Les français adorent mettre la chienlit. Ils se font des polémiques pour des riens, pourvu qu’ils plongent dans l’arène. Ainsi pour ce prof tatoué de la tête aux pieds qui agite l’hexagone.
Bon, d’accord, rien d’extraordinaire à cette nouvelle dispute: en Hexagonie on aime l’agitation. C’est même une seconde nature.
La dispute du jour concerne Sylvain Helaine, alias Freeky Hoody, l’homme le plus tatoué de France. Il est enseignant en maternelle et en primaire depuis 11 ans. Sa hiérarchie veut le pousser vers la sortie et lui a enjoint de ne plus donner ses remplacements dans les classes maternelles:
« Mon inspection ne veut plus que j’aille en maternelle pour éviter de recevoir des lettres de plainte. Ils veulent être tranquilles, et éviter que les parents puissent se plaindre de mon apparence. »
On peut argumenter sur la liberté individuelle. Mais faut-il vraiment argumenter? Ou réagir viscéralement, au premier degré? J’opterais pour la seconde possibilité. Quelle que soit l’esthétique des tatouages du monsieur, personnellement je le trouve assez monstrueux pour être mis à l’écart non seulement des plus jeunes mais des élèves adultes également. J’ai en général un haut seuil de tolérance mais là c’est trop. C’est comme ça.
Son apparence est son choix et sa liberté. Il y a bien des femmes profs maquillées, pourquoi pas des tatoués? Le tatouage est une forme de maquillage durable, et ce n’est pas indécent.
Mais si j’avais aujourd’hui des enfants à l’école, je m’estimerais en droit de demander davantage de normalité ou même de banalité dans l’apparence. Plus on se démarque, plus on s’éloigne d’une allure naturelle, plus on se distingue de la majorité, et plus l’apparence prend de la place.
Une plus grande neutralité serait de mise. Son look est à mon sens une pollution visuelle. Qui plus est ce look fait appel à un imaginaire plus menaçant que bienveillant.
Mais voilà, on a abandonné la notion de norme, au profit des catégories, donc il n’y a pas de norme. Ainsi Freeky Hoody fait partie de la minorité des tout-tatoués. Il fait aussi partie de la catégorie des victimes, à cause de sa hiérarchie qui veut l’écarter des enfants.
Mais que penser de son apparence? Normale ou pas? Pour moi c’est – comment dit-on déjà? Inapproprié. Ou un signe que la société du divertissement, sœur jumelle du consumérisme, gagne un nouveau bastion: l’école maternelle.
L’école ne doit pas devenir une cour des miracles. Ou alors laissons tout faire au nom du refus des normes et par la grâce de la liberté individuelle. On peut imaginer des profs au look de ouf . Ce serait fun, non?
Commentaires
D'accord avec vous. C'est le narcissisme poussé à l'extrême. "Je fais ce qui me plaît" puisque je vis dans une société qui interdit d'interdire. Et ne me parlez pas de responsabilité ou d'assumer la conséquence de mes C'est bon pour les autres.
Je ne partage pas ce point de vue. Je pense qu'il est très sain d'être confronté très tôt à la différence, quelle qu'elle soit, afin de se forger sa propre opinion.
J'essaie d'imaginer la gueule des gamins lorsqu'ils découvrent leur prof et j'éclate de rire, comme eux, vraisemblablement.
Ensuite, une fois qu'il leur aura répondu aux inévitables questions, ce sont ses qualités de prof qui prendront le dessus et je ne doute pas qu'elles soient parfaitement adaptées puisqu'il enseigne depuis 11 ans déjà.
Il n'y a pas de norme sauf celle que l'on s'impose. Tout existe dans la nature et lorsque je vois la gueule de certains poissons qui vivent très profond dans les océans, je découvre où sont allé chercher l'inspiration les producteurs de films d'épouvante.
Le problème majeur de l'école en général c'est le formatage pour cadrer dans une société tant au niveau professionnel que social. L'évolution technologique a révolutionné si rapidement tous les paramètres que l'enseignement n'est plus du tout adapté aux métiers de demain que nous ne connaissons pas encore mais qui arrivent très vite.
