Ce nouvel épisode méditerranéen me permet de citer un document officiel que j’ai découvert récemment. Bien que le sud de la France, et particulièrement la Provence, soit réputé peu humide il subit de graves inondations de manière récurrente. Et cela n’a rien à voir avec le réchauffement. Ou si peu.
L’observation de plus en plus précise des météores et leur forçage médiatique instillent l’idée d’une aggravation dramatique des catastrophes dans cette région.
Les larmes de personnes qui ont tout perdu reviennent sans fin sur les écrans de télévision. Elles servent la dramaturgie climatiste. Elles reviennent avec une telle insistance que je comprends ceci: on ne me parle pas de leur malheur, mais de l’alibi politique qu’ils représentent.
J’ai déjà traité l’épisode extrême de 2018 et abordé plus généralement les inondations historiques régionales. En météo on sait que ces pluies d’automne de type mousson, extrêmes, sont historiquement assez bien documentées, explicables sans réchauffement, et habituelles dans le midi méditerranéen. La topographie accentue les collections massives d’eau tombées en amont. De plus l’urbanisation intensive a favorisé l’écoulement sans frein de l’eau de pluie dans des localités.
Une aggravation du phénomène devrait être visible dans les statistiques de pluviométrie et de nombre d’épisodes. Surprise: l’image 1 de Météo France montre qu’en 60 ans le nombre de jours annuels de précipitations diluvienne dans le sud-est méditerranéen a diminué. Le graphe est à peu près pareil pour le Var (image 2).
Le document que j’ai mentionné au début est un rapport de la Préfecture de ce département. Selon ce rapport: « Depuis 1958 : pas de tendance d'évolution du nombre d’épisodes, qui reste marqué par une forte variabilité interannuelle ».
Pas d’évolution donc sur les 60 dernières années.
L’histoire de cette région est marquée par des extrêmes météorologiques. Au point où la notion de changement climatique est habituellement présente dans la population, depuis plusieurs siècles.
« D’emblée, il convient de souligner le caractère permanent du sentiment de « changement » météorologique au cours des cinq derniers siècles. Les bases de données établies pour différentes régions de France attestent toutes, statistiques à l’appui, la certitude de nos ancêtres d’avoir assisté, à un moment ou à un autre, à un dérèglement général du climat.
Les « dérèglements du temps », que nous appellerions aujourd’hui les événements extrêmes, alimentent un discours millénariste à l’image du petit notable de Toulouse Pierre Barthès qui prétend se faire l’écho du sentiment général en matière de météorologie au tournant des années 1760. Constatant la succession des sécheresses printanières et estivales et des inondations de la Garonne en raison de précipitations automnales et hivernales toujours plus soutenues, il dénonce avec véhémence les « saisons depuis longtemps confondues », ainsi que « les monstruosités (événements extrêmes, invasion d’insectes) de toute espèce multipliées à l’infini… ». Loin du principe qui voudrait que la mémoire des anciens soit plus fiable que celle de nos contemporains, les exemples archivistiques abondent pour témoigner de la relativité de la mémoire humaine en matière climatique. »
Les épisodes méditerranéens, même répétés, sont donc la norme dans cette région. Les larmes des sinistrés n’y changeront rien. Comme partout dans le climat il y a des cycles. Certains sont plus marqués, d’autres moins. À nous de nous adapter.
Pendant ce temps des incendies sont de retour en Californie. Là non plus il n’y a pas de lien établi avec le réchauffement. Les causes locales naturelles et humaines sont connues. Et confirmées par cet extrait de la conclusion d’un rapport de la NOAA, l’agence météorologique officielle US paru en 2015 (page 29):
« La sécheresse actuelle, bien qu’extrême, n’est pas en dehors de la plage de variabilité hydro-climatique de la Californie et des événements similaires se sont déjà produits. Bien qu’il y ait eu une tendance à l’assèchement en Californie depuis la fin des années 1970, quand on considère l’ensemble des données enregistrées depuis 1895, il n’y a pas de tendance notable à des hivers plus humides ou plus secs en Californie. »
Ces phénomènes extrêmes sont d’abord la conséquence de conditions régionales.
