mot comportant la lettre e), un commentateur peut essayer de se placer uniquement au niveau de contenu. C'est certes très difficile, mais il me semble que c'est du domaine du faisable.
    S'imposer à soi-même l'exigence du respect de l'adversaire et un certain respect du sujet ?
    Qui ne tente rien....

  • C'est ce que je souhaite Calendula.
    J'accepte les prises de bec mais jusqu'à un point. Il y a aussi du bon dans la mise en cause personnelle, parfois. Mais quand le fond se perd, quand l'attaque est un but en soi, cela n'offre plus d'intérêt, surtout par écran interposés. Dans un bistrot je ne suis pas sûr que certains propos seraient émis, le risque serait une vraie castagne!

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