Il était très critiquable, mais tellement prodigieux. On ne lui tient plus compte du passif. D’abord, parce que le temps passe et que nous changeons. Ensuite, pour cette extraordinaire liberté qu’il a apporté au foot.
Il était imprévisible, d’une rapidité foudroyante, capable de feintes exécutées en une fraction de seconde, sans hésitation. Il jouait de tout son corps et se jouait des défenseurs comme de débutants. Il tirait avec une précision déconcertante.
Diego Armando Maradona, « El pibe de oro » (image 2, Yann Dalon), était un monstre sacré. L’Argentine en a fait un héros national, et un symbole du petit enfant pauvre qui devient l’un des plus grands joueurs du monde. C’est magique, presque. Tout lui réussissait, jusqu’à cette « main de Dieu » que l’arbitre n’a pas sifflée en finale du Mondial 1986 contre l’Angleterre.
Il avait l’insolence de l’ange rebelle. Il a plongé dans les excès, s’est abimé, n’a pas vraiment été un modèle de vertu. Mais un modèle de vertu aurait-il eu le jeu de Maradona? Je laisse la question ouverte. Et je n’attendais pas cela de lui.
Je ne dis pas qu’il faut être chargé comme un rhinocéros pour bien jouer au ballon. Je veux dire que c’est Maradona, avec ou sans dopage. C’est rapide, créatif, audacieux, bien vu, d’une confiance qui semble inaltérable.
Pour jouer à ce niveau il faut être hors norme. Au talent, à l’intuition, à la technique solide, s’ajoute une attitude où tout lui et possible. Il s’éclate et éclate ses propres limites. Il est de cette race de rêveurs, rêveurs de victoires insensées, de jeu exceptionnel, de gloire sans appel. Rien de la contraction actuelle qui saisit le monde.
Je laisse de côté la dope, les excès en tous genres, les provocations, et ne garde que cette poussière d’or et d’argent que ses pas soulevaient sur les pelouses.
Il était libre, Diego. Libre dans sa tête. Et mort maintenant.
En vidéo: le deuxième but de Maradona contre l’Angleterre 1986. Foudroyant. Il passe trois joueurs, puis le gardien et tire au but en déséquilibre – il tombe ensuite. Qualifié de but du siècle. Pourtant, comme le montre la courte vidéo que j’ai choisie, il y avait eu faute et le but aurait dû être invalidé. Mais que voulez-vous, Dieu choisit les siens.
Commentaires
Un Argentin de notre famille m’écrivait hier soir: "Il a tout eu mais le pauvre homme n'a jamais été heureux".
Un héros national, aucun doute.
Moi je le trouve largement surcoté...