De même, en ce qui concerne l'apparence, j'observe avec soulagement que nous avons renoncé à l'uniforme qui était de mise à une certaine époque et qui l'est toujours dans certains pays. C'est une véritable négation de la différence, un nivellement artificiel qui est infligé.
C'est un peu le même ordre d'idée que d'obliger un enfant né mâle qui se sent femelle à assumer le sexe dont il a été pourvu en complète violation de son ressenti et avec les dégâts psychologiques qui en découlent sur toute sa vie.
Heureusement nous avons pris conscience des causes de tous ces phénomènes un peu bizarres, notamment grâce aux travaux sur l'épigénétique et sur l'environnement en général, qui permettent aujourd'hui à ces cas autrefois marginalisés, voire institutionnalisés, si ce n'est pas tout simplement euthanasiés en fanfare sur des bûchers d'avoir une voix. Le mouvement LGTBQ+, dont les lettres pourraient s'allonger à l'infini si nous pouvions y ajouter aussi cet exemple du tatoué, a aujourd'hui une voix qui compte à tel point que la gauche les caresse dans le sens du poil pour entretenir son électorat.
Enfin, je me mets à la place de ces enfants et je les envie. Très tôt dans leur vie ils seront en relation avec cette diversité foisonnante qui les aide à développer leur sens critique de manière autonome. Si j'ai détesté l'école c'est bien en raison de ce formatage destructeur qui n'a plus de raison d'être dans le monde d'aujourd'hui où la créativité reste la seule valeur que la machine ne saura pas imiter avant longtemps.
Et puis je me marre de ces réactions de la part de vieux, un peu cons (mais j'utilise cet adjectif affectueusement), qui s'accrochent à des valeurs qui, certes furent constitutives de leur personnalité, mais qui ont de la peine à comprendre que le virtuel et le réel se confondent à un point tel que la nouvelle normalité inclus déjà les originaux dont tous les films ont besoin pour attirer l'attention comme le démontrent les illustration du billet.
Il est aussi interessant de voir que la jeunesse d'aujourd'hui est tiraillée entre son besoin de s'intégrer dans un groupe, d'être accepté par la société, tout en faisant preuve d'originalité, de créativité pour se démarquer. Cela a peut-être toujours été le cas, mais l'environnement, notamment scolaire était un frein majeur à l'expression de cette créativité qui est devenue aujourd'hui vitale pour survivre dans le monde de demain.
"Il est aussi interessant de voir que la jeunesse d'aujourd'hui est tiraillée entre son besoin de s'intégrer dans un groupe, d'être accepté par la société, tout en faisant preuve d'originalité, de créativité pour se démarquer."
J'ai trouvé intéressant votre intervention détaillée et je prends la liberté d'y répondre, tant je trouve rare une discussion pacifique et raisonnée sur quelque sujet que ce soit, tout en prenant le risque de digresser un peu.
Les poissons de profondeurs ne vivent pas en surface. Leur gueule est le résultat d'une adaptation à leur environnement, où ils sont, en quelque sorte dans la norme.
L'éducation (dont le passage à l'école, tant convoité encore par des millions parents et d'enfants qui n'y ont pas accès) n'est possible que par rapport à des normes, et donc des discriminati0ns dans les valeurs, et même le célèbre "Il est interdit d'interdire" ne peut s'empêcher d'être contradictoire dans son expression, et d'être souvent contredit par les faits et par la suite.
Pour en venir plus précisément au problème du passage du temps et des générations, j'en suis venu au point de vue suivant, après une relativement longue vie et une certaine expérience, due à mon âge (84 ans et celui de mes enfants, dont le plus âgé a 59 ans et la plus jeune 19). J'en ai eu une illustration l'autre jour aux Bains des Pâquis et je la relate brièvement.
Sorti de l'eau et paisiblement assis au soleil, j'ai été tout à coup dérangé par la musique qu'écoutait un jeune homme assis à l'abri d'un gros platane. Dérangé et irrité, car en principe l'usage de radions est interdite sur la jetée et la musique en question avait tout pour me déplaire.
Dans ce genre de situations je pense souvent à mes enfants, et de là, à ma propre adolescence, que j'ai en partie passée aux Pâquis. Cela m'a remis en mémoire les réactions de ma maman, qui écoutait surtout les chansons de Tino Rossi et de Charles Trenet sur les 78 tous que je rapportais du Marché aux Puces. Les réactions aussi des parents de ma copine, nourris à la musique la plus classique.
