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Ouragan Idai : SOS Mozambique et mort-kilométrique

Ils ont été traversés par Idai comme par une lame. Le Mozambique, en première ligne, compte ses morts et constate le désastre. Avec lui le Zimbabwe, le Malawi et Madagascar. Des centaines de victimes, des dizaines milliers de sinistrés, une ville rasée, la désolation.

ouragan idai,mozambique.zimbabweBeira

Dans la deuxième ville du pays (image 1 ESA, clic pour agrandir), selon Moustique, la situation est dramatique. Très exposée et à forte densité de population, et à l’embouchure d’un fleuve, Beira, ville de 450’000 habitants, a été en grande partie submergée.

« Tout est submergé ou détruit. On ne distingue plus les routes, les ponts ont été engloutis, les écoles et les hôpitaux balayés et les rares maisons restées debout n’ont plus d’habitation que le nom. La métropole, qui compte un demi-million d’habitants, a été ravagée à plus de 90%. »

Le Mozambique est le plus durement impacté. La tâche est énorme. Le pays a besoin d’aide. En Suisse la Chaîne du Bonheur lance un appel aux dons, campagne que l’on peut soutenir depuis le site de l’organisation caritative.

Cet ouragan a semblé un temps faiblir, avant de reconstruire son mur et se renforcer à nouveau. C’est un des plus violents qui ait atterri en Afrique, avec 940 hPa (note: l’Afrique de l’Est reçoit assez peu d’ouragans: dans l’océan indien la plupart atterrissent vers la Réunion et Madagascar, ou finissent en mer). Mais en terme de pression barométrique la zone sud-ouest de l’océan indien a connu plus intense en 1973: 932 hPa, et il y a 60 ans en 1968: 933 hPa.



ouragan idai,mozambique.zimbabweFréquence

La question habituelle dès qu’un météore plus intense que la moyenne se produit est venue dans la presse: la variation climatique actuelle a-t-elle une influence sur cet ouragan intense, et sur la fréquence élevée des ouragans cette année?

Du point de vue théorique certains l’affirment. D’autres se basent sur l’observation et sont plus nuancés, comme ce correspondant de la BBC:

« Bien que le cyclone Idai soit la septième tempête de ce type de la saison de l'océan Indien - plus du double de la moyenne pour cette période de l'année - la tendance à long terme ne conforte pas l'idée selon laquelle ce type d'événements est maintenant plus fréquent.

Ce qui est intéressant pour la région, c’est que la fréquence des cyclones tropicaux a légèrement diminué au cours des 70 dernières années, a déclaré le Dr Jennifer Fitchett de l’Université du Witwatersrand en Afrique du Sud, qui a étudié la question.

Au lieu de cela, nous obtenons une fréquence beaucoup plus élevée d’orages de haute intensité. »


ouragan idai,mozambique.zimbabweIrma

Et cela bien que:

« Il ne fait aucun doute que lorsqu’il y a un cyclone tropical comme celui-ci, les précipitations sont plus intenses en raison du changement climatique. »

Ce qui restera à démontrer sur le long terme, soit au moins les 100 prochaines années si l’on veut distinguer les cycles naturels et événements ponctuels d’une tendance à long terme.

Quoi qu’il en soit, les cyclones sont des mécanismes de rétroaction, des climatiseurs comme je l’ai déjà exposé. Si à l’avenir ils augmentent en intensité et en fréquence ce sera une bonne chose pour la planète.

Un autre angle de vue est développé par Marie Frankinet dans le même article de Moustique. Elle demande pourquoi les grands médias occidentaux ont si peu parlé de Idai:

« Il s’agit de la pire catastrophe naturelle jamais connue par le pays. Un désastre dont les médias traditionnels parlent peu. On est bien loin en tout cas de la couverture médiatique de l’ouragan Irma, de Sandy ou de Harvey qui ont ravagé les États-Unis ces dernières années. »

Il faut dire qu’Irma avait bénéficié de circonstances météo si exceptionnelles, si favorables, qu’il a marqué les esprits par la violence et la puissance déployées. Marie Frankinet a une théorie.


ouragan idai,mozambique.zimbabweRéalité

« En résumé, pour déterminer la valeur d’une info, il suffit de prendre le nombre de morts divisé par le nombre de kilomètres qui séparent les lecteurs de la catastrophe. Selon cette loi, un décès survenu au centre de Bruxelles aura ainsi bien plus d’impact émotionnel pour un Belge, parce qu’il peut s’y identifier, qu’une centaine de morts en Inde. »

C’est la réalité, et cela me paraît logique et naturel. Néanmoins cela m’a servi de miroir. Je parle assez régulièrement des ouragans pour être l’un de ceux qui auraient pu rendre compte de Idai, à cause de son intensité et de son impact.

Or je ne l’ai pas fait. J’ai suivi l’info d’un peu loin, sans le déclic qui vient parfois en d’autres occasions. Je n’ai pas vu, pas perçu l’importance météorologique, économique et sociale de Idai.

Il a fallu un appel de la Chaîne du Bonheur sur Facebook pour me faire prendre conscience de la situation dramatique des populations touchées.

Certes je ne suis pas obligé de commenter ou rendre compte de chaque événement un peu intense. Il y en a trop, et certains valent pour d’autres. Mais ici c’est, de ma part, un défaut d’attention et d’importance accordée à cet ouragan. Pour cette raison je prends pour moi la question de Moustique et Marie Frankinet.

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Météo 3 commentaires

Commentaires

  • "Tout est submergé ou détruit. On ne distingue plus les routes, les ponts ont été engloutis, les écoles et les hôpitaux balayés et les rares maisons restées debout n’ont plus d’habitation que le nom."
    Oui mais comme ces habitations sont faites en boue séchée au soleil, on va dire que c'est fait pour. Pour être détruit et très vite reconstruit...
    A la saison des pluies, au Burkina, on comptait un bon 10% des "maisons" à reconstruire.
    Au dernières importantes inondations, en 2000, le président mozambicain avait payé une tournée mondiale à la jeune femme qui avait accouché sur un arbre. Cela avait rapporté des dizaines de millions de dollars au Moz...

  • Les maison traditionnelle en terre peuvent pourtant être résistantes. J'ai séjourné dans un village du Nigeria, avec ce même genre de maisons. Elles tenaient à la saison des pluies.

  • "Elles tenaient à la saison des pluies." Oui, 90% d'entre elles. Comment voulez-vous que des briques en terre séchée au soleil résistent longtemps aux inondations ?

Les commentaires sont fermés.