La presse est très discrète sur ces points, qui jouent pourtant un rôle déterminant dans la réussite de nos stratégies futures.
Ajout: les grandes crues à Millau. Sur ce graphique (source) figurent les crues majeures du Tarn, de plus de 6 mètres de cote, depuis 1776. Pas d’augmentation. Une stabilité, voire une très légère diminution, et quelques années plus marquées rapprochées, sur différents siècles. Le réchauffement n’a pas d'incidence visible sur le nombre de crues majeures, ni sur leur intensité puisque les crues les plus fortes datent de 1766, 1772, 1875, 1930.
Commentaires
Enfin un article non délirant sur le climat. Merci.
Si la presse est discrète sur le fait que des phénomènes semblables existent depuis longtemps, c'est bien parce qu'elle veut associer les évènements météorologiques au climat. Or, scientifiquement, c'est une absurdité. Le réchauffement climatique existe mais ce ne sont pas les chaleurs exceptionnelles qui en sont la preuve. C'est une étude sur le long terme qui peut le démontrer.
Cela me fait penser à un autre problème, celui des violences conjugales. On nous rebat les oreilles avec le féminicide chaque fois qu'une femme meurt et sans en analyser les raisons. Le lecteur et le téléspectateur ont ainsi l'impression de se trouver en face d'un génocide alors que le nombre de morts représente 0,00075 % des femmes vivant en couple. Le but, comme pour le réchauffement, est de tromper les citoyens par une accumulation d'infos sélectionnées.
Plus à l'ouest ces épisodes touchent aussi les bassins du Tarn et de la Garonne. La crue la plus forte pour le Tarn date de 1930, avec une cote de 11m50 à Montauban. Juste derrière, deux crues au 18e siècle.
Il n'y a jamais eu deux années de suite des pluies catastrophiques sur la même région de l'Occitanie et durant le même mois de l'année.
"rafraîchissement en vue cette semaine, et pluies généreuses au début. Ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout Hors-Saison."
Ce qui est "hors-saison", et nouveau depuis plusieurs années, c'est l'absence de gel à Genève durant le mois d'octobre.
Je n'ai pas vérifié les suites de deux ans pour chaque localisation. Mais cela doit arriver, bien sûr. Comme c'est peut-être déjà arrivé sans qu'on ne le remarque formellement. Pour le même mois ce n'est pas important parce que c'est la période forte pour ces épisodes.
Vite fait, une autre suite à un an d'intervalle pour les Pyrénées Orientales:
"25 et 26 octobre 1891
Déluge sur l’Aude
Le 25 octobre 1891, les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales ont été dévastés par de terribles inondations. Le Tarn a également été touché. "
9 novembre 1892
Pluies diluviennes sur les Pyrénées-Orientales et la Corse
D’importantes inondations ravagent le département des Pyrénées-Orientales et la Corse."
http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/-Evenements-memorables-.html
Il y a aussi les deux crues centennales ou milléniales à 6 ans d'intervalle, 1766 et 1772. Moins fortes que celle de 1930 mais plus que toutes les autres même récentes.
Sur ce lien un graphique représente les crues majeures (plus de 6 mètres de cote) depuis 1776. Il n'y a pas de courbe ascendante, plutôt une stabilité voire une très légère diminution:
https://www.millavois.com/2019/09/29/millau-les-terribles-coleres-du-tarn-depuis-le-14e-siecle/
Je vais je rajouter dans le corps du billet.
À propos de la météo personnellement je regarde aussi les cartes. Et aussi la présentatrice ou le présentateur, leur gestuelle, leur voix, ce qu'ils font passer dans leurs intonations, les touches d'originalité éventuelle ou les vêtements accordés à la météo du jour. La présentation météo est une vitrine. Si l'on est curieux de l'humain il y a beaucoup de choses à observer. Tout y est pensé, pas de hasard,
Pour votre information:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Risque_d%27inondation_dans_l%27Aude#Crues_anciennes
Bilan: depuis 1987: 9 crues.
Au cours des 100 ans précédents: 8 crues.
L’article de Wiki est bien documenté sur les aspects administratifs et techniques. Je le trouve moins documenté sur les crues.
