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Océan Atlantique : plus 30 cm en trois siècles

On le sait grâce aux mesures réalisées à Brest depuis 1679, sur des échelles de marées. Ces mesures ont été consignées dans des registres jusqu’à l’apparition du marégraphe en 1846.

 

brest-mer.jpgPremières mesures

Le marégraphe exécute mécaniquement une mesure en continu du niveau de la mer. Le site de Brest est particulièrement favorable. Selon l’agence officielle Refmar:

« Les caractéristiques géographique, géomorphologique, bathymétrique, anthropique, hydrologique, hydrodynamique et météorologique expliquent pourquoi la ville de Brest est un observatoire naturel privilégié pour observer le niveau marin. »

L’image 1 (clic pour agrandir) montre les variations et l’évolution du niveau de l’océan. La ligne de référence en regard du 0 permet de quantifier les variations. Les premières observations datent de 1711 à 1716. On voit le niveau marin baisser de 15 cm en 5 ans.

En 1758 commencent les longues séries de mesures. Les variations de hauteur tournent autour du point 0. Après interruption de 1790 à 1807, la courbe est mesurée autour de 10 cm au-dessus du point 0.

 


oceans-03.jpg30 centimètres

Le XIXe siècle est assez stable avec toutefois des périodes de baisse de niveau. De 1906 à 1913, en 7 ans, l’océan monte de 15 cm, soit 2 centimètres par an. Sur un siècle à ce rythme cela ferait 1 mètre.

Mais les variations reprennent. Avec un étrange pic entre 1963 et 1966, en plein refroidissement: une élévation de 13 cm en trois ans, soit 45 mm par an.

Ces variations brusques et amples font partie d’une variabilité non encore entièrement expliquée. On voit aussi une tendance à l’élévation entre 1980 et 2000, qui correspond aux deux décennies de poussée chaude. La courbe fléchit ensuite pendant la période de la pause du réchauffement, jusqu’au très intense El Niño de 2015-2016.

Par rapport au niveau de 1700 l’océan est monté de 30 cm, soit 10 cm par siècle. Cette moyenne comprend des périodes stables, des baisses et des hausses du niveau. En moyenne sur trois siècles l’océan monte de 1 millimètre par an, sauf de 1975 à 2000 où il est monté de 2 mm/an.

 


Océans-01.jpg4,6 mètres

La courbe de la période 1975-2000 monte plus sensiblement et pourrait être corrélée à la poussée chaude de ces 25 années. Après 2000 le niveau ne montre presque pas, jusqu’au très intense épisode El Niño de 2015-2016.

L’image 2 d’Alternatives économiques montre la tendance à Brest entre 1952 et 2010. Sur cette période la tendance à l’élévation de l’océan est de 10 cm, soit 1,66 mm/an.

Plusieurs études montrent que le niveau des océans s’est élevé beaucoup plus rapidement par le passé. L’élévation des océans à la fin de l’ère glaciaire (image 3) avait de quoi impressionner: pendant des siècles il s’est élevé à une vitesse variant entre 1,20 et 4,60 mètres par siècle!

Les villages côtiers devaient être engloutis plusieurs fois par siècle.

 


oceans-brest1.jpgS’adapter

« D’autres scientifiques ont récemment montré que le niveau de la mer hémisphérique a augmenté de 12 à 22 mètres il y a 14’500 ans en seulement 340 ans. Cette augmentation explosive a coïncidé avec un événement de réchauffement à l’échelle de l’hémisphère nord de 4 à 5 ° C en seulement quelques décennies, mais cela n’a pas coïncidé avec un changement du niveau de CO2 . »

Si cela continue à ce rythme d’environ 1,7 mm/an (selon le Giec), en 2100 le niveau de l’océan sera plus haut qu’aujourd’hui de 16 cm. Et si cela augmentait à nouveau? En doublant à 3,4 mm/an, la montée serait de 32 cm.

Pas encore de quoi rehausser les digues qui protègent les Pays-Bas. Mais on peut commencer dès maintenant les études pour s’adapter si le besoin se précise.

S’adapter, sans crainte ni pessimisme. Nous pouvons mettre à profit la lenteur relative de cette variation pour étudier les meilleures solutions régionales. Comme l’ont fait nos prédécesseurs.

 

 

 

7 commentaires

Commentaires

  • Sachant que les océans couvrent 70% de la surface terrestre, avec une profondeur moyenne de 5000 m, qu'il y a au moins une bonne centaine de paramètres qui jouent sur le niveau général des océans, est-il pertinent de parler du tout à partir du seul observatoire de Brest, même si "la ville de Brest est un observatoire naturel privilégié pour observer le niveau marin."
    Juste une question stupide, en passant : que sait-on du niveau zéro à Brest ? Il n'a pas bougé, lui, en trois cents ans ?
    Et la permanence de l'anticyclone des Açores, n'aurait-elle pas une influence sur ce seul point de mesure ? Est-on sûr qu'il n'y a pas eu de modification des fonds marins dans cette région qui aurait contribué à une modification du comportement des masses d'eau ?
    Et même si les valeurs de Brest sont "propres", un seul point pour l'ensemble LIQUIDE des 70% de la planète, c'est tout de même un peu faible...
    Rien qu'en prenant les forces de Coriolis, une augmentation d'un côté ne pourrait-elle pas modifier en sens contraire le niveau sur l'autre rive ?
    Cela dit, si les calottes glaciaires fondent et disparaissent, il est évident que cela donne lieu à une très forte augmentation de ce niveau. C'est juste qu'on entend un peu trop l'appel au réchauffement climatique pour expliquer tout et n'importe quoi. L'érosion des côtes, les chutes de pierres en montagne, les incendies de forêt etc, etc...

  • Habitant près de Brest et à quelques dizaines de mètres de l'océan, me voilà rassuré. Je n'aurai pas besoin d'émigrer avant longtemps. Et peut-être que ma demeure pourrait prendre de la valeur en se rapprochant de la plage.
    Plus sérieusement, Géo a raison. Il faut garder la tête froide. L'homme a su s'adapter aux différents climats de la planète puisqu'il l'a colonisée de l'équateur aux pôles. La montée des eaux ne sera pas un phénomène instantané et nous laissera le temps de nous adapter.

  • "Et peut-être que ma demeure pourrait prendre de la valeur en se rapprochant de la plage."
    Fallait pas acheter une maison trop près de la mer. Les côtes s'érodent, réchauffement ou non, élévation du niveau des mers ou non...
    Mais on ne peut pas penser à tout, n'est -ce pas ? C'est une caractéristique des temps modernes que de construire dans le lit majeur des rivières...

  • Non Géo, toutes les côtes ne reculent pas devant la mer. Les Pays-Bas en sont la preuve. L'homme a réussi à y vivre au-dessous du niveau de l'eau, et depuis longtemps. Pourquoi inquiéter à ce point le bon peuple et le culpabiliser ?

  • Vous investiriez dans une maison dans les zones basses de la Hollande, vous ? Pas moi.

  • "Par rapport au niveau de 1700 l’océan est monté de 30 cm, soit 10 cm par siècle."...c'est surement pour cela que Brouage, port de commerce sur l'Atlantique des 1630 , se situe maintenant à 4 km des cotes...!!!!!

  • @ Lesueur:

    Oui cela semble paradoxal. J'ai parlé ici du Golfe des Pictons en Charentesi:

    http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2018/10/29/ciel-de-sel-de-fumee-et-de-poussiere-295181.html

Les commentaires sont fermés.