Or je jouais de la trompette de jazz, à une époque, les années '5o, où l'Europe était encore en pleine découverte de cette musique "de sauvages et de n...) pour la plupart des adultes et des parents.
Moi je jouais dans mon grenier, sur mon balcon parfois, dans des arrière-salles de bistrots, mais aussi sur la jeté des Pâquis, où nous écoutions aussi des disques de jazz sur un gramophone, tapis dans des bateaux amarrés.
Nos parents ont dû bien souffrir, mais ne nous ont jamais agressés ou insultés en prenant leur âge pour prétexte.. Ils n'ont jamais fait semblant, non plus, d'aimer ce que nous aimions, se contentant de nous montrer toujours qu'ils nous aimaient nous. J'essaie de m'en tenir à cela.
Avec le recul, je ne pense pas que j'ai du tout souffert de la différence d'âge et de goûts. Je pense que les vieux (ou aînés) doivent se donner le droit d'être ce qu'ils sont, avec leur passé et leurs amours de jeunesse. Les jeunes aussi ont leurs droits d'être différents et d'avoir des enthousiasmes, des amours et des goûts différents. Si les uns et les autres peuvent le faire avec respect, tout en affirmant leurs identités, ils expriment alors l'amour de la vie passée et future.
Les vieux montrent des chemins et les jeunes les empruntent ou en dévient selon leurs propres qualités. Ils ne sont pas faits pour se confondre.
https://soirmag.lesoir.be/326767/article/2020-09-23/completement-tatoue-ce-professeur-incite-ne-plus-donner-cours-en-maternelle
A la bonne heure, digressons joyeusement !
"Sorti de l'eau et paisiblement assis au soleil, j'ai été tout à coup dérangé par la musique qu'écoutait un jeune homme assis à l'abri d'un gros platane. Dérangé et irrité, car en principe l'usage de radions est interdite sur la jetée et la musique en question avait tout pour me déplaire."
J'observe, depuis quelque temps déjà, que le temps de réaction entre une action et ma remise en question de mon comportement dans cette action, diminue. A tel point que je me réjouis de pouvoir faire l'économie de cette remise en question par une attitude spontanément juste, intuitive et dénuée de toute justification, qui s'impose d'elle-même.
Je me questionne aussi sur le narcissisme. Un peu obligé puisque je suis parfois considéré comme un des modèles du genre.
Je me sens tiraillé entre la conviction que nous sommes tous des stars et que notre seule responsabilité à ce titre est de briller et faire honneur à la vie, célébrer la différence et le caractère unique de sa manifestation multiple et le besoin presque imposé de ne pas faire de l'ombre comme la Lune sur la Terre lors d'une éclipse.
Rien d'un ego trip dans ma tête, juste le souci de rendre grâce.
L'exemple extrême de cet enseignant interroge bien sûr les limites des apparences physiques, donc tenues décentes des personnes travaillant dans une école publique.
Si on ne peut rien dire sur l'habillement des élèves, qu'en est-il de celui des enseignants ? Jusqu'à quel point sont-ils libres de se présenter en top minimal ou en shorts ?
Je parierais qu'on serait généralement d'avis que d'eux et elles, on doit attendre une certaine exemplarité et sobriété.
A lire et entendre les réactions dans les médias, l'opinion publique et les journalistes pensent que les élèves ont le droit de venir habillés comme ils le désirent et que toute tentative de l'Ecole de s'y opposer est une grave atteinte aux droits des individus et une stigmatisation des corps.
Et pourtant ! Il faut bien que l'on fixe une limite, à un moment donné. Le cas du t-shirt XXL ( pourtant introduit de façon paritaire) est bien sûr embêtant et donne du grain à moudre, en cachant le problème de fond.
Il y a une dizaine d'années, quand j'enseignais encore au CO, le truc à la mode pour les garçons, était de se présenter en ayant le jean à mi- fesses, parfois encore plus bas. On se battait pour qu'ils remontent leur pantalon, avec tourtes sortes d'arguments. Même en en parlant à des parents.
Un jour, exaspérée d'avoir un slip moulant devant moi, en montant les escaliers après la récréation, je me suis exprimée face à l'élève en question.
