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Belle histoire 1 : L’or blond de l’épeautrier

Un tracteur rouge ronronne entre les champs de lavande. Au volant, Fabien. Il traverse la vallée sous le soleil des Baronnies en Drôme provençale. On n’est pas loin de l’Ennuyé. L’Ennuyé, c’est la rivière qui donne son nom à cette vallée.

 

épeautre,baronnies,fabien begnisHéritage des anciens

On est proches du Ventoux, dans le nord de cette Provence de mon coeur. Droit sur son tracteur, Fabien Bégnis roule vers son or blond. Cet or blond c’est le petit épeautre. Une céréale rustique et originelle qu’il a décidé de cultiver en bio depuis quelques années.

Je dois d’abord un aveu: le terme épeautrier n’existe pas. Mais je l’ai trouvé fort joli et l’ai inventé rien que pour Fabien. Cet homme de la terre s’inscrit dans une tendance croissante: le mariage du monde actuel et de la tradition. Le monde actuel s’inquiète de la qualité de l’environnement, de ce que nous mangeons, de l’état de certains sols.

Fabien apporte sa réponse locale et adaptée aux sols et au climat régional:

« Avec un système de rotation, je ne mets pas d’engrais. Céréales et légumineuses sont réparties sur les parcelles et alternées d’une année sur l’autre. Par la capacité des légumineuses à fixer l’azote de l’air, le fourrage (sainfoin, luzerne) permet de régénérer  le sol. La terre se repose. L’année d’après, je mets du petit épeautre, suivi de pois chiche, lentille ou vesce. »

Il en dit plus sur sa démarche:

« Nous cherchons à travailler la céréale que nous ont transmis nos anciens et que nous transmettrons à nos enfants, sans manipulation. Le paysage, ici, ne se prête pas trop à la culture intensive, le petit épeautre non plus. En zone de montagne, on n’est pas concurrentiel. Ce n’est rien de plus logique que de faire de la qualité. »

 

 

épeautre,baronnies,fabien begnisModeste et important

Le petit épeautre, ou engrain, est une céréale complète. Elle contient tous les acides aminés essentiels et n’a jamais subi de manipulation génétique. C’est un aliment de première qualité. Mais son rendement est moindre que le blé. Cela n’a pas rebuté Fabien, qui a repris l’exploitation familiale et a oeuvré avec d’autres pour créer une appellation contrôlée.

« Je me suis battu pour étendre la culture du petit épeautre dans de « bonnes conditions » et le faire connaître. Son rendement est de 2t à l’hectare au lieu de 3t pour le blé. Et contrairement au blé qui sort dévêtu à la moisson, il doit être décortiqué. Au final, le rendement est 3 fois moindre (1t/ha) et demande plus de travail. »

Son fils est en passe de reprendre l’exploitation. Fabien Bégnins est au coeur d’un étonnant mariage de modernité positive et de conservatisme éclairé. C’est une forme d’écologie à laquelle je peux adhérer.

Il incarne d’une part une modernité affichée: par le soucis d’une qualité dite biologique, par la valorisation du local, par la production à échelle humaine, par sa conviction d’apporter un plus à la communauté humaine.

Mais il représente aussi une tradition ancrée et revendiquée comme intimement associée à cette nouvelle modernité: tradition familiale responsabilisante, rusticité d’une céréale non modifiée, mode de culture traditionnel.

J’ai eu un coup de coeur pour cet agriculteur, son or blond, son action, et sa réussite modeste mais si importante à plusieurs égards, en regardant le court reportage ci-dessous dans l’émission Des Racines et des Ailes de France 3.

 

Plus d'infos ici.

 

 

épeautre,baronnies,fabien begnisNouvelle rubrique

Voilà, c’est la première belle histoire de cette nouvelle rubrique. J’y parlerai de gens et d’événements qui ne font pas la une des médias, mais que j’aime et qui parfois me servent de modèles. Les textes seront en principe courts. Le cas échéant, chacun creusera ce qui l’intéresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories : Belle histoire 2 commentaires

Commentaires

  • Hola Homme Libre et merci, votre texte chaleureux me touche. Il faut être courageux et patient se lancer, mais il a raison d'être optimiste. Cette céréale, appelée ici espelta, se vend de plus en plus et on trouve non seulement du pain mais des biscuits etc.
    Cette agriculture demande plus de travail, plus de main d’œuvre, ce qui ne peut être que bon pour un pays!
    Une très belle histoire,

    Bonne soirée.

  • Super !
    Excellente initiative, je me réjouis.

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