Votre bilan tendrait à montrer qu’il y a plus de crues depuis les années 1980, sur 40 ans, que sur les 100 ans précédentes. Mais les données ne me paraissent pas complètes et le découpage est une option parmi d’autres.
Plusieurs choses retiennent immédiatement mon attention. L’une est que les crues les plus intenses et dévastatrices ont globalement eu lieu avant 1950, et déjà au XIXe siècle. Il est possible que le record de 1891 soit un jour battu mais il tient toujours.
En deuxième je suis surpris par le trou ou absence de données de crues entre 1940 et 1987. Ça c’est une vraie anomalie, alors que les crues se succédaient à une fréquence de quelques années à une décade. Cela me fait questionner l’exhaustivité des événements listés. De même je ne vois quasiment pas de grandes crues avant celles listées. C’est surprenant.
En troisième remarque je ne vois pas de liste comparative chiffrée entre les crues des différentes périodes et l’on ne peut savoir, sur cet article, si une crue intense des années 1990 est comparable (débit, hauteur, superficie inondée) à celles de la première moitié du XXe siècle.
Ensuite, j’ajoute à votre décompte les crues intenses listées sur le bassin versant de la Cesse, qui rejoint l’Aude au début de la grande zone inondable du Narbonnais. Elles sont recensées comme des inondations dans le département de l’Aude. Cela fait alors 11 crues intenses avant 1980 et 8 après. Le rapport change.
Enfin vous comparez deux périodes en posant comme repère les années 1987 à 2020, relativement aux années 1880-1987. Du fait du trou dans les données entre 1940 et 1987 on peut prendre n’importe quel repère pour scinder les deux périodes (même sans ce trou d’ailleurs, la pertinence de la quantification et des périodes choisies de ces séquences restent sur le grill).
Les années 1880-1940 et 1950-2018, par exemple, forment aussi des séquences intéressantes. Cela ne change pas le nombre des crues intenses listées sur Wiki, mais cela change leur répartition. Selon ce découpage, pendant une première séquence de 70 ans de 1880 à 1950 il y a eu 11 crues intenses. Pendant la séquence de 70 ans suivante, de 1950 à 2018, il y en a eu 8.
11, 8: on ne peut plus rien interpréter.
De toutes manières au vu des cycles il faudrait 300 ans de données fiables pour interpréter. En tous cas il n’y a pas d’augmentation dramatique visible.
Sur le document suivant on trouve des infos « fraîches » d’il y a presque cent ans. Publié en 1933 il dispose de moins de données techniques qu’aujourd’hui mais est au coeur de cette époque. Il traite entre autre de la rapidité des crues, et des crues majeures antérieures à 1891 sont mentionnées. Par exemple, « … les repères attribuent à 1820, 8 m. 17 à Limoux contre 7 m. 40 en 1891. » (p. 27)
https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1933_num_4_1_4084
Cet autre document contient une liste chronologique de toutes (?) les grandes crues en Languedoc-Roussillon depuis 1316:
http://w3.geode.univ-tlse2.fr/permanents/antoine/annalgeo_crues.PDF
Un autre découpage, en 3 séquences de 40 ans, est intéressant. Il coïncide approximativement avec trois phase connues des températures.
- 1900-1940, phase de montée puissante des températures: 7 crues remarquables listées.
-1941-1980, phase de refroidissement: 0 crue remarquable listée.
- 1981-2019, phase de réchauffement en particulier dans sa première moitié: 7 crues remarquables.
Les fréquences les plus rapides sont dans les périodes de poussée chaude. Nino 2015-2016, Nino 1998 sont en phase avec ces fréquences plus rapide que par exemple l'intermède 2000-2015, aux températures parfois en baisse.
Sur peu de temps et d'épisode on ne peut parler de corrélation, je reste aux mots coïncidence et superposition.
Il y aurait bien davantage d'épisodes en phase de réchauffement (avec les réserves émises précédemment sur le manque de données), mais sans que l'on puisse y voir d'accélération plus remarquable que par les variations naturelles, que je rapproche de la période 1880-1950.
Une chose encore. La période 1950-2019 (ou 1981-2019) n'a pas connu davantage d'épisodes remarquables qu'avant. Pourtant le développement de l'urbanisation pourrait en faire attendre davantage, ou plus intenses.