Réponse : Madame, vous n'avez qu'à pas regarder !
Moi : Tu préconises que des enseignants doivent monter les escaliers les yeux fermés pour que tu puisses exprimer ta personnalité avec le slip à l'air ?
Il m'a tourné le dos et est parti en me présentant son postérieur, bien sûr ! J'admets avoir éclaté de rire.
Ca a un côté drôle et même ridicule et cette mode a fini par passer.
Les adolescents sont compliqués et toute situation qui exige de suivre un règlement quelconque amène de l'opposition. L'institution est remise en question en permanence, il faut sans cesse s'expliquer, aussi face aux parents qui ont des attentes parfois diamétralement opposées.
La météo va résoudre pas mal de problèmes. La discussion sera bien moins échauffée pendant les six mois à venir.
Si on n'est pas de nouveau confinés, au printemps prochain, on recommencera à se chamailler autour des frustrations vestimentaires que nous pouvons causer aux jeunes.
Je me souviens bien de mes propres frustrations d'ado. J'ai économisé chaque centime de mes maigres gains pour pouvoir m'acheter un jean Levi's, le must absolu et dont ma mère refusait l'achat. Sur le moment, c'était d'une importance énorme, c'était dramatique d'être ainsi empêchée de me présenter au monde dans l'enveloppe adéquate.
Mais je ne crois pas que ça m'ait traumatisée pendant longtemps. Et puis, j'ai quand-même pu résoudre ce problème existentiel par mes propres moyens.
"faire l'économie de cette remise en question par une attitude spontanément juste, intuitive et dénuée de toute justification, qui s'impose d'elle-même."
Cela contribue certainement à votre bonheur.
Il me semble cependant que vous attribuez de qualités quelque peu plus qu'humaines en qualifiant votre attitude de "juste ... sans justification" et en l'attribuant cette qualité à l'intuition et à la spontanéité.
Soit vous avez reçu da la nature le don d'un instinct qui vous permet de toujours agir de la manière la plus juste (ne ne disputons pas sur ce que ce terme peut bien bien signifier), un don que je qualifierais en effet de surhumain.
Soit vous avez acquis la sagesse d'un saint ou d'un sage de la tradition extrême-orientale.
Pour moi, rien de tel et je suis donc condamné aux tourments de la réflexion et de l'interrogation sur mon comportement, comme sur celui de mes "frères humains"..
J'avais oublié cette mode du pantalon rabaissé. Le cerveau a tendance a oublier les mauvais souvenirs, parait-il.
Cette histoire de t-shirt XXL à Pinchat pourrait s'arrêter avec le froid, comme vous l'écrivez. Mais je n'y crois pas. Les arguments mis en avant et qui se cache plus ou moins derrière cette vague de contestation me laisse penser qu'il ne s'agit pas d'une mode. Pour les arguments j'ai pu lire des accusation assez crasses quant aux regards soit disant pervers des enseignants à l'encontre de ces filles qui débarquent en cours le nombril à l'air. Je ne pense pas que les enseignants et une direction d'un CO puissent poser un tel regard. Nous sommes là dans de l'accusation basée sur une vision féministe militante qui fantasme la réalité. Ensuite en regardant les réseaux sociaux on constate tout un tas de gens de gauche, plus ou moins proche des milieux féministes (universitaires du genre) s'offusquer de ce t-shirt, dénoncer ce qui serait une violence faite à ces gamines de considérer leur corps comme un problème. C'est ridicule et superposer de théories militantes à une situation qui ne correspond absolument pas à la réalité d'une institution scolaire pour ados. Comment peut-on considérer une adolescente de 12 ou 14 ans comme une adulte?!...
"Les français adorent la chienlit"... Voici une généralité qui frise la bêtise crasse et profonde. Vous touchez le fond.
J'espérais un avis d'enseignante, merci Calendula.
@ Déblogueur:
Pas grave, chacun son avis. même vous.
J'ai repris en la modifiant légèrement une formule de journaliste sur l'impossibilité de tenir de vrais débats publics en France. L'idée était qu'en France on préfère la dispute au vrai débat. Je suis plutôt d'accord avec cela.
