Les deux images ci-dessous illustrent le décalage entre une projection météo à plusieurs jours et la réalité du même jour. Elles représentent les vents de surface au même moment, soit le 19 à 23h pour la première, le 20 tôt le matin pour la deuxième. (Clic pour les agrandir)
Elles sont différentes. La première est une projection selon un modèle, comme je l’ai indiqué dans un précédent billet. La seconde est la situation réelle pour ce même moment.
Le trajet de l’ouragan Hélène était annoncé avec une précision plutôt bien tenue, sauf sur la fin: devenu tempête classique, il s’est disloqué au large de l’Irlande, soit un peu plus tôt que prévu. Rien d’anormal puisque la projection datait de plusieurs jours en arrière: le déroulement des phénomènes atmosphériques est chaotique et en partie aléatoire.
Les deux images en sont la démonstration. La projection datant de six jours en arrière, sur l’image 1, est le résultat d’un ensemble de probabilités et de développements plausibles des pressions et masses d’air. Les modèles ne sont pas faits au hasard.
Les mouvements atmosphériques sont gouvernés dans les grandes lignes par l’inclinaison de la Terre par rapport au soleil. On peut ainsi dire, sans se tromper, qu’en hiver il fait plus froid qu’en été.
Toutefois on ne peut résumer une prévision météorologique à une grande tendance. Une prévision digne de ce nom, à moyen terme (jusqu’à 7-10 jours), précise, quantifiée et localisée est la grande ambition des météorologistes.
La prévision météo c’est comme un cône qui s’ouvre devant vous. Le point de départ est précis et délimité, mais plus on avance plus il s’élargit et s’enrichit de possibilités variées en fonction des interactions régionales et planétaires.
Si au moment zéro, à l’instant même, il n’y a qu’une possibilité, c’est-à-dire celle que l’on constate, dès le lendemain il y a dix ou vingt possibilités, et ainsi de suite. C’est exponentiel. Et en météo, une faible cause peut avoir de grands effets si on lui en laisse le temps.
Ainsi plus les jours passent et plus une projection modélisée est sujette à erreur. Dans mon exemple, la météo réelle, image 2, montre des différences notables d’avec l’image 1. L’image 1 prévoyait une dépression vaste et creusée, avec ses vents balayant une large partie de l’Atlantique. En réalité selon l’image 2 cette dépression est formée moins régulièrement, moins vaste et s’organise autour de deux centres.
En grandes lignes la projection est fiable: une dépression s’est bien organisée vers l’Islande et un « pli » de vent longe l’Europe en diagonale des Açores au Danemark.
Ce « pli » est le front frais qui nous guette et devrait envahir l’ouest européen dès aujourd’hui et la Suisse dès demain, suivi par une possible accentuation froid que l’on devrait ressentir dès lundi.
L’été touche à sa fin.
Ce petit test n’a d’autre prétention que d’illustrer la différence entre la réalité météorologique et un modèle prévisionnel de cette réalité. Les météorologues le savent et donnent des indices de confiance. Évidemment plus la prévision est à long terme et plus l’indice faiblit.
Pour terminer, un saut de puce dans le ciel, à 12 kilomètres d’altitude. L’image 3 montre la même situation que l’image 2 à la limite de la troposphère (atmosphère de 0 à environ 10-15 km d’altitude). On voit le jet stream qui court à vive allure, près de 200 kmh, des États-Unis à l’Europe du nord.
Les mouvements de l’atmosphère sont des phénomènes passionnants.
Commentaires
A part ça, mais ce n'est pas hors sujet, la chaîne météo qui a laissé passer les images de son reporter à Wilmington faire semblant d'être emporté par le vent alors que deux personnes déambulent normalement dans l'arrière-plan était-elle payée par les partisans de Trump ?
Parce que pour démontrer que la presse mainstream nous joue de grands airs de pipeau sur le réchauffement climatique et nous abreuve de fake news, difficile de faire mieux...
Un grand météorologue
http://i.f1g.fr/media/ext/680x382_crop/www.lefigaro.fr/medias/2009/02/16/fe6f6ef0-fc10-11dd-9836-23ee083efde1.jpg
Très d'accord Aoki.
On peut trouver chez Van Gogh avait une vision très moderne des flux d'énergie et de leur représentation.
Géo, c'est assez croquignolesque en effet:
http://www.wtfunvids.com/weather-reporter-acts-like-hurricane-is-blowing-him-over-while-2-dudes-casually-stroll-by-behind/
De plus le journaliste se penche dos au vent, ce qui est l'exact contraire de ce que l'on fait par très grand vent.
Ce n'est pas du forçage radiatif, mais du forçage médiatique.
il est soufflé par un air de pipeau ;-)
:-)))
"De plus le journaliste se penche dos au vent, ce qui est l'exact contraire de ce que l'on fait par très grand vent."
Désolé de vous contredire, j'ai vécu l'expérience contraire...
(je devais me déplacer et comment faire autrement ? Des débris de bois me passaient à gauche et à droite, mais j'avais un capuchon...)
Ok, mais le plus souvent on voit une personne lutter contre un vent fort parce qu'elle se penche en avant vers l'origine du vent.
Citation:
De plus le journaliste se penche dos au vent, ce qui est l'exact contraire de ce que l'on fait par très grand vent.
Ce n'est pas du forçage radiatif, mais du forçage médiatique
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En fait il s'agit de protéger le micro des bruits parasites des rafales de vent en faisant écran de son corps. Ce que font les fumeurs aussi : s'orienter pour protéger la flamme de leur briquet. Autant que faire se peut en tout cas.
PDO
Ok, merci pour cette précision PDO. Dont acte.