"Je pense qu'il est très sain d'être confronté très tôt à la différence, quelle qu'elle soit, afin de se forger sa propre opinion."
Il y a différence et différence. À cinq ans je doute que l'on se "forge une opinion". Ça, je pense que c'est une vision d'adulte, idéologique ("il faut privilégier la différence"), ce qui fait de la différence un objectif supérieur au reste. Cela me paraît une entourloupe.
Différence et diversité sont des fait, des états des choses, pas des objectifs ni des valeurs fondamentales. C'est ce qui se passe spontanément partout: diasporas, classes d'âges, origine, filles, garçons, etc. Ce n'est pas un problème en soi, c'est simplement un besoin.
Il est naturel de se situer d'abord avec le semblable. Le différent s'apprend à partir d'un sentiment de sa propre identité. Demander ça aux gamins de 5 ans, c'est surréaliste, c'est décalé du réel.
Une très grande différence (qualitative ou quantitative) est difficile à intégrer, alors, en particulier dans un cadre scolaire, je pense qu'il faut en limiter la portée. Cela n'a par exemple rien à voir avec un enseignant noir, ou un élève noir. Ces réalités ne posent pas de problème aux petits, elle ne sont pas du même ordre qu'un tatouage intégral. Mais là, il n'y a rien à comprendre. Trop c'est trop.
J'évacue l'argument de la différence par besoin de privilégier d'abord, dans une chronologie du développement, les repères communs qui construisent les comportements.
Je reconnais que ce n'est pas très clair. Il va sans dire que je partage entièrement votre réflexion Mère-Grand. Ma proposition reflétait une aspiration à se laisser porter par une sagesse qui nous dépasse mais que nous sentons confusément en nous. Et il semble qu'il soit possible d'y tendre puisque j'observe que le temps de réaction diminue entre un geste, une action, une parole, et ce qu'on en fait plus tard lorsqu'on analyse nos comportements. Il semble qu'il soit possible de devenir moins con au fil du temps, ou alors moins longtemps.
Ce pour autant qu'on soit capable d'une véritable introspection sans esquive, sans toutes ces justifications qu'on se donne pour ne rien ajuster et se conforter dans sa vérité.
Ce que je suggère aussi par ces mots c'est que plutôt que de devoir passer par le processus de remise en question, il est certainement possible d'être suffisamment attentif à chaque instant, à titre d'observateur de soi et des autres, pour ne plus faire toujours les mêmes erreurs. Mais ce n'est encore qu'un stade intermédiaire qui implique toujours une sagesse empirique permise par l'expérience. J'aspire à un état qui dépasse l'analyse car elle s'appuie toujours sur une connaissance partielle et fais le voeu de pouvoir me connecter à une source vive de sagesse immuable et transcendante mais, comme vous le relevez c'est plutôt de l'ordre du rêve et ça implique certainement la disparition de la conscience de soi en tant qu'individu séparé du reste du monde. Vaste programme.
Je pense que c'est à quelque chose de ce genre que font référence ceux qui se disent re-nés dans le Christ grâce à Jésus. On peut observer chez certains d'entre-eux une certaine béatitude incompréhensible, inaccessible à ceux qui ne peuvent lâcher prise et qui, comme moi, présument de leur capacité à appréhender la réalité, ou comme Thomas, demandent de voir pour y croire.
@ Riro,
C'est clair qu'il y a une composante féministe dans le concert des opinions exprimées. Je l'ai aussi entendue et pense qu'elle a sa place, mais ne doit pas forcément être prépondérante.
Si on se focalise uniquement sur cet aspect, on passe à côté du grand tableau.
La problématique dépasse le simple cas des filles et leurs habits, il s'agit de ce territoire flou de l'interface entre l'école et la société, comme avec l’utilisation des réseaux sociaux et messageries diverses.
Le débat public est intéressant, mais il peut partir sur de fausses pistes.
En plus des slips apparents, on a eu à se battre contre les casquettes à l’intérieur du bâtiment. Les collègues ayant proposé cet interdit se sont fait pas mal brocarder par les autres, mais on a essayé et ça a fonctionné, les garçons ont très bien joué le jeu. Il y a juste eu des amorces de chipotages sur les bonnets en laine et un débat sur de possibles voiles féminins.
Ce n’est donc jamais vraiment terminé, probablement parce qu’on a tellement de possibilités quant au choix vestimentaire et aussi parce que les parents ne sont pas regardants ou impuissants.
C’est en tout cas un super sujet de débat avec les élèves. On est sûr d’avoir de l’animation et aussi de pouvoir aborder des dimensions plus subtiles.
L'opinion publique a tendance à vouloir ignorer que l'espace scolaire est un lieu particulier, dédié avant tout à l'apprentissage. Il a ses propres règles, censées assurer un cadre suffisamment solide pour permettre le travail scolaire, qui jusqu’à nouvel avis est une valeur non-remise en question.
Pour beaucoup d’élèves, c'est d'abord un lieu de rencontres et de vie sociale, mais je pense qu'entre adultes, on devrait pouvoir être d’accord sur ceci : l’école est une institution qui coûte tellement cher à la collectivité qu’elle doit tout mettre en œuvre pour créer les conditions optimales pour le travail. En tant que personnes de terrain, les enseignants et la direction ont une vision concrète des enjeux d’un règlement.
Il y est question de respect, ponctualité, périmètre, transports, notation, normes à atteindre, interdictions quant aux natels, cigarettes, violence physique et harcèlement psychique. Les enseignants ont déjà tout ça à gérer, car ce n’est pas acquis pour tous les élèves. L’habillement n’est une fraction de tout ce cadre institutionnel.
A mes débuts, en 1980, on devait se battre pour que les élèves aient quelque chose qui ressemble à un vrai sac, car le truc branché était de transporter ses affaires dans un sac en plastique plus ou moins troué.
On n’exigeait pas un cartable, mais un contenant qui protège le matériel.
Tout ceci est loin des études qu’un enseignant fait pendant des années et parfois, c’est un choc un peu rude de se retrouver à gérer ces choses si peu académiques. En tant qu’ex-élève, on ne se rend pas bien compte de l’énergie qu’il faut développer pour gérer un groupe.
Et en plus, faire face à de périodiques frondes médiatiques ! Ce sont des aspects inattendus et parfois épuisants, car dans beaucoup de citoyens sommeille un élève encore révolté face à cette institution perçue comme super-coercitive et arbitrairement stricte.
Je me demande si ces observations feront encore sens demain si, comme semblent le suggérer les mesures prises par les autorités du monde entier pour gérer la crise sanitaire, nous devrons envisager de vivre éternellement confinés. L'enseignement se fera à distance, comme le télé-travail. Le prof tatoué ne sera plus qu'une image et on ne verra plus les slips des élèves.
Détrompez-vous John ! Si nous savons aujourd'hui qu'un cerveau n'atteint sa maturité complète qu'à 25 ans, la plupart des éléments constitutifs d'une personnalité sont déjà acquis à l'âge de 7 ans, le reste consiste à un affinage.
La constitution d'une personnalité, la formation d'une opinion répondent à quantité de paramètres qui échappent à la raison. Un traumatisme vécu à la maternelle sera inscrit jusqu'à la mort avec peu d'espoir de le comprendre et le corriger.
"J'évacue l'argument de la différence par besoin de privilégier d'abord, dans une chronologie du développement, les repères communs qui construisent les comportements."
Remplaçons alors le mot "différence" par "diversité". Et questionnons le processus à l'oeuvre qui consiste à choisir des repères pour se forger une personnalité pour la défendre ensuite avec des arguments et enfin se résigner à la remettre en question lorsqu'on réalise enfin les mécanismes qui ont participé à son élaboration.
Je recommande vivement la lecture de l'ouvrage du Prof. Robert Sapolsky, "Behave" qui est une véritable mise à jour de nos connaissances sur le cerveau, la génétique et l'épigénétique et nous permet de comprendre que nos comportements sont le résultats d'une quantité telle d'éléments qu'il est devenu impossible de croire encore en un libre arbitre.
https://www.youtube.com/watch?v=ihhVe8dKNSA
C'est amusant...
De mon temps, c'est plutôt nous, les garçons, qui cherchions à voir ce qui se tramait sous le pupitre des maîtresses...Faut dire qu'elles étaient souvent jolies et que la jupe y était souvent courte, voir très courte...
Le bon vieux temps quoi...
Maintenant c'est le bal des dérangés !